jeudi 29 septembre 2016

Thème 1 : Croissance, fluctuation et crise
Chapitre 1 : Quelles sont les sources de la croissance ?

La croissance est l’évolution du PIB (richesse de la France). Le taux de croissance de la France est actuellement de 1,5 % (taux de croissance faible). En France pendant les 30 glorieuses la croissance était de 6%. En Chine elle tourne autour de 8/9 % depuis 10 ans. A partir de 2% de taux de croissance, un Etat créer des emplois. Le PIB actuel de la France est de 2100 milliard d’€.

I-                   Définir et mesurer l’activité économique

A-   Le PIB mesure la production de bien et de services d’un pays
Le PIB est la somme des valeurs ajoutées des entreprises installées en France et des APU françaises.
La valeur ajoutée : valeur de la production réalisée – consommations intermédiaires.
Les consommations intermédiaires sont l’ensemble des biens et services utilisés, détruits, transformés lors du processus de production.
Retirer les consommations intermédiaires du calcul de la valeur ajoutée permet d’éviter de prendre en compte ces montants plusieurs fois dans le calcul du PIB.
Les APU ne créant pas de richesse monétaire, il est impossible de calculer leur valeur ajoutée comme celles des entreprises. Par convention, on estime donc la valeur ajoutée des APU en fonction des revenus qu’elle verse. On peut donc ajouter les valeurs ajoutées des entreprises et des APU puisqu’elles sont exprimées dans les mêmes termes monétaires (€).
Taux de variation :  va-vd / vd x 100
Le niveau de vie est le revenu qui peut être consommé par les ménages qui vont consommer des biens et des services qui sont en partie produits sur le territoire Français. On estime donc que la consommation Française est à peu près égale à ce qu’il a été produit sur ce territoire (PIB).
è Ce qui est produit (PIB) est consommé (niveau de vie).
Le calcul du PIB dépend des quantités produites et des prix auxquels seront vendus les biens et services.  Une augmentation du PIB ne signifie donc pas forcément que les quantités produites ont réellement augmentées. La hausse des prix (inflation) peut expliquer l’augmentation du PIB, le pays n’est donc pas réellement plus riche qu’avant.
Pour connaître l’évolution réelle du PIB, on bloque les prix et si le PIB augmente d’une année à l’autre, la quantité produit est plus importante -> PIB réel/volume/à prix constant.

Le calcul du PIB a 3 avantages :
-         Le PIB mesure l’ensemble des richesses produites par tous les acteurs économiques (entreprises et APU).
-         Le PIB additionne toutes les productions de biens et services marchands et non-marchands.
-         Le PIB, puisqu’il est exprimé en €, permet de comparer la richesse actuelle aux précédentes -> évolution de la richesse d’un pays.
La croissance économique mesure donc l’évolution du PIB dans le temps, la croissance est la variation des quantités produites durant une période.
On peut calculer le PIB/hab (richesse moyenne des individus dans un pays) en divisant le PIB par le nombre d’habitants.
Coefficient multiplicateur :   va / vd
Taux de variation : (coefficient multiplicateur – 1 ) x 100

B-    Le PIB, un indicateur contestable
Le bien-être ne se résume pas à des quantités de biens et services accessibles à une population (maison, nourriture…) mais exprime une qualité de vie (soins, relations sociales, éducation).  Le PIB n’est pas synonyme de bien-être qui est une notion plus large.


Le PIB présente généralement 3 limites :
-         Il évalue mal l’activité productive car il ne tient compte que des biens et services exprimés en valeur monétaire (le bénévolat, travail domestique), ils n’ont pas de valeur en €, ils ne sont donc pas comptabilisés.
-         Il évalue mal l’activité productive car la richesse créée par les APU est fonction de leur coût sans tenir compte de la qualité du service rendu.
-         Il évalue mal l’activité productive car il n’y a pas de lien direct avec le bien-être. Le PIB peut augmenter alors que le bien-être diminue (déforestation, médicaments, accidents de la route, catastrophes naturelles).
Le PIB augmente avec les externalités négatives alors que le bien-être diminue.
Externalités négatives : comportement d’un agent qui a des répercussions négatives sur le bien-être d’autres agents sans qu’ils ne soient dédommagés pour le préjudice subi.

