mardi 13 juin 2017

Géographie, États-Unis-Brésil, dynamiques territoriales, TES

États-Unis-Brésil, dynamiques territoriales
Usa et Brésil sont les 2 géants territoriaux du continent américain. D’une superficie globalement comparable (autour des 9 millions de km²), les 2 pays ont une histoire un peu semblable : une population en provenance d’Europe pour les colons blancs et venue d’Afrique pour les esclaves. Dans les deux pays, les Amérindiens ont été  massacrés et cantonnés dans des réserves. Quant aux Noirs, ils ont été asservis dans des plantations : sucre au Brésil, coton aux USA. Les migrants ont d'abord débarqué dans des ports emblématiques de la côte Est : Salvador, puis Rio au Brésil,  New York, aux États-Unis. Ces villes ont été à chaque fois le point de départ de l' expansion territoriale  des migrants, qui se sont répandus en auréoles à partir de leur base  de débarquement, ce qui fait qu'aux USA comme au Brésil, pour des raisons historiques, les fortes densités sont encore de nos jours situées sur la côte Est.  Le cœur  du pays est donc toujours localisé  sur le littoral Atlantique. Ces pays ont ensuite profité de l’immensité de leur territoire pour se développer, de façon extensive d’abord, plus rationnelle ensuite, au cours du XX° siècle. Mais, avec l’irruption de la mondialisation et avec l’intégration de ces pays dans des organisations régionales, la dynamique de localisation de la population évolue : certaines régions du Brésil ou des États-Unis périclitent, alors que d’autres, boostées par un environnement favorable, se développent. Aussi pouvons-nous nous demander quelles évolutions connaît aujourd’hui l’organisation territoriale de ces deux puissances ?
I.                    Deux territoires centrés sur la côte est, avec des villes énormes
A.  Des métropoles de rang mondial
1° point commun entre les villes du Brésil et des USA : importance de la proportion de la population urbaine : 81% aux USA et 85% au Brésil (France 80%). Les petits villages isolés n'abritent qu'une minorité de la population de ces pays. Ils font un peu partie du folklore du passé, de l'époque de l'héroïque conquête de l'Ouest. 
2° point commun : la taille énorme des mégapoles. Les métropoles sont souvent situées sur la côte Atlantique : New York (18 millions d'habitants) , Boston, Washington, Chicago aux USA... São Paulo (21 millions d'habitants, soit 2 x Paris), Rio, Salvador, Recife, Belo Horizonte  au Brésil.
Ces villes vont polariser les emplois qualifiés : ingénieurs, chercheurs, avocats (C'est une des logiques de la métropolisation de concentrer les métiers qualifiés dans les plus grandes villes).
3°point commun : au niveau des paysages urbains : CBD au centre, avec des gratte-ciels et des avenues larges, gated communities et quartiers ghettoïsés autour, et des banlieues pavillonnaires interminables. Des villes bien plus étendues qu'en Europe, car ces deux pays ne manquent pas de place. Le foncier est moins cher qu'en Europe.

