Thème
2 : La participation politique
Comment
expliquer le comportement électoral ?
I-
Une montée de l’abstention électorale
A-
Constat
L’abstention est la décision d’un électeur régulièrement inscrit sur les listes
de ne pas se rendre aux urnes. Le taux d’abstention se calcule donc
uniquement à partir du nombre
d’inscrits. Or, une partie des individus en âge d’être inscrits ne le font pas.
La participation
électorale regroupe donc tous ceux qui choisissent d’exercer leur droit
de vote.
L’abstention
tend à augmenter depuis les années 50. Elle a d’abord décliné des années 50 aux
années 80 pour fortement augmenter depuis (en
2009, 60% des électeurs se sont abstenus aux élections européennes). Les élections
où les enjeux sont forts (présidentielles)
ou les
élections locales (municipales)
connaissent
une abstention moins forte. Plus le scrutin parait éloigné de l’individu (géographiquement et de par sa préoccupation
quotidienne), plus l’abstention s’accroit.
B-
Profil des abstentionnistes et explication de l’abstention
On parle de plus
en plus de démocratie de l’abstention. Cela renvoie à une société où
l’abstention devient une attitude majoritaire par rapport au vote.
L’abstention s’explique ici par un affaiblissement des instances d’intégration
politiques traditionnelles. L’entreprise est aujourd’hui fragilisée,
beaucoup de jeunes connaissent la précarité et le chômage. De même, les
syndicats perdent de leur pouvoir et les partis politiques n’arrivent plus à se
faire entendre. L’abstention est donc le signe d’un manque d’intégration
économique et sociale. L’abstention s’explique par un cens caché, la participation
a un cout : celui de la connaissance des programmes, des enjeux des
élections, ce cout nécessite d’être intégré à la société pour se sentir
compétant d’aller voter. Les abstentionnistes sont donc hors-jeu. Ils ont intériorisé
leur incompétence à donner un avis politique construit.
Les
abstentionnistes hors-jeu sont souvent peu diplômés, en difficulté
d’intégration économique et sociale, venant de milieux défavorisés. A
l’inverse, les abstentionnistes dans le jeu politique sont jeunes, diplômés,
intéressés par la vie politique et sont souvent membres des catégories
moyennes, aisées. S’ils s’abstiennent, c’est pour montrer leur mécontentement
sur la vie politique française, leur refus du fonctionnement actuel, le fait
que les partis ne proposent pas de solution efficaces aux problèmes qui les
intéressent. Cette forme d’abstentionnisme peut être considérée comme un
nouveau comportement électoral puisqu’en allant pas s’exprimer, ils expriment un
ras-le-bol. L’abstention est vue comme une protestation.
L’abstentionnisme
hors-jeu remet en cause la démocratie car une partie du peuple ne s’exprime pas.
Si les abstentionnistes augmentent, une minorité pourra imposer son point de vue à la
société entière. L’abstention
hors-jeu est régulière, récurrente pour de nombreux individus.
Les abstentionnistes dans le jeu ne
remettent pas directement en cause la démocratie car leur abstention est
le signe d’une expression, protestation. Par ailleurs, elle n’est pas régulière,
elle est volatile (en fonction des scrutins).
II-
Les déterminants du comportement électoral
A-
Il existe toujours des variables lourdes du vote
Le modèle de Colombia met en évidence une variable lourde du vote :
le milieu social. Il va fortement influencer leur opinion politique. Les
classes
populaires seront donc plus souvent attirées par des partis de gauche qui
mettent en avant une réduction des inégalités. Alors que les classes aisées
et les indépendants voteront plus souvent à droite qui défend le travail et les
efforts.
D’autres
variables lourdes peuvent être mises en évidence : la religion, le lieu de
résidence, l’âge, le sexe, le niveau de diplôme…
Le milieu
social semble rester une variable lourde du vote puisque 70% des chefs
d’entreprises ont voté Sarkozy au deuxième tour en 2012. De même, les cadres
ont voté à plus de 50% pour Macron ou Fillon au premier tour de 2017. A
l’inverse, 58% des ouvriers ont voté Hollande en 2012. En 2017, environ 30% des
électeurs populaires ont voté Mélenchon ou Hamon.
Cependant,
cette variable semble perdre de son poids puisque plus d’un tiers des
catégories populaires ont voté FN au premier tour en 2017 et la moitié d’entre
eux avaient voté Hollande en 2012.
L’âge semble
rester une variable importante, plus l’âge de l’électeur est élevé,
moins il a voté pour un candidat de gauche.
Le lieu de
résidence semble encore jouer un rôle. 53% des ruraux ont voté pour
Sarkozy alors que 57% des habitants des villes ont voté pour Hollande.
B-
Mais on assiste de plus en plus à une volatilité électorale
En 1960,
l’indice d’Alford s’élevait à 55% en Suède. Cela signifie que le vote de classe
est fort puisque l’écart entre les ouvriers et les non ouvriers était de 55% au
second tour des élections présidentielles. En France, cet indice n’était, en
1985, que de 15%, le vote de classe est donc peu marqué puisque les ouvriers
n’ont pas beaucoup plus voté que les non ouvriers à gauche lors des élections
présidentielles.
L’indice d’Alford est égal à 100 lorsque tous les ouvriers votent à
gauche et qu’aucun des non ouvriers ne l’a fait. Le vote de classe est très
important, la position sociale des individus les influence très fortement dans
leur vote. Si l’indice d’Alford est égal à 0, cela signifie que les
ouvriers ont autant voté à gauche que les non ouvriers ; le vote de
classe est inexistant, la position sociale n’influence pas le vote des
individus.
