Le projet d’une Europe
politique depuis 1948
Événement
de l’été 2013 : l’accueil de la Croatie, 28° membre de l’UE. Ce devrait
être une grande fête ; car l’UE s’agrandissait et se renforçait. Pourtant, l’événement a été
accueilli avec dédain, y compris en Croatie. L’UE ne fait plus rêver, alors que
l’Europe est un attribut de notre
richesse et de notre identité. Il faut en effet rappeler que l’Europe est une
construction continue depuis près de 70 ans. Au sortir de la guerre, des hommes
politiques se sont réunis dès 1948 avec pour ambition la volonté de créer une
Europe politique, démocratique et pacifique, capable de donner de la voix face
aux géants soviétique et étasunien. Comment le projet d’une Europe politique a-t-il évolué
depuis 1948 et pourquoi ce projet est-il en crise au XXI° siècle? Après avoir vu la genèse de la construction
européenne, nous verrons qu’entre 1970 et 1992, le projet européen s’est
développé avec succès en Europe de l’Ouest.
Les difficultés de l’UE depuis le traité de Maastricht (1992) seront abordées
dans une troisième partie.
I.
1948-1969 :
une première phase de construction
A.
Le contexte du congrès
de la Haye de 1948
1. Le contexte
La Haye est la capitale des Pays-Bas.
Mai 1948 : à l’instigation du Britannique W. Churchill, 18 pays d’Europe de l’Ouest s’y réunissent
pour parler d’une « union européenne ».
Préambule : « L’Europe est menacée » : cette
phrase donne le contexte, l’ambiance du mois de mai 1948 : en effet, l’Europe
est menacée, et ceci pour trois raisons :
-
Sur le plan militaire : la II° GM a
prouvé la nécessité d’alliances : la petite Belgique a été envahie 2 fois , en 1914 et en 40, malgré sa neutralité. Même les armées
puissantes comme la France et la GB ont été vulnérables, face au danger
totalitaire. « ligne 6 : aucun
de nos pays »
-
Sur le plan politique : traumatisme de
l’Europe devant la brutalité des années
1930 et 1940. Volonté d’unifier l’Europe pour empêcher l’éclosion des
nationalismes. La menace totalitaire est encore très présente, en 1948, en Europe avec l’URSS .Rappel : Mai 1947 :
début de la guerre froide : L’URSS a obligé l’Europe de l’Est à devenir
communiste. L’impérialisme de l’URSS fait donc peur en Europe de l’Ouest .
Cette peur explique la réunion du
Congrès de la Haye.
-
Sur le plan géoéconomique Texte dit : « appauvrie » → En effet, effondrement
du PIB de l’Europe (-62% en France) entre 1939 et 1945. Les Européens manquent
de tout. La nourriture est rationnée. « Barrières
qui empêchent ses biens de circuler » : les pays d’Europe
ont augmenté les droits de douane
pendant la crise de 1929. Ce protectionnisme n’a fait qu’aggraver la crise dans
les années 1930. Pour le congrès, la liberté politique doit s’accompagner du
libéralisme économique, par opposition au communisme de Staline.
2.
Un objectif : unifier l’Europe
L’engagement 1 : « charte des droits » est facile à
respecter car les Européens ne veulent ni de Hitler ni de Staline. Le projet
d’une Europe politique doit se construire dans le cadre du respect des Droits
de l’homme. A la même date, fin 1948, « Déclaration universelle des droits
de l’homme de l’ONU », rédigée par des juristes comme René Cassin.
Engagement 2 : « nous voulons une Europe unie et libre ».Plus
difficile : comment construire une Europe unie à partir de pays européens
désunis ? Sur le plan institutionnel, l’union peut prendre deux formes
possibles :
1. La voie confédéraliste ou
unionistes : une Europe fondée sur la coopération entre des
États qui conservent leur pleine souveraineté « simple coopération entre Etats qui ne porte pas atteinte à la
souveraineté nationale ». Exemple : l’actuelle ALENA, dont les
États-membres se contentent de coopérer dans le cadre du libre-échange de
produits.
2. Les fédéralistes : partisans d’une Europe
supranationale : = partage de la souveraineté dans le domaine régalien :
défense, monnaie, affaire étrangères. On aboutirait de facto à la création d’un
État multiethnique géant, à l’exemple des Etats-Unis ou du Canada.
