Thème
3 : Economie du développement durable
Chapitre
1 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de
l’environnement ?
I-
Les limites de la croissance économique
A-
Les limites écologiques
On distingue 2 limites principales à notre modèle
de croissance actuel. Un épuisement progressif des ressources naturelles ainsi
que la
pollution qui conduit au réchauffement climatique.
La biocapacité mondiale correspond à la surface de Terre que chaque individu
peut consommer chaque année pour satisfaire ses besoins sans mettre en danger
le renouvellement des ressources utilisées. Aujourd’hui elle est de 1.8
hectares.
Notre empreinte écologique a triplé ces 50
dernières années. Il faut donc 3 fois plus de place aujourd’hui pour
satisfaire les besoins d’un être humain que dans les années 1960. L’empreinte
écologique d’un individu est d’en moyenne environ 2.5 hectares soit au niveau
mondial, 1.5 planètes.
Notre mode de vie n’est pas durable, nous épuisons la
planète plus vite que ses capacités de régénération.
Cette empreinte écologique élevée
s’explique essentiellement par le rejet de CO2. La Terre n’est plus capable d’absorber
tous les rejets à long terme, d’autant plus que la réduction de la
taille des forêts réduit sa capacité d’absorption. Ces émissions ont
été multipliées par 16 depuis 1860. Elles ont progressées
essentiellement à cause des consommations de pétrole, charbon et gaz qui rejettent du
CO2 dans l’atmosphère. Si rien n’est fait, la température devrait augmenter sur
Terre de 2°C jusqu’en 2050.
B-
Le bien-être ne se résume pas à la croissance
Le bien-être est un indicateur pluridimensionnel qui
combine :
-
Du capital
physique : les
biens et services qui peuvent être consommés par les individus. Cela se
rapproche de la notion de PIB (production).
-
Du capital
naturel :
préservation de l’environnement et de la biodiversité.
-
Du capital
humain : niveau de
santé et d’éducation des individus.
-
Du capital
institutionnel : le
cadre de vie fourni par les institutions politiques (participation à la vie politique, sécurité physique, qualité de la
gouvernance).
-
Du capital
social : état des
relations sociales dans une société, inégalités fortes ou faibles (taux de chômage, de pauvreté, qualité des
rapports sociaux).
è La combinaison de ces 5
types de capitaux va déterminer le niveau de bien-être d’une société. On peut
voir qu’il ne se limite pas au capital physique. Chacun des capitaux contribue
à la qualité de vie, au bonheur des individus.
II-
Vers le développement durable ?
A-
Qu’est-ce que de développement durable ?
Les 3 piliers du développement durable
sont l’économie, le social et l’écologie. Si nous voulons continuer à
vivre avec le même mode vie, notre modèle de croissance doit se faire plus
respectueux de l’environnement et plus équitable.
Concilier croissance et environnement semble possible aujourd’hui à travers
les
nouvelles sources d’énergie, la mise en place de pots catalytiques sur les
voitures… De même, il est envisageable de concilier économique et social à
travers les labels de commerce équitable.
La gouvernance est la capacité pour les institutions internationales de
concilier ces 3 piliers, de se fixer de développement durable come un objectif
prioritaire. Celui-ci ne pouvant être atteint d’un point de vue national,
des institutions
supranationales ont émergé : l’ONU pour un aspect
sécuritaire, les COP pour l’écologie, l’OMC (organisation mondiale du commerce)
ainsi que le FMI pour le pilier économique/social.
Les institutions existent mais 2 problèmes
émergent :
-
Il
existe parfois des intérêts contradictoires (OMC/ONU).
-
Elles n’ont pas la
capacité de contraindre les pays à accepter des politiques particulières.
è Au final, le développement
durable est le développement prenant en compte la satisfaction des besoins du
présent pour tous, tout en prenant en compte les générations futures.
Cette notion est assez récente puisqu’elle date de 1987, du
rapport
Brundtland « Notre avenir à tous » remis à l’ONU. Cependant,
ces problématiques
ont émergées durant les 30 glorieuses où il apparaissait déjà que la croissance
était un danger pour l’environnement.
B-
Les différents capitaux sont-ils substituables ?
