Thème 2 : Idéologies,
opinions et croyances en Europe et aux USA de la fin du XIXe siècle à nos jours
Chapitre 1 :
Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875
La grève,
du peintre communiste allemand Koehler, décrit comme son nom l’indique une
grève. On y voit des ouvriers pauvres qui semblent désespérés devant l’attitude
d’un patron hautain. L’ambiance est tendue. Cela nous montre que les ouvriers
doivent s’organiser autour de chefs socialistes pour se défendre.
2016, exercice de la Warnstreik
(arrêt de travail bref) pour inciter le patronat à négocier avec les salariés.
Le but de la grève est matériel, non plus idéologique. Cela nous montre que le
syndicalisme a évolué depuis le XIXe siècle.
Comment les socialismes,
syndicalismes et communismes ont-ils évolué en Allemagne depuis 1875 ?
I-
Socialisme et mouvements ouvriers dans
l’Empire allemand (1875-1918)
A- Le
contexte
a) Le contexte économique
L’industrialisation grâce à la révolution industrielle engendre une très nombreuse
population ouvrière qui travaille pour le géant allemand, première puissance
européenne. Ces ouvriers travaillent dans l’acier, le textile, les
mines, les constructions mécaniques etc. Les conditions de travail sont difficiles (chaleur, accidents du travail…).
b) Le contexte politique
Bismarck (1er ministre) modernise l’Allemagne et
installe une dictature (1871, IIe Reich). Néanmoins, il y a un parlement avec des députés qui lui sont parfois
hostiles
(il était ennemi du socialisme).
c) Le contexte philosophique
Marx et Engels sont deux philosophes qui développent la pensée sociale. Le manifeste du parti communiste
écrit en 1848 et Le capital
écrit en 1867 sont à la base de la philosophie socialiste.
Définition
du socialisme selon Marx :
Sur le plan politique il faut
renverser le capitalisme par la violence pour arriver à une dictature d’un
parti unique appelé parti communiste au service des prolétaires (population ne
possédant rien mis à part leur force de travail) pour arriver au bonheur. Sur
le plan économique, il faut supprimer la propriété privée et collectiviser les
biens de production qui seront sous le contrôle du parti.
B- Les
grandes dates du socialisme allemand
1- Les
dates du socialisme
1875 : Congrès de Gotha -> rassemblement de militants marxistes. Ce congrès a
pour but de créer un nouveau parti en fusionnant les différents partis
socialistes : le SAP. C’est le 1er parti socialiste d’Europe.
1891 : Congrès d’Erfurt -> le SAP devient le SPD (Sozialdemokratische Partei
Deutschlands). Le SPD progresse rapidement élections après élections et devient
le 1er
parti d’Allemagne.
2- Les
dates du syndicalisme
Les syndicats sont interdits jusqu’en 1878. Les syndicats sont ensuite tolérés mais
persécutés jusqu’en 1892. Ils deviennent proches du SPD.
En Allemagne, les syndicats sont
spécifiés dans chaque branche de travail à la différence de la France (I.G.Metal qui est le plus célèbre).
Ces
syndicats organisent de nombreuses grèves dans les années 1900. Petit à
petit, ces syndicats apprennent à négocier -> ils deviennent réformistes. Ils
obtiennent de nombreux succès après ces négociations.
3- La
réaction du gouvernement allemand
1ère réaction : tentative de stopper l’action
des socialistes
-
Interdire les
syndicats : brimer les
ouvriers syndiqués, obliger les chefs syndiqués à s’exiler
-
Surveiller le SPD
2ème réaction : rendre le socialisme inutile
(1880/1890)
-
Voter des lois
sociales pour contrer
l’influence, les arguments des socialistes (création de l’assurance maladie,
loi sur les accidents du travail, retraites …)
è L’Allemagne devient un pays
paradoxal. D’un côté, une dictature militaire de droite qui favorise la
bourgeoisie et d’un autre côté, l’Allemagne est le pays qui traite le mieux au
monde sa population ouvrière. Malgré ces réformes, le SPD reste le 1er
parti en Allemagne.
4- Les
conflits internes au socialisme Allemand
Rappel de la théorie Marxiste : « seule la violence obligera les bourgeois à s’occuper des
conditions de vie des ouvriers ».
Beaucoup
d’ouvriers constatent qu’ils vivent mieux en 1895 qu’en 1870 et pourtant il n’y
a pas eu de révolution.
