Thème
4 : Travail, emploi, chômage
Comment
s’articulent marché du travail et gestion de l’emploi ?
Un marché est un lieu réel ou fictif où se rencontrent les offreurs
et demandeurs d’un bien ou d’un service dans le but de l’échanger en fonction
d’un prix.
Le marché du travail
existe pour certains économistes : l’offre de travail provient des actifs
alors que la demande de travail provient des entreprises et APU. Ce marché du travail
est une construction sociale qui doit être gérée, encadrée par des
institutions et en particulier l’Etat et les syndicats.
I- Le marché du travail
existe-t-il ?
A- La théorie libérale du marché du travail
1- Les
déterminants de l’offre de travail
La courbe de l’offre
est une fonction croissante du salaire versé : plus le salaire
proposé est important, plus le nombre d’actifs prêts à travailler sera
important.
Plus le salaire est
élevé, plus les individus sont prêts à travailler car plus ils pourront
consommer. Mais en contrepartie, ils acceptent de sacrifier leur temps
de loisirs. On parle d’un effet revenu.
Cependant, un effet de
substitution existe. Il pousse les individus à moins travailler au fur
et à mesure que leurs salaires augmentent.
è L’effet de revenu
l’emporte sur l’effet de substitution jusqu’à un certain seuil, l’offre de
travail est une fonction croissante du revenu.
2- Les
déterminants de la demande de travail
La
courbe de demande de travail est une fonction décroissante du
salaire. Plus le salaire augmente, moins les entreprises sont prêtes à
embaucher.
3-
L’équilibre du marché du travail
L’offre
de travail étant croissante et la demande de travail étant décroissante, leur point
d’intersection détermine l’équilibre du marché, celui-ci est caractérisé par
une quantité d’équilibre et un prix d’équilibre.
Au prix d’équilibre,
le chômage n’existe pas. Tous les travailleurs prêts à travailler pour
ce salaire trouveront un emploi, toutes les entreprises prêtes à embaucher à ce
salaire trouveront des salariés. Dans l’analyse libérale, le chômage ne peut exister.
Si le salaire se
fixe au-dessus du salaire d’équilibre, alors l’offre de travail sera supérieure
à la demande de travail et du chômage apparait. Celui-ci va pousser les
entreprises à proposer des salaires plus faibles, de plus en plus
d’entreprises voudront embaucher. A l’inverse, de moins en moins d’actifs
voudront travailler. Le marché finira par retrouver son équilibre de lui-même, il est
autorégulateur.
Pour
les libéraux, si les actifs ne trouvent pas un emploi, c’est qu’ils n’acceptent
pas le salaire d’équilibre, on parlera alors de chômage volontaire.
B- Le marché du travail ou les marchés du travail ?
L’analyse libérale
semble trop simpliste : un seul marché du travail avec un seul
salaire. La réalité laisse apparaitre une complexité. Le marché du travail
serait segmenté :
- un marché
primaire du travail où les entreprises proposeraient des CDI à temps plein
avec une bonne protection sociale, les travailleurs (insiders), y seraient
qualifiés, diplômés. Sur ce marché, le salaire sera plus élevé, le
chômage généralement faible.
- un marché
secondaire du travail où les entreprises proposeraient plus souvent des CDD, des temps
partiels, une protection du travail et sociale plus faibles. Les travailleurs
(outsiders), y seraient moins diplômés, moins qualifiés. Sur ce marché,
le salaire serait moins élevé et le chômage plus important.
Les travailleurs du
marché secondaire ne passent que difficilement sur le marché primaire du
travail. Leurs niveaux de qualification leur rend difficile l’accès à un
emploi stable, les syndicats sont moins présents pour les aider à trouver un emploi
(ils préfèrent défendre les travailleurs déjà présents sur le marché primaire).
è Les marchés du travail sont segmentés, imperméables. On parle
aussi de dualisation du marché du travail. Le travail s’échange sur des marchés
du travail et pas un seul.
C- L’asymétrie d’information sur le marché du travail
Sur
les marchés (du travail) existent des asymétries d’informations.
Un agent a plus d’informations qu’un autre. Cette asymétrie d’informations
déséquilibre le rapport de force entre les agents, il sera plus facile
pour l’un ou pour l’autre de négocier.
1- La
théorie du salaire d’efficience
Sur
le marché du travail, les patrons n’en savent pas autant que les travailleurs sur les efforts
fournis par ceux-ci. Les salariés seront en position de force pour
négocier. Pour pousser les travailleurs à fournir des efforts soutenus et
continus, les partons ont intérêt à verser des salaires plus élevés que le
salaire d’équilibre. Ils motivent ainsi leurs salariés et surtout leurs font supporter un
coût d’opportunité important s’ils sont surpris entrain de ne rien faire.
Ils perdraient un salaire plus important que ce qu’ils ne méritent, rien ne dit
qu’ils retrouveront le même, ils sont incités à ne pas tricher.
La théorie du salaire
d’efficience montre que pour accroître l’efficacité du travailleur, il
faut simplement lui verser un salaire plus important. Plus il sera rémunéré, plus il
sera motivé, plus il sera productif.
