samedi 10 décembre 2016

Géographie, Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation, La mondialisation en fonctionnement, Terminale ES

Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation
La mondialisation en fonctionnement
I-                   Un produit de la mondialisation : le Nutella
A-    Comment Nutella s’est-il diffusé à l’échelle mondiale ?
Un produit mondialisé est un produit élaboré qui fait l’objet d’une diffusion massive à l’échelle mondiale.
La mondialisation est le processus de mise en relation des différentes parties du monde par l’intensification des flux. La mondialisation engendre une intégration différenciée des territoires dans un monde de plus en plus interdépendant.
Le Nutella est né en Italie en 1946 puis s’étend au marché européen. A partir de 1983, le Nutella se développe sur les marchés des pays les plus riches. Depuis 2013, le Nutella touche les pays émergents mais pas l’Afrique.
L’Italie et la France représentent près de la moitié (44%) de la part des ventes de Nutella pour à peine moins de 2% de la population mondiale. Le produit est imparfaitement mondialisé. Nutella est très présent sur le marché européen mais les ventes sont encore limitées dans les pays émergents.
Le Nutella est déplacé par camions jusqu’à des plateformes multimodales, transport dans des conteneurs.
La conquête des marchés émergeants implique le développement de nouvelles stratégies commerciales : marketing. Réseaux sociaux pour une meilleure interaction, adaptation aux marchés (goûts des consommateurs).
è Historiquement, le produit ne s’est lancé que très récemment à la conquête du marché mondial (2013). Economiquement, c’est un produit coûteux pour les populations pauvres (produit de luxe dans certains pays). Culturellement, certains pays n’y sont pas habitués gustativement, les conditions météorologiques ne sont pas adaptées à sa conservation.

B-    Quels sont les acteurs de la production de Nutella ?
1-      Une FTN implantée dans le monde entier
Les matières 1ères proviennent très souvent de pays en développement sans conflits. On trouve 10 usines spécialisées dans la fabrication du Nutella situées essentiellement dans des pays développés (France et Canada) mais aussi dans des pays éloignés où la consommation se développe et où il serait coûteux d’exporter par bateau (Australie).
è Nutella est un bon exemple de la DIPP (division internationale du processus productif) rationnelle. Nutella fait produire en fonction de l’intérêt du pays.