3. Entre les
deux : les fonctionnalistes, comme le
Français Robert Schuman = des
pragmatiques qui veulent parvenir à une Europe supranationale
en établissant une « solidarité de
faits ». (Ils veulent un
truc plus poussé que le Mercosur (simple libre-échange) mais moins poussé qu’un
Etat fédéral comme les USA) (supranationale :
institution qui dépasse le cadre des nations).
Le congrès de la Haye reste vague sur la voie à suivre et propose la création d’une « assemblée
européenne ».
→ Résultats : 1 an plus tard création
du « Conseil
de l’Europe », à Strasbourg, pour défendre les principes de la
démocratie. Mais le Conseil de l’Europe = institution sans rôle réel = créature
d’une coquille vide, simple chambre de discussion.=Institution qui a un rôle
consultatif sur tous les sujets ayant trait avec la démocratie sur le continent
européen, et c’est avec justesse que l’élève Guillaume Ball, affirmera, en mai 2017, que
cette institution « ne sert à rien »….
Bref, la montagne, ou plutôt le congrès, a accouché d’une souris. Comment expliquer un
tel fiasco ? Explication : Churchill anime le congrès de la Haye,
mais il n’est plus 1° ministre, or en 1948, la GB est le pays de référence de l’Europe, sur le plan moral et le nouveau
gouvernement britannique ne veut pas d’une Europe supranationale. Il est à
rajouter que les communistes français ne veulent pas non plus d’une Europe
politique, puisque ce qu’ils veulent, c’est intégrer l’alliance formée par l’Europe de l’Est autour de l’URSS.
B.
Les succès de l’Europe
jusqu’en 1969
1. Le discours de l’horloge et la CECA
Certains Européens sont déçus et décident de
ne pas se satisfaire du merdique Conseil
de l’Europe : ils veulent créer quelque chose de plus solide (surtout les
Français). 9 Mai 1950 : « discours de l’horloge » du ministre des
affaires étrangères français Robert Schuman, sur proposition de Jean Monnet, le
directeur du plan quinquennal français. Monnet et Schuman, à l’origine de ce
discours, sont aujourd’hui, considérés comme les « pères de
l’Europe ». Revenons au
discours : Schuman souhaite créer « une solidarité de fait » entre pays européens, en imbriquant,
sur le plan économique, deux secteur essentiels de l’économie sous l’autorité
d’une autorité supranationale. Schuman pense à: l’acier, le produit de base de l’industrie des années 1950 et il
pense aussi au charbon, 1° source
d’énergie à l’époque. A cet effet, il souhaite « l’institution d’une Haute autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France,
l’Allemagne »
→But :
faire travailler ensemble la France et l’Allemagne, pour qu’ils ne se battent
plus (3 guerres en 80 ans)
→
Début de la notion de supranationalité, même si
elle se limite à la gestion du charbon et de l’acier.
Le projet de Schuman aboutit 11 mois plus tard
à la CECA en avril 1951 : 6 pays acceptent l’idée de libre circulation du
charbon et des produits sidérurgiques à partir d’une autorité supranationale
dirigée par Jean Monnet. = France + Allemagne de l’Ouest, le Benelux et l’Italie.
Le chancelier de la RFA Konrad Adenauer souhaite ardemment cette coopération
européenne, d’une part pour montrer que la nouvelle Allemagne n’a plus rien à
voir avec l’ancienne Allemagne nazie, et d’autre part pour renforcer son pays face à la menace stalinienne, déjà effective
en RDA.
2. Le traité de Rome
Les crises
de Budapest et de Suez, en 1956, montrent la fragilité de l’Europe face à un
monde de plus en plus extra-européen. Parallèlement, les 6 pays membres constatent le succès de la CECA. Pour ces
deux raisons (politiques et économiques, donc), les 6 signent le traité de Rome le 25 mars 1957. → Naissance de la « CEE » ou « Marché commun ». But :
supprimer les droits de douane entre Etats-Membres. Ce même jour, 25 mars 1957, on assiste aussi à la naissance de l’
« Euratom » : marché commun de l’énergie nucléaire. La
« CEE »,
l’« Euratom » et la « CECA » fusionneront en 1965.On
est au-delà d’une Europe unioniste, car il y a
une instance supranationale qui guide la
politique, notamment au niveau agricole (la fameuse « PAC » ;
politique agricole commune ; et qui oblige au respect du libre échange….
