jeudi 5 mai 2016

SES, Première

Déviance et contrôle social

Déviance : Ensemble de comportement qui se caractérise par une forme de transgression (ne pas respecter un comportement conforme) de normes (ensemble de règles attendues par la société et sanctionnées).

La déviance se caractérise par rapport à des normes qui elles-mêmes font parties d'un système culturel qui varie à la fois dans l'espace et dans le temps. La déviance varie en fonction des sociétés et des groupes sociaux.

I/ La déviance, un échec de socialisation

A/Anomie et déviance primaire

Anomie : Notion sociologique, état de la société où les règles sociales qui guident les conduites perdent leurs pouvoirs et empêchent les individus d'adopter des comportements conformes.

Cette situation d'anomie apparaît plus facilement lors de transformation de la société. C'est une situation qui est transitoire et qui provoque chez les individus une forme de désarrois.

Banlieue : Quartier urbain perçu comme zone privilégiée pour les comportements déviants qui pourraient venir d'un déficit de socialisation et un manque de lien social.

Le taux de chômage élevé a un effet négatif sur la socialisation secondaire à l'emploi. La pauvreté élevée va limiter la socialisation liée à la consommation. Le niveau de scolarité plus faible a un effet négatif sur la socialisation primaire liée à l'école.
Le déficit de socialisation peut favoriser l'anomie dans les banlieues et donc favoriser les comportements déviants.
Cette anomie est un terrain favorable à une première déviance, la déviance primaire.

B/ Déviance comme non assimilation de la culture dominante

Tous les groupes sociaux se caractérisent par une culture (culture française, américaine...). Mais il existe à l'intérieur des sociétés des cultures spécifiques (afro-américaine, alsacienne...). Il existe des relations entre les cultures qui se caractérisent par un lien déséquilibré → rapport dominant/dominé.

a) La déviance, résultat d'un rapport de domination

La déviance n'est pas un échec de la socialisation mais un échec de socialisation par rapport à la culture dominante. La déviance ne serait que la traduction du rapport de domination d'une culture par rapport à une autre.

b) Étiquetage et stigmatisation

Stigmatisation : Comme nous sommes dans un rapport de domination, nous sommes dans la nécessité de créer une distinction. La culture dominante va élaborer un répertoire de caractères qui vont permettre de distinguer le groupe dominé du groupe dominant. Ces caractères vont être à la base de la déviance.
Stigmate : Toute caractéristique propre à un individu ou groupe d'individu qui permet de discréditer et de dévaloriser ce groupe d'individu.
On peut distinguer 3 catégories de stigmates :

-les stigmates physiques : handicap, couleur de peau, défaut du visage réel ou symbolique
-les stigmates individuels : qui proviennent des caractéristiques psychologiques (passé d'alcoolique, drogué), comportement décalé
-les stigmates culturels : caractéristiques culturelles (religion, pratiques festives, « la race »)

Ces trois formes de stigmates peuvent être cumulées dans le processus de stigmatisation.

Étiquetage : La stigmatisation ne suffit pas pour créer la déviance, il faut associer à ce stigmate une démarche permettant de reconnaître dans la société le déviant, lui apposer une étiquette (étoile jaune sur la veste des juifs pendant la 2GM).

Entrepreneur de morale : pour apposer cette étiquette, les membres du groupe dominant doivent entamer un travail de reconnaissance par l'ensemble de la société du comportement déviant (campagne de presse, création de données, loi).

Finalement, la déviance est totalement perçue comme déviance lorsque 2 conditions sont réunies : transgression d'une norme et étiquette de déviant.

C/ De la déviance primaire à la déviance secondaire

La déviance peut devenir une caractéristique identitaire d'un individu ou d'un groupe d'individus.

Déviance secondaire : inscription du comportement déviant dans le temps. La déviance devient une réponse d'un groupe dominé au processus de stigmatisation et d'étiquetage. C'est le retournement du stigmate.

De la même manière, les comportements violents des garçons dans les quartiers peuvent être perçus comme une forme de déviance secondaire qui est renforcée pour permettre de recréer une identité qui va permettre l'intégration au groupe social.

La déviance, si elle est bien la transgression d'une norme, peut s'expliquer de plusieurs manières qui vont d'un affaiblissement des règles (anomie)
à une compréhension plus relative qui passe par la stigmatisation, l'étiquetage et un rapport de domination entre groupes culturels.

II/ Le contrôle social

A/ Définition

Toute société se caractérise par une culture, des normes, des valeurs, des pratiques culturelles. Toutes les sociétés développent des mécanismes permettant d'assurer une certaine stabilité de la société, elles vont créer des mécanismes qui vont permettre de rendre conformes les comportements des individus. C'est ce qu'on va appeler le contrôle social.

a) Les règles sont assorties de sanctions

Les normes sont associées à des sanctions qui vont être appliquées aux individus lorsque ces derniers ne les respectent pas.
Quelque soit la transgression (excès de vitesse, bavardages), il y aura une sanction mais elle sera plus ou moins appuyée en fonction de l'ampleur de la transgression.
Les normes sont associées à des sanctions positives. Les individus sont récompensés lorsqu'ils adoptent des comportements conformes aux normes (Jeux olympiques, Césars). Les récompenses accordées lors de compétitions, distinction des élèves lors de conseils de classe.
La sanction décourage les comportements déviants mais encourage les comportements conformes. Elle est un outil efficace de contrôle social (sanction positive/sanction négative).

b) Caractérisation du contrôle social

Le contrôle social est souvent envisagé par l'intermédiaire d'une autre personne (délinquant/policier) mais une grande partie du contrôle social est intériorisé. Lors du processus de socialisation l’apprentissage des normes s'accompagne de l'apprentissage des sanctions. Ainsi les individus, lorsqu'ils transgressent une norme, le font en ayant conscience de la sanction (sortir dans la rue en petite tenue).

