La culture
I-
Différence entre Bildung et Kultur
1-
La Bildung,
un phénomène universel
Elle
désigne le processus de formation par lequel l’homme développe ses capacités (intellectuelles, physiques…). L’Homme
déploie ses facultés, se perfectionne, se sépare de plus en plus de ses
instincts premiers, ce qui lui permet de se civiliser et d’inscrire son
existence dans un univers de règles et de significations qu’il partage avec ses
semblables. Tous les Hommes se rejoignent dans ce sens de la culture en
s’efforçant de s’arracher à leur nature première pour améliorer leur existence
en se civilisant.
2-
La Kultur
Elle désigne
une culture particulière. Ce terme permet de mettre l’accent sur cette
différence et sur l’identité spécifique d’une culture, par laquelle elle se
différencie de toutes les autres par sa langue, ses arts, ses mœurs, ses valeurs,
ses traditions propres à elle seule.
II-
La
culture permet à l’homme de devenir ce qu’il est
« L’homme est une espèce inventive »
Hume
A la
différence de la plupart des autres animaux, l’homme ne se contente pas d’obéir
à ses instincts naturels. Il s’efforce volontairement d’améliorer sa condition
en se civilisant. L’homme naît imparfait, inachevé et c’est à lui de s’achever
et de se perfectionner lui-même par le processus de civilisation qu’on appelle
la culture (Bildung). La culture est le processus de formation qui permet de
suppléer chez l’homme à un défaut de nature initial.
« Deviens qui tu es ! »
Pindare, repris par Nietzsche
Il faut
travailler à ce que l’on est et ne pas se contenter de ce que l’on est. Se cultiver
est un véritable devoir de l’homme envers lui-même.
III-
La
culture comme seconde nature
L’influence de
la culture est tellement marquée chez l’homme qu’il est vain de maintenir une
distinction tranchée entre la nature et la culture. Il faut plutôt admettre que
l’homme est un animal qui est par nature un être culturel et que, par
conséquent, tous les comportements humains relèvent de la culture.
« La coutume est notre nature. Qui s’accoutume
à la foi, la croit, et ne peut plus ne pas craindre l’enfer, et ne croit autre
chose » Pascal
L’homme construit lui-même son
destin, en dépassant sans cesse ses tendances naturelles et en assimilant des
habitudes qui deviennent si ancrées en lui qu’elles paraissent naturelles.
IV-
La culture
permet la régulation des pulsions et rend possible la vie en société
Cette formation,
à l’issue de laquelle l’enfant sauvage, « pervers polymorphe » comme
le dit Freud, devient un homme civilisé, ne se fait pas sans violence. La politesse
est une exigence universelle car elle s’avère indispensable à la vie en commun
des hommes. En modérant les émotions, en introduisant le devoir de passer par
certaines formalités avant de réaliser certaines actions, la politesse atténue
la violence des relations sociales et rend la vie quotidienne plus agréable
pour la collectivité. Il faut apprendre à avoir peur dans les relations avec
autrui.
V-
L’inévitable
choc des civilisations
Partant d’un
même besoin de se perfectionner en s’arrachant à la nature (Bildung), des
groupes humains, situés en des lieux différents, ont élaboré des civilisations
(Kultur) contradictoires entre elles. Chacun tend à vouloir écraser les
cultures concurrentes et à imposer la sienne aux autres hommes.
« Carthago delenda est ! »
Caton l’Ancien
VI-
La
hiérarchie des cultures : relativisme et universalisme
1-
Relativisme
Chaque culture
dispose de son système de normes et ce système est incommensurable avec celui
des autres cultures. Il n’y a pas de vérité fixe qui pourrait servir d’étalon
de mesure.
« Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà »
Pascal
2-
Universalisme
Il existe des
civilisations meilleures que d’autres et il faut tout faire pour privilégier
ces civilisations. Grâce à notre raison, nous pouvons évaluer les systèmes de
normes inhérents à chaque culture : en prenant du recul sur nous-mêmes, on
peut examiner quelles traditions ou valeurs sont les plus bénéfiques au genre
humain. La civilisation qui respecte le mieux le genre humain et qui parvient à
diffuser avec le plus d’efficacité les conditions du bien-être.
VII-
L’idéal occidental de l’unité du genre
humain : tension entre le modèle multiculturaliste et assimilationniste
Doit-on lutter
pour préserver les différences propres à chaque culture, malgré l’opposition de
certaines de leurs traditions et valeurs avec les nôtres ? Ou, au
contraire, doit-on se battre pour éliminer le reste de barbarie subsistant
encore dans de nombreuses civilisations en faisant triompher les valeurs
occidentales. Selon que l’on soit davantage sensible à l’intérêt qu’offre les
différences enrichissantes des autres cultures ou à la nécessité de faire
régner les valeurs universelles accompagnant notre idéal de la dignité humaine,
on sera multiculturaliste ou assimilationniste.
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