Thème 2
: Les dynamiques de la mondialisation
La
mondialisation en fonctionnement
I-
Un produit de la mondialisation : le
Nutella
A-
Comment Nutella s’est-il diffusé à l’échelle mondiale ?
Un produit
mondialisé est un produit élaboré qui fait l’objet d’une diffusion
massive à l’échelle mondiale.
La
mondialisation est le processus de mise en relation des différentes parties
du monde par l’intensification des flux. La mondialisation engendre une
intégration différenciée des territoires dans un monde de plus en plus
interdépendant.
Le Nutella est né
en Italie en 1946 puis s’étend au marché européen. A partir de 1983, le
Nutella se développe sur les marchés des pays les plus riches. Depuis 2013, le
Nutella touche les pays émergents mais pas l’Afrique.
L’Italie et la France représentent
près de la moitié (44%) de la part des ventes de Nutella pour à
peine moins de 2% de la population mondiale. Le produit est imparfaitement
mondialisé. Nutella est très présent sur le marché européen mais les ventes sont
encore limitées dans les pays émergents.
Le Nutella
est déplacé par camions jusqu’à des plateformes multimodales, transport dans
des conteneurs.
La conquête
des marchés émergeants implique le développement de nouvelles stratégies
commerciales : marketing. Réseaux sociaux pour une meilleure
interaction, adaptation aux marchés (goûts des consommateurs).
è Historiquement,
le produit ne s’est lancé que très récemment à la conquête du marché mondial
(2013). Economiquement, c’est un produit coûteux pour les populations pauvres
(produit de luxe dans certains pays). Culturellement, certains pays n’y sont
pas habitués gustativement, les conditions météorologiques ne sont pas adaptées
à sa conservation.
B-
Quels sont les acteurs de la production de Nutella ?
1- Une
FTN implantée dans le monde entier
Les matières 1ères
proviennent très souvent de pays en développement sans conflits. On
trouve 10 usines spécialisées dans la fabrication du Nutella situées
essentiellement dans des pays développés (France et Canada) mais aussi dans
des pays
éloignés où la consommation se développe et où il serait coûteux
d’exporter par bateau (Australie).
è Nutella
est un bon exemple de la DIPP (division internationale du processus productif)
rationnelle. Nutella fait produire en fonction de l’intérêt du pays.
2- Une
FTN qui soigne son image de marque
Ferrero a
développé des plantations durables de noisettes en Australie. La firme ne veut plus
utiliser des enfants comme main d’œuvre (mauvais pour l’image de marque comme pour Nike il y a 10 ans). Nutella
développe
ses propres productions de noisettes éthiques en Serbie.
Ferrero
essaye de lutter contre les campagnes négatives sur internet. La firme
insiste sur le fait que l’huile de palme utilisée est durable.
3- Une
FTN qui développe des stratégies pour s’agrandir
Ferrero s’implante
progressivement sur tous les marchés producteurs (Mexique, Afrique du
Sud). La firme va aussi racheter des fournisseurs pour mieux contrôler
l’approvisionnement (noisettes,
chocolat). Ferrero a aussi racheté les biscuits Delacre en octobre 2016.
Son objectif
est de se diversifier, Ferrero possède aujourd’hui de nombreuses marques (Tic-Tac, Kinder, Mon Chéri). Si un produit
ne marche pas, Ferrero ne risque pas de faire faillite.
C-
En quoi le Nutella est le symbole des débats soulevés par la
mondialisation ?
1- Un
débat au niveau de la santé
Nutella contribue à l’obésité au
niveau mondial. L’huile de palme est plus malsaine que les autres
huiles mais elle est plus utilisée car moins chère.
2- Un
débat au niveau de l’environnement
L’Indonésie subit un défrichement
intensif de son territoire au profit de la monoculture de palmiers à huile.
L’île de
Bornéo est touchée par des défrichements massifs ce qui contribue à la
disparition d’espèces emblématiques (tigre
de Sumatra/Orang-outang).
3- Un
débat au niveau social
Ferrero rémunère les producteurs de
cacao en-dessous du prix du marché (maintient dans la pauvreté). Les conditions de
travail sont difficiles pour les intérimaires : seuls des
travailleurs permanents bénéficient du bus.
4- Un
débat culturel
Pour des
raisons diverses, le Nutella ne rentre pas dans les habitudes alimentaires des
Chinois, des Indiens et des Etasuniens.
II-
Processus, acteurs et débats de la
mondialisation
A-
Processus de la mondialisation
Schéma : les flux de la
mondialisation
Ce schéma
nous montre les principaux pôles d’exportation de marchandises. Le volume d’exportation
a fortement augmenté depuis 1980 (s’est multiplié par 10). La mondialisation
est un phénomène récent. De nombreux produits se sont mondialisés (Nutella, Champagne, vins français,
smartphones), leurs exportations ont accentué le phénomène de DIPP.
Le principal pôle
d’exportation est l’Europe avec 6320 milliards de dollars d’exportation.
