mercredi 12 octobre 2016

Thème 2 Histoire TES, Chapitre 1 : Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875

Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux USA de la fin du XIXe siècle à nos jours
Chapitre 1 : Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875

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La grève, du peintre communiste allemand Koehler, décrit comme son nom l’indique une grève. On y voit des ouvriers pauvres qui semblent désespérés devant l’attitude d’un patron hautain. L’ambiance est tendue. Cela nous montre que les ouvriers doivent s’organiser autour de chefs socialistes pour se défendre.
2016, exercice de la Warnstreik (arrêt de travail bref) pour inciter le patronat à négocier avec les salariés. Le but de la grève est matériel, non plus idéologique. Cela nous montre que le syndicalisme a évolué depuis le XIXe siècle.
Comment les socialismes, syndicalismes et communismes ont-ils évolué en Allemagne depuis 1875 ?
I-                   Socialisme et mouvements ouvriers dans l’Empire allemand (1875-1918)
A-    Le contexte

a)      Le contexte économique
L’industrialisation grâce à la révolution industrielle engendre une très nombreuse population ouvrière qui travaille pour le géant allemand, première puissance européenne. Ces ouvriers travaillent dans l’acier, le textile, les mines, les constructions mécaniques etc. Les conditions de travail sont difficiles (chaleur, accidents du travail…).

b)      Le contexte politique
Bismarck (1er ministre) modernise l’Allemagne et installe une dictature (1871, IIe Reich). Néanmoins, il y a un parlement avec des députés qui lui sont parfois hostiles (il était ennemi du socialisme).
c)      Le contexte philosophique
Marx et Engels sont deux philosophes qui développent la pensée sociale. Le manifeste du parti communiste écrit en 1848 et Le capital écrit en 1867 sont à la base de la philosophie socialiste.
Définition du socialisme selon Marx :
Sur le plan politique il faut renverser le capitalisme par la violence pour arriver à une dictature d’un parti unique appelé parti communiste au service des prolétaires (population ne possédant rien mis à part leur force de travail) pour arriver au bonheur. Sur le plan économique, il faut supprimer la propriété privée et collectiviser les biens de production qui seront sous le contrôle du parti.

B-    Les grandes dates du socialisme allemand
1-    Les dates du socialisme
1875 : Congrès de Gotha -> rassemblement de militants marxistes. Ce congrès a pour but de créer un nouveau parti en fusionnant les différents partis socialistes : le SAP. C’est le 1er parti socialiste d’Europe.
1891 : Congrès d’Erfurt -> le SAP devient le SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands). Le SPD progresse rapidement élections après élections et devient le 1er parti d’Allemagne.

2-    Les dates du syndicalisme
Les syndicats sont interdits jusqu’en 1878. Les syndicats sont ensuite tolérés mais persécutés jusqu’en 1892. Ils deviennent proches du SPD.
En Allemagne, les syndicats sont spécifiés dans chaque branche de travail à la différence de la France (I.G.Metal qui est le plus célèbre).
            Ces syndicats organisent de nombreuses grèves dans les années 1900. Petit à petit, ces syndicats apprennent à négocier -> ils deviennent réformistes. Ils obtiennent de nombreux succès après ces négociations.

3-    La réaction du gouvernement allemand
1ère réaction : tentative de stopper l’action des socialistes
-          Interdire les syndicats : brimer les ouvriers syndiqués, obliger les chefs syndiqués à s’exiler
-          Surveiller le SPD
2ème réaction : rendre le socialisme inutile (1880/1890)
-          Voter des lois sociales pour contrer l’influence, les arguments des socialistes (création de l’assurance maladie, loi sur les accidents du travail, retraites …)

è L’Allemagne devient un pays paradoxal. D’un côté, une dictature militaire de droite qui favorise la bourgeoisie et d’un autre côté, l’Allemagne est le pays qui traite le mieux au monde sa population ouvrière. Malgré ces réformes, le SPD reste le 1er parti en Allemagne.

