dimanche 8 janvier 2017

Philosophie, La liberté, Terminale ES

La liberté     
La liberté est un mot dangereux, c’est plus une émotion qu’une analyse intellectuelle, on utilise souvent ce terme sans vraiment le comprendre.
I-                  Le problème du libre arbitre
A-     Qu’est-ce que le libre arbitre
Le libre arbitre doit se comprendre comme une forme métaphysique de liberté intérieure, psychologique, venant de soi-même et notamment de la faculté que l’on appelle la volonté qui est la capacité à déterminer soi-même ses actions.
« Puissance d’agir, sans autre cause que l’existence même de cette puissance, sans aucune raison relative au contenu de l’acte accompli » Lalande.
« Commencer par soi-même une série de changements » Kant.
B-     Le statut de la volonté
Cette puissance d’agir librement viendrait de la volonté. Mais est-ce que la volonté humaine est libre, auto-déterminante ou non ? Les partisans du libre arbitre pensent que nous pouvons vouloir certaines choses juste parce que nous les avons voulues. Ceux qui ne croient pas au libre arbitre, les déterministes, pensent que la volonté est forcément déterminée par des motifs et donc par des causes extérieures à la volonté.  
C-     Nécessité, contingence et principe de raison suffisante
Ou bien notre volonté est déterminée par des motifs, et alors les différentes volitions (acte par lequel la volonté se détermine) qui se succèdent dans notre conscience sont nécessaires ou bien notre volonté peut se déterminer elle-même, alors les différentes volitions qui se succèdent dans notre conscience sont contingentes (aurait pu être autrement).
Le libre arbitre viole le principe de raison suffisante qui est le fait que tout est déterminé par des raisons. Si l’hypothèse du libre arbitre est vraie, il faudrait alors admettre que le principe de raison tolère des exceptions puisque cela implique que l’Homme serait capable d’être indépendant de ce principe afin de pouvoir agir en dépassant les causes diverses qui le déterminent.
Notre volonté peut-elle se déterminer elle-même, indépendamment de toute raison suffisante donnée, c’est-à-dire indépendamment de tout motif extérieur à elle-même ?
D-     Examen critique des arguments les plus importants en faveur du libre arbitre
1-      Argument théologique
L’existence du libre arbitre justifie l’existence du mal. Dieu ne voulait pas créer un monde où la perfection et le Bien soient acquis immédiatement et sans efforts, il faut au contraire, que les hommes méritent leur salut, non qu’ils l’obtiennent passivement. Il nous laisse le choix du Bien et du Mal.
Mais si l’on n’est pas religieux, tout le raisonnement perd sa validité.
2-      Argument de l’évidence
Descartes a essayé de justifier la croyance au libre arbitre par un argument très simple : l’évidence intuitive de notre liberté. Nous sentons que nous sommes libres. 
Mais le sentiment d’évidence ne prouve rien. Ce n’est pas parce que j’ai l’impression d’être libre que je le suis. « Descartes a logé la vérité à l’hôtel de l’évidence, mais il a négligé de nous en donner l’adresse » Leibniz.
3-      Argument existentialiste
La conscience, en faisant de nous des « êtres pour soi », nous donne la capacité de néantiser nos déterminations.
Mais il n’y a pas vraiment d’arguments solides à propos des existentialistes (Sartres).
4-      Argument moral
Si les hommes ne choisissent pas librement leurs actions, il faudrait admettre que les notions de Bien et de mal, de culpabilité et de mérite ne sont pas valides. L’Homme ressent un inexpugnable besoin de juger son semblable. La croyance à la liberté de la volonté est nécessaire pour légitimer le jugement moral donc le libre arbitre doit exister.
Mais la faiblesse logique de cet argument saute aux yeux : ce n’est pas parce que j’ai besoin de quelque chose que cette chose existe pour autant. Cet argument ne fait que donner l’illusion de la nécessité du libre arbitre.
E-      Réfutation du libre arbitre et affirmation du déterminisme
Pour des déterministes comme Diderot, Nietzsche ou Spinoza il faut être conséquent et assumer les conséquences de la vérité du déterminisme : refuser de juger les hommes et admettre l’idée belle mais difficile à admettre que le monde tout entier est innocent par-delà le Bien et le Mal.   
F-      La liberté spinoziste : comprendre la nécessité
« La liberté ne supprime pas mais pose au contraire la nécessité de l’action » Spinoza.
L’homme peut par la raison s’élever à davantage de liberté en connaissant mieux le monde et surtout la nature humaine. L’homme libre et heureux, c’est le sage qui connaît la nécessité des évènements et qui ne se laisse pas abuser par le vain mirage du libre arbitre.
II-               Le problème social de la liberté
A-     La liberté n’est pas licence
On ne doit jamais confondre la liberté avec la licence (le fait de faire ce que l’on veut).
« L’indépendance par rapport à la volonté arbitraire d’un autre » Hayek.
B-     Pas de liberté sans interdits
Raymond Aron différencie trois types d’interdits différents :
-          Les interdits posés par l’Etat (institutions étatiques).
-          Les interdits posés par la société (condamné par une communauté selon les mœurs).
-          Les interdits intérieurs (proviennent de notre conscience morale et correspondent à des normes sociales intériorisées).
La mise en place de ces interdits permet de faire apparaître un certain nombre de libertés prenant la forme de droits comme le droit à la sureté, sécurité. Mais d’autres droits font plus débat (drogue, prostitution, travail le dimanche…).

C-     La liberté par le respect de la loi (Rule of Law)
Rousseau est célèbre pour avoir lié conceptuellement liberté et obéissance à la loi dans la formule : « La liberté c’est l’obéissance à la loi que l’on s’est prescrite ».
« Obéissance qui ne signifie pas servitude » Aron.
Mais la loi de l’Etat peut s’avérer contraire à la justice et la désobéissance semble nécessaire.
D-     La conception positive et négative de la liberté par Isaiah Berlin
Liberté négative : individu est libre d’agir selon ses propres plans sans subir de coercition.  Conception politiquement libérale, diminution des interdits provenant de l’Etat.
Liberté positive : on estime que l’Homme n’est véritablement libre que lorsqu’il se comporte conformément à l’idéal de ce qu’il devrait être. Conception politiquement socialiste. L’Etat prend des mesures pour empêcher ou dissuader certains comportements contraires à l’idéal que l’on se fait de l’Homme.
E-      L’égalité contre la liberté
L’expérience nous a montré qu’une société ne peut pas nous promettre et la totale liberté et la totale égalité puisque l’égalité entraine l’accroissement du rôle de l’Etat ce qui conduit à une diminution des libertés.
« Les législateurs ou les révolutionnaires qui promettent en même temps l’égalité et la liberté sont des illuminés ou des charlatans » Goethe.
De la démocratie en Amérique – Tocqueville.




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