Thème
1 : Croissance, fluctuation et crises
Chapitre
2 : Comment expliquer l’instabilité de la croissance ?
Le PIB de la
France en 2005 est de 2181,1 milliards d’euros. En France, le PIB fluctue
largement en fonction des variations de la demande de biens et services. La
croissance peut être tirée ou plombée par les variations de cette demande. La
croissance est donc un phénomène instable.
I-
Comment explique-t-on les fluctuations
économiques ?
A- La
croissance économique est cyclique
Un cycle économique est caractérisé par des fluctuations
de la croissance qui sont récurrentes, c’est-à-dire qui reviennent à
intervalles plus ou moins réguliers.
On distingue 4 phases dans un cycle économique :
-
L’expansion : la croissance est positive et a
tendance à connaître des taux de + en + forts.
-
La
crise : phase de
retournement du cycle, fin de l’expansion et début de la récession.
-
La
récession : la
croissance reste positive mais est de – en – forte, ralentissement économique.
Si la croissance est négative, alors c’est une dépression.
-
La
reprise : les taux
de croissance repartent à la hausse, la croissance s’accélère.
B- Des
causes diverses à l’instabilité de la croissance
1- Les
effets des chocs de demande sur la croissance économique
Chocs de demande négatifs :
Arrêt
de la hausse de l’endettement -> baisse des revenus des ménages -> forte baisse de la demande
-> baisse de la production -> ralentissement de la croissance
Autres
exemples : Baisse
des salaires, hausse des prix de biens de consommation, changement radical des
goûts et des comportements des consommateurs.
Chocs de
demande positifs :
Hausse des salaires, baisse des taxes et impôts, apparition
de nouveaux biens de consommations révolutionnaires.
Variation du PIB = variation de
la demande globale = variation de la consommation + Investissements + Solde du
commerce extérieur + variation des stocks.
Cette égalité signifie
que tout ce qui est produit est forcément utilisé ou demandé quelque
part. Les
variations de la demande globale expliquent les variations du PIB.
La demande globale est elle-même composée de 4 éléments : la
consommation des ménages, l’investissement des entreprises et des APU, le solde
du commerce extérieur (export – import) et la variation des stocks de biens et
services.
Chacun de
ces éléments contribue à expliquer une partie de la croissance d’un pays.
Cependant, la croissance a aussi été tirée par
la hausse des stocks : les entreprises ont plus produit mais ne
sont pas parvenues à écouler toute leur production.
2- Les
effets des chocs d’offre sur la croissance
Chocs d'offre négatifs :
L’explosion
du coût des matières premières augmente le montant des consommations intermédiaires ce qui accroît le
coût unitaire de production. Les profits des entreprises vont baisser, elles
seront donc incitées à stopper leurs productions.
On parle ici de choc d’offre négatif. Il se traduit par une variation
brutale des capacités de production des entreprises.
D’autres éléments peuvent entraîner un choc d’offre négatif : diminution brutale de la main d’œuvre (lors d’une guerre), la
hausse des salaires ou encore la baisse du temps de travail tout en maintenant le
salaire.
Chocs
d’offre positifs :
Pour Schumpeter, le progrès technique a un double impact sur l’économie :
-
Un impact
destructeur : le
progrès technique fait disparaître les anciennes méthodes de production des
entreprises et des emplois, cela conduit à un ralentissement de la croissance.
-
Un impact créateur : apparition de nouvelles méthodes de
production, de nouvelles entreprises et de nouveaux emplois. Cela va très
fortement tirer la croissance.
L’impact créateur est supérieur à l’impact destructeur. On parle de destruction
créatrice. Il s’agit d’un véritable choc d’offre positif puisque le
progrès technique va révolutionner les procédés de production.
Quelques exemples de progrès techniques ayant eu un impact
sur les cycles économiques :
-
1er
révolution industrielle (développement de l’utilisation du fer, des métiers à
tisser)
-
2ème
révolution industrielle (machines à vapeur)
-
3ème
révolution industrielle (chimie, électricité, moteurs à explosions)
Chaque cycle prendra fin lorsque
la diffusion des innovations sera complète dans toute l’économie.
Certains investissements s’avèreront inutiles, des capacités de
surproduction vont apparaître, les ventes vont diminuer,
certaines entreprises vont faire faillite. Le cycle va se retourner et la
récession commencer.
Une fois l’économie purgée des entreprises non viables, une nouvelle innovation
pourra apparaître et lancer un nouveau cycle.
Un autre choc d’offre positif
pourrait venir de l’allongement du temps de travail.
3- Les
activités monétaires et financières peuvent engendrer des fluctuations
économiques : le cycle du crédit
Les crédits accordés par les banques et la croissance sont étroitement
liés :
-
Si
les taux d’intérêts sont faibles, alors les banques auront plus
d’emprunteurs et le nombre de crédits acceptés augmentera. La
consommation et les investissements seront stimulés, les entreprises seront
incitées à produire plus, une expansion économique apparaîtra et inversement ; on
parle de cycle du crédit.
-
Si
la croissance est forte, alors les entreprises font plus de
profits, les salaires ont tendance à augmenter ce qui rend les banques
optimistes pour l’avenir. Elles seront incitées à accorder plus facilement des prêts et donc à
baisser leurs taux d’intérêts et inversement.
