lundi 5 juin 2017

SES, Mondialisation, finance internationale et interrogation européenne, Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ?, TES

Mondialisation, finance internationale et interrogation européenne
Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? 
Le commerce international rassemble l’ensemble des échanges de biens et services qui traversent une/des frontières. On distingue généralement les importations des exportations. Le développement du commerce international au cours du XXe-XXIe siècle conduit à une interdépendance croissante des économies. On parle aujourd’hui de mondialisation.
I-                    La libéralisation progressive des échanges de biens et services au niveau mondial
A-     Qu’échangeons-nous ?
De 1950 à 2009, les exportations ont augmenté en moyenne de 6% par an. Durant cette même période, les échanges internationaux de produits manufacturés ont été multipliés par 60 soit une augmentation de 7% chaque année.
Le commerce international a explosé au cours du XX siècle. A cela s’ajoute les échanges de services (banques, transports). Aujourd’hui, sur 100 produits échangés, 55 sont des biens manufacturés, 25 des matières premières et 20 des services. La part des services tend à s’accroitre d’années en années. Une part croissante des productions nationales est aujourd’hui échangée avec l’étranger : le commerce international progresse donc plus vite que la production mondiale. Les économies sont de plus en plus interconnectées.
B-     Qui échange ?
Toutes les zones géographiques ne sont pas intégrées à la mondialisation de manière inégalitaire. Trois pôles essentiels ressortent : les trois pôles de la triade. D’autres zones émergent. Enfin, les dernières sont mises à l’écart.
C-     Le GATT et l’OMC facilitent les échanges internationaux
Le GATT (accords généraux sur les tarifs douaniers et le commerce) est signé en 1947. Cet accord, conclu entre pays volontaires, vise à libéraliser progressivement le commerce mondial, c’est-à-dire diminuer les droits de douane, supprimer les quotas d’importation et plus largement toutes les entraves, barrières, aux échanges internationaux.
Le GATT et l’OMC ont permis une diminution importante des droits de douanes, ceux-ci sont en moyenne de 5% aujourd’hui alors que dans les années 1950, ils étaient en moyenne à 40%. Dans le même temps, le nombre de pays membres a lui aussi été multiplié par 8. Aujourd’hui, plus de 160 pays appartiennent à l’OMC. La baisse des droits de douane est discutée lors de cycles de négociation (round) c’est-à-dire des réunions où un accord multilatéral est négocié sur certains biens et services. Ces accords contiennent entre autre la « clause de la nation la plus favorisée » ; un avantage donné à un pays étranger doit être généralisé à tous les autres (sauf exception).
En 1995, l’OMC a remplacé le GATT :
-          Cette organisation a un champ d’action plus vaste. Tous les biens et services peuvent faire l’objet de négociation.
-          L’OMC dispose d’un pouvoir de sanction à travers l’ORD (organe des règlements des différents) : si un pays ne respecte pas les accords, il peut y être contraint par l’OMC.

II-                  Les déterminants du commerce international
Différentes théories économiques cherchent à justifier le commerce international, celles-ci ont rencontré un certain succès puisque l’immense majorité des pays appartiennent à l’OMC aujourd’hui.
A-     Spécialisation et avantages comparatifs au cœur de la mondialisation
Selon la théorie des avantages d’A. Smith, les pays ont intérêt à échanger avec les autres s’ils produisent de manière plus efficace que ceux-ci. Ainsi, une partie des pays sont exclus du commerce mondial s’ils ne sont jamais, pour aucune production, meilleurs que les autres.
Ricardo va remettre en cause cette théorie et présenter la théorie des avantages relatifs. Pour Ricardo, chaque pays doit se spécialiser dans la production où il dégage l’avantage le plus important ou le désavantage le moins important. En se spécialisant, chaque pays fait augmenter la production mondiale. Le commerce international favorise la croissance économique, chaque pays, en échangeant des biens et services qu’il a abandonné sera plus riche. Le commerce international est donc bénéfique à tous et pas simplement aux pays qui dégagent un avantage absolu.
è Ainsi, pour Ricardo, chaque pays doit se spécialiser dans la production où il a le plus fort avantage, le plus faible désavantage. La production mondiale augmentera, chaque pays sera plus riche en échangeant plutôt qu’en vivant en autarcie.