Généralement, l’indice sera
compris entre 0 et 100 ce qui montre un vote de classe plus ou moins fort.
Si l’indice d’Alford est négatif, cela signifie que les ouvriers ont moins voté pour
la gauche que les non ouvriers. On parle alors de vote de classe
inversé. Malgré leurs origines populaires, les ouvriers ne se sont pas
tournés vers la gauche.
Le vote de
classe semble de moins en moins marqué dans nos sociétés puisque l’indice
d’Alford tend à diminuer dans tous les pays cités. Cela peut s’expliquer
par la montée de l’individualisme, l’amélioration du niveau de vie des
ouvriers, la hausse du niveau d’éducation, la perte d’influence des syndicats
et des partis d’extrême gauche.
Cependant, l’indice
d’Alford est un outil trop simple, il restreint les individus à un critère (manuel/non manuel). Or les catégories
populaires ne se limitent pas aux ouvriers, elles englobent une grande partir
des employés qui fera diminuer l’indice d’Alford s’ils votent à gauche.
è
Le vote de classe semble
rester une variable lourde du vote des individus mais celle-ci tend à perdre de
son importance au fil des élections.
C-
Vers un vote sur enjeu ?
Le vote de classe ou le vote par proximité religieuse tend à décliner.
A l’inverse, un vote sur enjeu se développe, celui-ci est lié à l’offre
politique du moment et aux réponses aux enjeux contemporains.
Le développement
d’un électorat consommateur semble apparaitre. L’individu se détermine de moins en
moins par sa position professionnelle, sociale mais de plus en plus par
les avantages
qu’il peut retirer personnellement des différents candidats. D’une
élection à l’autre, il peut donc changer de bord politique en fonction des
réponses qui sont apportées aux enjeux qui lui tiennent à cœur.
L’individu pourrait changer d’avis comme de lessive.
Le vote sur enjeu
reflète un électeur stratège, utilitariste qui cherche à maximiser ses bénéfices en
apportant son soutien au candidat qui lui est le plus utile. Les votes
seraient de plus en plus volatiles.
Ce point de vue
est critiquable puisqu’il réduit l’individu qu’a un être parfaitement rationnel.
Du point
de vue économique, les individus calculeraient les avantages de leur vote.
La réalité semble plus complexe, plus floue. Leur rationalité est limitée, ils
ne maîtrisent pas toutes les conséquences de leur vote. Enfin, des variables
sociologiques doivent également être prises en compte.
La volatilité électorale est l’instabilité des comportements électoraux, les
changements d’attitude ou de préférence d’une élection à l’autre. On en
distingue plusieurs types :
-
La plus fréquente est de passer du vote à
l’abstention et inversement -> vote intermittent
-
Une volatilité partisane : l’individu se
déplace à l’intérieur de son propre camp
-
Une volatilité transgressive : l’individu
change radicalement de point de vue lors d’une élection
La volatilité
électorale qui progresse le plus est celle du vote intermittent. Elle
est à relier
aux problématiques des votes sur enjeux : l’individu calculera ce
qui lui rapporte le plus. Cependant, la volatilité est aussi et surtout le reflet d’un
manque de compétences politiques qui limite la compréhension des enjeux d’une
élection.
D-
L’impact des médias sur les attitudes politiques
Les médias
sont perçus par certains comme une institution de manipulation des foules, de
propagande puisque leurs discours influencent les comportements électoraux. Dans
cette thèse, les individus sont considérés comme passifs, comme endormis par les
médias.
Les plus intéressés
par les campagnes politiques sont les individus les plus politisés qui
savent filtrer l’information et l’analyser. Les médias ne modifient que peu
leurs comportements ils ont même tendance à renforcer leur conviction.
Les médias ont peu d’influence
directe sur les comportements électoraux :
-
Les plus susceptibles de changer d’avis sont les
moins politisés mais ce sont aussi ceux qui regardent le moins les médias. Ils ne
peuvent donc pas les influencer.
-
Les plus politisés ont déjà un avis arrêté sur
leur choix
-
Les individus sont plus influencés par leurs
pairs, leurs familles, que par les discours médiatiques
Les médias auraient trois
impacts sur les comportements électoraux des individus :
-
Un effet d’agenda : les médias se focalisent sur un
enjeu qui apparaissait dans la campagne (affaire
Fillon, moralisation de la vie politique)
-
Un effet de cadrage : la manière dont les médias
présentent un phénomène peut influencer les électeurs
-
Effet d’amorçage : les médias peuvent eux-mêmes
produire des reportages qui vont obliger les hommes politiques à se positionner
sur le phénomène
Ces trois
effets poussent à penser que les médias n’influencent pas directement le vote
des individus mais qu’ils les conduisent à prendre en considération les problématiques que
leurs reportages mettent en évidence. Les médias ne disent pas ce
qu’il faut penser mais ce à quoi on doit penser.
Les médias n’apparaissent
pas comme des acteurs fondamentaux dans les campagnes électorales. Le vote est un
phénomène complexe basé sur des interactions personnelles et sur un système de
valeurs. Les électeurs ne sont pas passifs devant les médias. Cependant, en
fonction des enjeux du moment et du développement de leur traitement
médiatique, les médias peuvent influencer indirectement les électeurs. Avec le
développement de la volatilité électorale, les médias peuvent jouer un rôle
croissant dans la décision du choix.
The 11 Best Casinos Near Bellagio Casino - Mapyro
RépondreSupprimerTop 10 Casinos near Bellagio Casino. Casinos 양주 출장안마 Near Bellagio 경상남도 출장안마 Casino. MapYO.com is 충주 출장마사지 a fun and easy 나주 출장마사지 way 광양 출장샵 to find and recommend a location.