C-    L’IDH, un indicateur alternatif
IDH : mesure le niveau de développement d’un pays. Ce n’est pas un indicateur quantitatif mais qualitatif puisqu’il cherche à mesurer la qualité de vie dans un pays. Il s’échelonne de 0 à 1 et est composé de 3 indicateurs :
-         Le niveau de vie : pib/hab, la quantité de biens et services qu’un individu peut consommer chaque année.
-         L’état de santé : mesuré par l’espérance de vie à la naissance.
-         Le niveau de l’éducation : mesuré par le nombre d’années d’études.
Chaque indicateur compte pour 1/3 de la note finale. L’IDH a été créé en 1990 par le PNUD (programme des nations unies pour le développement).
è Le PIB n’est pas un indicateur parfait pour mesurer le niveau de bien-être d’une population. On lui préfère l’IDH qui, même s’il est composé de seulement 3 indicateurs, rend mieux compte de la qualité de vie d’une population. On pourrait y ajouter les inégalités hommes/femmes, économiques, le taux de chômage, le taux de délinquance, la qualité de l’air…

II-                Comment expliquer la croissance économique ?
Pour produire, une entreprise doit combiner 2 facteurs de production : le travail et le capital.
Travail : ensemble de la main d’œuvre, des travailleurs ayant un emploi dans une entreprise (population active occupée + chômeurs).
Capital : ensemble des moyens de production utilisés, transformés et détruits lors de la production. On distingue le capital fixe (durable) et le capital circulant ou consommations intermédiaires (détruit, transformé lors de la production).

A-   La croissance peut provenir d’une augmentation quantitative des facteurs de production.

1-    Utiliser une fonction de production pour analyser la croissance.

Pour expliquer la croissance, les économistes cherchent à proposer des modèles, c’est-à-dire des fonctions mathématiques qui décomposent la croissance en fonction des facteurs de production. Le modèle le plus simple est celui d’une fonction à rendement d’échelle constant : le doublement des facteurs de production amène à un doublement de la production. Ainsi pour produire 3 fois plus, il faut combiner 6 unités de facteurs de production (3 travail + 3 capital).
Il existe aussi des fonctions à rendement d’échelle croissant et décroissant.

2-    Comment accroître quantitativement les facteurs de production ?
Pour produire plus, une économie peut augmenter le facteur travail, augmenter la qualité de la main d’œuvre utilisée -> embaucher -> diminution du chômage -> population active occupée en hausse. Elle peut aussi accroître la durée du travail -> en travaillant plus, une économie produit plus.
Pour produire plus, une économie peut augmenter le facteur capital. C’est-à-dire accumuler du capital fixe ou réaliser des investissements de capacité : cela se passe par l’achat de machines supplémentaires et l’agrandissement des locaux. Disposer de plus de capital fixe permettra de produire plus et donc d’accélérer la croissance.
è Travail : + d’embauches  ou  plus de temps de travail
Capital : investissement de capacité

3-    La croissance extensive n’explique pas tout le processus de croissance
Taux de variation = indice – 100
            Une partie de la croissance ne s’explique pas par la simple augmentation des facteurs de production (croissance extensive). On parle de résidu. Ce résidu provient de l’amélioration des fonctions productives et non pas de leur augmentation (croissance intensive).

B-    La croissance peut aussi provenir d’une amélioration qualitative des facteurs de production

1-    La croissance intensive au cœur du processus de croissance
La productivité globale est l’efficacité de chaque facteur de production et de leur combinaison.
            La partie de la croissance qui ne s’explique pas par de la croissance extensive provient de l’amélioration de l’efficacité des facteurs de production (progrès technique).
-         L’amélioration du travail passe par l’amélioration des conditions de travail, la hausse des qualifications, du salaire par exemple. Ces mesures vont améliorer la productivité du facteur travail.
-         L’amélioration du capital passe par du progrès technique, c’est-à-dire des innovations. On parle d’innovation de procédé lorsque le capital fixe est amélioré. Cela passe par un investissement de productivité : achat de machines plus efficaces.

