Autrui
I-
Le besoin d’autrui
L’essentiel de
ce que nous sommes, nous le devons à autrui. L’autre n’est pas pour nous un
choix : il est toujours déjà là, à notre naissance, et nous façonne pour
toujours. Le besoin de l’homme d’être en contact avec d’autres hommes devient
particulièrement évident dans l’expérience douloureuse de la solitude qui est
peu naturelle de l’homme.
« Autrui, pièce maîtresse de mon univers »
Tournier, Vendredi ou les limbes du pacifique 1972
II-
L’influence exercée par les autres sur le
moi
L’homme est
capable de ressentir les émotions éprouvées par ses semblables, c’est ce qu’on
appelle empathie. Avec l’empathie, nous nous mettons spontanément à la place d’autrui
lorsque nous les voyons exprimer certaines émotions. Le monde intérieur de l’autre
s’ouvre à nous et devient une part entière de notre expérience vécue. La
réalité vécue de l’autre devient aussi notre réalité. Grâce à l’empathie, nous
pouvons comprendre l’autre sans utilisation d’aucun langage.
La pitié est
la forme de l’empathie la plus intense.
« Fais ton bien avec le moindre mal d’autrui qu’il est
possible » Rousseau
Nos cerveaux
et neurones sont empathiques. L’homme est biologiquement programmé à comprendre
son semblable et à l’imiter. Nous sommes tous des miroirs les uns pour les
autres et nous nous renvoyons réciproquement nos émotions et intensions en
tissant des liens avec les autres, en construisant progressivement notre
personnalité sous l’influence des autres.
Pour être heureux il faut que les
personnes qui nous entourent soient heureuses.
« Vivre pour autrui, ce n’est pas seulement la loi du
devoir, c’est aussi la loi du bonheur » Auguste Comte
III-
Le poids du regard de l’autre
Dès que nous
sommes en présence du regard de l’autre, nous agissons différemment.
Erwin Goffmann dans « la
mise en scène de la vie quotidienne » -> rites d’interaction.
Norman Triplett -> phénomène
de la facilitation sociale (se savoir en présence d’autrui améliore nos
performances).
Expérience de Milgram qui montre
qu’il peut être aisé de faire obéir un individu sous la pression d’une
autorité.
« L’enfer, c’est les autres » Sartre
IV-
La connaissance d’autrui
Pour connaître
l’autre, il faut faire ce qu’on peut appeler une dialectique entre le même et l’autre.
« Nous ne comprenons l’autre que par sa ressemblance à
notre moi, à notre expérience acquise, à notre propre climat ou univers mental »
Henri Irénée Marrou
La séparation
des consciences rend à jamais inaccessible la communion totale de deux
personnalités.
« L’homme est l’être qui peut sortir de soi, qui ne
connaît les autres qu’en soi, et, en disant le contraire, ment » Proust
V-
Les liens qui nous rattachent aux autres :
les trois formes de l’amour
L’Eros :
Amour sous sa
forme la plus passionnelle, désir, idéalisation de l’être aimé ->
cristallisation par Stendhal
« Il n’existe pas d’être capable d’aimer un autre être
tel qu’il est » Paul Valéry
La Philia :
Amour sans
violence du désir physique, neutre, sans désir et sans passion.
Aristote distingue trois formes d’amitié :
-
L’amitié en vue de l’utile
-
L’amitié en vue du plaisir
-
L’amitié parfaite (philia teleia)
« Parce que c’était lui, parce que c’était moi »
Etienne de la Boétie
L’Agapé :
Amour pour le
prochain, charité.
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