samedi 25 mars 2017

Sciences politiques et sociales, Thème 2 : la participation politique, Quelle est l’influence de la culture politique sur les attitudes politiques ? Terminale ES

Thème 2 : la participation politique
Quelle est l’influence de la culture politique sur les attitudes politiques ?
I-                    Les attitudes politiques découlent d’une culture politique particulière
A-     A chaque société sa culture politique
Les Esquimaux n’ont pas de chef d’Etat. C’est la société dans son ensemble qui prend les décisions à travers des assemblées générales. Si le dialogue est impossible, le recours à la violence est légitime. Le pouvoir politique chez les Esquimaux n’est pas encadré par des normes juridiques formelles mais par des normes informelles communes à tous. 
La culture politique est un ensemble cohérent de valeurs et de normes qui orientent les attitudes politiques des membres de la société et organise son fonctionnement politique. Notre culture politique paraît plus complexe, hiérarchisée, plus contraignante.
La culture politique française est basée sur :
-          La souveraineté du peuple, sa capacité à exercer le pouvoir pour le bien-être de tous
-          Le respect des droits fondamentaux
-          La méritocratie (pas héréditaire)
-          La recherche d’une certaine égalité civique, sociale
Cette culture politique provient de notre Histoire, de la philosophie des lumières (progrès) et de la révolution française.
On parle de synthèse républicaine, notre culture républicaine est à la fois la recherche des libertés (au maximum) d’entreprendre, d’économie, de propriété privée et d’égalité entre les citoyens (protection des pauvres par la redistribution -> réduction des libertés des riches).  
B-     Le clivage gauche-droite structure la culture politique française
Notre culture politique est diversifiée en fonction des valeurs sur lesquelles les individus accordent le plus d’importance. On distingue au moins deux visions de la politique en France. On parlera de clivage gauche-droite.
L’appellation gauche – droite vient du positionnement des élus à l’Assemblée nationale par rapport au président de séance.
Différences
Gauche
Droite
Culturelles et idéologiques
Défense de légalité, liberté des mœurs/pratiques (homosexualité)
Défense du mérite, des libertés d’entreprendre, autorité
Economiques
Intervention de l’Etat pour corriger les défaillances du marché et réduire les inégalités
Libéralisme économique, laisser le maximum de libertés aux entreprises (embaucher, licencier, salaire, droit du travail)
Historiques
Révolutionnaire ou au moins réformiste/progressiste
Défendre les traditions, retrouver l’ordre du passé, conservatrice
Sociologiques
Jeunes, salariés du public, catégories populaires et moyennes
Patronat, indépendants, cadres du secteur privé
Politiques
Défendre les intérêts du peuple et des organisations professionnelles (syndicats)
Défense de la nation, de la partie

Le libéralisme économique est la doctrine selon laquelle les activités économiques doivent être orientées par la concurrence et régulées par les mécanismes du marché. Le rôle de l’Etat y est minimal.
Le libéralisme culturel est un système de valeurs qui définit l’autonomie et l’épanouissement personnel. Il s’oppose aux relations sociales autoritaires.
Le libéralisme économique semble mieux définir la droite que la gauche. Cependant, un accord partagé par la plupart ne cherche pas à changer notre économie de marché. Même pour les sympathisants de gauche, l’intervention de l’Etat doit être limitée.
De même, le libéralisme culturel est plutôt de gauche, cependant, l’égalité homme/femme reste aussi bien défendue par la droite que par la gauche.
Le clivage gauche-droite tend à se brouiller ces dernières décennies. Plusieurs raison amènent à l’affaiblissement du clivage gauche-droite :
-          Diffusion d’une culture commune à travers l’école, les médias.
-          Affaiblissement de la « classe ouvrière ».
-          Montée de l’individualisme où chaque individu va, en priorité, chercher son épanouissement personnel, ce qui peut conduire à modifier son vote selon les élections, à lui faire mettre en avant des valeurs différentes au cours du temps.

II-                  Les attitudes politiques sont influencées par la socialisation politique
A-     Le rôle de la famille dans la socialisation politique
L’apprentissage d’une culture politique par les enfants se fait par :
-          La transmission d’une mémoire politique qui passe par les récits des évènements politiques majeurs aux yeux des parents et par leurs pratiques quotidiennes concrètes (presse).
-          La socialisation des enfants. L’apprentissage de valeurs et de normes différentes selon les individus va influencer leurs comportements politiques.

Cette socialisation est maitrisée par l’enfant de deux manières :
-          Par l’inculcation, c’est-à-dire à travers des discussions politiques sur ce qui est bien et non par les parents.
-          Par l’imprégnation, l’enfant va peu à peu comprendre les comportements politiques de ses parents en analysant leurs réactions face à l’actualité politique. Ce mode de socialisation semble être le plus fréquent. Il se fait au quotidien sans discussion frontale sur la vie politique.
Même si la socialisation se poursuit tout au long de la vie, la famille reste l’acteur fondamental parce qu’elle est la première à façonner l’individu et parce qu’elle est une instance où les liens affectifs sont forts.

