mardi 6 juin 2017

Sciences politiques et sociales, La participation politique, Comment expliquer le comportement électoral ?, TES

Thème 2 : La participation politique
Comment expliquer le comportement électoral ?
I-                    Une montée de l’abstention électorale
A-     Constat
L’abstention est la décision d’un électeur régulièrement inscrit sur les listes de ne pas se rendre aux urnes. Le taux d’abstention se calcule donc uniquement  à partir du nombre d’inscrits. Or, une partie des individus en âge d’être inscrits ne le font pas.
La participation électorale regroupe donc tous ceux qui choisissent d’exercer leur droit de vote.
L’abstention tend à augmenter depuis les années 50. Elle a d’abord décliné des années 50 aux années 80 pour fortement augmenter depuis (en 2009, 60% des électeurs se sont abstenus aux élections européennes). Les élections où les enjeux sont forts (présidentielles) ou les élections locales (municipales) connaissent une abstention moins forte. Plus le scrutin parait éloigné de l’individu (géographiquement et de par sa préoccupation quotidienne), plus l’abstention s’accroit.
B-     Profil des abstentionnistes et explication de l’abstention
On parle de plus en plus de démocratie de l’abstention. Cela renvoie à une société où l’abstention devient une attitude majoritaire par rapport au vote. L’abstention s’explique ici par un affaiblissement des instances d’intégration politiques traditionnelles. L’entreprise est aujourd’hui fragilisée, beaucoup de jeunes connaissent la précarité et le chômage. De même, les syndicats perdent de leur pouvoir et les partis politiques n’arrivent plus à se faire entendre. L’abstention est donc le signe d’un manque d’intégration économique et sociale. L’abstention s’explique par un cens caché, la participation a un cout : celui de la connaissance des programmes, des enjeux des élections, ce cout nécessite d’être intégré à la société pour se sentir compétant d’aller voter. Les abstentionnistes sont donc hors-jeu. Ils ont intériorisé leur incompétence à donner un avis politique construit.
Les abstentionnistes hors-jeu sont souvent peu diplômés, en difficulté d’intégration économique et sociale, venant de milieux défavorisés. A l’inverse, les abstentionnistes dans le jeu politique sont jeunes, diplômés, intéressés par la vie politique et sont souvent membres des catégories moyennes, aisées. S’ils s’abstiennent, c’est pour montrer leur mécontentement sur la vie politique française, leur refus du fonctionnement actuel, le fait que les partis ne proposent pas de solution efficaces aux problèmes qui les intéressent. Cette forme d’abstentionnisme peut être considérée comme un nouveau comportement électoral puisqu’en allant pas s’exprimer, ils expriment un ras-le-bol. L’abstention est vue comme une protestation.
L’abstentionnisme hors-jeu remet en cause la démocratie car une partie du peuple ne s’exprime pas. Si les abstentionnistes augmentent, une minorité pourra imposer son point de vue à la société entière.  L’abstention hors-jeu est régulière, récurrente pour de nombreux individus.  
Les abstentionnistes dans le jeu ne remettent pas directement en cause la démocratie car leur abstention est le signe d’une expression, protestation. Par ailleurs, elle n’est pas régulière, elle est volatile (en fonction des scrutins).
II-                  Les déterminants du comportement électoral
A-     Il existe toujours des variables lourdes du vote
Le modèle de Colombia met en évidence une variable lourde du vote : le milieu social. Il va fortement influencer leur opinion politique. Les classes populaires seront donc plus souvent attirées par des partis de gauche qui mettent en avant une réduction des inégalités. Alors que les classes aisées et les indépendants voteront plus souvent à droite qui défend le travail et les efforts.
D’autres variables lourdes peuvent être mises en évidence : la religion, le lieu de résidence, l’âge, le sexe, le niveau de diplôme…  
Le milieu social semble rester une variable lourde du vote puisque 70% des chefs d’entreprises ont voté Sarkozy au deuxième tour en 2012. De même, les cadres ont voté à plus de 50% pour Macron ou Fillon au premier tour de 2017. A l’inverse, 58% des ouvriers ont voté Hollande en 2012. En 2017, environ 30% des électeurs populaires ont voté Mélenchon ou Hamon.
Cependant, cette variable semble perdre de son poids puisque plus d’un tiers des catégories populaires ont voté FN au premier tour en 2017 et la moitié d’entre eux avaient voté Hollande en 2012.
L’âge semble rester une variable importante, plus l’âge de l’électeur est élevé, moins il a voté pour un candidat de gauche.  
Le lieu de résidence semble encore jouer un rôle. 53% des ruraux ont voté pour Sarkozy alors que 57% des habitants des villes ont voté pour Hollande.
B-     Mais on assiste de plus en plus à une volatilité électorale
En 1960, l’indice d’Alford s’élevait à 55% en Suède. Cela signifie que le vote de classe est fort puisque l’écart entre les ouvriers et les non ouvriers était de 55% au second tour des élections présidentielles. En France, cet indice n’était, en 1985, que de 15%, le vote de classe est donc peu marqué puisque les ouvriers n’ont pas beaucoup plus voté que les non ouvriers à gauche lors des élections présidentielles.
L’indice d’Alford est égal à 100 lorsque tous les ouvriers votent à gauche et qu’aucun des non ouvriers ne l’a fait. Le vote de classe est très important, la position sociale des individus les influence très fortement dans leur vote. Si l’indice d’Alford est égal à 0, cela signifie que les ouvriers ont autant voté à gauche que les non ouvriers ; le vote de classe est inexistant, la position sociale n’influence pas le vote des individus.
Généralement, l’indice sera compris entre 0 et 100 ce qui montre un vote de classe plus ou moins fort. Si l’indice d’Alford est négatif, cela signifie que les ouvriers ont moins voté pour la gauche que les non ouvriers. On parle alors de vote de classe inversé. Malgré leurs origines populaires, les ouvriers ne se sont pas tournés vers la gauche.
Le vote de classe semble de moins en moins marqué dans nos sociétés puisque l’indice d’Alford tend à diminuer dans tous les pays cités. Cela peut s’expliquer par la montée de l’individualisme, l’amélioration du niveau de vie des ouvriers, la hausse du niveau d’éducation, la perte d’influence des syndicats et des partis d’extrême gauche.
Cependant, l’indice d’Alford est un outil trop simple, il restreint les individus à un critère (manuel/non manuel). Or les catégories populaires ne se limitent pas aux ouvriers, elles englobent une grande partir des employés qui fera diminuer l’indice d’Alford s’ils votent à gauche.
è Le vote de classe semble rester une variable lourde du vote des individus mais celle-ci tend à perdre de son importance au fil des élections.