Mais on ne peut pas parler d’Europe fédérale…
La CEE est un succès, qui favorise
l’activité économique des « 6 » tout au long des années 1960. Avec
l’abaissement progressif des droits de douane, les 6 aboutissent à une zone de libre-échange, qui dynamise les
échanges commerciaux et créent de la
croissance. Dans ces 6 pays, on va parler
de « Miracle économique » (« Miracolo
economico » ou « Wirtschaftswunder »). Pourtant, le projet politique européen va
aussi connaître des échecs.
C.
Les échecs européens
de la période 1948-1969
1. L’échec de la CED
Le déclenchement de la guerre de Corée, en
juin 1950, entre les USA et la Corée du Nord, incite les Européens à créer une
défense commune. Idée du ministre français Pleven : créer une structure
militaire rassemblant les forces armées européennes, sous l’autorité d’une
organisation supranationale. Idée encouragée par les Américains, qui
recherchent un allié solide contre les « commies ». La CED est signée par les 6 en 1952.
Mais le Parlement français refuse de ratifier le traité (Août 1954).
Pourquoi ? 3 raisons
→
Crainte du militarisme dans l’opinion publique
→
Crainte de travailler avec les Allemands, 10 ans seulement après une guerre traumatisante
→Refus
des communistes français, qui veulent une alliance avec Staline.
= Coup d’arrêt pour la construction
européenne. Les militants pro-européens doivent
se résoudre à admettre que seule l’union économique est possible.
2. La CEE entravée par « L’Europe des Etats de de Gaulle »
1958 :
De Gaulle devient président de la République. Il est contre l’UE, car il pense
que celle-ci affaiblit la souveraineté
des Etats. « Puissamment établies
qui s’appellent les peuples » : il pense que les peuples sont
trop attachés à leur identité pour se « fondre » dans une structure
fédérale. Il entend privilégier une
simple coopération entre « Etats européens souverains ». C’est
« l’Europe des Etats ». =
politique unioniste. Il entretient notamment des relations privilégiées avec la
RFA : début du « tandem franco-allemand ». Autre sujet de
conflit : De Gaulle refuse l’entrée de la GB dans la CEE, sous le prétexte
qu’elle serait un « cheval de Troie » des Etats-Unis.
Pour toutes ces raisons, de Gaulle
pratique la « politique de la
chaise vide ». Pendant la durée de
son mandat, la CEE est bloquée. Avril 1969 :
démission de de Gaulle, ce qui permet de détendre l'atmosphère au sein de l’UE
II.
1970
à 1992 Approfondissement de la CEE malgré la montée de l’euroscepticisme
A.
Un approfondissement
quantitatif et qualitatif
1. Approfondissement
quantitatif
Le
départ de de gaulle débloque la candidature britannique, qui sera acceptée en
1972. Au cours des années 1970 1980, la
CEE va connaître plusieurs vagues d’élargissement.
Europe
des 9 en 1972 : Irlande GB, Danemark
Europe des 10 : 1980 : Grèce
Europe
des 12 : 1986 : Espagne et Portugal = l’élargissement au profit de
pays « pauvres » d’Europe : la Grèce en 1980 (Europe des 10) et
l’Espagne et le Portugal en 1986. Il s’agit d’aider ces trois pays à s’arrimer
à l’idéal démocratique européen, car ils ont connu des dictatures militaires au
cours des années 1960.
Avec
« l’Europe des 12 », l’Ensemble formé par la CEE passe
de 190 millions d’habitants en 1970 à
350 millions d’habitants à la fin des
années 1980. A cette date, la CEE est devenue la 1° zone économique mondiale.
2. Approfondissement qualitatif
Les 1°
élections européennes ont lieu en 1979. But : élire les députés du Parlement
européen. (Un Parlement qui fait la navette entre Strasbourg et Bruxelles, les
deux capitales de la CEE) Les députés contrôlent le budget de la CEE. Elections tous les 5 ans. Avec ces élections, la CEE veut
montrer un visage moins technocratique ; elle souhaite mieux impliquer les
citoyens des pays-membres.
Un marché
intérieur renforcé : Delors,
président de la Commission, favorise l’adoption de l’ « Acte unique ».