1° différence : Gros foyer de métropoles sur la côte ouest des USA : 4 métropoles : San Diego, Seattle et surtout, San Francisco et Los Angeles... Alors que l'Ouest du Brésil est un cul-de-sac désertique, ombragé par une forêt équatoriale hostile : l'Amazonie.
2° différence : Les métropoles étasuniennes sont davantage intégrées à la mondialisation : bourse, université, technopôles, aéroports. Seule, São Paulo est vraiment une métropole de rang mondial au Brésil. Les autres villes sont davantage des mégapoles : elles sont très peuplées, mais n'ont pas vraiment de fonction de commandement. Rio, Salvador, Manaus  ou Fortaleza.
Autre différences : la qualité des  infrastructures : les métropoles étasuniennes sont mieux reliées entre elles : meilleures desserte routière, ferroviaire ou aéroportuaire. Il suffit de comparer les chaotiques routes amazoniennes avec les highways très larges qui quadrillent  les USA du Nord au Sud, d'Est en Ouest.
B. Des centres décisionnels historiques qui restent importants:
USA : centre décisionnel =  Mégalopolis « BosWash ». Au Brésil, centre décisionnel = le triangle SP-R. deJ. –BH. Des densités supérieures à 200 h/km² : les plus fortes densités restent donc celles des centres historiques.
Aux USA, on appelle ça le cœur économique et décisionnel. Il correspond au 1/4 Nord-est : divisé en 2 espaces : 1° espace, le foyer des Grands lacs, 2° espace, la Mégalopolis... Ces deux centres sont séparés par la chaîne des Appalaches. La Mégalopolis abrite une ville mondiale, NY, qui est un centre décisionnel planétaire : Le 1/4 Nord-est abrite les foyers traditionnels de l'industrie : acier, automobile, chimie, pharmaceutique... + un foyer agricole : élevages bovins de Chicago, champs de soja et de maïs. 1/4 Nord-est =  40% du PIB
Au Brésil : « le cœur économique et décisionnel » = le 1/4 Sud-est : Centre historique, encore plus polarisé : 70% du PIB du Brésil ! 2 villes mondiales émergentes, Rio, capitale culturelle, et surtout São Paulo, capitale industrielle. Le ¼ Sud-est est à la fois le cœur agricole du Brésil (sucre, café) et son cœur industriel : industries classiques (automobiles) et high-tech (industrie aéronautique Embraer).
C. Des  périphéries dynamiques
Pour les USA : on retrouve un croissant périphérique dynamisé : la Sun Belt, avec 4 foyers attractifs : dynamisés  à chaque fois par  la mondialisation :
-          Le Washington State, ou Pudgetopolis, lié à l'Asie et au Canada, industrie aéronautique, Boeing, et informatique (Microsoft)
-          La Californie, liée au Mexique et à l'Asie, grand centre mondial de l'informatique (Silicon Valley) et du cinéma agriculture (agrumes, fruits, productions maraichères)
-          le Texas, polarisé sur le Mexique et le pétrole + la "Silicon Prairie" (Entreprise Dell). Ces trois régions possèdent une interface frontalière dynamisée par l’Alena
-          La Floride, polarisée sur les Antilles, espace touristique et aérospatial, agriculture tropicale et biotechnologie.
Au Brésil, périphérie dynamique moins évidente : Le Sud agricole, avec l'Uruguay et l'Argentine (échanges agricoles) + le Mato Grosso, plus au nord Dans ces régions, l’interface frontalière est en cours de valorisation. Le Mato Grosso  est devenu le géant du soja ! Porc, poulets bovins. Hydroélectricité (Barrage géant d’Itaipu). Dynamique politique : le gouvernement a incité la population à migrer vers le centre dès 1960, avec le déménagement de la capitale à Brasilia, bâtie par  l'architecte Niemeyer : La Capitale Brasilia, ville champignon de banques et d'administration: peuplée de 100 000 habitants en 1960, 2.5 millions aujourd'hui.
D. Les périphéries délaissées :
Les densités faiblissent au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’Océan.
Aux USA : les Prairies et l'Alaska souffrent d'un climat difficile : hivers froids, été secs, tornades. Autre élément répulsif : les Rocheuses / Mais ces régions sont en plein essor : tourisme (Montana)
Au Brésil, 2 centres répulsifs : L'Amazonie  et le Nordeste. Le Nordeste est l'ancien centre historique. C'est une région devenue pauvre, et qui perd des habitants. Remarquons toutefois le dynamisme textile de la ville de Fortaleza.  L'Amazonie  (54% du territoire) a longtemps été un lieu pour les aventuriers (or), les voyous (trafic en tous genres) et les paysans  sans terre qui pratiquaient l'agriculture extensive.
Le gouvernement parlait de fronts pionniers : Bois, agriculture extensive, hydroélectricité. On s’interroge sur la durabilité d’un système basé sur l’exploitation des ressources naturelles des terres vierges : ce  système  n’est pas durable à moyen terme.

II. Des dynamiques en lien avec la mondialisation qui recomposent le territoire
A. Des dynamiques influencées par l'exploitation des richesses naturelles
Aux USA, certains coins du 1/4 Nord-est sont sinistrés : On parle de « shrinking cities » : cas de Cleveland et Pittsburgh (villes qui subissent la crise de l’acier) et de Detroit (ville qui connaît la crise de l'industrie automobile). Comme ces villes ont fait fortune sur l'industrie du fer, à la base de l'acier et de l'automobile, on parle, par ironie, de la roasted belt. Detroit : 1950: 1.8 millions d'habitants et 4° ville des USA. 2013 = 0.6 millions. Idem pour la ville de Flint, dans le Michigan. Le cinéaste Michael Moore a dénoncé dans ses films les ravages de la mondialisation en se référant à sa ville natale de Flint, et en prenant comme exemple l'État du Michigan, sinistré, qui se dépeuple (film : The big One, en 1997). Où va migrer la population qui quitte les Grands Lacs ? Flux internes importants vers la Sun belt. Phœnix, Las Vegas, les villes du Texas (Dallas, Houston, San Antonio). Les Américains sont  plus mobiles que les Français. 12% des Américains bougent tous les ans (10% des Français).
La volonté de développer les hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste) aux USA favorise aussi le développement des Etats désertiques du Dakota ou de  l'Alaska. Nord Dakota = plus forte croissance des USA. On assiste aux USA à un rééquilibrage de la population, qui migre vers certains des États désertiques  des prairies depuis quelques années
Les Brésiliens ont fui au XX° siècle le Nordeste, la « périphérie en crise ». Le Nordeste est une région répulsive, aride, dont les champs ont été ruinés par l'érosion. Une partie du Nordeste est formé de buissons piquants adaptés au climat aride, et impropre à l'agriculture : il s'agit de la caatinga, un territoire ingrat et désertique, grand comme 2 fois la France, et qui se vide de ses habitants. Toutefois, ces flux migratoires se sont ralentis  depuis 10 ans.
Les migrants partent souvent vers les  fronts pionniers de l’Amazonie. Ces fronts sont mieux structurés et  de plus en plus contrôlés par le gouvernement, qui surveille l'exploitation du bois, Le gouvernement brésilien ne veut pas entendre parler de développement durable mais il veut quand même aujourd'hui exploiter la forêt de façon rationnelle.