4-    Les conflits internes au socialisme Allemand
Rappel de la théorie Marxiste : « seule la violence obligera les bourgeois à s’occuper des conditions de vie des ouvriers ».
            Beaucoup d’ouvriers constatent qu’ils vivent mieux en 1895 qu’en 1870 et pourtant il n’y a pas eu de révolution.
En 1891 à Erfurt le débat est vif :
-         Certains veulent une révolution violente obligatoire pour faire gagner le prolétariat -> les marxistes (Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg)
-          D’autres estiment qu’une révolution violente n’est pas indispensable pour améliorer le destin du prolétariat. Ils privilégient la voie législative-> révisionnistes ou réformistes (Bernstein)

è A l’issue de ce congrès et jusqu’en 1914, les socialistes sont perdus et divisés entre les révolutionnaires et les réformistes.  

II-                Le socialisme en Allemagne entre 1914 et 1945
A-    La rupture tragique de 1919
En 1919, le sujet de la guerre crée des hésitations chez les socialistes. Les révisionnistes sont pour la guerre, les marxistes sont en colère.
La guerre dure et est insupportable. Liebknecht et Luxembourg forment un nouveau parti : la Ligue spartakiste. Elle critique vivement le gouvernement dirigé par le SPD (Ebert) et exige la paix. La rupture est encore plus totale.
Début novembre 1918 (1-11), l’Allemagne comprend que la guerre est perdue et Ebert est réélu. Les spartakistes lancent des émeutes révolutionnaires qui s’étendent à toute l’Allemagne. Ils revendiquent la République socialiste d’Allemagne. Ils veulent appliquer le programme de Karl Marx. Le SPD de Ebert écrase le mouvement spartakiste en janvier 1919 (morts de Liebknecht et Luxembourg).
è Scission définitive entre les communistes et les socio-démocrates.

B-    Le SPD, les syndicats et la République de Weimar
Le SPD est allié aux centristes et dirige l’Allemagne jusqu’au 30 janvier 1933.
Il est détesté par les communistes (KPD) qui vont avoir un discours dur « pas de différence entre Hitler et les socialistes », il est aussi détesté par la droite (modérée et nazis) qui juge honteux et impardonnable la signature du traité de Versailles.
            Il y a de nombreuses réformes (politique réformiste) mises en place par le SPD poussé par les syndicats : le droit de vote pour les femmes en 1919, assurance chômage, la politique culturelle (cinéma dynamique comme les studios Babelsberg).
            Le SPD est fragilisé par la crise de 1929 (6 millions de chômeurs). Mais le KPD n’attire pas trop les Allemands (10%) car l’expérience soviétique leur fait peur (goulags…).

C-    La fin de la République de Weimar
En 1933, le SPD ne parvient pas plus à gouverner parce que le KPD (dont le vrai chef est Staline qui oblige les partis communistes du monde entier à lui obéir) refuse de faire alliance.
            Hitler profite de l’incendie du Reichstag pour installer la dictature et neutraliser ses adversaires. Les communistes sont arrêtés et envoyés à Dachau. Puis les membres du SPD sont aussi arrêtés. Les syndicats sont interdits et leurs chefs envoyés à Dachau. Hitler les remplace par un « Front du travail ».
            Hitler considère que le nazisme est social et qu’il remplace les syndicats puisqu’il aide les Allemands à s’épanouir. Le nazisme se proclame socialiste (National Sozialistische Deutsche Arbeitspartei) mais raciste (camps de vacances sur la Baltique).
            Une minorité des membres du SPD vont créer un mouvement de résistance à Londres.

III-              Le socialisme en Allemagne depuis 1945
L’Allemagne est vaincue en 1945 et est divisée en 2 zones. Après le blocus de Berlin (1949), il y a création de :
-          La RDA : communiste, Berlin Est, membre du bloc de l’est (pacte de Varsovie 1955)
-          La RFA : capitaliste, Bonne en est la capitale, membre de l’OTAN

A-    Le socialisme en RDA
Le SED est créé en 1949 et est le parti unique de la RDA. Les chefs de la RDA sont Ulbricht puis Honecker. Tous les syndicats sont contrôlés par le SED.
Le film Goodbye Lenin nous montre qu’une partie des Allemands adhèrent sincèrement à l’idéologie communiste.
La majorité des Allemands de l’est travaillent dans l’industrie qui fournit de nombreux services tels que : le logement, les coopératives d’achat (pénuries fréquentes), les loisirs pour les enfants (crèches…), les vacances, la scolarisation gratuite …
Néanmoins il y a un sentiment mitigé chez les Allemands de l’est :
Il existe un certain confort d’un côté, ils bénéficient de la sécurité de l’emploi mais le pays reste une dictature surveillée par la Stasi.
En 1953, la répression d’un mouvement populaire fait près de 100 morts.
Ce qui va complètement braquer les Allemands est la construction du mur de Berlin (psychologiquement désastreux). 