L’ « Acte unique »,
adopté en 1986, prévoit un marché européen sans frontière intérieure. = Libre
circulation des marchandises et des capitaux. La CEE apparaît alors comme un
modèle de réussite économique, contrastant avec une Europe de l’Est communiste
déprimée, appauvrie, en panne économiquement, et victime de la dictature.
A la même
époque, libre circulation des personnes grâce au traité de Schengen (signé en
1985 et 1990) Les postes de douane disparaissent. Schengen aura un impact
énorme dans les régions frontalières européennes, comme Wissembourg, à la frontière
franco-allemande : dans ces régions, les flux transfrontaliers, libérés
des tracasseries douanières, vont
exploser.
B.
Les échecs de la
période et la montée de l’euroscepticisme
1. Des difficultés liées aux
différences de revenus entre Etats
Vive
mésentente entre agriculteurs français et espagnols. L’élargissement des années
1980 se fait vers des pays du sud, Espagne, Grèce, Portugal, dont le niveau de
vie est nettement plus faible que dans les autres pays-membres. Cette situation
entraine une distorsion de concurrence dont sont victimes les agriculteurs
français, dont les frais salariaux sont
plus élevés. Les paysans français
accusent les Espagnols de casser les prix. Les images- télévision de
cargaison de fruits espagnols vidés sur l’autoroute par des paysans français en colère provoquent la colère de
l’opinion publique espagnole. Sur mer, les pêcheurs français éprouvent la même
colère contre leurs homologues espagnols. Ces tensions mettront des années à
s’apaiser.
2. Des difficultés liées aux
institutions inadaptées
Dans la
CEE ; c’est la commission européenne qui prend ses décisions, à
l’unanimité. Or, c’est facile d’obtenir un avis
unanime tant qu’on à affaire à 6 pays qui partagent les mêmes centre
d’intérêt. Mais c’est plus difficile
d’obtenir l’unanimité à 12 → Les blocages deviennent plus fréquents. Dès les
années 1980, les Européens comprennent qu’il faudrait modifier les institutions
et supprimer la règle de l’unanimité… Mais cela reviendrait à faire accepter à
un pays minoritaire le choix de la majorité des autres européens. Difficile à
accepter pour les souverainistes. La CEE commence à se bloquer…
Autre difficulté : désaffection
des citoyens pour les élections européennes : Les électeurs comprennent
que les députés européens ont peu de pouvoir. Les décisions importantes sont prises avant tout par le Conseil des ministres et par la Commission européenne.
→ Après les premières élections de 1979, le taux de participation diminue régulièrement. Les
citoyens boudent les urnes et les élections européennes suscitent de moins en
moins d’intérêt. En outre, pendant les campagnes électorales, les candidats
parlent davantage de politique nationale que de politique européenne. On
constate que le projet politique européen suscite le désintérêt de nombreux citoyens. On commence à parler d’ « euroscepticisme »,
surtout au Royaume-Uni. Définition : opposition à l’idée européenne basée
sur un doute sur son utilité
3. Des difficultés liées à l’attitude du Royaume-Uni
L’attitude
de la GB donne raison à de Gaulle : GB pose problème par son euroscepticisme. Apogee: le mandat Thatcher: 1979-1990: Idée de Thatcher:
« I want my money back ». → Pas
question de donner plus qu’on ne reçoit. En 1984, elle parvient à obtenir un
« chèque », un rabais sur la participation britannique aux dépenses
communautaires. Margaret Thatcher va à
l’encontre de la logique de solidarité
de la CEE, qui veut que les pays les plus riches dépensent plus pour aider au
développement des pays les plus pauvres. = Très grave crise de la période
1979-1984. Il devient évident que la CEE est pour Thatcher un « self
service », dans lequel les Britanniques veulent exploiter les avantages du
projet européen sans en supporter les inconvénients
Bilan :
progression de l’idée européenne jusqu’en 1989 : elle est l’organisation
supranationale la plus poussée au monde, malgré l’importance de
l’euroscepticisme, notamment en Grande-Bretagne. La chute du Mur en 1989 place
l’Europe devant un nouveau défi : comment va-t-elle accueillir cette
« autre Europe » qui lui tend les bras.
III.
Depuis
1992, les difficultés de l'UE depuis Maastricht
A.
