SES, Première
Déviance
et contrôle social
Déviance :
Ensemble de comportement qui se caractérise par une forme de
transgression (ne pas respecter un comportement conforme) de normes
(ensemble de règles attendues par la société et sanctionnées).
La déviance se caractérise
par rapport à des normes qui elles-mêmes font parties d'un système
culturel qui varie à la fois dans l'espace et dans le temps. La
déviance varie en fonction des sociétés et des groupes sociaux.
I/
La déviance, un échec de socialisation
A/Anomie
et déviance primaire
Anomie :
Notion sociologique, état de la société où les règles sociales
qui guident les conduites perdent leurs pouvoirs et empêchent les
individus d'adopter des comportements conformes.
Cette situation d'anomie
apparaît plus facilement lors de transformation de la société.
C'est une situation qui est transitoire et qui provoque chez les
individus une forme de désarrois.
Banlieue :
Quartier urbain perçu comme zone privilégiée pour les
comportements déviants qui pourraient venir d'un déficit de
socialisation et un manque de lien social.
Le taux de chômage élevé
a un effet négatif sur la socialisation secondaire à l'emploi. La
pauvreté élevée va limiter la socialisation liée à la
consommation. Le niveau de scolarité plus faible a un effet négatif
sur la socialisation primaire liée à l'école.
Le déficit de
socialisation peut favoriser l'anomie dans les banlieues et donc
favoriser les comportements déviants.
Cette anomie est un terrain
favorable à une première déviance, la déviance primaire.
B/
Déviance comme non assimilation de la culture dominante
Tous les groupes sociaux se
caractérisent par une culture (culture
française, américaine...). Mais il existe à l'intérieur
des sociétés des cultures spécifiques (afro-américaine,
alsacienne...). Il existe des relations entre les cultures qui
se caractérisent par un lien déséquilibré → rapport
dominant/dominé.
a)
La déviance, résultat d'un rapport de domination
La déviance n'est pas un
échec de la socialisation mais un échec de socialisation par
rapport à la culture dominante. La déviance ne serait que la
traduction du rapport de domination d'une culture par rapport à une
autre.
b)
Étiquetage et stigmatisation
Stigmatisation :
Comme nous sommes dans un rapport de domination, nous sommes dans la
nécessité de créer une distinction. La culture dominante va
élaborer un répertoire de caractères qui vont permettre de
distinguer le groupe dominé du groupe dominant. Ces caractères vont
être à la base de la déviance.
Stigmate :
Toute caractéristique propre à un individu ou groupe d'individu qui
permet de discréditer et de dévaloriser ce groupe d'individu.
On peut distinguer 3
catégories de stigmates :
-les
stigmates physiques : handicap, couleur de peau, défaut
du visage réel ou symbolique
-les
stigmates individuels : qui proviennent des
caractéristiques psychologiques (passé d'alcoolique, drogué),
comportement décalé
-les
stigmates culturels : caractéristiques culturelles
(religion, pratiques festives, « la race »)
Ces trois formes de
stigmates peuvent être cumulées dans le processus de
stigmatisation.
Étiquetage :
La stigmatisation ne suffit pas pour créer la déviance, il
faut associer à ce stigmate une démarche permettant de reconnaître
dans la société le déviant, lui apposer une étiquette (étoile
jaune sur la veste des juifs pendant la 2GM).
Entrepreneur
de morale : pour apposer
cette étiquette, les membres du groupe dominant doivent entamer un
travail de reconnaissance par l'ensemble de la société du
comportement déviant (campagne
de presse, création de données, loi).
Finalement,
la déviance est totalement perçue comme déviance lorsque 2
conditions sont réunies : transgression d'une norme et
étiquette de déviant.
C/
De la déviance primaire à la déviance secondaire
La déviance peut devenir
une caractéristique identitaire d'un individu ou d'un groupe
d'individus.
Déviance
secondaire : inscription du comportement déviant dans le
temps. La déviance devient une réponse d'un groupe dominé au
processus de stigmatisation et d'étiquetage. C'est le retournement
du stigmate.
De la même manière, les
comportements violents des garçons dans les quartiers peuvent être
perçus comme une forme de déviance secondaire qui est renforcée
pour permettre de recréer une identité qui va permettre
l'intégration au groupe social.
La
déviance, si elle est bien la transgression d'une norme, peut
s'expliquer de plusieurs manières qui vont d'un affaiblissement des
règles (anomie)
à une
compréhension plus relative qui passe par la stigmatisation,
l'étiquetage et un rapport de domination entre groupes culturels.
II/
Le contrôle social
A/
Définition
Toute société se
caractérise par une culture, des normes, des valeurs, des pratiques
culturelles. Toutes les sociétés développent des mécanismes
permettant d'assurer une certaine stabilité de la société, elles
vont créer des mécanismes qui vont permettre de rendre conformes
les comportements des individus. C'est ce qu'on va appeler le
contrôle social.
a)
Les règles sont assorties de sanctions
Les normes sont associées
à des sanctions qui vont être appliquées aux individus lorsque ces
derniers ne les respectent pas.
Quelque soit la
transgression (excès de vitesse, bavardages),
il y aura une sanction mais elle sera plus ou moins appuyée en
fonction de l'ampleur de la transgression.
Les normes sont associées à
des sanctions positives. Les individus sont récompensés lorsqu'ils
adoptent des comportements conformes aux normes (Jeux
olympiques, Césars). Les récompenses accordées lors
de compétitions, distinction des élèves lors
de conseils de classe.
La sanction décourage les
comportements déviants mais encourage les comportements conformes.
