Thème
2 : la participation politique
Quelle
est l’influence de la culture politique sur les attitudes politiques ?
I-
Les attitudes politiques découlent d’une
culture politique particulière
A-
A chaque société sa culture politique
Les Esquimaux
n’ont pas de chef d’Etat. C’est la société dans son ensemble qui prend les
décisions à travers des assemblées générales. Si le dialogue est impossible, le
recours à la violence est légitime. Le pouvoir politique chez les Esquimaux
n’est pas encadré par des normes juridiques formelles mais par des normes
informelles communes à tous.
La culture politique est un ensemble cohérent de valeurs et de normes qui
orientent les attitudes politiques des membres de la société et organise son
fonctionnement politique. Notre culture politique paraît plus complexe,
hiérarchisée, plus contraignante.
La culture
politique française est basée sur :
-
La souveraineté du peuple, sa capacité à exercer
le pouvoir pour le bien-être de tous
-
Le respect des droits fondamentaux
-
La méritocratie (pas héréditaire)
-
La recherche d’une certaine égalité civique,
sociale
Cette culture
politique provient de notre Histoire, de la philosophie des lumières (progrès) et de la révolution française.
On parle de synthèse républicaine, notre culture républicaine est à la fois la recherche des
libertés (au maximum) d’entreprendre, d’économie, de propriété privée et
d’égalité entre les citoyens (protection
des pauvres par la redistribution -> réduction des libertés des
riches).
B-
Le clivage gauche-droite structure la culture politique française
Notre culture
politique est diversifiée en fonction des valeurs sur lesquelles les individus
accordent le plus d’importance. On distingue au moins deux visions de la
politique en France. On parlera de clivage gauche-droite.
L’appellation
gauche – droite vient du positionnement des élus à l’Assemblée nationale par rapport au
président de séance.
Différences
|
Gauche
|
Droite
|
Culturelles et idéologiques
|
Défense de légalité, liberté des mœurs/pratiques (homosexualité)
|
Défense du mérite, des libertés d’entreprendre, autorité
|
Economiques
|
Intervention de l’Etat pour corriger les défaillances du marché et
réduire les inégalités
|
Libéralisme économique, laisser le maximum de libertés aux
entreprises (embaucher, licencier, salaire, droit du travail)
|
Historiques
|
Révolutionnaire ou au moins réformiste/progressiste
|
Défendre les traditions, retrouver l’ordre du passé, conservatrice
|
Sociologiques
|
Jeunes, salariés du public, catégories populaires et moyennes
|
Patronat, indépendants, cadres du secteur privé
|
Politiques
|
Défendre les intérêts du peuple et des organisations professionnelles
(syndicats)
|
Défense de la nation, de la partie
|
Le libéralisme économique est la doctrine selon laquelle les
activités économiques doivent être orientées par la concurrence et régulées par
les mécanismes du marché. Le rôle de l’Etat y est minimal.
Le libéralisme culturel est un système de valeurs qui définit
l’autonomie et l’épanouissement personnel. Il s’oppose aux relations sociales
autoritaires.
Le libéralisme
économique semble mieux définir la droite que la gauche. Cependant, un
accord partagé par la plupart ne cherche pas à changer notre économie de
marché. Même
pour les sympathisants de gauche, l’intervention de l’Etat doit être limitée.
De même, le libéralisme
culturel est plutôt de gauche, cependant, l’égalité homme/femme reste aussi
bien défendue par la droite que par la gauche.
Le clivage gauche-droite tend à se
brouiller ces dernières décennies. Plusieurs raison amènent à
l’affaiblissement du clivage gauche-droite :
-
Diffusion d’une culture commune à travers
l’école, les médias.
-
Affaiblissement de la « classe
ouvrière ».
-
Montée de l’individualisme où chaque individu
va, en priorité, chercher son épanouissement personnel, ce qui peut conduire à
modifier son vote selon les élections, à lui faire mettre en avant des valeurs
différentes au cours du temps.
II-
Les attitudes politiques sont influencées
par la socialisation politique
A-
Le rôle de la famille dans la socialisation politique
L’apprentissage
d’une culture politique par les enfants se fait par :
-
La transmission d’une mémoire politique qui passe
par les récits des évènements politiques majeurs aux yeux des parents et par
leurs pratiques quotidiennes concrètes (presse).
-
La socialisation des enfants. L’apprentissage de
valeurs et de normes différentes selon les individus va influencer leurs
comportements politiques.
Cette
socialisation est maitrisée par l’enfant de deux manières :
-
Par l’inculcation, c’est-à-dire à travers des
discussions politiques sur ce qui est bien et non par les parents.
-
Par l’imprégnation, l’enfant va peu à peu comprendre
les comportements politiques de ses parents en analysant leurs réactions face à
l’actualité politique. Ce mode de socialisation semble être le plus fréquent.
Il se
fait au quotidien sans discussion frontale sur la vie politique.