Maastricht : volonté d'un nouveau départ
1. Le contexte de Maastricht
1989 :
chute du Mur et des dictatures communistes (novembre-décembre)
1990 :
réunification allemande : élargit de facto l’Allemagne, et donc la CEE de
108 000 km² et 17 millions d’habitants. Mais une RFA trop grande inquiète
ses partenaires, notamment sur le plan monétaire. Il est devenu évident que la
principale monnaie de l’Europe est le deutschemark, et les partenaires européens
de l’Allemagne craignent un impérialisme financier venu d’Outre-rhin. Le
chancelier Kohl se veut rassurant : il se
dit prêt à diluer le prestige de la monnaie allemande dans une monnaie
commune appelée l’euro. Pour cela, il faut signer un nouveau traité, pour une
nouvelle Europe plus intégrée.
3. Le traité de Maastricht
Il
est signé le 7 février 1992. La CEE change de nom et devient l’UE.
Delors, président de la Commission
entre 1985 et 1995, se réjouit de la
signature du traité de Maastricht. Il dénombre 3 volets = 3 piliers
Ligne 10 « Union
monétaire et politique » = volet économique : un marché unique, sans douane ni taxe, avec une monnaie
unique, l'euro, rival du dollar.
Ligne 13 « Politique étrangère » = Volet politique et militaire = "parler d'une seule voix" = harmoniser la politique étrangère des pays d'Europe,
comme aux USA, où la Maison Blanche à
Washington arleau nom des 5° États étasuniens. Pari audacieux, car les États
européens ont une identité forte. De plus, un embryon d’armée européenne est développé
à partir de 1992. Il s’agit de l’« Eurocorps », basé à Strasbourg¹.
Ligne 1 : « social » = Impliquer davantage les
Européens au projet de l’UE : = création
de la citoyenneté européenne : passeport commun, reconnaissance commune
des diplômes européens. Harmonisation de la valeur des diplômes, avec la généralisation
du L.M.D.
Dernière ligne : Évolution institutionnelle
: « encore plus facile » : Delors a conscience que
les institutions européennes sont complexes et incompréhensibles pour beaucoup.
Il faudrait simplifier ces institutions et les rendre plus opérationnelles
B. L'échec des institutions européennes
En
effet, les différentes vagues d’élargissements de l'UE compliquent sa gouvernance :
→
1° élargissement en 1995, avec l’apport de 3 pays riches, Autriche Suède, Finlande → « Europe des 15 ».
→
Finalement, après de longues négociations, « Europe des 25 » en 2004 :
ouverture ver les PECO : Pologne, Slovaquie etc. + Malte et Chypre
→
Europe des 27 en 2007, avec l’entrée de 2 pays très fragiles, économiquement :
Bulgarie et Roumanie
→
1° juillet 2013 : la Croatie devient le 28° Etat-membre, dans une ambiance
de morosité.
Résultat:
agrandissement du marché commun. Marché de 510 millions de consommateurs.
But : Ancrer les ex-pays communistes autour de l’Europe et non autour des Etats-Unis.
Mais
les institutions ont été prévues pour une Europe à 6 : l'UE devient
ingouvernable. Dans les faits, on
aboutit à une « Europe à la carte » : certains pays-membres adoptent l'euro, d'autres adoptent Schengen.
Il
faut alors réformer sa gouvernance.
Le traité de Nice, en 2001, permet
d'adopter certaines décisions à la majorité qualifiée (55% des États). Traité
compliqué et insuffisant.
La « Constitution européenne »,
votée en 2004. Elle clarifie le traité de Nice, en créant un poste de président
de l'UE et en généralisant la notion de majorité qualifiée. Mais 2 pays-membres
ont
organisé un référendum pour ratifier la constitution : la France et les Pays-Bas → Echec des référendums dans ces 2
pays. Du coup, le traité de constitution européenne n'est jamais entré en vigueur.
Traité de Lisbonne, adopté en 2007 et
prudemment ratifié par les Parlements, pour éviter tout rejet. Le traité de
Lisbonne simplifie la prise de décision et donne naissance à deux têtes
exécutives: un président du Conseil européen (H. Van Rompuy) et un Haut
représentant pour les Affaires étrangères (C. Ashton). Ils sont remplacés en
décembre 2014 par Donald Tusk et par l’émouvante Federica Mogherini.
Mais ces personnages sont falots et
ils manquent de charisme pour gérer les crises. Dans les faits, (crise de 2008
à 2011), les deux vrais
"décideurs" de l'Europe sont les chefs d'État français et allemands,
seuls à même d’agir vite en cas de crise économique grave (comme celle des
subprimes, en 2008, qui avait menacé l’existence de l’euro)..