2-      Une FTN qui soigne son image de marque
Ferrero a développé des plantations durables de noisettes en Australie. La firme ne veut plus utiliser des enfants comme main d’œuvre (mauvais pour l’image de marque comme pour Nike il y a 10 ans). Nutella développe ses propres productions de noisettes éthiques en Serbie.
Ferrero essaye de lutter contre les campagnes négatives sur internet. La firme insiste sur le fait que l’huile de palme utilisée est durable.
3-      Une FTN qui développe des stratégies pour s’agrandir
Ferrero s’implante progressivement sur tous les marchés producteurs (Mexique, Afrique du Sud). La firme va aussi racheter des fournisseurs pour mieux contrôler l’approvisionnement (noisettes, chocolat). Ferrero a aussi racheté les biscuits Delacre en octobre 2016. Son objectif est de se diversifier, Ferrero possède aujourd’hui de nombreuses marques (Tic-Tac, Kinder, Mon Chéri). Si un produit ne marche pas, Ferrero ne risque pas de faire faillite.
C-    En quoi le Nutella est le symbole des débats soulevés par la mondialisation ?
1-      Un débat au niveau de la santé
Nutella contribue à l’obésité au niveau mondial. L’huile de palme est plus malsaine que les autres huiles mais elle est plus utilisée car moins chère.
2-      Un débat au niveau de l’environnement
L’Indonésie subit un défrichement intensif de son territoire au profit de la monoculture de palmiers à huile. L’île de Bornéo est touchée par des défrichements massifs ce qui contribue à la disparition d’espèces emblématiques (tigre de Sumatra/Orang-outang).
3-      Un débat au niveau social
Ferrero rémunère les producteurs de cacao en-dessous du prix du marché (maintient dans la pauvreté). Les conditions de travail sont difficiles pour les intérimaires : seuls des travailleurs permanents bénéficient du bus.
4-      Un débat culturel
Pour des raisons diverses, le Nutella ne rentre pas dans les habitudes alimentaires des Chinois, des Indiens et des Etasuniens.
II-                Processus, acteurs et débats de la mondialisation  
A-    Processus de la mondialisation
Schéma : les flux de la mondialisation
Ce schéma nous montre les principaux pôles d’exportation de marchandises. Le volume d’exportation a fortement augmenté depuis 1980 (s’est multiplié par 10). La mondialisation est un phénomène récent. De nombreux produits se sont mondialisés (Nutella, Champagne, vins français, smartphones), leurs exportations ont accentué le phénomène de DIPP.
Le principal pôle d’exportation est l’Europe avec 6320 milliards de dollars d’exportation. L’Europe exporte principalement dans sa propre zone grâce à l’UE. On remarque que le Moyen Orient exporte à 90% en-dehors de sa zone (pétrole), de même pour l’Afrique et l’ancienne URSS.
Comme nous montre notre schéma, les principaux flux d’exportation de marchandises concernent l’Europe, l’Asie de l’est et l’Amérique du nord entre elles. 
Ø  Flux matériels :
Les marchandises vont concerner non seulement des produits finis (pays du nord) mais aussi des matières premières (pays du sud), des produits agricoles… Les portes conteneurs sont devenus géants (jusqu’à 18000 conteneurs) ce qui va favoriser la mondialisation. En effet, les coûts de transport diminuent, 90% des exportations mondiales se font par la voie maritime. De plus, les frais de douane ont baissés.
Ø  Flux de services :
Colis, tourisme, services chirurgicaux, flux d’information…   
Ø  La mondialisation concerne aussi les flux humains :
Schéma : les flux migratoires mondiaux
Le processus de la mondialisation se caractérise aussi par des flux migratoires de plus en plus importants.
Les pays attirant le plus d’immigrés sont l’Amérique du nord, l’Europe et le Moyen Orient (bons niveaux de vie).  L’Europe a accueilli 1.5 millions d’immigrés clandestins.
Il y a deux types de migrants :
-          migrants politiques : ils fuient la guerre (Soudan, Syrie, Afghanistan)
-          migrants économiques
L’ampleur de ces phénomènes migratoires provoquent des tensions et favorisent l’élection de candidats qui proposent de stopper ce phénomène : élection de Trump aux USA qui promet de consolider le mur séparant les USA du Mexique ou encore le mur de Viktor Orban en Hongrie pour protéger son pays de l’afflux d’immigrés venus du Moyen Orient.  
B-    Les acteurs de la mondialisation
1-      Des acteurs privés, les entreprises
Il s’agit surtout de FTN mais il peut aussi s’agir de simples entreprises ou de PME. Leur but est le profit. 482 des 500 plus grosses FTN ont leurs sièges sociaux en Asie, en Amérique ou en Europe (Apple, Total, Danone, Walmart). 143 sièges sociaux sur 500 sont concentrés dans à peine 5 grandes métropoles (New-York, Paris, Londres, Tokyo et Pékin).
Ces FTN vont choisir d’investir dans les pays les plus sûrs (USA, Europe, Asie de l’est) ainsi que dans les pays émergents stables (Chili, Amérique du sud). Ces entreprises vont malheureusement souvent placer leurs profits dans des paradis fiscaux.
2-      Le rôle des Etats
Les Etats ont une tâche contradictoire.
Ø  D’un côté, les Etats favorisent la mondialisation en séduisant les investisseurs :
-          L’Etat a un rôle social (niveau de scolarisation, villes propres, sécurité).
-          L’Etat a aussi un rôle juridique en permettant l’adoption de lois favorables aux entreprises (baissant ou non l’impôt sur les sociétés).
-          Aussi un rôle politique dans la négociation de certains contrats (intervention dans les ventes de Rafale ce qui peut poser un problème moral puisque l’Etat vent des armes au Qatar).
Ø  D’un autre côté, l’Etat va réguler la mondialisation :
-          Il critique parfois la mondialisation dès lors que qu’elle détruit des emplois au lieu d’en créer. Dans ces cas, on observe un retour du protectionnisme (Trump veut augmenter les taxes sur les produits venants de l’étranger).
-          Mais l’Etat a aussi le rôle de défendre les travailleurs avec le SMIC (mais quand il est trop élevé, les entreprises investissent moins).
-          Le problème est que les Etats ont de moins en moins de poids face à des FTN de plus en plus puissantes (Walmart a un chiffre d’affaire égal au PIB de la Belgique). L’Etat français avait promis qu’Arcelor Mittal n’allait pas fermer mais c’est ce qui s’est passé, l’Etat ne peut rien faire si une entreprise veut partir.
-          Le poids de la parole politique est limité devant la puissance des FTN.

3-      Quatre autres acteurs

Ø  Les instances internationales
C’est l’ensemble des acteurs liés à une question commune, exerçant une autorité :
-          FMI, basé à Washington, dès que les Etats ont besoin de prêts.
-          L’OMC, basée à Genève, qui décide des droits de douanes internationales.
-          Le G20 qui réunit les 20 plus grandes puissances mondiales, leur mission est de résoudre les problèmes internationaux.