B/ Les formes du contrôle social

Le contrôle social est accompagné de sanctions mais elles prennent plusieurs formes.

a) Le contrôle social informel

C'est un contrôle social non codifié qui est régi par un ensemble de coutumes, d'habitudes et qui sont souvent très variables d'une société à l'autre. Ce type de contrôle social se retrouve dans les groupes sociaux restreints où les individus ont des contacts fréquents et sont donc souvent sous le regard du groupe :famille, groupe de pairs (les heures de repas dans une famille).

b) Le contrôle social formel

Le contrôle social peut aussi être formel, codifié (sous la forme de lois, règles) et il est rendu public (règlement intérieur du lycée).

    1. Les évolutions du contrôle social
La société dans laquelle nous vivons s'est élargie, complexifiée, ce qui a eu comme effet un impact sur le contrôle social.
Avec 'augmentation de la population, l'augmentation de l'urbanisation de la ville qui se caractérise par un certain anonymat.
Avec l'augmentation de l'individualisme (idée que l'individu est premier par rapport à la société et l'accomplissement de l'individu devient une valeur en soi) on assiste à un affaiblissement du contrôle social informel.
    1. Le contrôle social et les nouvelles technologies

-caméras : détecter des visages, identifier, déterminer des comportements suspects (déviants), suivre les individus.
-reconnaissance par iris (plus précis qui les empreintes)
Ces technologies posent un certain nombre de questions. Il existe un conflit entre les capacités de ces nouvelles technologies et les fondements de notre société. D'autant plus que la vidéo surveillance et les nouvelles technologies donnent des résultats discutables.

III/ La délinquance, un phénomène construit

A/ La délinquance et sa mesure

Délinquance : forme de déviance particulière mais une déviance qui fait l'objet d'un contrôle social formel et qui entraîne une peine, une pénalisation codifiée par le code pénal.

Déviance dépénalisée : fraude comptable
Déviance pénalisée : achat de cannabis
Délit toléré : jusqu'à l'année dernière, les femmes ne devaient pas porter de pantalon.
La délinquance est la déviance sanctionnée par des peines. Si on veut la mesurer, on peut s’intéresser à l'évolution des peines prononcées.
Les condamnations ont évoluées de 25% de 1994 à 2010 (plus en plus de contrôle social formel)

B/ Le chiffre noir de la délinquance

La délinquance est un phénomène social dont la perception peut être influencée par des représentations mais aussi par la manière de saisir le phénomène → chiffre noir de la délinquance.
Il existe un écart entre la délinquance enregistrée, mesurée aussi bien en termes de plainte et la réalité des actes délinquants. Soit parce que l'appareil judiciaire n'a pas pu les traiter, soit parce que la victime ne porte pas plainte. Un certain nombre de délits restent dans le domaine privé ou ne sont pas sanctionnées de manière formelle.

a) Des analyses sociologiques

Pour saisir la délinquance, il faut mobiliser des notions sociologiques et des analyses sociologiques.
La délinquance et le viol ne sont pas des phénomènes sans explication. Ce sont des phénomènes culturels, fortement attachés à une culture spécifique. Pour le viol, il est finalement le résultat d'un environnement culturel marqué par une forte inégalité entre les sexes (domination masculine) qui est intériorisée par les individus dès la socialisation primaire.
La délinquance n'est pas un phénomène objectif mais construit qui nécessite une forme d'étiquetage du délinquant qui va reposer sur des stigmates.

b) Des outils sociologiques

Les enquêtes de victimisations sont un outil qui permet de mieux mesurer la délinquance et redresser l'écart entre la réalité du phénomène et les chiffres officiels. Elles sont faites sur un échantillon de population à propos des infractions et délinquances dont elles ont été victimes. Elles peuvent porter sur 2 types d'infractions :
-les atteintes aux biens (vols, dégradations, destructions)
-les atteintes aux personnes (violences, viols, insultes)

Les enquêtes de victimisation montrent qu'il y a 6,25 fois plus d'agressions déclarées que celles qui ont fait l'objet d'un dépôt de plainte. De plus, il y a 25 fois plus d'agressions que celles enregistrées par la police. On voit bien là l'utilité de ces enquêtes sociologiques car elles permettent de redresser fortement les chiffres officiels. Les agressions aux personnes ont été multipliées par 2,77 entre 1994 et 2005 selon les enquêtes de victimisation.
Les écarts en ce qui concerne les atteintes aux biens entre les enquêtes de victimisation et les chiffres officiels sont plus faibles (simple au double) car les atteintes aux biens font très souvent l'objet d'un dépôt de plainte pour enclencher les dispositifs de remboursement proposés par les assurances.

Si la déviance est une transgression des normes on peut lui donner plusieurs explications en termes d'anomie ou de domination culturelle il n'en reste pas moins que la déviance est toujours sanctionnée lorsqu'elle est reconnue même si ces sanctions peuvent être plus ou moins formalisées. C'est l'idée du contrôle social qui est en grande partie intériorisé. Enfin, une partie de la déviance fait l'objet d'un contrôle social extrêmement codifié, c'est la délinquance bien que l'appréciation de ce phénomène soit plus difficile à établir qu'il n'y paraît.




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