En 1891 à Erfurt le débat est vif :
-
Certains
veulent une révolution
violente obligatoire pour faire gagner le prolétariat -> les marxistes
(Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg)
-
D’autres estiment qu’une révolution violente n’est pas
indispensable pour améliorer le destin du prolétariat. Ils privilégient la
voie législative-> révisionnistes ou réformistes (Bernstein)
è A
l’issue de ce congrès et jusqu’en 1914, les socialistes sont perdus et divisés
entre les révolutionnaires et les réformistes.
II-
Le socialisme en Allemagne entre 1914 et 1945
A- La rupture tragique de 1919
En 1919, le
sujet de la guerre crée des hésitations chez les socialistes. Les
révisionnistes sont pour la guerre, les marxistes sont en colère.
La guerre
dure et est insupportable. Liebknecht et Luxembourg forment un nouveau parti : la
Ligue spartakiste. Elle critique vivement le gouvernement dirigé par le SPD
(Ebert) et exige la paix. La rupture est encore plus totale.
Début novembre 1918 (1-11),
l’Allemagne comprend que la guerre est perdue et Ebert est réélu. Les spartakistes
lancent des émeutes révolutionnaires qui s’étendent à toute l’Allemagne.
Ils revendiquent
la République socialiste d’Allemagne. Ils veulent appliquer le
programme de Karl Marx. Le SPD de Ebert écrase le mouvement spartakiste en janvier
1919 (morts de Liebknecht et Luxembourg).
è Scission
définitive entre les communistes et les socio-démocrates.
B- Le SPD, les syndicats et la
République de Weimar
Le SPD est allié aux centristes et
dirige l’Allemagne jusqu’au 30 janvier 1933.
Il est détesté par les communistes (KPD) qui vont
avoir un discours dur « pas de différence entre Hitler et les
socialistes », il est aussi détesté par la droite (modérée et nazis) qui
juge honteux
et impardonnable la signature du traité de Versailles.
Il
y a de nombreuses
réformes (politique réformiste) mises en place par le SPD poussé par
les syndicats : le droit de vote pour les femmes en 1919, assurance
chômage, la politique culturelle (cinéma dynamique comme les studios
Babelsberg).
Le SPD est
fragilisé par la crise de 1929 (6 millions de chômeurs). Mais le KPD n’attire
pas trop les Allemands (10%) car l’expérience soviétique leur fait peur
(goulags…).
C- La fin de la République de
Weimar
En 1933, le SPD ne parvient pas plus
à gouverner parce que le KPD (dont le vrai chef est Staline qui oblige les partis
communistes du monde entier à lui obéir) refuse de faire alliance.
Hitler profite
de l’incendie du Reichstag pour installer la dictature et neutraliser ses
adversaires. Les communistes sont arrêtés et envoyés à Dachau. Puis
les membres
du SPD sont aussi arrêtés. Les syndicats sont interdits et leurs chefs envoyés à
Dachau. Hitler les remplace par un « Front du travail ».
Hitler considère
que le
nazisme est social et qu’il remplace les syndicats puisqu’il aide les
Allemands à s’épanouir. Le nazisme se proclame socialiste (National Sozialistische
Deutsche Arbeitspartei) mais raciste (camps
de vacances sur la Baltique).
Une
minorité
des membres du SPD vont créer un mouvement de résistance à Londres.
III-
Le socialisme en Allemagne depuis 1945
L’Allemagne est vaincue en 1945 et est divisée en 2 zones. Après le blocus
de Berlin (1949), il y a création de :
-
La RDA : communiste, Berlin Est, membre du
bloc de l’est (pacte de Varsovie 1955)
-
La RFA : capitaliste, Bonne en est la
capitale, membre de l’OTAN
A- Le socialisme en RDA
Le SED est créé en 1949 et est le
parti unique de la RDA. Les chefs de la RDA sont Ulbricht puis Honecker. Tous les
syndicats sont contrôlés par le SED.
Le film
Goodbye Lenin nous montre qu’une partie des Allemands adhèrent sincèrement à
l’idéologie communiste.
La majorité des Allemands de l’est
travaillent dans l’industrie qui fournit de nombreux services tels
que : le logement, les coopératives d’achat (pénuries fréquentes), les
loisirs pour les enfants (crèches…),
les vacances, la scolarisation gratuite …
Néanmoins
il y a un sentiment mitigé chez les Allemands de l’est :
Il existe un certain confort d’un
côté, ils bénéficient de la sécurité de l’emploi mais le pays reste une dictature
surveillée par la Stasi.