Ø  Les mafias
Elles s’occupent de diffuser les produits illicites : drogues, contrefaçons, cigarettes, armes, trafic d’êtres humains … Une mafia peut parfois s’apparenter à une FTN par exemple en Russie qui est le « centre » des mafias aux diverses activités (cigarettes, alcool, trafics en tous genres…).
Ø  Les paradis fiscaux
Les taux à la fiscalité très bas attirent les capitaux internationaux. Les paradis fiscaux recyclent l’argent des mafias et accueillent aussi les bénéfices des grandes sociétés. Cela concerne de nombreux micro-Etats.
Ces paradis fiscaux sont un effet négatif de la mondialisation puisqu’ils empêchent les Etats, comme la France ou l’Allemagne, de récolter l’argent des impôts et de redistribuer cet argent par la suite.
Ø  Les ONG
Elles dénoncent les abus de la mondialisation (Greenpeace -> la pollution). Les ONG sont souvent basées en Europe et en Amérique (MSF -> humanitaire, China Labor Watch -> protection des travailleurs, travail sous pays, travail des enfants).
C-    Les débats de la mondialisation  
1-      Quels sont les débats de ces acteurs ?
Les politiques ne luttent pas beaucoup contre la mondialisation mais beaucoup pensent que la mondialisation actuelle est mauvaise.  
Il y a une émergence de la société civile qui est l’ensemble des mouvements agissant en dehors de tout cadre institutionnel. L’un de leurs penseurs est Stéphane Hessel (économiste) et son livre Indignez-vous ou encore Michael Moore (réalisateur) avec son film The big one qui dénonce la délocalisation.
Une petite partie de la société civile s’est regroupée pour condamner la mondialisation libérale tout en proposant sa réforme, ce sont les altermondialistes. Ce mouvement est né dans les années 1990, il regroupe des communistes, des écologistes et des pacifistes et essaye d’atteindre toute la société civile. Les altermondialistes manifestent à l’occasion de grands sommets internationaux (sommet de l’OMC, FMI, ONU).
Mais il y a des faiblesses, c’est un mouvement divisé. Ils sont d’accord pour dénoncer la mondialisation mais ils ne sont pas d’accord sur les solutions alternatives à proposer. De plus, le mouvement est fragilisé par les extrémistes (sommet de l’OTAN en 2009 ou COP21 en 2015).
2-      Les principaux débats relatifs à la mondialisation

Ø  Débat sur la mondialisation des marchandises
Foxconn montre que les standards sociaux sont très différents en Chine qu’en France : salaires bas, durée de travail excessive… les entreprises françaises ne peuvent pas lutter.
L’alternative serait le protectionnisme mais c’est interdit par l’OMC qui favorise le libre-échange. On utilise alors un protectionnisme déguisé. VW a été lourdement sanctionnée (18 milliards de $) par les USA dans le but de fragiliser la marque puisque Général Motors, ayant commis une faute à son tour n’a du payé que 800 millions de $. Il y a deux poids et deux mesures et un protectionnisme déguisé.  
Le protectionnisme est un remède préconisé par de nombreux politiques d’extrême droite (Trump, LePen, Orban). On appelle cela la « préférence nationale ». Le risque est que le protectionnisme entraîne des mesures de rétorsion, à moyen terme, les marchés se ferment et une crise fait son apparition.
Ø  Débat sur la mondialisation de la culture
De plus en plus de pays ont le sentiment d’être acculturés. Il est vrai que bien des habitudes se sont mondialisées : vestimentaires (jeans), nourriture, sport, langues (des centaines de langues sont menacées d’extinction).
Afin de protéger sa culture, la France a mis en place, depuis les années 1950, le principe « d’exception culturelle » qui vise à protéger le patrimoine culturel. Les médias, chaînes de télévision sont légalement obligées de diffuser 40% de production française. Idem pour les radios, canal + qui est obligé de réinvestir ses bénéfices pour financer le cinéma français. C’est une forme de protectionnisme, idem pour les BD. En effet, la loi de publication pour la jeunesse de 1949 oblige les journaux à publier 25% de BD françaises et va interdire les BD immorales pour l’époque. La BD franco-belge ainsi que les mangas vont émerger.
Ø  Débat sur la mondialisation des flux humains
Ces flux sont de plus en plus importants, la xénophobie s’accroît et des frontières se ferment (en Hongrie sous Orban).
Les flux touristiques vont créer des bouleversements. Le tourisme dans certains pays peut créer des chocs culturels : attitude de certains occidentaux sur les plages dans des pays musulmans ou encore femmes girafes en Birmanie.
Ces flux vont créer un débat mondial : faut-il fermer les frontières pour protéger l’authenticité de la culture ?
Ø  Comment limiter l’impact écologique de la mondialisation ?
Le transport de marchandises est polluant même si les portes conteneurs polluent moins que les avions. Mais ils peuvent transporter des virus, des insectes ou des espèces invasives (les écureuils américains ont quasiment fait disparaître l’écureuil roux en Grande-Bretagne).
La consommation de produits locaux est-elle la voix de la sagesse ?


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