Même si la socialisation se poursuit tout au long de la vie, la famille reste
l’acteur fondamental parce qu’elle est la première à façonner l’individu et
parce qu’elle est une instance où les liens affectifs sont forts.
|
Père
|
Mère
|
Enfant
|
Filiation de droite
|
LR
|
Centre
|
LR
|
Filiation de gauche
|
Ecologiste
|
PC
|
PS
|
Filiation apolitique
|
Ni de gauche, ni de droite
|
Ni de gauche, ni de droite
|
Ni de gauche, ni de droite
|
Filiation homogène
|
Modem
|
PS
|
PS
|
Changement
|
PS
|
PC
|
LR
|
Décrochage
|
FN
|
LR
|
Ni de gauche, ni de droite
|
14 % des
jeunes de 18/30 ans, disent avoir une filiation de droite en France en 2007,
30% une filiation de gauche, 28% une filiation apolitique, 5% déclarent un
changement de filiation politique par rapport à leurs parents.
Les ¾ des
Français se déclarent héritiers politiques, c’est-à-dire qu’ils perpétuent
l’affiliation politique de leurs parents.
La filiation
apolitique ne reflète pas un défaut de transmission mais une socialisation
négative : opposition et non pas dans la conviction et aussi par un
manque de contenu, de cohérence de la culture acquise. Cette filiation est plus fréquente
dans les milieux populaires et chez les individus peu diplômés.
Les affiliés ne
votent pas exactement comme leurs parents. Ils vont cependant respecter le
clivage gauche-droite, leur position idéologique sera proche de celle de
leurs parents.
Des évènements
politiques majeurs peuvent influencer durablement le rapport à la politique des
individus (le 21 avril 2002 marque
la présence au 2ème tour des élections présidentielles de LePen, ce
qui a amené à une prise de conscience des dangers de l’abstention et a permis
une participation forte au 2ème tour).
Ø Le rôle de la
socialisation secondaire
Les premiers
engagements de cet individu s’expliquent par sa socialisation politique
familiale : sa filiation était de gauche. Son parcours va faire évoluer
ses préférences : réussite, revenus correctes, propriétaire et son mari
plutôt orienté à droite.
Sa
socialisation secondaire va être plus forte que sa socialisation primaire. Ses
votes vont de plus en plus différer de ceux de ses parents.
Plus
généralement, la socialisation secondaire va reconstruire l’individu et l’amener à remettre
en cause sa socialisation primaire en fonction de sa réussite scolaire, de son
entourage.
B-
Le poids des autres instances de socialisation politique
Ø Le rôle de
l’Ecole
L’Ecole transmet une
socialisation politique aux élèves car :
-
Elle transmet des valeurs fondamentales dans une
démocratie (égalité, tolérance…)
-
Elle transmet une Histoire, une culture qui va
façonner l’individu et son positionnement politique
-
Elle enseigne les règles de la démocratie (élection des délégués)
-
Elle est le lieu de confrontation avec les pairs
qui peuvent avoir des airs contradictoires sur la politique
Les médias transmettent une
socialisation politique car :
-
Ils informent sur les différentes positions politiques,
relatent les grands évènements politiques
-
Cependant, les médias peuvent aussi faire perdre de
sa valeur à la parole politique en mettant en avant les éléments mineurs d’une
campagne politique (scandales…). Certains électeurs
peuvent se sentir frustrés et se retirer de la vie politique (abstention)
L’individu
n’est pas passif au cours de sa socialisation. Les différentes instances
peuvent transmettre une socialisation contradictoire : l’individu va
devoir choisir, s’engager dans une direction. Par ailleurs, cette socialisation
continuera tout au long de sa vie (socialisation secondaire) et poussera l’individu
à se questionner sans cesse.
Ø Le poids de
l’identification partisane
L’identification partisane ou modèle de Michigan est la loyauté, la
fidélité qu’auraient les électeurs pour un parti quel que soit le candidat qui
le représente sans connaitre son programme. Un attachement particulier à
un parti politique expliquerait la stabilité du vote d’une partie des
électeurs. Ce modèle existerait dans une certaine mesure en France avec des
électeurs se disent de droite ou de gauche « quoi qu’il arrive ».
Cette identification partisane est
déterminée par la socialisation qu’ont connue les individus. Le milieu
social dans lequel les individus grandissent peu impacter durablement leurs choix
politiques.
Le vote sur enjeu amène à du nomadisme électoral.
En fonction
des problématiques centrales à un moment donné, les électeurs peuvent rompre
leur attachement partisan pour soutenir la position d’un autre parti qu’ils
jugent plus adapté. Les électeurs semblent de plus en plus s’émanciper du
clivage droite/gauche, ils semblent plus autonomes, plus indépendants
dans leurs choix.
Le nomadisme s’explique par
le passage d’une société matérialiste à une société post matérialiste puisque
l’essentiel des individus ont un niveau de vie correct, les revendications
essentielles ne portent plus sur les hausses de salaires (enjeu matériel) mais sur des enjeux post
matérialiste : épanouissement personnel, valeurs fondamentales.
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