Thème
4 : Travail, emploi, chômage
Quelles
politiques pour l’emploi ?
I-
Les politiques pour l’emploi, pour quoi
faire ?
A-
Une exposition inégale au chômage
Les politiques de l’emploi sont l’ensemble des mesurer prises par
l’Etat pour accroître l’emploi et/ou réduire le chômage.
Un actif est
un individu qui occupe un emploi ou qui en cherche un.
Un chômeur est
un actif qui n’a pas d’emploi et qui en cherche un. On compte aujourd’hui en
France plus de 6 millions de chômeurs. Aujourd’hui, 10% de la population active
est au chômage en France.
Le portrait-robot d’un
chômeur :
-
Les hommes sont aujourd’hui plus touchés par le chômage que
les femmes mais historiquement, les femmes l’étaient plus jusqu’à la
crise actuelle qui a principalement touché des hommes ouvriers.
-
Les jeunes sont particulièrement touchés par le chômage puisque
1 sur 5 l’est actuellement.
-
Les actifs sans diplômes sont 3 fois plus souvent au
chômage que les actifs diplômés de l’enseignement supérieur.
-
La PCS la plus touchée par le chômage est celle des
ouvriers (en particulier les non qualifiés) ; la PCS la plus
protégée est celle des cadres. Plus le niveau de qualification du poste
de travail est élevé, plus la protection contre le chômage est importante.
-
Aujourd’hui, 45% des chômeurs sont des chômeurs
de longue durée c’est-à-dire des actifs au chômage depuis plus d’un an.
Parmi ceux-ci, plus de la moitié sont des chômeurs de très longue durée (plus de 2 ans). Plus
un individu passe de temps au chômage, plus il a de risques d’y rester. Il perd
de son employabilité, de ses compétences.
B-
Le travail, facteur essentiel de l’intégration, est aujourd’hui fragilisé
Les droits sociaux sont l’ensemble des protections qu’apporte le
fait de cotiser pour la sécurité sociale et le chômage. En ne
travaillant pas, les individus ne cotisent pas et perdent progressivement leurs
droits sociaux (perte des allocations
chômage au bout de deux ans maximum, retard de l’âge de la retraite, diminution
de la couverture maladie).
La précarité est l’instabilité professionnelle et financière qui subit une
partie des individus. Enchainer des périodes de chômage et de petits
boulots ne garantit pas un revenu important et régulier. Sont donc considérés
comme précaires les chômeurs, les salariés avec des contrats courts (CDD, intérim -> contrats précaires).
Ne pas avoir d’emploi est un
problème :
-
Economique : les revenus des chômeurs seront
limités (allocations, RSA)
-
Social : Des revenus insuffisants limitent la
participation à la société de consommation. Les chômeurs ne peuvent pas
consommer de la même manière que les autres.
Etre au chômage
limite les relations sociales qu’entretiennent les individus : plus de
relation de travail, fragilisation du lien privé (conjugal, divorces, éloignement de ses proches).
Etre au chômage limite aussi
la solidarité nationale assurée par l’Etat providence. Les droits sociaux sont
moindres que pour ceux qui ont un emploi.
Enfin le chômage
conduit à une perte d’estime de soi, on se sent inutile (renfermement sur la
sphère privée).
è Le travail est un facteur essentiel de l’intégration. L’Etat
doit donc veiller a en donner/assurer au plus grand nombre. Des politiques de
l’emploi vont être menées pour diminuer l’exclusion et dynamiser les embauches
des profils défavorisés/touchés par le chômage.
II-
Comment réduire le chômage ?
A-
Soutenir la demande pour réduire le chômage keynésien
Produire prend
du temps que l’entreprise n’a pas lorsqu’elle doit satisfaire une demande
immédiate. Elle doit chercher à anticiper l’évolution de la demande afin de produire
et d’investir dans les temps (suffisamment tôt). Keynes parle de demande effective/anticipée : les entreprises doivent chercher à
prévoir le mieux possible la demande qu’elles auront à satisfaire dans le
futur.
La demande
anticipée va conduire les entreprises à produire une certaine quantité de biens et de
services. Pour y parvenir, elles devront embaucher une certaine quantité de
main d’œuvre. L’anticipation de la demande est au cœur du modèle
Keynésien : si elle est élevée, les entreprises devront produire beaucoup et embaucher
beaucoup (et inversement).
