Thème
1 : Le système politique démocratique
Chapitre
2 : Comment s’organise la compétition politique en démocratie ?
I-
La nécessité d’une compétition électorale
dans une démocratie représentative
La démocratie représentative est caractérisée par la
délégation du pouvoir du peuple à des représentants élus.
A-
Une compétition organisée
En démocratie,
l’accès
au pouvoir se fait sans violence, de manière pacifique, à travers des élections.
On parle d’exercice
du pouvoir et non pas de prise du pouvoir. Cet exercice est temporaire,
les mandats politiques ont une durée déterminée et limitée. Les compétences de
chaque élu sont fixées par la constitution.
A l’inverse, une prise de pouvoir se déroule sous la forme d’un coup d’Etat,
ni limité
dans le temps ni dans les compétences accaparées (Napoléon III, Mussolini).
Les règles du jeu
de la délégation du pouvoir du peuple à des représentants ne sont pas naturelles.
Elles ont été socialement construites au court du temps. Le peuple a pris
l’habitude que des élections se déroulent normalement : différents
partis s’affrontent, font campagne, l’élection a lieu à une période précise, un
jour donné. Le vainqueur est celui qui a le plus de voix. On parle d’institutionnalisation
de ces règles car elles sont aujourd’hui évidentes pour tous et inscrites dans
la loi.
B-
Le pluralisme politique
Le pluralisme politique garantit la diversité
des courants de pensées portés par les partis politiques. Ce pluralisme
permet un choix pour les électeurs qui ont la liberté de voter pour le parti qu’ils
souhaitent. Ils peuvent donc exprimer librement leurs points de vue.
Enfin, ce
pluralisme politique existe aussi dans les médias puisque chaque chaîne
de télévision doit respecter un temps de parole pour les différents partis
politiques. Cela assure une connaissance de la diversité des programmes.
En France, c’est le CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel) qui mesure
le temps de parole de chaque parti.
è Le
pluralisme politique est la reconnaissance de l’existence d’une diversité des
courants d’opinion et de leur diffusion porté par les partis politiques.
En ayant la
possibilité de voter de manière éclairée pour le courant de pensées qu’il
souhaite, l’individu donne une légitimité du représentant, puisque son choix n’est pas
contraint et que le représentant sera le vainqueur de l’élection.
C-
Le rôle des partis politiques dans la compétition électorale
Un parti politique
est une association de citoyens durable dont la finalité est la participation à
l’exercice du pouvoir. Il reflète un projet politique, une vision de la
société et cherche à mobiliser l’opinion autour de ses idées.
On
distingue différents degrés de soutien à un parti :
-
Les électeurs qui apportent simplement son vote à une élection
donnée.
-
Les sympathisants qui se sentent proches d’une manière durable d’un
parti.
-
Les militants qui vont adhérer à un parti et le soutenir, diffuser
ses idées.
Les partis
politiques cherchent à participer au pouvoir à travers des institutions politiques.
Ils sélectionnent des candidats et les soutiennent pour les faire élire. Les partis
politiques se positionnent sur les enjeux de société et donnent ainsi une
lisibilité sur les différentes positions possibles.
On
distingue différentes modalités d’investiture des candidats :
-
Le candidat peut être désigné par les militants du parti.
-
Le candidat peut être désigné par les instances
dirigeantes du parti.
-
Le candidat peut être désigné suite à des primaires
ouvertes à tous.
II-
Les effets des modes de scrutins sur la
sélection des gouvernements
A-
Les fonctions d’une élection
On associe généralement 3 fonctions
aux élections :
-
Désigner les gouvernants par les gouvernés : les électeurs choisissent
leur représentant.
-
Faire un état du rapport de force entre les partis
politiques à un moment donné.
-
Donner ou retirer sa légitimité au gouvernement, à un parti. En
votant, les électeurs déclarent accepter ou rejeter le pouvoir en place.
L’élection
est un droit
fondamental qui permet à chacun de s’exprimer librement et de manière
égalitaire sur les candidats.
L’abstention est donc un danger pour la
démocratie puisqu’elle reflète une volonté de ne pas s’exprimer.
B-
Les principaux modes de scrutin
Le mode de scrutin
est l’ensemble des règles d’organisation d’une élection qui transforme les
voix des électeurs en sièges des élus.