Les experts distinguent 2 approches au développement
durable :
-
Pour
certains, le développement durable est facile à atteindre. Les différents
capitaux sont substituables, remplaçables les uns par les autres. On
parle de soutenabilité faible. Il est par exemple possible de
réduire le stock de capital naturel (arbres,
biodiversité) si dans le même temps on augmente le stock de capital
physique (progrès technique,
production). La déforestation n’est pas grave en soi puisque le progrès
technique sait aujourd’hui compenser cette perte en fabriquant de l’air pur.
Cette vision
du développement durable est optimiste : on pense que l’Homme sera
toujours capable de compenser les dégâts que la planète subit.
-
Pour
d’autres, le développement durable est difficile à atteindre. Les différents
capitaux ne sont pas substituables. On parle de soutenabilité
forte. La réduction d’un stock de capital naturel empêche mécaniquement le
développement durable. La déforestation met en péril notre planète. Le progrès
technique n’y changera rien. Cette vision du développement durable est pessimiste la
réduction d’un stock de capital ne peut être compensée par l’augmentation d’un
autre.
III-
Quels instruments pour la politique
climatique ?
L’un des acteurs essentiels pour
essayer d’atteindre le développement durable sont les Etats qui peuvent mener
des politiques climatiques, en faveur de l’environnement et du climat en
particulier.
A-
L’intervention directe des APU : réglementation et taxation
1- La réglementation
Ø Les intérêts
La 1er politique que
peuvent mener les APU est celle de la réglementation,
c’est-à-dire la fixation de règles, de normes, qui limitent la quantité de produits
polluants rejetés. Elles passent soit par l’interdiction totale d’utiliser un
produit soit par une limitation de celui-ci (en 2017, les villes n’auront plus le droit d’utiliser des pesticides
dans leurs espaces verts).
Ce type de politique ne modifie pas
le prix des biens mais la quantité de produits qui sera utilisée. Si un
agent dépasse
cette limite, il sera sanctionné financièrement. Les agents n’ont pas
intérêt à polluer plus que la limite autorisée mais puisque dépolluer a
également un coût, ils ne cherchent pas non plus à polluer moins que cette limite.
Chaque
agent polluera jusqu’à la limite, ni plus, ni moins.
Ces règles peuvent être fixées soit
pour contraindre
les entreprises ou les ménages. Elles ont l’avantage d’être simples
à décider et de réduire directement les rejets de polluants.
Ø Les limites
Les politiques de réglementation
présentent plusieurs limites.
Il est difficile de décider du niveau de la
norme à ne pas dépasser : trop haut, il sera difficile voire
impossible pour les entreprises de l’atteindre, elles devront fortement
investir ce qui va augmenter leurs coûts de production. Si le niveau est trop
bas, la norme est inutile puisque trop facile à atteindre. Les entreprises ont
intérêt à augmenter leurs besoins de pollution afin que l’Etat fixe un niveau
facile à atteindre.
Les normes sont généralement nationales,
la pollution,
elle, n’a pas de frontières. Contraindre nos entreprises limite leurs
capacités de faire concurrence aux entreprises étrangères sans pour
autant améliorer la qualité de l’air. Pour être plus efficaces, les normes devraient être
mondiales.
Les normes ne sont qu’une simple
contrainte qui n’invite pas à faire mieux que la limite autorisée :
puisque limiter sa pollution a un coût, les entreprises ont intérêt à polluer
au maximum de ce qui est autorisé. Elles ne sont pas poussées à faire mieux.
Les normes s’imposent à tous de la même manière
sans prendre en considération les situations économiques des entreprises. Elles
peuvent donc paraître inégalitaires puisqu’elles seront plus ou moins
faciles à atteindre par les entreprises.
Décider du niveau de pollution toléré
est peu couteux, mais faire appliquer, respecter cette loi coûte cher. De
nombreux inspecteurs doivent contrôler régulièrement les entreprises pour voir
si elles respectent la norme.
è La norme peut être un
instrument efficace mais elle présente des limites et doit être complétée par
d’autres instruments, mesures.
2- La taxation
Ø Les intérêts
La taxation est
un instrument
qui ne pas à contraindre mais à inciter les individus à adopter des
comportements plus respectueux de l’environnement. L’agent sera poussé financièrement à
adopter des comportements vertueux, plus il le fait, plus il est
subventionné et moins il le fait, plus il payera de taxes (bonus/malus automobiles, crédits d’impôts).