B.
L'échec de l'UE à
séduire les peuples
Une crise
psychologique : Alors que la construction européenne paraît irréversible,
elle ne parvient pas à susciter un véritable sentiment européen. L'Europe
politique souffre de l'absence d'un véritable sentiment européen. Il y a plusieurs
raisons à cela
Une raison
politique : l'UE s'est montrée incapable de régler les grandes crises
politiques. Une gouvernance européenne paralysée par les divisions : Guerre de Bosnie
en 1992/1995, guerre d'Irak en 2003. A chaque fois, la voix de l'Europe est
inaudible
Il y a
aussi une exaspération sociale, liée aux grandes différences de revenus entre
l'est et l'ouest de l'Europe : l'ouest accuse l'est de prendre les emplois à
cause des salaires plus bas. La visite de l’usine Whirlpool d’Amiens, délocalisée
en Pologne, le 26 avril 2017, a montré que les candidats Macron et Le Pen
avaient deux visions du rôle de l’Europe dans l’économie : pour MLP, l’UE
est responsable des délocalisations, alors que pour Macron, la solution aux
problèmes de la France passe par un renforcement de la coopération économique
et sociale, dans le cadre de l’UE.
Cela se
traduit sur le plan politique : beaucoup de partis ont tendance à rejeter la
faute sur l'UE lorsque les choses vont mal sur le plan intérieur. Exemple : des
gouvernements souverainistes ont bloqué les projets d’accueil d’immigrés syriens en Europe de l'Est : cas de Viktor Orban en
Hongrie. Mais en Europe de l'Ouest aussi, le sentiment europhobe est répandu
dans la classe politique : lors de l’élection présidentielle de 2017 en France,
seuls 2 des 11 candidats à la présidentielle
ne tenaient pas un discours europhobe.
Dans cette
ambiance, le clash est arrivé : les Eurosceptiques ont remporté le référendum de juin 2016
au Royaume-Uni. Depuis cette date, la Première ministre Theresa May est chargée
de gérer les négociations qui organisent le départ du RU de l'UE. Le « Brexit » sera définitif en 2019.
Décidée
dans un contexte de guerre froide, l'Europe a avancé de façon chaotique,
progressant essentiellement sur le plan territorial, en passant de 6 à 28
membres en l'espace de 50 ans, et en intégrant fortement l'économie des
différents États-membres, au point de créer une monnaie commune, adoptée en
2002. Mais au début du XXI° siècle, l'euroscepticisme l'a emporté dans de
nombreux pays, rendant la gouvernance européenne complexe et confuse. La sortie annoncée de la GB, à la
suite de la victoire du oui au référendum sur le « Brexit » de 2016, lance une
nouvelle donne pour l'UE : elle a le choix entre multiplier la sortie des États
eurosceptiques, jusqu'à provoquer la dislocation définitive de l'UE ou de
réagir et de signer un nouveau traité capable d'organiser une gouvernance plus
efficace et plus lisible de l'Europe. Ce sera l'un des défis que devront régler
les nouveaux chefs d'État allemands et français au cours de cette année 2017.
Pour récapituler, Strasbourg est le
siège de :
·
L'"Eurocorps"
·
La "Cour européenne des Droits de l'homme"
·
Le "Parlement européen" (3 jours sur
31)
·
Et le "Conseil de l'Europe", l'avorton
du congrès de la Haye, méprisé par Guillaume Ball, et qui n'a rien à voir avec
les trois autres institutions énumérées ci-dessus
Quant à Bruxelles, elle abrite les
autres institutions, celles qui sont importantes, c'est-à-dire :
·
Le "Conseil des ministres"
·
La "Commission européenne", dont
Jacques Delors fut le président
(aujourd'hui, c'est Jean-Claude
Juncker)
·
Le Parlement européen (28 jours sur 31)
·
La
présidence du Conseil européen, en la personne de Donald Tusk
·
Le Haut représentant des affaires étrangères,
dirigé par la troublante Federica
Mogherini
·
Toutes ces institutions sont regroupées dans un bâtiment
appelé le Berlaymont, qui est le
bâtiment le plus moche de Bruxelles (les Belges l'appellent le
"Ber-laid-monstre").
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