On distingue 2 modes de scrutin :
-
Uninominal : un seul siège est à pourvoir, chaque candidat se
présente seul (présidentielles).
-
Plurinominal ou scrutin des listes : plusieurs
sièges sont à occuper. Les électeurs ont le choix entre des listes de candidats
(municipales).
Dans un
scrutin majoritaire à un tour, il n’est pas nécessaire d’avoir la majorité
absolue, la majorité relative suffit : celui qui a le plus de voix est élu
(élections législatives en
Grande-Bretagne).
Les
différents modes de scrutin sont :
-
Scrutin majoritaire uninominal à un tour : celui qui
a le plus de voix est élu.
-
Scrutin majoritaire uninominal à deux tours : ont le
droit de se présenter au deuxième tour les candidats respectant les règles de
l’élection (les deux premiers pour les présidentielles, ceux qui ont obtenu
plus de 12.5 % des voix aux législatives). Le vainqueur au deuxième tour est
celui qui a obtenu le plus de voix.
-
Scrutin proportionnel : les sièges sont répartis en
fonction du nombre de voix obtenues pour chaque liste. Ces élections sont
plurinominales (plusieurs postes à pourvoir). La liste ayant récolté le plus de
voix aura le plus d’élus et inversement.
-
Scrutin mixte : l’élection combine le mode proportionnel et
majoritaire (élections municipales).
è Le scrutin
qui semble le plus équitable est le scrutin proportionnel car il reflète
exactement le choix réel des électeurs.
C-
Avantages et inconvénients des différents modes de scrutin
|
Scrutin majoritaire 1 tour
|
Scrutin majoritaire 2 tours
|
Proportionnel
|
Avantages
|
-évite le morcellement du pouvoir
-> permet de stabiliser le pouvoir
|
-permet aux électeurs de se prononcer librement (vote d’adhésion)
-conclusion d’alliances afin de dégager une stabilité politique
|
-garantit une pluralité des opinions, partis
-permet l’apparition de nouveaux partis
-permet une meilleure représentation de la volonté du peuple
|
Inconvénients
|
-élimine les petits partis
-restreint le choix réel des électeurs
-> risque de bipartisme, bipolarisation de la vie politique
-> affaiblissement de la démocratie
|
-Tendance à la bipolarisation (LR/PS)
-Marginalisation des partis n’ayant pas d’alliés
|
-fragmentation conduisant à une possible instabilité politique
-Surabondance de choix qui peut déstabiliser l’électeur
|
III-
Une représentation équitable des femmes et
des hommes en politique : les enjeux de la parité
A-
Quelle égalité entre les hommes et les femmes en politique ?
Le sexisme se
manifeste par des remarques déplacées, le fait de réduire la femme à son corps ou
à sa manière
de s’habiller, en mettant en doute ses compétences. Les hommes
politiques sont perçus comme des hommes qualifiés, compétents, alors que les femmes sont
sans cesse ramenées à leur rôle de mère ou à leur rôle de séductrice.
Ce sexisme
s’explique par la prépondérance des hommes dans les institutions politiques et cela
depuis des siècles. Les femmes restent perçues par certains comme des individus
incompétents (elles n’ont obtenu le droite de vote que depuis 70 ans).
Les représentants
politiques ont un certain âge et peuvent avoir une vision traditionnelle de la
société.
è La
place des femmes dans les institutions politiques reste pour l’instant limitée.
Le sexisme semble être encore présent.
45% des
députés Suédois sont des femmes alors que c’est seulement le cas de 19% des
députés Français. La représentation des femmes en politique reste limitée
aujourd’hui, elles représentent souvent moins de 30% des élus. Cette
sous-représentation des femmes peut s’expliquer par du sexisme ainsi que par le
fait que les femmes ont moins envie d’accéder au pouvoir. Elles ont intériorisé un
rôle de subordonnées au cours de leur socialisation.
B-
Bilan sur la loi sur la parité : des progrès mais des limites
Pour favoriser
la présence des femmes dans les institutions politiques, une loi sur la
parité a été proposée en 2000. Elle prévoit une alternance homme/femme sur les
scrutins de liste. Celle-ci est soit obligatoire (si ce n’est pas
le cas la liste est refusée) par exemple pour les municipales soit sanctionnée
financièrement si elle n’est pas respectée par exemple pour les législatives.
