mercredi 1 février 2017

SES, Thème 4 : Travail, emploi, chômage, Comment s’articulent marché du travail et gestion de l’emploi ?, Terminale ES

Thème 4 : Travail, emploi, chômage
Comment s’articulent marché du travail et gestion de l’emploi ?
                Un marché est un lieu réel ou fictif où se rencontrent les offreurs et demandeurs d’un bien ou d’un service dans le but de l’échanger en fonction d’un prix.
Le marché du travail existe pour certains économistes : l’offre de travail provient des actifs alors que la demande de travail provient des entreprises et APU. Ce marché du travail est une construction sociale qui doit être gérée, encadrée par des institutions et en particulier l’Etat et les syndicats.
I- Le marché du travail existe-t-il ?
A- La théorie libérale du marché du travail
1- Les déterminants de l’offre de travail
                La courbe de l’offre est une fonction croissante du salaire versé : plus le salaire proposé est important, plus le nombre d’actifs prêts à travailler sera important.
Plus le salaire est élevé, plus les individus sont prêts à travailler car plus ils pourront consommer. Mais en contrepartie, ils acceptent de sacrifier leur temps de loisirs. On parle d’un effet revenu.
Cependant, un effet de substitution existe. Il pousse les individus à moins travailler au fur et à mesure que leurs salaires augmentent.
è  L’effet de revenu l’emporte sur l’effet de substitution jusqu’à un certain seuil, l’offre de travail est une fonction croissante du revenu.
2- Les déterminants de la demande de travail
                La courbe de demande de travail est une fonction décroissante du salaire. Plus le salaire augmente, moins les entreprises sont prêtes à embaucher.
3- L’équilibre du marché du travail
                L’offre de travail étant croissante et la demande de travail étant décroissante, leur point d’intersection détermine l’équilibre du marché, celui-ci est caractérisé par une quantité d’équilibre et un prix d’équilibre.
                Au prix d’équilibre, le chômage n’existe pas. Tous les travailleurs prêts à travailler pour ce salaire trouveront un emploi, toutes les entreprises prêtes à embaucher à ce salaire trouveront des salariés. Dans l’analyse libérale, le chômage ne peut exister.
                Si le salaire se fixe au-dessus du salaire d’équilibre, alors l’offre de travail sera supérieure à la demande de travail et du chômage apparait. Celui-ci va pousser les entreprises à proposer des salaires plus faibles, de plus en plus d’entreprises voudront embaucher. A l’inverse, de moins en moins d’actifs voudront travailler. Le marché finira par retrouver son équilibre de lui-même, il est autorégulateur.
                Pour les libéraux, si les actifs ne trouvent pas un emploi, c’est qu’ils n’acceptent pas le salaire d’équilibre, on parlera alors de chômage volontaire.  
B- Le marché du travail ou les marchés du travail ?
L’analyse libérale semble trop simpliste : un seul marché du travail avec un seul salaire. La réalité laisse apparaitre une complexité. Le marché du travail serait segmenté :
- un marché primaire du travail où les entreprises proposeraient des CDI à temps plein avec une bonne protection sociale, les travailleurs (insiders), y seraient qualifiés, diplômés. Sur ce marché, le salaire sera plus élevé, le chômage généralement faible.
- un marché secondaire du travail où les entreprises proposeraient plus souvent des CDD, des temps partiels, une protection du travail et sociale plus faibles. Les travailleurs (outsiders), y seraient moins diplômés, moins qualifiés. Sur ce marché, le salaire serait moins élevé et le chômage plus important.
Les travailleurs du marché secondaire ne passent que difficilement sur le marché primaire du travail. Leurs niveaux de qualification leur rend difficile l’accès à un emploi stable, les syndicats sont moins présents pour les aider à trouver un emploi (ils préfèrent défendre les travailleurs déjà présents sur le marché primaire).
è Les marchés du travail sont segmentés, imperméables. On parle aussi de dualisation du marché du travail. Le travail s’échange sur des marchés du travail et pas un seul.
C- L’asymétrie d’information sur le marché du travail
                Sur les marchés (du travail) existent des asymétries d’informations. Un agent a plus d’informations qu’un autre. Cette asymétrie d’informations déséquilibre le rapport de force entre les agents, il sera plus facile pour l’un ou pour l’autre de négocier.
1- La théorie du salaire d’efficience
                Sur le marché du travail, les patrons n’en savent pas autant que les travailleurs sur les efforts fournis par ceux-ci. Les salariés seront en position de force pour négocier. Pour pousser les travailleurs à fournir des efforts soutenus et continus, les partons ont intérêt à verser des salaires plus élevés que le salaire d’équilibre. Ils motivent ainsi leurs salariés et surtout leurs font supporter un coût d’opportunité important s’ils sont surpris entrain de ne rien faire. Ils perdraient un salaire plus important que ce qu’ils ne méritent, rien ne dit qu’ils retrouveront le même, ils sont incités à ne pas tricher.
La théorie du salaire d’efficience montre que pour accroître l’efficacité du travailleur, il faut simplement lui verser un salaire plus important. Plus il sera rémunéré, plus il sera motivé, plus il sera productif.