En 1953, la répression d’un mouvement populaire fait près
de 100 morts.
Ce qui va complètement braquer les
Allemands est la construction du mur de Berlin (psychologiquement désastreux).
B- Le socialisme en RFA
1- Le KPD
Le KPD soutient l’URSS qui a
organisé le blocus de Berlin. Il va perdre son influence, va s’effondrer à 2%
aux élections jusqu’aux années 1990.
2- Le SPD
C’est un parti puissant (minimum 30%) mais qui reste très socialiste
mais pas dictatorial.
Il va se
poser 3 questions dans les années 1950 :
-
Pour ou contre l’intégration européenne -> partagé mais plutôt
contre la CECA jugée trop libérale en 1951
-
Pour ou contre l’OTAN -> désir de neutralité du SDP qui est d’abord
contre (comme les Suisses ou les
Autrichiens)
-
Pour ou contre les références marxistes (chants…) -> Congrès de Bad-Godesberg en 1959
La RFA a 10 ans et cela fait 10 ans
que le communisme a une mauvaise image (dictature,
Stasi…). Le programme du SPD adopté au Congrès de Bad-Godesberg insiste sur l’attachement
de la SPD à la liberté. Le SPD est attaché à la vraie démocratie,
à la libre
entreprise (capitalisme). Il renonce au nationalisme et ne parle plus de
prolétaires mais s’adresse aux Hommes.
è C’est
un tournant majeur. La SPD devient hostile au communisme. Ce congrès renforce
la voie sociale-démocrate. Par rapport à la définition du socialisme par Marx
il ne reste plus que l’expression « au service des citoyens ».
En France, ce n’est qu’en 2014 que
le PS fait sa réaction, 55 ans plus tard.
Le
tournant
capitaliste de Bad-Godesberg est apprécié en Allemagne. La SPD progresse
et dans les années 1970, la SPD va gouverner l’Allemagne avec 2
chanceliers : Brandt et Schmidt.
Le
SPD se spécialise dans les questions sociales suivantes :
-
Hausse des salaires
-
Baisse du temps de travail
-
Lutte contre le nucléaire
-
Défense des droits des femmes
3- Le syndicalisme
modéré : le principe de « cogestion » en RFA
Les grandes
entreprises
sont contrôlées par un conseil de surveillance qui habitue les syndicats à
discuter avec le patronat. Les syndicats vont préférer la négociation à la grève.
L’ambiance est plutôt bonne dans les sociétés allemandes et les grèves
deviennent rares.
è Ce
système est efficace. Cette culture de la négociation va favoriser la
croissance économique. C’est ce qu’on appelle le « Wirtschaftswunder » en RFA qui devient la 1ère
puissance économique.
4- Résultat de cette
modernisation : une minorité se radicalise
Une partie
minoritaire de la gauche se révolte contre l’embourgeoisement des partis
socialistes -> la RAF = fraction armée rouge. C’est un groupuscule (30taine de personnes),
un mouvement
terroriste qui organise des assassinats de patrons dans les années 1970/80.
Cette flambée
de violence est contre-productive.
Ce mouvement reste
minoritaire. En réalité, sur le plan social, l’Allemagne est un pays apaisé dans
les années 1970/80.
C- La réunification allemande
Le 3 octobre 1990, la CDU de Helmut Kohl domine.
En 1998, le SPD de Schröder remporte la victoire. S’en
suivent de grandes réformes -> lois Hartz adoptées en 2003.
Elles ont pour objectif de baisser le chômage en :
-
Réduisant les allocations au chômage
(- élevées et – longtemps)
-
Facilitant les licenciements
-
Instaurant les « mini-jobs » qui sont des contrats précaires mal
payés (800€ / mois) qui vont représenter 20% des travailleurs
Ces réformes vont attiser la colère du
monde ouvrier (impopularité de Schröder), elles vont rendre l’Allemagne
à nouveau compétitive mais à quel prix ?
Une
partie
des militants du SPD se radicalise et s’associe avec l’ex KPD pour former
« Die Linke ». Une autre partie des ouvriers se met à voter pour
l’extrême droite.
Depuis 2013,
il y a une grande coalition entre le SPD et la CDU (Merkel/Gabriel). Le SPD accepte de
la faire à 2 conditions (chantage) :
-
L’adoption d’un salaire minimum (depuis janvier 2015)
-
La double nationalité pour les enfants d’étrangers nés en Allemagne
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