L’Europe exporte
principalement dans sa propre zone grâce à l’UE. On remarque que le Moyen Orient
exporte à 90% en-dehors de sa zone (pétrole),
de même pour l’Afrique et l’ancienne URSS.
Comme nous
montre notre schéma, les principaux flux d’exportation de marchandises concernent
l’Europe, l’Asie de l’est et l’Amérique du nord entre elles.
Ø Flux matériels :
Les marchandises vont concerner non
seulement des produits finis (pays du nord) mais aussi des matières
premières (pays du sud), des produits agricoles… Les portes
conteneurs sont devenus géants (jusqu’à 18000 conteneurs) ce qui va favoriser la
mondialisation. En effet, les coûts de transport diminuent, 90% des
exportations mondiales se font par la voie maritime. De plus, les frais de douane
ont baissés.
Ø Flux de services :
Colis, tourisme, services chirurgicaux, flux d’information…
Ø La mondialisation concerne aussi les
flux humains :
Schéma : les flux migratoires
mondiaux
Le
processus de la mondialisation se caractérise aussi par des flux
migratoires de plus en plus importants.
Les pays attirant le
plus d’immigrés sont l’Amérique du nord, l’Europe et le Moyen Orient (bons
niveaux de vie). L’Europe a
accueilli 1.5 millions d’immigrés clandestins.
Il y a deux
types de migrants :
-
migrants politiques : ils fuient la guerre (Soudan, Syrie, Afghanistan)
-
migrants économiques
L’ampleur
de ces phénomènes migratoires provoquent des tensions et favorisent l’élection de
candidats qui proposent de stopper ce phénomène : élection de Trump
aux USA qui promet de consolider le mur séparant les USA du Mexique ou encore
le mur de Viktor Orban en Hongrie pour protéger son pays de l’afflux d’immigrés
venus du Moyen Orient.
B-
Les acteurs de la mondialisation
1- Des
acteurs privés, les entreprises
Il s’agit
surtout de FTN mais il peut aussi s’agir de simples entreprises ou de PME. Leur but est le
profit. 482 des 500 plus grosses FTN ont leurs sièges sociaux en Asie, en Amérique
ou en Europe (Apple, Total,
Danone, Walmart). 143 sièges sociaux sur 500 sont concentrés dans à peine 5
grandes métropoles (New-York, Paris, Londres, Tokyo et Pékin).
Ces FTN vont
choisir d’investir dans les pays les plus sûrs (USA, Europe, Asie de l’est) ainsi que dans les pays émergents
stables (Chili, Amérique du sud).
Ces entreprises vont malheureusement souvent placer leurs profits
dans des paradis fiscaux.
2- Le
rôle des Etats
Les Etats ont une tâche
contradictoire.
Ø D’un côté,
les Etats
favorisent la mondialisation en séduisant les investisseurs :
-
L’Etat a un rôle social (niveau de scolarisation, villes propres, sécurité).
-
L’Etat a aussi un rôle juridique en permettant
l’adoption de lois favorables aux entreprises (baissant ou non l’impôt sur les sociétés).
-
Aussi un rôle politique dans la négociation de
certains contrats (intervention dans les
ventes de Rafale ce qui peut poser un problème moral puisque l’Etat vent des
armes au Qatar).
Ø D’un autre
côté, l’Etat
va réguler la mondialisation :
-
Il critique parfois la mondialisation dès lors que qu’elle
détruit des emplois au lieu d’en créer. Dans ces cas, on observe un retour du
protectionnisme (Trump veut
augmenter les taxes sur les produits venants de l’étranger).
-
Mais l’Etat a aussi le rôle de défendre les travailleurs avec le
SMIC (mais quand il est trop
élevé, les entreprises investissent moins).
-
Le problème est que les Etats ont de moins en moins de poids
face à des FTN de plus en plus puissantes (Walmart a un chiffre d’affaire égal au PIB de la Belgique). L’Etat
français avait promis qu’Arcelor Mittal n’allait pas fermer mais c’est ce qui
s’est passé, l’Etat ne peut rien faire si une entreprise veut partir.
-
Le poids de la parole politique est limité devant la puissance des FTN.
3- Quatre
autres acteurs
Ø Les instances internationales
C’est l’ensemble des acteurs liés à une
question commune, exerçant une autorité :
-
FMI, basé à Washington, dès que les Etats ont besoin de prêts.
-
L’OMC, basée à Genève, qui décide des droits de douanes
internationales.
-
Le G20 qui réunit les 20 plus grandes puissances mondiales, leur
mission est de résoudre les problèmes internationaux.
Ø Les mafias
Elles s’occupent de
diffuser les produits illicites : drogues, contrefaçons,
cigarettes, armes, trafic d’êtres humains … Une mafia peut parfois s’apparenter à
une FTN par exemple en Russie qui est le « centre » des mafias
aux diverses activités (cigarettes,
alcool, trafics en tous genres…).