Cette théorie s’oppose à la
théorie classique. Dans la théorie libérale, c’est la productivité du
travailleur qui détermine le salaire : plus la productivité est
importante, plus le salaire sera élevé.
è Dans la théorie du salaire d’efficience, la relation de
causalité est inversée : plus l’individu sera payé, plus il sera motivé,
plus sa production sera importante. Le salaire détermine le niveau de
productivité.
2- La
théorie des contrats implicites
Les salariés souhaitent
stabiliser leurs salaires à long terme pour pouvoir réaliser leurs projets (achats, famille…). Or ils sont moins bien
informés que les entreprises sur la durée de vie de celles-ci. Les
patrons vont proposer en contrepartie d’un emploi stable, un salaire inférieur au salaire
d’équilibre. Le parton s’engage ainsi à garder ses salariés malgré une baisse d’activité
passagère. Le salarié, lui, est rassuré sur son avenir. On parle de la théorie des contrats implicites.
Cette théorie remet en
cause le fonctionnement du marché libéral car face à une fluctuation de
l’activité, l’entreprise doit licencier ou embaucher. Elle ne le fera pas. Le marché ne sera pas
autorégulateur puisqu’il ne reviendra pas à son équilibre.
è Le(s) marché(s) du
travail semblent être des déterminants efficaces pour connaître le niveau
d’emploi et le niveau des salaires. Les complexifications proposées à l’analyse
libérale permettent de s’approcher de la réalité du fonctionnement du marché du
travail. Cependant, le marché n’existe pas naturellement, il est une
construction sociale qui est encadrée par l’Etat et les syndicats.
II- Le marché du travail
est aussi une construction sociale
A-
L’intervention de l’Etat
1-
Le salaire, un revenu
socialisé par les salariés
Le salaire ne dépend
pas que de variables économiques mais aussi de variables sociales. L’Etat,
en construisant la sécurité sociale a imposé aux salariés des cotisations sociales qui les protègent contre les
différents risques sociaux. On distingue 5 risques sociaux : la maladie, vieillesse, accident
du travail, chômage, famille. Les cotisations sociales
sont réparties entre les partons et les salariés :
-
Cotisations patronales payées par le
patron servant à financer la protection sociale
-
Cotisations salariales payées par le
salarié servant à financer la protection sociale (moins élevées que les
cotisations patronales)
Le montant de ces
cotisations est décidé par les partenaires sociaux (l’Etat, le
patronat, les syndicats). En cotisant obligatoirement à la protection sociale, chaque salarié se
voit lui-même protégé s’il subit un des risques sociaux.
è L’Etat est donc un acteur incontournable dans la fixation du
niveau des salaires, il en a fait un revenu socialisé, c’est-à-dire tourné vers
la société solidaire et la protection contre les risques sociaux.
Cout du travail :
salaire brut + cotisations patronales
Salaire brut : salaire
net + cotisations salariales
2-
Le droit du travail
L’encadrement
de la relation salariale par l’Etat date de la première révolution
industrielle. Plutôt en faveur du patronat au début, la relation évoluera en
faveur des salariés au cours du XIX-XXe. Les droits du travail s’élargissent :
-
Réduction du temps de travail
-
Augmentation des congés payés
-
Droit de grève, de se syndiquer
-
SMIG-SMIC
-
Lois sur le licenciement
Le droit du travail a
été établi sous l’impulsion de l’Etat, qui, à travers des lois, cherche à rétablir l’égalité
entre les salariés et les patrons dans la relation salariale. L’Etat a cherché à
protéger les salariés en imposant des normes communes à tous.
B-
Les négociations salariales : entre conflit et coopération
1-
Des négociations
parfois tendues
Une action collective oppose au moins deux groupes aux intérêts contradictoires s’affrontant
sur un/des objectifs précis de manière variée.
Ici le conflit
oppose les travailleurs représentés par les syndicats et le patronat. Leur
revendication principale est la hausse des salaires. Pour y parvenir, les
travailleurs ont fait grève et l’ont poursuivie pour maintenir la pression sur
le patronat. Les syndicats ont obtenu en partie ce qu’ils voulaient même si
cela est moins important que ce qu’ils souhaitaient.
Le dialogue social est l’ensemble des négociations plus ou moins conflictuelles qu’il
existe entre les partenaires sociaux (Etat/syndicat/patronat).
2-
Les conventions
collectives
Une convention collective sert à spécifier les conditions de travail et de salaire au niveau
d’une branche d’activité. Elles sont conclues entre le patronat
et les travailleurs (syndicats). Elle ne peut pas être moins
avantageuse que le droit du travail national.
La convention
collective des boulangers spécifie que le salaire minimum est fonction du
niveau de diplôme du boulanger.
La convention
collective donne plus de droits aux salariés, les protège encore plus que le
droit du travail. Elle apporte une sécurité. Le dialogue social est
coopératif : patronat et syndicats cherchent à négocier
régulièrement pour éviter les conflits sociaux.
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