Le progrès technique peut aussi provenir d’innovations organisationnelles comme l’organisation du travail dans l’entreprise sera améliorée (Taylorisme, spécification des travailleurs).
è Le progrès technique accroît l’efficacité des facteurs de production ce qui permettra de produire immédiatement plus. Mais le progrès technique a aussi un impact indirect sur la croissance. En plus de stimuler la quantité offerte de biens et services, il va se traduire par une hausse de la demande des biens et services.
 Progrès technique -> hausse de la productivité globale des facteurs de production -> augmentation de la quantité produite dans le même laps de temps qu’auparavant -> baisse du coût unitaire de production -> possibilité de baisse des prix de vente par l’entreprise.
Progrès technique -> hausse de la productivité globale des facteurs de production -> baisse du coût unitaire de production ou augmentation des quantités vendues -> possibilité de ne pas baisser les prix et donc augmenter les profits.
Progrès technique -> hausse de la productivité globale des facteurs de production qui peut provenir d’une hausse de la productivité du travail -> possibilité pour l’entreprise de récompenser les travailleurs -> hausse des salaires/baisse du temps de travail.
è Les 3 effets des gains de productivité stimulent tous la demande de biens et services (hausse de la consommation des ménages/hausse des investissements des entreprises). Face à cette hausse de la demande, les entreprises vont chercher à produire plus, la croissance économique va donc s’accélérer. Le progrès technique stimule donc la croissance en augmentant la demande de biens et services (effet indirect).

Le progrès technique peut aussi prendre la forme d’innovation de produit, c’est-à-dire l’apparition ou l’amélioration d’un nouveau bien. Notre attirance pour la nouveauté va pousser la demande à la hausse ce qui stimulera la production et donc la croissance.


2-    La croissance endogène : capital humain et progrès technique accélèrent la croissance
Solow parvient à montrer que la partie de la croissance qui ne s’explique pas par la croissance extensive provient du progrès technique. Le résidu peut donc s’expliquer par l’amélioration des facteurs de production et donc une hausse de la productivité. Cependant pour Solow le progrès technique « tombe du ciel », la croissance intensive serait exogène c’est-à-dire non créée par l’homme mais apparaitrait sur terre par hasard.
Solow a tort, la croissance n’est pas exogène mais bien endogène. La croissance s’explique par l’action des individus qui vont chercher à améliorer le capital (investissements), les connaissances, la recherche. La croissance s’explique donc par les structures économiques et sociales d’une économie.
è La théorie de la croissance endogène montre que la croissance génère de la croissance : en innovant, la croissance sera plus importante et permettra de dégager l’argent nécessaire pour continuer à innover et à nouveau créer de la croissance etc… On peut donc créer un cercle vertueux de la croissance : une crise économique n’est donc pas une fatalité, nos actions peuvent nous en faire sortir.

3-    Le rôle de l’Etat dans la croissance endogène
L’Etat semble être un acteur incontournable dans le processus de croissance, en particulier en ce qui concerne la croissance endogène.  Par son action, il peut stimuler le progrès technique :
-         L’Etat peut chercher lui-même à améliorer le capital, l’état de santé des Français… La recherche publique sera menée par des scientifiques payés par l’Etat. Le fruit de leurs recherches sera une externalité positive : toute la société en bénéficiera sans que les individus aient payé directement pour cette amélioration de leur bien-être (Institut Pasteur, CNRS, CEA…).
-         L’Etat peut réduire les coûts de recherche et développement du secteur privé en subventionnent des centres de recherches privés ou en exonérant d’impôts (crédits d’impôts).
-         L’Etat peut protéger les entreprises qui font l’effort de chercher par un brevet lorsqu’elles trouvent une innovation.
Un brevet donne un droit d’exploitation unique d’une innovation à une entreprise. En France, elle sera protégée pendant 20 ans, les éventuels copieurs seront sanctionnés. Le brevet permet à l’entreprise protégée d’être en situation de monopole et donc de dégager des supers profits qui lui permettront d’investir à nouveau dans la recherche et développement (cercle vertueux).
Sans brevet, il n’y aurait pas d’innovations puisqu’aucune entreprise ne financerait sa recherche et développement en sachant que ses concurrents pourront imiter son innovation dès le lendemain, au final personne ne chercherait.
-         L’Etat peut aussi encourager la croissance et le progrès technique en investissant dans le capital humain, c’est-à-dire les connaissances, les savoirs, diplômes de la population qui pourront permettre d’innover. L’Etat finance donc l’éducation nationale et les études supérieures. Plus la main d’œuvre sera diplômée, plus elle sera qualifiée et plus la recherche et développement sera facilitée.
DIRD : somme d’argent dépensée dans la recherche et développement par les entreprises privées et l’Etat (dépense intérieure de recherche et développement).
L’Etat joue un rôle croissant dans la recherche et développement puisque près de 40% de celle-ci est le fruit de l’Etat lui-même, c’est donc un acteur incontournable.

