mardi 13 juin 2017

Géographie, Le Sahara : ressources, conflits, TES

Le Sahara : ressources, conflits
La prise d’otage d'In Amenas : En plein cagnard, dans un des bleds les plus hostiles du monde, se trouve le site gazier d’In Amenas, vital pour l’économie algérienne : représente 18% des exportations de gaz de l’Algérie ! Emploie de nombreux ingénieurs venus des pays occidentaux. Site victime d’une prise d’otage meurtrière en janvier 2013 : plusieurs dizaines d’otages tués. Prouve que l’exploitation des richesses au Sahara se heurte à des difficultés climatiques et politiques. Le Sahara est un espace gigantesque de + de 9 millions de km² (16 X la France), débordant sur dix pays. Longtemps, délaissé, il était autrefois  l’espace des nomades, Toubous ou Touaregs, qui se déplaçaient péniblement en convois, d’une oasis à l’autre. Mais avec le développement des transports et de la mondialisation, l’approche de cet espace hostile s’est modifiée : des ressources naturelles y ont été découvertes, en même temps que les progrès de la technologie permettaient de mieux exploiter les nappes d’eau de ce vaste territoire. Le Sahara est alors devenu une source prometteuse de profit. Mais cette nouvelle richesse a entrainé des convoitises, qui ont dégénéré en de  nouveaux conflits, de sorte que le Sahara est devenu au fil des années  un des points noirs de la mondialisation. Quelles sont les ressources du Sahara et quelles sont les tensions qui  l’affectent ?
I.                    Un espace de fortes contraintes physiques, mais disposant d'importantes ressources convoitées
A. Un espace contraignant
La limite correspond à la région dont la pluviométrie est inférieure à 100 mm = frontière aléatoire. La limite  nord = l’espace méditerranéen. La limite Sud = le Sahel, un paysage steppique, mais peuplé, de transition entre le sable et la savane : Au Sahel, on remarque une dégradation régulière des conditions de vie liée  à la sécheresse (Tchad, Mali).→ De plus, les pays du Sahel sont souvent enclavés (Tchad, Niger), ils ont peu d’atouts dans la mondialisation.
Où qu’on aille, la région souffre d’une quasi-absence de pluie : stress hydrique permanent. Les rares pluies tombent de façon aléatoire, sous forme d’orage. L’agriculture classique y est donc impossible. De plus, chaleur suffocante l’été : pics à 40° de moyenne l’été avec des pointes à 58°, enregistrés au sud de l’Égypte et au sud de la Libye = les 2 endroits les plus chauds du monde.
Le paysage est pelé, tantôt des regs, tantôt des ergs, avec des vents chauds (le sirocco) qui compliquent l’aménagement des infrastructures routières. Comment bâtir des infrastructures, lorsqu’on sait que le sable se déplace au gré des vents ?
Un milieu hostile, aride, peuplé de nomades, qui ont longtemps voyagé d’un puits à l’autre. Mais les nomades se sont sédentarisés. Les nomades sont aujourd’hui minoritaires. Le Sahara abrite 15 millions d’habitants sur 9 millions de km² = 1.6 h/km².
B. Des ressources limitées en eau
L’eau est présente :
- sous la forme d’oasis, mais ils sont rares et peuplés.
- Sous la forme de nappes aquifères, surtout en Algérie et en Libye (beaucoup moins au Sahel). Pompage de la nappe aquifère (aqueducs) par le gouvernement libyen de l’époque du colonel Kadhafi : c’était son projet de « Grande rivière artificielle » dans le but d’acheminer l’eau fossile des nappes du  sud du pays vers le littoral. Projet pharaonique qui consistait à couvrir le pays de plus de 3 000 km de canalisation, mais projet décrié, car il a attaqué une source qui n’était  pas pérenne.
- En Algérie, Libye, Égypte, l’exploitation de la nappe, souvent profonde (500 à 800 mètres) permet des cultures irriguée sous forme de champs circulaires. Cette agriculture moderne cohabite avec l’agriculture plus classique des « ghouts » (mini-jardins), le long des oasis naturels.
- Le dessalement. Déjà exploitée par l’Algérie, la Libye et l’Égypte ; solution envisagée par le Maroc en 2016 et par la  Mauritanie
C. D’importantes ressources
Principale ressource naturelle : les  hydrocarbures : pétrole et gaz en Libye et en Algérie. Présents également, à un degré moindre,  en Égypte et au Soudan. Des phosphates au Maroc. L’uranium, exploité par la FTN Areva  enrichit le  Niger, à Arlit, au nord du pays. C’est la seule richesse minière de cet immense pays désolé. Idem pour  la  Mauritanie, qui ne peut compter que sur son gisement de fer,  situé  au nord du pays, à F’Dérick.
Les richesses du sous-sol sont destinées à l’exportation, et l’argent de la vente profite à des gouvernements qui ne redistribuent pas toujours correctement les devises perçues.
II. Un ensemble politiquement fractionné, mais parcouru par des flux de circulation