Le principe de la taxation s’appelle
aussi principe
du pollueur payeur : celui qui pollue paye. On parle aussi d’internalisation
des externalités. En donnant un coût à la pollution (externalité), on oblige
les entreprises
à la prendre en compte dans leur calcul du coût de production.
Ø Les limites
Les taxes sont perçues comme injustes
par les ménages puisqu’elles s’appliquent à tous de la même manière sans
prendre en compte leurs niveaux de revenus. Elles vont plus toucher les
pauvres que les riches. De même les entreprises sont contre cet instrument
puisqu’il augmente leur coût de production ce qui réduit leur compétitivité.
Ces deux limites poussent l’Etat à fixer des
taxes d’un niveau assez faible, elles sont assez peu efficaces pour
inciter les individus à changer. Seules les taxes internationales et progressives
limiteraient ces impacts négatifs.
è Règlementation et taxation
sont deux outils directement utilisables par les APU. Elles sont perçues comme
complémentaires : l’une compensant les limites de l’autre. Un troisième
instrument existe, ce sont les marchés des droits à polluer qui ne sont pas
directement pilotés par les Etats.
B-
L’intervention indirecte des pouvoirs publics : les marchés des
droits à polluer
1- Les marchés des droits à
polluer : quels intérêts ?
Un marché des droits à polluer est un lieu de rencontre fictif entre une
offre de droits à polluer et une demande de droits à polluer. En tant
que propriétaire
de l’air, l’Etat va distribuer aux entreprises des autorisations à polluer
qu’elles n’auront pas la possibilité de dépasser. Si une entreprise veut
polluer
plus qu’elle n’en a le droit, elle devra acheter des permis à polluer à
d’autres entreprises qui ne les utiliseront pas tous. A l’inverse, si
une entreprise pollue moins que ses autorisations le lui permettent, elle pourra revendre
les droits en trop.
Le prix des droits à polluer se
déterminera en fonction de l’offre et de la demande des entreprises. Ce
système apparait plus flexible que la taxation puisque le prix évolue en
fonction de la situation économique du pays, des entreprises.
Un marché n’oblige pas les agents à
un comportement précis, il les incite à adopter les bons comportements en fonction du
prix. Il s’oppose à la règlementation qui interdit ou contraint les entreprises à
adopter tel ou tel comportement.
Pour déterminer si une entreprise
doit continuer à polluer ou réduire sa pollution, elle est confrontée à un calcul
économique :
-
Si
le coût
de la pollution supplémentaire par rapport à ses droits est supérieur aux coûts
d’investissements pour moins polluer, elle a intérêt à investir, elle
pourra même revendre les droits qu’elle n’a pas utilisé pour financer son
investissement.
-
Si
le cout
de la pollution est inférieur au cout des investissements, elle a intérêt à
continuer à polluer et donc acheter des droits supplémentaires.
è Pour réduire les quantités
totales de pollution émises, il suffit à l’Etat de diminuer chaque année le
nombre total de droits à polluer. Des entreprises seront obligées de faire des
efforts pour ne pas dépasser le quota maximum.
Deux applications concrètes à ce
marché à polluer existent :
-
Au niveau international -> le protocole de Kyoto (1997) a cherché à réduire les
gaz à effets de serre durant deux cycles (2008-20012/2012-2016). Ce fut un succès relatif
puisque trop de droits à polluer ont été distribués et de nombreux pays ont
quitté le protocole à cause de la crise.
-
Au niveau européen -> un marché des droits à polluer a émergé (2005-2012/2012-2020).
L’objectif est qu’en 2020, la pollution soit réduite de 21% par rapport à 2005.
C’est un projet ambitieux et limité au niveau géographique.
2- Les limites des marchés des
droits à polluer
La limite essentielle aux marchés des
droits à polluer est celle de l’allocation des permis en début de période. Si
l’Etat
distribue trop de droits, alors de nombreuses entreprises seront
offreuses, la demande de pollution sera faible et le prix de la pollution va
s’effondrer. Les entreprises ne seront pas incitées à investir mais
continueront à polluer.
è Différents instruments pour
réduire la pollution existent : règlementation, taxation, marchés des
droits à polluer. Chacun présente des intérêts mais aussi des limites. La
politique environnementale la plus efficace est celle qui combine les trois
instruments, chacun lutte contre les limites de l’autre.
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