C-     Vers un vote sur enjeu ?
Le vote de classe ou le vote par proximité religieuse tend à décliner. A l’inverse, un vote sur enjeu se développe, celui-ci est lié à l’offre politique du moment et aux réponses aux enjeux contemporains.
Le développement d’un électorat consommateur semble apparaitre. L’individu se détermine de moins en moins par sa position professionnelle, sociale mais de plus en plus par les avantages qu’il peut retirer personnellement des différents candidats. D’une élection à l’autre, il peut donc changer de bord politique en fonction des réponses qui sont apportées aux enjeux qui lui tiennent à cœur. L’individu pourrait changer d’avis comme de lessive.
Le vote sur enjeu reflète un électeur stratège, utilitariste qui cherche à maximiser ses bénéfices en apportant son soutien au candidat qui lui est le plus utile. Les votes seraient de plus en plus volatiles.
Ce point de vue est critiquable puisqu’il réduit l’individu qu’a un être parfaitement rationnel. Du point de vue économique, les individus calculeraient les avantages de leur vote. La réalité semble plus complexe, plus floue. Leur rationalité est limitée, ils ne maîtrisent pas toutes les conséquences de leur vote. Enfin, des variables sociologiques doivent également être prises en compte.
La volatilité électorale est l’instabilité des comportements électoraux, les changements d’attitude ou de préférence d’une élection à l’autre. On en distingue plusieurs types :
-          La plus fréquente est de passer du vote à l’abstention et inversement -> vote intermittent
-          Une volatilité partisane : l’individu se déplace à l’intérieur de son propre camp
-          Une volatilité transgressive : l’individu change radicalement de point de vue lors d’une élection
La volatilité électorale qui progresse le plus est celle du vote intermittent. Elle est à relier aux problématiques des votes sur enjeux : l’individu calculera ce qui lui rapporte le plus. Cependant, la volatilité est aussi et surtout le reflet d’un manque de compétences politiques qui limite la compréhension des enjeux d’une élection.
D-     L’impact des médias sur les attitudes politiques
Les médias sont perçus par certains comme une institution de manipulation des foules, de propagande puisque leurs discours influencent les comportements électoraux. Dans cette thèse, les individus sont considérés comme passifs, comme endormis par les médias.
Les plus intéressés par les campagnes politiques sont les individus les plus politisés qui savent filtrer l’information et l’analyser. Les médias ne modifient que peu leurs comportements ils ont même tendance à renforcer leur conviction.
Les médias ont peu d’influence directe sur les comportements électoraux :
-          Les plus susceptibles de changer d’avis sont les moins politisés mais ce sont aussi ceux qui regardent le moins les médias. Ils ne peuvent donc pas les influencer.
-          Les plus politisés ont déjà un avis arrêté sur leur choix
-          Les individus sont plus influencés par leurs pairs, leurs familles, que par les discours médiatiques
Les médias auraient trois impacts sur les comportements électoraux des individus :
-          Un effet d’agenda : les médias se focalisent sur un enjeu qui apparaissait dans la campagne (affaire Fillon, moralisation de la vie politique)
-          Un effet de cadrage : la manière dont les médias présentent un phénomène peut influencer les électeurs
-          Effet d’amorçage : les médias peuvent eux-mêmes produire des reportages qui vont obliger les hommes politiques à se positionner sur le phénomène
Ces trois effets poussent à penser que les médias n’influencent pas directement le vote des individus mais qu’ils les conduisent à prendre en considération les problématiques que leurs reportages mettent en évidence. Les médias ne disent pas ce qu’il faut penser mais ce à quoi on doit penser.


Les médias n’apparaissent pas comme des acteurs fondamentaux dans les campagnes électorales. Le vote est un phénomène complexe basé sur des interactions personnelles et sur un système de valeurs. Les électeurs ne sont pas passifs devant les médias. Cependant, en fonction des enjeux du moment et du développement de leur traitement médiatique, les médias peuvent influencer indirectement les électeurs. Avec le développement de la volatilité électorale, les médias peuvent jouer un rôle croissant dans la décision du choix.   

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