A.      Un ensemble fractionné en 10 États
Un espace séparé entre 10 pays différents, 5 sur la rive méditerranéenne, 5 sur la bordure du Sahel.
Divisions politiques : Partage hérité de l’époque coloniale ; Les Empires coloniaux français, italiens, anglais occupaient le Sahara et avaient tracé, à l’amiable, des frontières, en plein milieu du désert,  sans tenir compte des réalités locales. Certaines frontières sont aujourd’hui disputées : Exemple : la bande d’Aouzou, ancienne frontière entre l’Empire colonial français et italien, aujourd’hui pomme de discorde entre le Tchad et la Libye, d’autant que ce territoire recèlerait de l’uranium.
Autre problème : l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental a été annexée par le Maroc, en 1975, au grand dam du voisin algérien, qui a dénoncé une entreprise coloniale de la part de son voisin marocain.
B.      Des États confrontées à des tribus souvent hostiles au pouvoir central
Divisions ethniques : Le peuplement du Sahara  est formé de tribus arabes et de tribus du désert : Toubous, Touaregs, Maures, Peuls dont la religion musulmane est le seul point commun. Ces groupes de nomades vivent en permanence à passe-frontière avec des Etats dans lesquels ils ne se reconnaissent pas. Le sentiment d'appartenance nationale est différent de celui de l'Europe. Exemple de la Libye : les populations du désert ont un sentiment d'appartenance à la tribu bien plus développé que le sentiment national. Kadhafi supportait (politiquement et financièrement) sa tribu, originaire du désert, ce qui a provoqué  la jalousie des 20 autres tribus de la Libye.
C. Un ensemble parcouru par des flux de circulation
Jusqu'au début du XX° siècle, le seul moyen de déplacement était le dromadaire. A partir des années 1960, le commerce par camion s’est  développé, ce qui a facilité les flux de commerce alimentaire ou manufacturé sur des pistes chaotiques.
A la fin du XX° siècle, des projets se développent, ayant pour ambition la construction d'un réseau routier qui traverse le désert du nord au sud. Ces projets sont bloqués en Libye, du fait de la situation politique difficile. Le  principal chantier se fera donc en Algérie.
Construction d'une route Alger-Agadez (au sahel nigérien) depuis les années 1980. Route pavée jusqu'à la frontière avec le Niger. = voie Nord-sud, chargée de relier entre elles les mégapoles du Nord du Sahara (Alger, Tunis, Tripoli) à celles du Sahel. (Bamako, Niamey). Construction difficile dans un environnement hostile. Achèvement prévu en 2017 ou 2018.
Autre route : Route Gibraltar – Dakar, le long de la côte Atlantique : mais  mauvais passage à la frontière Mauritano-marocaine, à cause de la rébellion indépendantiste des Sahraouis.
Un autre flux concerne le transport des hydrocarbures : le pétrole et le gaz empruntent le réseau d'oléoducs qui achemine l’or noir  des lieux d’extraction   du Sahara jusqu’aux ports de commerce de la côte. (Arzew et Skikda en Algérie).
III. Un espace soumis à de multiples tensions
A. Tensions sociales
Le Sahara reste une région  très pauvre :
Commençons par les 5 premiers pays de la liste, qui sont les pays les plus « riches », sur la côte méditerranéenne. La Libye, était la glorieuse exception de cet espace, (IDH de 0.76) grâce à ces gisements d’hydrocarbures, qui profitaient à une population peu importante. Mais depuis 2011, le pays a été ravagé par la guerre civile, qui  a plombé l’économie libyenne. On remarque  d’ailleurs sur le document que, déjà à l'époque,  il y avait 30% de chômeurs ! Il est à noter que les chiffres du chômage, en Algérie, au Maroc ou en Égypte, qui plafonnent au chiffre « français » de 10% sont, de l’avis général des experts, largement sous-estimés, et on estime que là-bas, le taux de chômage doit osciller entre 20 et 30%.
 Les 5 autres pays sont ceux du sahel = IDH bas, voire très bas, souvent inférieure à 0.5 (Niger : 0.29, triste record mondial) = population désargentée, = population souvent illettrée (une fille sur 10 va à l’école au Niger) =  %  important de population qui a faim (59 % des Tchadiens ne mangent pas à leur faim).
Partout, qu’on soit au nord ou au sud du désert, les richesses du sous-sol profitent partout  à une minorité, proche du pouvoir ou à des FTN qui exploitent les richesses à leur profit. Cette situation engendre des inégalités fortes, génératrices de tensions (le mot du sujet) : dans les années 2000 à 2010, tandis que les Libyens vivotaient, Kadhafi était devenu l'un des hommes les plus riches du monde. Le pétrole a également  permis  l’enrichissement du FLN, en Algérie, depuis 1962. La majorité de la population de ces pays profite peu des retombées de ces richesses.