Ouvertures :
-         La croissance est-elle un phénomène stable ?
-         Notre système économique permet-il le développement durable ?  







mercredi 14 septembre 2016


Thème 1 Histoire TleEs : Le rapport des sociétés à leur passé
Chapitre 1 : L'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie

Chapitre 1 : L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie

Le 14 juillet 2014, la présence de soldats algériens lors du défilé aux Champs Elysées fait débat aussi bien en France qu’en Algérie. Chaque pays estime que l’autre ne s’est pas excusé pour les crimes commis au cours de la guerre d’Algérie. Ce débat nous montre que les mémoires de la guerre d’Algérie ne sont pas apaisées.
Guerre d’Algérie : conflit qui oppose la métropole française à sa colonie algérienne de 1954 à 1962.
Mémoire : ensemble des souvenirs (subjectifs) d’un peuple au sujet d’un évènement.
Pourquoi 55 ans après la guerre d’Algérie, les mémoires de ce conflit ne sont-elles toujours pas apaisées ?

I-                   Le contexte : Une guerre dure, qui aboutit à la construction de mémoires différentes (1962)

A-   Rappel des faits
  Près de 1 millions de pieds – noirs (peuple venu d’Europe) vivent en Algérie et exploitent 8 millions d’Arabes.
  Le FLN (front de libération nationale) mène des attaques terroristes en Algérie à partir de 1954 -> Toussaint rouge.
  En 1956, la France envoie le contingent (1.5 millions de soldats), toute la population française est donc concernée par ce qui se passe en Algérie.
  En janvier 1957 a lieu la bataille d’Alger. Le colonel Massu ordonne l’utilisation de la torture qui est aussi pratiquée du côté algérien. A la fin de l’année 1957, de nouveaux attentats sont commis par le FLN.
  En mai / juin 1958 de grandes manifestations sont organisées par les pieds - noirs prônant le retour du général De Gaulle qui se rend à Alger « je vous ai compris » -> malentendu et sentiment de trahison chez les pieds – noirs.
  Le 17 octobre 1961, une manifestation du FLN à Paris est violemment réprimée (dizaines de morts).
  Entre 1961 et 1962 sont négociés difficilement des accords de paix.
  L’OAS (mouvement terroriste pied – noir) apparait début 1962.
  Le 19 mars 1962 sont signés les accords d’Evian. S’en suivent, durant l’été,  l’épuration ethnique d’Oran et l’exil des pieds – noirs.
  Les harkis ne sont pas invités à venir en France, près de ¾ d’entre eux sont tués par les membres du FLN.
                       
B-    L’état d’esprit des différentes parties du conflit en 1962
La mémoire de chaque groupe va se cristalliser sur les faits tragiques.
a)    L’état d’esprit des Arabes
Ils sont victimes de brutalités (villages entiers massacrés). La mémoire Arabe va insister sur l’injustice de la colonisation et des souffrances endurées.
Il existe un mythe, celui d’un peuple uni et courageux en lutte pour sa liberté, une représentation idéalisée du passé.
Il existe aussi des tabous (sujets occultés). Messali Hadj, un partisan pacifiste a été mis à l’écart par le FLN -> tensions internes. Les tortures perpétrées envers les harkis, les Français et les modérés sont aussi tuent.
b)    L’état d’esprit des Français
Les Français participent à une guerre dont ils ne voulaient pas, ils en ont ras le bol des guerres. Cette guerre est synonyme d’échec. L’armée Française souffre durant cette guerre qui ne dit pas son nom.
Il n’y a pas de mythe du côté Français.
En revanche, il existe des tabous, notamment les bleds ratissés par l’armée Française en représailles contre les villages abritant des membres du FLN ou encore les émeutes du 17 octobre 1961 à Paris.