B. Une dynamique en lien avec la mondialisation
La mondialisation  va renforcer les migrations internes à destination des ports de commerce : rappel : 80% des échanges mondiaux se font par la façade maritime. Aux USA, le  port  de NY et les ports du golfe du Mexique se développent : Houston, Sud-Louisiane (n°1), Beaumont.  =Grands ports pétroliers.
Au Brésil, les grands ports se nomment Santos, qui est le port de la mégapole São Paulo, Itaguai, qui est le port de  la mégapole Rio, Paranagua, qui est le port de la mégapole Curitiba = grands ports d'exportation des richesses naturel (fer du Brésil, pétrole à Houston) et des produits manufacturés + port d'importation (USA : 1°  importateur mondial). Les exploitations offshores accentuent la littoralisation.
Dans le cadre des organisations régionales, les échanges sont très importants avec les pays voisins: 
USA cadre de l’ALENA : commerce dynamique avec Canada : une des frontières les plus dynamiques du monde, twin cities (Detroit-Windsor) et la « Seaway », le long du fleuve St Laurent, permet aux villes des grands lacs d'être reliées à la mondialisation (Cleveland, Chicago). A l'Ouest aussi, Pudgetopolis est reliée à la très dynamique métropole de Vancouver, au Canada Pacifique. Idem avec les « twin citie »s de la Mexamerica : San Diego – Tijuana. Importance des Maquiladoras. Mais frontière peu ouvertes pour les Mexicains, car crainte de la drogue et de l'émigration.
Intégration frontalière beaucoup moins forte au Brésil : obstacle de l'Amazonie. Développement d'une zone commercial aux trois frontières : Brésil, Paraguay Argentine, dans le cadre du Mercosur. + Projet d’infrastructures de transport en partie financé par la Chine. : Route à travers l’Amazonie, jusqu’au Pérou. Volonté de relier l’Océan Pacifique à l’Océan Atlantique.
C. Aux USA : une dynamique liée à des flux d'immigrés :
Aux USA, flux massifs de migrants, qui s'établissent surtout dans les États frontaliers du Mexique. Modifient la composition ethnique de ces États. 1/3 des habitants du Nouveau-Mexique parlent l'espagnol à la maison. Idem dans les autres États frontaliers au Mexique. Cet afflux provoque la réaction xénophobe du gouvernement Trump, qui veut inverser la tendance en décourageant l’immigration par divers moyens.
Le Brésil a connu un bouleversement. Jusqu'en 2005, pays d'émigration, surtout vers les USA. Ensuite, le Brésil est devenu une terre d’immigration clandestine, avec un flux de population, en provenance des pays les plus pauvres du continent : Haïti, Bolivie, surtout vers le Sudeste. Ces populations étaient notamment attirées par les chantiers de prestige des Jeux Olympiques et de la coupe du monde de football. Mais depuis 5 ans, le Brésil traverse une grave crise. Chute du PIB en 2016 (-3.6% !)


Nous avons donc vu que le Brésil et les États-Unis et le Brésil partageaient de nombreux points communs, autant  dans l'organisation de leur territoire que dans celle de leurs grandes mégapoles. Ces deux pays connaissent actuellement des dynamiques territoriales importantes, influencées par la mondialisation et par le dynamisme des relations commerciales avec les pays voisins.

Il reste à savoir si ces dynamiques migratoires sont passagères ou si elles sont susceptibles de durer : la Californie et la Floride sont victimes de crises climatiques régulières et semblent au bord de la saturation démographique, tandis que l'aridité des sols des fronts pionniers amazoniens au Brésil ne laisse pas présager une implantation massive et durable de la population. On a l'impression parfois que ces vagues migratoires sont des "modes", mais que sur le long terme, le cœur du pays, New York aux USA et São Paulo au Brésil, restent constants, en vertu de l'ampleur de la  force d'attraction qu'exercent les quelques villes mondiales de notre planète.

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