Pour Keynes, le
chômage s’explique par une insuffisance de la demande anticipée par les
entreprises et les APU. Elles pensent peu vendre donc embauchent peu et du
chômage apparait.
Pour réduire
le chômage chez Keynes, il suffit d’augmenter la demande anticipée par les
entreprises et les APU c’est-à-dire, augmenter la consommation des ménages, augmenter
l’investissement (publics) et augmenter l’exportation.
Plusieurs
solutions existent :
-
Augmenter le pouvoir d’achat des plus défavorisés :
valorisation du SMIC, augmentation des allocations et des minimas sociaux.
-
Subventionner les investissements privés (recherche
et développement) pour les pousser à investir.
-
Diminuer le cout des crédits en baissant les taux
d’intérêts.
-
Développer les investissements publics en creusant
si nécessaire le déficit et la dette publique.
B-
Des politiques d’allègement du cout du travail pour lutter contre le
chômage classique
Cout du
travail : salaire brut + cotisations patronales
Salaire net + cotisations sociales
Le salariat à
temps plein le plus mal payé en France (SMIC) coûte 1900 €. Certains économistes
libéraux jugent ce coût trop important. Il serait créateur de chômage.
Si le salaire est
supérieur au salaire d’équilibre, alors l’offre est supérieure à la demande
et du chômage apparait. On parle de chômage classique car il provient
des rigidités à la baisse du salaire. Pour les libéraux, ce type de
chômage est volontaire, il est la conséquence de l’intervention de l’Etat avec
la mise en place d’un SMIC.
Plus généralement,
les
libéraux montrent que le chômage provient de l’intervention de l’Etat sous
toutes ses formes (cotisations
sociales, existence des CDI, congés payés, durée du temps de travail limité).
Tous ces droits obtenus par les travailleurs limitent les libertés des
entreprises d’agir comme elles le souhaitent. On dit que le marché est
rigide et créateur de chômage.
Pour réduire
le problème du chômage, les libéraux veulent réduire l’intervention de l’Etat à
travers des politiques d’allègement du cout du travail : baisse des
cotisations sociales pour rendre le travail moins cher et inciter les
entreprises à embaucher. Plus généralement, toute rigidité doit être supprimée (SMIC,
35h, CDI…). En donnant le maximum de libertés aux entreprises, le marché du travail
devrait revenir à l’équilibre de lui-même.
C-
Des politiques de formation et de flexibilisation pour réduire le chômage
structurel
Le chômage structurel est la part du chômage qui s’explique par
l’inadaptation du profil des chômeurs ou des contrats de travail à la réalité
des structures économiques, aux besoins réels des entreprises.
1- Les
politiques de formation pour une meilleure adéquation entre offre et demande de
travail
On peut distinguer deux
politiques de dépenses en faveur de l’emploi :
-
Des politiques de dépenses passives qui visent à
indemniser les chômeurs, c’est-à-dire à leur verser une allocation régulière
pendant un certain temps. Cette politique accompagne financièrement les
chômeurs mais ne les aides pas véritablement à retrouver un emploi.
-
Des politiques de dépenses actives qui visent à aider les
travailleurs à retrouver le plus rapidement un travail en leur offrant des
formations et un suivi individualisé. L’objectif est de mettre en adéquation le
profil des chômeurs avec les postes à pourvoir. Pôle emploi propose
d’actualiser leurs compétences à une partie des chômeurs, leur retour à
l’emploi devrait être plus simple.
Les politiques de suivi
individualisé des chômeurs poursuivent deux objectifs :
-
Mieux cerner le degré d’employabilité (la capacité à trouver un emploi) et apporter des
réponses personnalisées aux problématiques rencontrées (CV, formation, information…)
-
Pousser les chômeurs à réellement mener des démarches pour
retrouver un emploi. Le chômeur doit montrer qu’il a postulé à
différentes offres, qu’il cherche à se former lors des entretiens
individualisés. S’il ne le fait pas, il peut être pénalisé financièrement (fin de versement des allocations).
Ces mesures
renforcent les contraintes que font peser l’Etat sur les chômeurs, elles visent
à réduire le nombre de passagers clandestins, de profiteurs du système.
Les dépenses
pour l’emploi ont augmenté de 2000 à 2012. En 2000, 34 milliards d’euros
étaient consacrées aux politiques pour l’emploi aujourd’hui (2012) c’est 42
milliards. Mais ces dépenses représentent aujourd’hui une part du PIB plus faible qu’en
2000. En 2012, seulement l’équivalent de 2% du PIB était consacré aux
politiques pour l’emploi alors qu’en 2000 c’était 2,3%.