Père
Mère
Enfant
Filiation de droite
LR
Centre
LR
Filiation de gauche
Ecologiste
PC
PS
Filiation apolitique
Ni de gauche, ni de droite
Ni de gauche, ni de droite
Ni de gauche, ni de droite
Filiation homogène
Modem
PS
PS
Changement
PS
PC
LR
Décrochage
FN
LR
Ni de gauche, ni de droite

14 % des jeunes de 18/30 ans, disent avoir une filiation de droite en France en 2007, 30% une filiation de gauche, 28% une filiation apolitique, 5% déclarent un changement de filiation politique par rapport à leurs parents.
Les ¾ des Français se déclarent héritiers politiques, c’est-à-dire qu’ils perpétuent l’affiliation politique de leurs parents. 
La filiation apolitique ne reflète pas un défaut de transmission mais une socialisation négative : opposition et non pas dans la conviction et aussi par un manque de contenu, de cohérence de la culture acquise. Cette filiation est plus fréquente dans les milieux populaires et chez les individus peu diplômés.
Les affiliés ne votent pas exactement comme leurs parents. Ils vont cependant respecter le clivage gauche-droite, leur position idéologique sera proche de celle de leurs parents.
Des évènements politiques majeurs peuvent influencer durablement le rapport à la politique des individus (le 21 avril 2002 marque la présence au 2ème tour des élections présidentielles de LePen, ce qui a amené à une prise de conscience des dangers de l’abstention et a permis une participation forte au 2ème tour).
Ø  Le rôle de la socialisation secondaire
Les premiers engagements de cet individu s’expliquent par sa socialisation politique familiale : sa filiation était de gauche. Son parcours va faire évoluer ses préférences : réussite, revenus correctes, propriétaire et son mari plutôt orienté à droite.
Sa socialisation secondaire va être plus forte que sa socialisation primaire. Ses votes vont de plus en plus différer de ceux de ses parents.
Plus généralement, la socialisation secondaire va reconstruire l’individu et l’amener à remettre en cause sa socialisation primaire en fonction de sa réussite scolaire, de son entourage.
B-     Le poids des autres instances de socialisation politique

Ø  Le rôle de l’Ecole
L’Ecole transmet une socialisation politique aux élèves car :
-          Elle transmet des valeurs fondamentales dans une démocratie (égalité, tolérance…)
-          Elle transmet une Histoire, une culture qui va façonner l’individu et son positionnement politique
-          Elle enseigne les règles de la démocratie (élection des délégués)
-          Elle est le lieu de confrontation avec les pairs qui peuvent avoir des airs contradictoires sur la politique

Les médias transmettent une socialisation politique car :
-          Ils informent sur les différentes positions politiques, relatent les grands évènements politiques
-          Cependant, les médias peuvent aussi faire perdre de sa valeur à la parole politique en mettant en avant les éléments mineurs d’une campagne politique (scandales…). Certains électeurs peuvent se sentir frustrés et se retirer de la vie politique (abstention)
L’individu n’est pas passif au cours de sa socialisation. Les différentes instances peuvent transmettre une socialisation contradictoire : l’individu va devoir choisir, s’engager dans une direction. Par ailleurs, cette socialisation continuera tout au long de sa vie (socialisation secondaire) et poussera l’individu à se questionner sans cesse.
Ø  Le poids de l’identification partisane
L’identification partisane ou modèle de Michigan est la loyauté, la fidélité qu’auraient les électeurs pour un parti quel que soit le candidat qui le représente sans connaitre son programme. Un attachement particulier à un parti politique expliquerait la stabilité du vote d’une partie des électeurs. Ce modèle existerait dans une certaine mesure en France avec des électeurs se disent de droite ou de gauche « quoi qu’il arrive ».
Cette identification partisane est déterminée par la socialisation qu’ont connue les individus. Le milieu social dans lequel les individus grandissent peu impacter durablement leurs choix politiques.
Le vote sur enjeu amène à du nomadisme électoral. En fonction des problématiques centrales à un moment donné, les électeurs peuvent rompre leur attachement partisan pour soutenir la position d’un autre parti qu’ils jugent plus adapté. Les électeurs semblent de plus en plus s’émanciper du clivage droite/gauche, ils semblent plus autonomes, plus indépendants dans leurs choix.

Le nomadisme s’explique par le passage d’une société matérialiste à une société post matérialiste puisque l’essentiel des individus ont un niveau de vie correct, les revendications essentielles ne portent plus sur les hausses de salaires (enjeu matériel) mais sur des enjeux post matérialiste : épanouissement personnel, valeurs fondamentales

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