Cette loi
a permis des progrès en politique puisque aujourd’hui, 40% des
conseillers municipaux sont des femmes (la loi ne s’applique pas sur les
petites communes). 50% des conseillers départementaux sont des femmes ainsi
que 27% des députés (contre 18.5% en 2007). Même si la loi ne s’applique
pas ici, son effet a permis aux femmes de peu à peu invertir l’assemblée nationale.
Cependant,
la loi sur la parité a permis des progrès limités puisqu’une double ségrégation
existe :
-
Verticale : les hommes continuent à monopoliser les postes à (haute) responsabilité
alors que les femmes occupent des postent ayant moins de pouvoir.
-
Horizontale : si elles parviennent au pouvoir, les femmes occupent
souvent des portefeuilles réputés féminins (famille, jeunesse, écologie) et inversement pour les hommes qui
occupent des postes régaliens (finance,
sécurité, justice).
IV-
Différentes possibilités d’exercice de la
souveraineté
Pour lutter
contre l’abstention et impliquer les citoyens dans la vie politique de leur
commune, certaines villes proposent de les faire participer aux décisions
d’investissement (5% du budget
d’investissement est laissé au choix des parisiens en votant soit pour un
projet particulier, soit en en proposant un).
A-
Une démocratie représentative nécessaire mais insuffisante : le
développement de la participation et de la délibération
Les démocraties représentatives ont
des défauts :
-
Les hommes politiques ne représentent qu’une partie de la
population, ceux qui ne les ont pas élus se sentent délaissés.
-
La légitimité des hommes politiques est remise en cause,
ils défendraient leurs propres intérêts avant ceux du pays.
-
Leurs actions sont inefficaces, rien de change.
è Ces
phénomènes remettent en cause les démocraties représentatives en laissant
l’abstention, l’indifférence d’une partie de la population s’accroitre pour les
questions politiques. La démocratie représentative doit innover pour ré
impliquer les citoyens.
Les démocraties participatives tendent à se développer. Elles reposent
sur la
participation des citoyens à la gestion des affaires publiques (budget participatif, conseil de quartier).
Les démocraties délibératives tendent aussi à se développer. Celles-ci valorisent la
discussion, l’échange d’argument entre les citoyens avant les prises de
décision (jurys citoyens où des
individus sont tirés au sort).
è Ces
nouvelles formes de démocratie favorisent la démocratie car
elles informent les citoyens, les éclairent sur les problématiques, les
poussent à réviser leur jugement, avoir une opinion. Le débat doit être public,
constructif et contradictoire. Ces formes de démocratie rendent les citoyens
actifs, impliqués dans la vie démocratique.
B-
Les limites aux démocraties participatives et délibératives
Les participants en position de
force dans les nouvelles formes de démocratie sont :
-
Les élus car ils représentent l’intérêt collectif.
-
Les experts maîtrisant le vocabulaire, les arguments, la problématique du
sujet débattu.
A l’inverse, certains participants
sont en position de faiblesse :
-
Les citoyens ne maitrisant pas ou mal le dossier, le vocabulaire.
-
Les participants les moins à l’aise à la prise de parole,
l’argumentation,
les catégories populaires, défavorisées ne vont pas être écoutés,
entendus leurs discours n’étant pas aboutis.
è Les
conseils de quartier ne sont pas une solution parfaite à la crise de la
démocratie. Ils ne donnent que partiellement du pouvoir aux citoyens.
Enfin, ces conseils de quartier
peuvent être verrouillés par les élus qui ne souhaitent pas être remis en cause
publiquement. Les élus vont parfois recadrer, décrédibiliser la parole de
certains.
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Démocratie délibérative
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Démocratie participative
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Objectifs
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Confronter les idées et éclairer les citoyens élus afin de mieux
fonder la décision politique
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Augmenter l’implication des citoyens dans la prise de décision.
Améliorer la lisibilité et la légitimité de l’action publique.
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Modalités de décision
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Délibération publique
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Principe de la codécision
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Principes de fonctionnement
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Liberté et égalité des participants, prises d’information,
confrontation des arguments, recherche d’un consensus
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Affirmation de la compétence des citoyens, formation de communautés
actives de citoyens, engagement politique des citoyens
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Limites
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Un manque de compétences des citoyens pour débattre
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Ne participent que ceux qui sont intéressés
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Exemples
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Jury citoyen
|
Conseil de quartier
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