Ce sont les dépenses passives d’indemnisation qui ont été privilégiées alors
que les dépenses actives de formation ont diminuées. L’explosion des
dépenses passives s’expliquent par l’augmentation du chômage depuis la crise de
2008. Plus il y a de chômeurs, plus les dépenses passives augmentent. A
l’inverse, les dépenses actives ont diminué/stagné, cela peut s’expliquer par des
raisons structurelles. La dette de l’Etat est trop importante, il faut réduire
les dépenses publiques pour éviter qu’elle ne se creuse encore.
Le chômage
structurel dû à un manque de formation risque de perdurer puisque les
dépenses actives n’augmentent pas alors que le nombre de chômeurs a explosé.
Moins de formations sont proposées à plus de chômeurs (problème).
2-
Flexibiliser le travail pour l’adapter aux
besoins des entreprises
Flexibiliser
le travail pour l’adopter aux besoins des entreprises. La flexibilité est la capacité des entreprises à s’adapter aux évolutions de leurs
environnements économiques. La flexibilité passe donc par l’adaptation
des travailleurs aux besoins des entreprises, besoins qui peuvent évoluer dans
le temps.
On distingue cinq formes de
flexibilité :
-
La flexibilité salariale : elle
se rapproche de la théorie libérale, les entreprises doivent être capables
d’adopter rapidement le niveau des salaires en fonction de leur situation
économique. Cette flexibilité existe en particulier en France :
possibilité de mettre au chômage partiel des travers en période e crise,
possibilité de geler/réduire les salaires en cas d’accords dans l’entreprise. A
l’inverse des obstacles limitant cette flexibilité (SMIC).
-
Flexibilité quantitative externe :
l’entreprise doit pouvoir adapter sa quantité de main d’œuvre rapidement et
sans couts : licenciement aisés, embauche sur contrats courts. En France
les contrats courts existent mais ont un salaire plus élevé (la peine de la
précarité) et les licenciements restent contrôlés et souvent chers aux patrons
(prime de départ)
-
Flexibilité quantitative interne :
L’entreprise doit pouvoir, sans couts supplémentaires, adapter le volume
horaire de travail à la situation économique (heures supplémentaires non
majorées, temps partiel…). En France, cela est possible mais les heures
supplémentaires sont majorées, le travail le week-end et les jours fériés sont
payés double…
-
Flexibilité quantitative externe :
l’entreprise doit pouvoir sous-traiter les phases de la production qu’elle
souhaite, qui ne font pas parti de son cœur de métier. En France, cette forme
de flexibilité existe (sous-traitance comptable, sécurité, restauration…)
-
Flexibilité qualitative interne :
L’entreprise doit pouvoir utiliser sa main d’œuvre sur plusieurs tâches sans
perdre de son efficacité (main d’œuvre qualifiée, formée) = polyvalence
En
flexibilisant le travail, l’entreprise doit être capable de réaliser des
économies qui pourront lui servir à investir et à embaucher plus demain.
Permettre à des entreprises de licencier rapidement et facilement évite qu’elles ne
risquent la faillite, leur permet d’économiser pour relancer son activité et
ses embauches.
De même, faire faire des heures
supplémentaires permet à une entreprise de produire plus, de faire plus de
profits et pérenniser les embauches.
Enfin, disposer d’une main d’œuvre
qualifiée augmente l’efficacité, la productivité de l’entreprise ce qui lui
permet de dégager plus de profits et d’embaucher plus. Toutes ces formes
de flexibilité permettent, en théorie de réduire le chômage structurel.
Pour les salariés, une
flexibilité trop poussée est souvent synonyme de précarité. Pour limiter
celle-ci, la polyvalence doit être développée et la flexibilité quantitative externe
aussi. Si la main d’œuvre est formée, les contrats courts ne sont pas un
problème puisque la main d’œuvre retrouvera facilement un emploi.
è Une solution innovante pour sortir du chômage est celle de la
flexisécurité. Comme le font les pays scandinaves, elle vise à assurer une
forte flexibilité pour les entreprises et une forte sécurité de l’emploi pour
les travailleurs. Pour y parvenir, la flexibilité quantitative externe doit
être forte (pour les patrons), la protection contre le chômage importante, la
formation des chômeurs rapide et efficace. Les salariés au chômage sont bien
payés et formés (sécurité) et retrouvent donc du travail facilement.
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