c)     Le traumatisme des harkis
Les harkis ont été abandonnés par les Français et massacrés par les Arabes. Les harkis accueillis en France vont végéter dans des camps. Ils ont l’impression d’avoir été laissés pour compte -> « oubliés de l’Histoire »
d)    Le traumatisme des pieds – noirs
Les pieds – noirs éprouvent une profonde nostalgie vis-à-vis de leur « pays », ils sont « Nostalgériques ». Ils cultivent le mythe d’une Algérie développée par les Colombs, une Algérie où les différentes communautés vivaient en harmonie.
Ils sont traumatisés par le rapatriement en France.
L’attitude arrogante des Colombs est un tabou, ils « oublient » que les Arabes travaillent pour eux et pour un salaire de misère. Ce qui concerne l’OAS (organisation terroriste pieds - noirs) est aussi mis sous silence, les pieds – noirs n’assument pas l’existence de cette organisation.

è Nous avons donc vu que chaque partie du conflit a vécu des traumatismes qui vont influencer sa mémoire de la guerre, avec des mythes et des tabous. Ces mémoires vont évoluer lentement jusqu’en 1990.

II-                Les mémoires de la guerre d’Algérie de 1962 à 1990

A-   En France, le temps de l’amnésie
Pendant toute la durée du conflit, la violence des combats est minimisée, on parle de « mouvement, évènement, forces de l’ordre, maintien de l’ordre ».  En 1962, Tavernier appelle la guerre d’Algérie la « guerre sans nom ».
-         Oublis sur le plan politique :
De Gaulle fait le choix de la realpolitik (efficacité). Une fois les accords d’Evian signés (19 mars 1962), De Gaulle tourne la page -> oubli politique. Les enquêtes sont rendues impossibles, la France n’en parle plus, n’y va plus. Des lois visant à l’amnistie (oubli sur le plan pénal) sont votées à partir de 1966.
-         Oubli sur le plan littéraire :
Il y a peu de livres au sujet de la guerre d’Algérie mis à part le livre de VIDAL-NAQUET, La torture de la République publié en 1972.
-         Oubli sur le plan cinématographique :
La bataille d’Alger de PONTECORVO sorti en 1965 a causé de nombreuses émeutes à sa sortie, il a été interdit en France jusqu’en 2004, date de sa sortie officielle ce qui  montre que les partisans de l’Algérie Française sont encore très nombreux  et qu’ils ne sont pas prêts d’accepter le discours subjectif du camp adverse.
-         Oubli scolaire :
 La guerre d’Algérie n’est pas enseignée.

B-    En Algérie, la guerre est magnifiée
Le FLN gouverne l’Algérie sans interruption depuis l’indépendance.  
L’Algérie a une vision manichéenne de ce qui s’est passé, l’Histoire est présentée de façon très subjective. La bataille d’Alger est montré largement et intégralement dans les classes de lycée et est considéré comme un document historique alors qu’il s’agit d’un film partisan.
Oubli des pogroms et des divisions, une censure est mise en place par des anciens combattants.
L’Algérie est un pays dont l’histoire est très récente. La guerre d’Algérie est l’évènement fondateur de l’identité Algérienne.