B-    Le socialisme en RFA
1-    Le KPD
Le KPD soutient l’URSS qui a organisé le blocus de Berlin. Il va perdre son influence, va s’effondrer à 2% aux élections jusqu’aux années 1990.
2-    Le SPD
C’est un parti puissant (minimum 30%) mais qui reste très socialiste mais pas dictatorial.
Il va se poser 3 questions dans les années 1950 :
-          Pour ou contre l’intégration européenne -> partagé mais plutôt contre la CECA jugée trop libérale en 1951
-          Pour ou contre l’OTAN -> désir de neutralité du SDP qui est d’abord contre (comme les Suisses ou les Autrichiens)
-          Pour ou contre les références marxistes (chants…) -> Congrès de Bad-Godesberg en 1959
La RFA a 10 ans et cela fait 10 ans que le communisme a une mauvaise image (dictature, Stasi…). Le programme du SPD adopté au Congrès de Bad-Godesberg insiste sur l’attachement de la SPD à la liberté. Le SPD est attaché à la vraie démocratie, à la libre entreprise (capitalisme). Il renonce au nationalisme et ne parle plus de prolétaires mais s’adresse aux Hommes.
è C’est un tournant majeur. La SPD devient hostile au communisme. Ce congrès renforce la voie sociale-démocrate. Par rapport à la définition du socialisme par Marx il ne reste plus que l’expression « au service des citoyens ».
En France, ce n’est qu’en 2014 que le PS fait sa réaction, 55 ans plus tard.
            Le tournant capitaliste de Bad-Godesberg est apprécié en Allemagne. La SPD progresse et dans les années 1970, la SPD va gouverner l’Allemagne avec 2 chanceliers : Brandt et Schmidt.
            Le SPD se spécialise dans les questions sociales suivantes :
-          Hausse des salaires
-          Baisse du temps de travail
-          Lutte contre le nucléaire
-          Défense des droits des femmes

3-    Le syndicalisme modéré : le principe de « cogestion » en RFA
Les grandes entreprises sont contrôlées par un conseil de surveillance qui habitue les syndicats à discuter avec le patronat. Les syndicats vont préférer la négociation à la grève. L’ambiance est plutôt bonne dans les sociétés allemandes et les grèves deviennent rares.
è Ce système est efficace. Cette culture de la négociation va favoriser la croissance économique. C’est ce qu’on appelle le « Wirtschaftswunder » en RFA qui devient la 1ère puissance économique.

4-    Résultat de cette modernisation : une minorité se radicalise
Une partie minoritaire de la gauche se révolte contre l’embourgeoisement des partis socialistes -> la RAF = fraction armée rouge. C’est un groupuscule (30taine de personnes), un mouvement terroriste qui organise des assassinats de patrons dans les années 1970/80. Cette flambée de violence est contre-productive.
Ce mouvement reste minoritaire. En réalité, sur le plan social, l’Allemagne est un pays apaisé dans les années 1970/80.

C-    La réunification allemande
Le 3 octobre 1990, la CDU de Helmut Kohl domine.
En 1998, le SPD de Schröder remporte la victoire. S’en suivent de grandes réformes -> lois Hartz adoptées en 2003. Elles ont pour objectif de baisser le chômage en :
-          Réduisant les allocations au chômage  (- élevées et – longtemps)
-          Facilitant les licenciements
-          Instaurant les « mini-jobs » qui sont des contrats précaires mal payés (800€ / mois) qui vont représenter 20% des travailleurs
Ces réformes vont attiser la colère du monde ouvrier (impopularité de Schröder), elles vont rendre l’Allemagne à nouveau compétitive mais à quel prix ?
            Une partie des militants du SPD se radicalise et s’associe avec l’ex KPD pour former « Die Linke ». Une autre partie des ouvriers se met à voter pour l’extrême droite.
            Depuis 2013, il y a une grande coalition entre le SPD et la CDU (Merkel/Gabriel). Le SPD accepte de la faire à 2 conditions (chantage) :
-          L’adoption d’un salaire minimum (depuis janvier 2015)

-          La double nationalité pour les enfants d’étrangers nés en Allemagne

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