B. Tensions politiques
1° acteur =  les gouvernements qui ne parviennent pas à gérer pacifiquement les conflits. Exemple : Maroc annexe le Sahara occidental en 1975 → Conflit depuis cette date. Présence de la MINURSO de l’ONU pour juguler les violences. Conséquences : peu d’IDE vers la zone impactée par le conflit. Le conflit du Sahara occidental entraîne d'interminables tensions entre le Maroc et l'Algérie.
2° acteur : les peuples du désert, sécessionnistes : beaucoup de ces peuples veulent se séparer du pouvoir central et exploiter les richesses du sous-sol à leur compte.  Exemple : les tribus du désert : Toubous de Libye ou du Tchad  et surtout les Touaregs du Mali, les Sahraouis du Sud du Maroc.
3° acteur : la société civile qui se révolte contre la dictature =  printemps arabes de 2011, révolte des peuples en Libye, Tunisie, Égypte, mais la situation devient vite chaotique dans ses trois pays : la Tunisie est en crise, l'Égypte est au bord de la rupture, et la Libye s'enfonce dans le chaos. Les printemps arabes ont, en définitive, compliqué la vie des habitants du Sahara.



C. Un nouvel acteur : le terrorisme islamiste
Émergence de groupes islamistes divers : AQMI en Algérie, en Mauritanie et au Mali, Boko Haram au Nord du Nigeria, Shebab en Somalie + les groupes islamistes affiliés à Daech en Libye et en Égypte. Leur rayon d'action s'élargit d'années en années, en profitant du chaos qui règne en Libye depuis 2011. Aujourd'hui, le seul secteur réputé calme est le Maroc (du Nord).  Le risque est que tous ces groupes islamistes s'unissent, autour de la bannière de Daech.
Conséquence économique : Exemple : Uranium à Arlit, au Niger, indispensable pour l’industrie nucléaire française. Exploité par le groupe Areva. Enlèvement en 2010 de 6 ingénieurs français qui ont été emprisonnés pendant  3 ans  dans les geôles d’Al-Qaeda. Depuis cet épisode, les IDE s'effondrent, les occidentaux n'osent en effet  plus investir dans le désert, de peur des attaques terroristes. Exemple : disparition du rallye Paris-Dakar, qui, a force de menaces, a décidé en 2009 d’organiser sa course en Amérique du Sud
Conséquence sociale : appauvrissement de la population : les IDE sont nuls, l'essor touristique a été tué. Exemple : Tombouctou, la plus belle ville du Mali (et du Sahara), qui vivait du tourisme... La ville connaît  la crise depuis que les touristes  ont disparu, idem en Egypte. Le travail est alors fourni par Daech ou Aqmi : les terroristes proposent de lancer des actions terroristes ou de participer à des trafics divers : cigarettes, drogue, êtres humains.
Conséquence humaine : explosion du flux de migrants vers l'Europe : les islamistes  organisent le passage vers l'Europe, pour obtenir des capitaux.  Avec la fermeture de la Turquie, les flux migratoires transitent par la Libye, à partir d'avril 2016.

Conséquence  militaire, le Sahara est devenu « un front de guerre contre le terrorisme »Exemple : «l'opération Barkhane" (3000 et 20 hélicos) contre AQMI :   Les français empêchent cette région grande comme la France de devenir un sanctuaire islamiste. → Problème : la France est bloquée là-bas depuis janvier 2013, dans un espace où les terroristes jouent à cache-cache avec l'armée dans le désert...Le conflit est bien parti pour durer pendant des décennies.

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