Cette théorie s’oppose à la théorie classique. Dans la théorie libérale, c’est la productivité du travailleur qui détermine le salaire : plus la productivité est importante, plus le salaire sera élevé.
è Dans la théorie du salaire d’efficience, la relation de causalité est inversée : plus l’individu sera payé, plus il sera motivé, plus sa production sera importante. Le salaire détermine le niveau de productivité. 
2- La théorie des contrats implicites
Les salariés souhaitent stabiliser leurs salaires à long terme pour pouvoir réaliser leurs projets (achats, famille…). Or ils sont moins bien informés que les entreprises sur la durée de vie de celles-ci. Les patrons vont proposer en contrepartie d’un emploi stable, un salaire inférieur au salaire d’équilibre. Le parton s’engage ainsi à garder ses salariés malgré une baisse d’activité passagère. Le salarié, lui, est rassuré sur son avenir. On parle de la théorie des contrats implicites.
Cette théorie remet en cause le fonctionnement du marché libéral car face à une fluctuation de l’activité, l’entreprise doit licencier ou embaucher. Elle ne le fera pas. Le marché ne sera pas autorégulateur puisqu’il ne reviendra pas à son équilibre.
è  Le(s) marché(s) du travail semblent être des déterminants efficaces pour connaître le niveau d’emploi et le niveau des salaires. Les complexifications proposées à l’analyse libérale permettent de s’approcher de la réalité du fonctionnement du marché du travail. Cependant, le marché n’existe pas naturellement, il est une construction sociale qui est encadrée par l’Etat et les syndicats.
II- Le marché du travail est aussi une construction sociale   
             A-     L’intervention de l’Etat
1-      Le salaire, un revenu socialisé par les salariés
Le salaire ne dépend pas que de variables économiques mais aussi de variables sociales. L’Etat, en construisant la sécurité sociale a imposé aux salariés des cotisations sociales qui les protègent contre les différents risques sociaux. On distingue 5 risques sociaux : la maladie, vieillesse, accident du travail, chômage, famille. Les cotisations sociales sont réparties entre les partons et les salariés :
-          Cotisations patronales payées par le patron servant à financer la protection sociale
-          Cotisations salariales payées par le salarié servant à financer la protection sociale (moins élevées que les cotisations patronales)
Le montant de ces cotisations est décidé par les partenaires sociaux (l’Etat, le patronat, les syndicats). En cotisant obligatoirement à la protection sociale, chaque salarié se voit lui-même protégé s’il subit un des risques sociaux.
è L’Etat est donc un acteur incontournable dans la fixation du niveau des salaires, il en a fait un revenu socialisé, c’est-à-dire tourné vers la société solidaire et la protection contre les risques sociaux.
Cout du travail : salaire brut + cotisations patronales
Salaire brut : salaire net + cotisations salariales
2-      Le droit du travail
L’encadrement de la relation salariale par l’Etat date de la première révolution industrielle. Plutôt en faveur du patronat au début, la relation évoluera en faveur des salariés au cours du XIX-XXe. Les droits du travail s’élargissent :
-          Réduction du temps de travail
-          Augmentation des congés payés
-          Droit de grève, de se syndiquer
-          SMIG-SMIC
-          Lois sur le licenciement
Le droit du travail a été établi sous l’impulsion de l’Etat, qui, à travers des lois, cherche à rétablir l’égalité entre les salariés et les patrons dans la relation salariale. L’Etat a cherché à protéger les salariés en imposant des normes communes à tous.
     B-     Les négociations salariales : entre conflit et coopération
1-      Des négociations parfois tendues
Une action collective oppose au moins deux groupes aux intérêts contradictoires s’affrontant sur un/des objectifs précis de manière variée.
Ici le conflit oppose les travailleurs représentés par les syndicats et le patronat. Leur revendication principale est la hausse des salaires. Pour y parvenir, les travailleurs ont fait grève et l’ont poursuivie pour maintenir la pression sur le patronat. Les syndicats ont obtenu en partie ce qu’ils voulaient même si cela est moins important que ce qu’ils souhaitaient.
Le dialogue social est l’ensemble des négociations plus ou moins conflictuelles qu’il existe entre les partenaires sociaux (Etat/syndicat/patronat).
2-      Les conventions collectives
Une convention collective sert à spécifier les conditions de travail et de salaire au niveau d’une branche d’activité. Elles sont conclues entre le patronat et les travailleurs (syndicats). Elle ne peut pas être moins avantageuse que le droit du travail national.
La convention collective des boulangers spécifie que le salaire minimum est fonction du niveau de diplôme du boulanger.

La convention collective donne plus de droits aux salariés, les protège encore plus que le droit du travail. Elle apporte une sécurité. Le dialogue social est coopératif : patronat et syndicats cherchent à négocier régulièrement pour éviter les conflits sociaux. 

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