Ø Les paradis fiscaux
Les taux à la fiscalité très bas
attirent les capitaux internationaux. Les paradis fiscaux recyclent
l’argent des mafias et accueillent aussi les bénéfices des grandes sociétés. Cela
concerne de nombreux micro-Etats.
Ces paradis fiscaux sont un effet négatif
de la mondialisation puisqu’ils empêchent les Etats, comme la France ou
l’Allemagne, de récolter l’argent des impôts et de redistribuer cet argent par la suite.
Ø Les ONG
Elles dénoncent les abus de la
mondialisation (Greenpeace
-> la pollution). Les ONG sont souvent basées en Europe et en Amérique
(MSF -> humanitaire, China Labor Watch
-> protection des travailleurs, travail sous pays, travail des enfants).
C-
Les débats de la mondialisation
1- Quels
sont les débats de ces acteurs ?
Les politiques ne
luttent pas beaucoup contre la mondialisation mais beaucoup pensent que
la mondialisation
actuelle est mauvaise.
Il y a une émergence
de la société civile qui est l’ensemble des
mouvements agissant en dehors de tout cadre institutionnel. L’un de
leurs penseurs est Stéphane Hessel (économiste) et son livre Indignez-vous ou
encore Michael
Moore (réalisateur) avec son film The big one qui dénonce la
délocalisation.
Une petite
partie de la société civile s’est regroupée pour condamner la mondialisation libérale
tout en proposant sa réforme, ce sont les altermondialistes.
Ce mouvement est né dans les années 1990, il regroupe des communistes, des
écologistes et des pacifistes et essaye d’atteindre toute la société civile.
Les altermondialistes manifestent à l’occasion de grands sommets internationaux (sommet de l’OMC, FMI, ONU).
Mais il y a des faiblesses, c’est
un mouvement
divisé. Ils sont d’accord pour dénoncer la mondialisation mais ils ne
sont pas
d’accord sur les solutions alternatives à proposer. De plus, le
mouvement est fragilisé par les extrémistes (sommet
de l’OTAN en 2009 ou COP21 en 2015).
2- Les
principaux débats relatifs à la mondialisation
Ø Débat sur la mondialisation des
marchandises
Foxconn
montre que les standards sociaux sont très différents en Chine qu’en France :
salaires bas, durée de travail excessive… les entreprises françaises ne peuvent
pas lutter.
L’alternative serait le
protectionnisme mais c’est interdit par l’OMC qui favorise le libre-échange. On utilise
alors un protectionnisme
déguisé. VW a été lourdement sanctionnée (18 milliards de $) par les USA
dans le but de fragiliser la marque puisque Général Motors, ayant commis une
faute à son tour n’a du payé que 800 millions de $. Il y a deux poids et
deux mesures et un protectionnisme déguisé.
Le protectionnisme
est un remède préconisé par de nombreux politiques d’extrême droite (Trump, LePen, Orban). On appelle cela la
« préférence
nationale ». Le risque est que le protectionnisme entraîne des mesures
de rétorsion, à moyen terme, les marchés se ferment et une crise fait
son apparition.
Ø Débat sur la mondialisation de la
culture
De plus en
plus de pays ont le sentiment d’être acculturés. Il est vrai que bien
des habitudes
se sont mondialisées : vestimentaires (jeans), nourriture, sport,
langues (des
centaines de langues sont menacées d’extinction).
Afin de
protéger sa culture, la France a mis en place, depuis les années 1950, le
principe « d’exception
culturelle » qui vise à protéger le patrimoine culturel. Les médias,
chaînes de télévision sont légalement obligées de diffuser 40% de production française.
Idem pour les radios, canal + qui est obligé de réinvestir ses bénéfices pour
financer le cinéma français. C’est une forme de protectionnisme, idem
pour les BD. En effet, la loi de publication pour la jeunesse de 1949 oblige
les journaux
à publier 25% de BD françaises et va interdire les BD immorales pour
l’époque. La BD franco-belge ainsi que les mangas vont émerger.
Ø Débat sur la mondialisation des flux
humains
Ces flux sont de
plus en plus importants, la xénophobie s’accroît et des frontières se
ferment (en Hongrie sous Orban).
Les flux
touristiques vont créer des bouleversements. Le tourisme dans certains
pays peut créer des chocs culturels : attitude de certains
occidentaux sur les plages dans des pays musulmans ou encore femmes girafes en
Birmanie.
Ces flux vont créer un débat
mondial : faut-il fermer les frontières pour protéger l’authenticité de la
culture ?
Ø Comment limiter l’impact écologique
de la mondialisation ?
Le transport de
marchandises est polluant même si les portes conteneurs polluent moins
que les avions. Mais ils peuvent transporter des virus, des insectes ou des espèces
invasives (les écureuils
américains ont quasiment fait disparaître l’écureuil roux en Grande-Bretagne).
La consommation de produits locaux est-elle
la voix de la sagesse ?
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