Elle est un outil efficace de contrôle social (sanction
positive/sanction négative).
b)
Caractérisation du contrôle social
Le contrôle social est
souvent envisagé par l'intermédiaire d'une autre personne
(délinquant/policier)
mais une grande partie du contrôle social est intériorisé. Lors du
processus de socialisation l’apprentissage des normes s'accompagne
de l'apprentissage des sanctions. Ainsi les individus, lorsqu'ils
transgressent une norme, le font en ayant conscience de la sanction
(sortir dans la rue en petite tenue).
B/
Les formes du contrôle social
Le contrôle social est
accompagné de sanctions mais elles prennent plusieurs formes.
a)
Le contrôle social informel
C'est un contrôle social
non codifié qui est régi par un ensemble de coutumes, d'habitudes
et qui sont souvent très variables d'une société à l'autre. Ce
type de contrôle social se retrouve dans les groupes sociaux
restreints où les individus ont des contacts fréquents et sont donc
souvent sous le regard du groupe :famille, groupe de pairs (les
heures de repas dans une famille).
b)
Le contrôle social formel
Le contrôle social peut
aussi être formel, codifié (sous la forme de lois, règles) et il
est rendu public (règlement intérieur du
lycée).
- Les évolutions du contrôle social
La société dans laquelle
nous vivons s'est élargie, complexifiée, ce qui a eu comme effet un
impact sur le contrôle social.
Avec 'augmentation de la
population, l'augmentation de l'urbanisation de la ville qui se
caractérise par un certain anonymat.
Avec l'augmentation de
l'individualisme (idée que l'individu est premier par rapport à la
société et l'accomplissement de l'individu devient une valeur en
soi) on assiste à un affaiblissement du contrôle social informel.
- Le contrôle social et les nouvelles technologies
-caméras : détecter
des visages, identifier, déterminer des comportements suspects
(déviants), suivre les individus.
-reconnaissance par iris
(plus précis qui les empreintes)
Ces technologies posent un
certain nombre de questions. Il existe un conflit entre les capacités
de ces nouvelles technologies et les fondements de notre société.
D'autant plus que la vidéo surveillance et les nouvelles
technologies donnent des résultats discutables.
III/
La délinquance, un phénomène construit
A/
La délinquance et sa mesure
Délinquance :
forme de déviance particulière mais une déviance qui fait l'objet
d'un contrôle social formel et qui entraîne une peine, une
pénalisation codifiée par le code pénal.
Déviance
dépénalisée : fraude comptable
Déviance
pénalisée : achat de cannabis
Délit
toléré : jusqu'à l'année dernière, les femmes ne devaient
pas porter de pantalon.
La délinquance est la déviance sanctionnée par des
peines. Si on veut la mesurer, on peut s’intéresser à l'évolution
des peines prononcées.
Les
condamnations ont évoluées de 25% de 1994 à 2010 (plus en plus de
contrôle social formel)
B/ Le chiffre noir de la délinquance
La délinquance est un phénomène social dont la
perception peut être influencée par des représentations mais aussi
par la manière de saisir le phénomène → chiffre noir de la
délinquance.
Il
existe un écart entre la délinquance enregistrée, mesurée aussi
bien en termes de plainte et la réalité des actes délinquants.
Soit parce que l'appareil judiciaire n'a pas pu les traiter, soit
parce que la victime ne porte pas plainte. Un certain nombre de
délits restent dans le domaine privé ou ne sont pas sanctionnées
de manière formelle.
a) Des analyses sociologiques
Pour saisir la délinquance, il faut mobiliser des
notions sociologiques et des analyses sociologiques.
La
délinquance et le viol ne sont pas des phénomènes sans
explication. Ce sont des phénomènes culturels, fortement attachés
à une culture spécifique. Pour le viol, il est finalement le
résultat d'un environnement culturel marqué par une forte inégalité
entre les sexes (domination masculine) qui est intériorisée par les
individus dès la socialisation primaire.
La
délinquance n'est pas un phénomène objectif mais construit qui
nécessite une forme d'étiquetage du délinquant qui va reposer sur
des stigmates.
b) Des outils sociologiques
Les enquêtes de victimisations sont un outil qui
permet de mieux mesurer la délinquance et redresser l'écart entre
la réalité du phénomène et les chiffres officiels. Elles sont
faites sur un échantillon de population à propos des infractions et
délinquances dont elles ont été victimes. Elles peuvent porter sur
2 types d'infractions :
-les
atteintes aux biens (vols, dégradations,
destructions)
-les
atteintes aux personnes (violences, viols,
insultes)
Les enquêtes de victimisation montrent qu'il y a
6,25 fois plus d'agressions déclarées que celles qui ont fait
l'objet d'un dépôt de plainte. De plus, il y a 25 fois plus
d'agressions que celles enregistrées par la police. On voit bien là
l'utilité de ces enquêtes sociologiques car elles permettent de
redresser fortement les chiffres officiels. Les agressions aux
personnes ont été multipliées par 2,77 entre 1994 et 2005 selon
les enquêtes de victimisation.
Les écarts en ce qui concerne les atteintes aux
biens entre les enquêtes de victimisation et les chiffres officiels
sont plus faibles (simple au double) car les atteintes aux biens font
très souvent l'objet d'un dépôt de plainte pour enclencher les
dispositifs de remboursement proposés par les assurances.
Si la déviance est une
transgression des normes on peut lui donner plusieurs explications en
termes d'anomie ou de domination culturelle il n'en reste pas moins
que la déviance est toujours sanctionnée lorsqu'elle est reconnue
même si ces sanctions peuvent être plus ou moins formalisées.
C'est l'idée du contrôle social qui est en grande partie
intériorisé. Enfin, une partie de la déviance fait l'objet d'un
contrôle social extrêmement codifié, c'est la délinquance bien
que l'appréciation de ce phénomène soit plus difficile à établir
qu'il n'y paraît.
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