è Un cercle vertueux ou vicieux peut
donc apparaître entre crédits et croissance, les banques sont donc au cœur de l’activité
économique d’un pays.
è Face à une faible accélération de la
croissance, les entreprises ont tendance à sur réagir en investissent beaucoup
(empruntant beaucoup). A l’inverse, face à un ralentissement de la croissance,
elles stoppent immédiatement leurs investissements (en empruntant moins). La
relation précédente est donc fortement dépendante des entreprises.
II-
Quelles sont les conséquences d’une crise
économique ?
A- Le
cercle vicieux de récession/dépression
Le ralentissement de la croissance (récession), voir la baisse du PIB (dépression) ont des conséquences
sur l’économie réelle puisqu’elles conduisent au ralentissement de l’inflation (ralentissement de la hausse des prix ou désinflation) voir à la baisse des prix
(déflation).
La crise économique a aussi un impact sur le taux de chômage puisque celui-ci tant à augmenter
depuis 2008/2009.
L’année 2009 marque le début d’une
grande récession dans le monde. De nombreuses zones géographiques n’ont pour
l’instant pas retrouvé les taux de croissance qu’elles connaissaient avant la
crise, il y a 7 ans. Cette récession a donc tendance à durer (en particulier
dans la zone euro).
Aujourd’hui, la crise/récession n’est
pas terminée, les taux de croissance restent faibles et ne semblent pas s’accélérer
d’années en années. D’un point de vue économique, la crise est terminée
puisqu’elle a pour définition : point de retournement du cycle économique.
Il a eu lieu en 2009, depuis sommes en récession.
La baisse généralisée des prix conduit bien à une baisse de
la consommation, en
particulier de la consommation de biens durables (frigo, voiture, maison) car elle pousse à l’attentisme :
les consommateurs vont attendre que les prix continuent de baisser avant d’acheter.
Cette
baisse des prix risque de s’auto-entretenir puisque, si les
consommateurs attendent, alors les entreprises vont diminuer leur production ce
qui renforce
le pessimisme et la baisse de la consommation et donc la baisse des prix.
On parle d’un cercle vicieux de la déflation. La baisse généralisée des prix est
difficile à combattre et tend à s’installer pour plusieurs années dans une
économie.
Les crises ont généralement une
deuxième cause (en plus de la déflation/désinflation) : l’explosion du
chômage. Face au ralentissement de la demande, les entreprises ne sont pas incitées à
investir et à produire, certaines vont faire faillite et d’autres
vont réduire
leur capacité de production. Les licenciements vont s’accroitre : le taux de
chômage augmente. En France, on parle de chômage de masse au-delà de 2
millions d’actifs sans emplois.
è Les récessions tendent à
durer et à constituer des cercles vicieux : baisse des prix et hausse du
chômage. Seul l’Etat semble avoir la capacité suffisante pour influencer les
comportements des consommateurs et des entreprises.
B- Comment
sortir de la récession/dépression ?
1-
L’analyse keynésienne
Pour Keynes, les entreprises décident
de leurs niveaux de production (nombre d’emplois qu’elles proposent) en
fonction de la demande qu’elles anticipent. On parle de demande anticipée :
les entreprises
estiment le nombre de biens et services qu’elles vendront et produiront en
conséquence. Rien ne garantit que les quantités produites permettent le
plein emploi : les entreprises vont embaucher uniquement les salariés
nécessaires pour atteindre leurs objectifs de production.
L’investissement est fonction de critères économiques : niveau des profits accumulés,
niveau du taux d’intérêts, niveau de la demande des années précédentes, du coût
des matières premières … S’y ajoute un critère psychologique : l’état de confiance de
la société en général. Si les entreprises sont optimistes, on dira que le
climat des affaires est bon et les entreprises investiront et inversement si
les entreprises sont pessimistes.
Pour Keynes, les crises proviennent
d’une insuffisance de la demande globale. Pour en sortir, il faut donc la
relancer :
-
Baisse du coût du
crédit permettant aux
entreprises et aux ménages d’emprunter plus facilement. L’investissement et la
consommation seront stimulés : la demande globale augmentera ce qui va
pousser les entreprises à produire plus (si elles l’anticipent).
-
Augmentation des
investissements publics.
L’Etat est le seul ayant les moyens suffisants pour relancer la demande à
travers des investissements (infrastructures,
écoles, hôpitaux).
-
L’Etat
peut mener une politique conjoncturelle de relance (à court terme), c’est-à-dire
diminuer les impôts, les taxes, augmenter les salaires (SMIC), les allocations.
Cela stimule immédiatement la consommation et pousse les entreprises à produire
plus.
2-
Les analyses libérales, classiques, néoclassiques
Pour les libéraux, les crises viennent des
chocs d’offre négatifs : les coûts de production des entreprises sont trop
élevés pour les inciter à produire. Les libéraux proposent de diminuer en
partie le coût du travail, c’est-à-dire baisser ou supprimer le SMIC (salaire
minimum interprofessionnel de croissance) et plus largement supprimer
toutes les entraves à la production (temps
de travail limité, congés payés, code du travail). Les conditions de production
des entreprises
sont plus libres, facilitées elles produisent donc plus.
è Même si la croissance
économique apparaît cyclique, des solutions à la crise existent. L’acteur
essentiel de la sortie de crise est l’Etat qui va décider des solutions à appliquer :
keynésiennes ou libérales.