III-              Les mémoires de la guerre d’Algérie depuis les années 1990

A-   L’évolution de la mémoire au niveau politique

a)    Du côté Algérien
Bouteflika est le chef d’Etat de l’Algérie depuis 1999 et est membre du FLN, il présente sa vision de la guerre dans un discours. Ce discours reste inchangé depuis les années 1960 (manichéisme, agressivité …). C’est un discours dur contre la France.
L’échec de l’intégration de certains jeunes Français d’origine Algérienne explique ce manque de souplesse à l’égard de la France.
            La présence de Daesh en Afrique qui est un ennemi commun de la France et du FLN ainsi que les investissements économiques en Algérie (Renault) ont marqué une légère évolution du côté Algérien il y a 3/4 ans.
b)    Du côté Français
L’oubli officiel continue pendant les années 1980 y compris sous Mitterrand (était ministre de l’intérieur à l’époque de la guerre et avait tenu des propos très fermes), il reconnait néanmoins les harkis et leur rôle dans l’armée Française en 1994 ainsi que l’injustice de l’Etat Français à leur égard.
En 1997, l’Etat reconnait son rôle, ouverture des archives de la guerre d’Algérie, les ouvrages à son sujet se multiplient donc.
Le 18 octobre 1999 la loi reconnait l’expression « guerre d’Algérie ».
En 2002, un mémorial discret consacré à la guerre d’Algérie est inauguré à Paris.
Chirac se rend en Algérie durant son mandat dans le but d’améliorer les relations franco – algériennes. Sa politique est bien accueillie en France.
Les partisans de l’Algérie française ont vieillis, les mentalités ont changées. Pour beaucoup de Français, la guerre d’Algérie et la colonisation sont des choses injustes.
            En 2000, les généraux Massu et Aussaresses avouent et détaillent les tortures des sections spéciales en Algérie ce qui permet de mieux connaître l’histoire de l’Algérie, néanmoins ils n’éprouvent aucun remords.
            Depuis les années 90, il y a une multiplication des ouvrages sur le sujet de la guerre dont les célèbres livres de Benjamin Stora : La guerre d’Algérie, Algérie ou encore Algérie 1954.
            Il y a une volonté de synthèse à l’occasion du 50ème anniversaire des accords d’Evian :
-         Guerre d’Algérie : la déchirure (documentaire), 2012
-         L’ennemi intime, Florent Siri, 2007. C’est un film d’action à grand budget. Il n’a pas de tabous qui évoque les massacres aveugles, les tortures, le Napalm, la maltraitance des harkis… Il a été très bien accueillit, les mémoires se sont apaisées dans l’esprit des Français.
Un dernier tabou est levé sur la nuit du 17 octobre 1961 par François Hollande ce qui est bien accueillit en Algérie mais la droite Française (Sarkozy/Fillion)  est mécontente. Elle estime que ce sont toujours les Français qui reconnaissent leurs torts à l’inverse de l’Algérie qui reste silencieuse.

B-    Les limites du dégel 

a)    Limites sur le plan politique
Une pétition est organisée en 2005 par l’historien Claude Liauzu et est publiée dans le journal Le Monde.
Cette pétition dénonce une loi de 2005 insistant sur le rôle positif de la présence Française en Afrique du nord. Cette loi choque car des députés essayent de légiférer sur la façon dont on doit enseigner l’Histoire. Cette loi est finalement abrogée. Cette loi met en colère les Algériens, le gouvernement exige de la France qu’elle « s’excuse d’avoir colonisé l’Algérie » en 2007. Le gouvernement Français ne s’est toujours pas excusé.
            La mémoire de cette guerre n’est pas apaisée, les Français ne veulent pas être les seuls à s’excuser.
            En 2007, le « Mur des disparus » est érigé à Perpignan, il est financé par les pieds - noirs. Il commémore la mémoire de tous les disparus (harkis et pieds - noirs) entre le 19 mars 1962 (accords d’Evian) et juillet 1962. Beaucoup de pieds – noirs n’acceptent pas que la date du 19 mars soit la date officielle de la fin de la guerre. En effet les massacres ont continués après cette date.
Cela prouve que la date officielle de la fin de la guerre fait débat.
b)    Limites socio-culturelles
Des tensions existent aujourd’hui entre les Français de souche et certains Français d’origine Algérienne.
Les Français reprochent à ces jeunes d’être souvent impliqués dans des faits de délinquance.
 Les Algériens déplorent le fait que les Français n’intègrent pas suffisamment ces jeunes (discrimination à l’embauche, au travail…)
Les relations sont tendues et cela empêche la recherche de mémoires apaisées. De plus, depuis 2015, la vague d’attentats que connait la France ne fait que d’aggraver les tensions (origine algérienne de certains terroristes).

è        Les mémoires de la guerre d’Algérie ont évoluées lentement du côté Français, il y a moins de tabous mais elles ne sont pas apaisées car les tensions persistent entre la France et l’Algérie. 
     François Hollande tente depuis 5 ans d’améliorer les relations avec l’Algérie et son rêve serait de parvenir à un traité d’amitié avec l’Algérie avant la fin de son mandat.