B-     La théorie HOS prolonge la théorie des avantages comparatifs
La dotation factorielle est la quantité de chaque facteur de production dont dispose un pays. On distingue généralement trois facteurs de production : le travail, le capital et la terre. Le pays doit se spécialiser dans les productions qui nécessitent relativement le plus de ce facteur. Aujourd’hui, les principales exportations de l’Australie sont des moutons et de différents minerais. A l’inverse, l’Europe dispose relativement plus de capital, elle doit se spécialiser dans les productions qui en ont besoin. Aujourd’hui l’Europe est à la pointe dans les domaines aéronautiques.
La théorie HOS (Heckscher/Ohlin/Samuelson) complète celle de Ricardo en donnant une origine à la plus grande efficacité dans la production de certains biens et services. Ainsi, chaque pays doit se spécialiser où il est relativement le meilleur (le moins nul) c’est-à-dire dans les productions qui nécessitent relativement le plus du facteur le plus abondant.
La France importe essentiellement de Chine des biens faibles en valeur ajoutée qui sont produits à partir de capital de base et en travailleurs peu/pas qualifiés. Ce sont de ces facteurs que la Chine est relativement le mieux dotée, il est normal qu’elle se soit spécialisée dans ces productions. La France exporte essentiellement vers la Chine des produits à forte valeur ajoutée qui nécessitent du capital de pointe et une main d’œuvre qualifiée (aéronautique, machines produits chimiques). Elle s’est donc spécialisée dans les productions qui nécessitent des facteurs qui étaient relativement les plus abondants.   
La théorie HOS semble largement confirmée. Cependant, un pays ne se spécialise jamais totalement dans une seule production. Il continue de produire d’autres biens et services même s’il n’est pas le plus performant. Par ailleurs, cette théorie ne distingue que trois facteurs de production. Dans la réalité, au moins 5 facteurs peuvent être distingués : sol, capital de base, capital de pointe, travail peu/pas qualifié et travail qualifié.
è La théorie des avantages comparatifs et la théorie HOS pousse les pays du Nord à produire des biens et services à forte valeur ajoutée car ils sont mieux dotés en capital de pointe et en travailleurs qualifiés. A l’inverse, les pays du Sud se spécialisent dans les productions à faible valeur ajoutée car elles nécessitent beaucoup des facteurs dont ils sont abondants (terre, travail peu qualifiée, capital de base). On assiste à une DIT : division internationale du travail. Elle tend à s’affaiblir depuis les années 1980.

C-     Le commerce intra-branche contredit en partie des théories classiques du commerce international
Un échange croisé est un commerce intra-branche, un commerce de productions similaires entre pays. Ce commerce intra-branche est le plus développé entre les pays du Nord où les populations sont riches et veulent pouvoir choisir entre plusieurs marques. On parle de demande de différence. La concurrence internationale permet aux consommateurs d’avoir accès à un large choix de biens et services similaires.
L’indice de Grubel-Lloyd mesure la part des échanges intra-branche dans le total des échanges. Ainsi, en 2006, 63% des échanges des USA avec le reste du monde étaient des échanges intra-branche. Le commerce intra-branche semble se développer depuis les années 1960/70 dans les pays du Nord. Il remet en cause la théorie des avantages comparatifs et HOS puisque plusieurs pays se spécialisent dans la production de biens et services similaires. Les théories traditionnelles n’avaient pas anticipé ce phénomène.

III-                Le libre échange est-il profitable à tous ?
A-     Avantages et inconvénients de libre échange
1-      Les effets positifs de l’internationalisation des échanges
La spécialisation amène chaque pays à être plus efficace sur la production du bien/service dans lequel il s’est focalisé. Des gains de production vont émerger. Par ailleurs, la DIT permet d’accéder à des ressources produites par les autres, moins chères, ce qui va améliorer l’efficacité des pays importateurs. Leurs gains de production seront plus importants. Ces gains de production dégagées peuvent permettre d’être plus efficaces que la concurrence et permettent d’accéder à des marchés plus vastes. Les entreprises devront développer leurs productions ce qui sera favorable à la croissance. Au final, le libre-échange stimule la production de chaque pays.
Plus largement, tous les acteurs sont gagnants au libre-échange :
-          Les consommateurs : baisse des prix, hausse du choix
-          Les producteurs : sont poussés à innover pour se démarquer de la concurrence, ils se retrouveront en situation de monopole et feront plus de profits. La production sera moins chère, développement de la concurrence et baisse des prix des matières premières et des pièces détachées. Le développement de leur capacité de production puisqu’un marché plus grand s’offre à eux (économie d’échelle).

2-      Les perdants du libre-échange
La colonisation a laissé aux pays du Sud des spécialisations sur les productions à faible valeur ajoutée qui ne permettent que peu le développement et la croissance. A l’inverse, les pays du Nord ont construit leurs spécialisations sur des domaines porteurs (chimie, micro-électronique) qui permettent le développement et la croissance future.
Pour obtenir les moyens de se développer, les anciens pays colonisés doivent vendre leurs productions à un prix stable pour espérer avoir les moyens d’importer les technologies nécessaires à leur développement. Mais les prix de leurs produits tendent à décliner ce qui rend de plus en plus difficile leurs importations.
Plus généralement, on calcule les termes de l’échange d’un pays en comparant l’évolution du prix des biens et services qu’il exporte à l’évolution des prix des biens et services qu’il importe. Si le prix de ses exportations augmente plus vite que le prix de ses importations, alors les termes de l’échange s’améliorent. Il devient dke plus en plus facile d’importer grâce à ses exportations et inversement. Pour les pays du Sud (sauf les pays pétroliers), les prix de leurs exportations tendent à diminuer alors que le prix de leurs importations tend à augmenter. Les termes de l’échange se dégradent, il devient de plus en plus difficile de commercer avec les autres.
è Le commerce international ne semble pas profitable à tous à l’inverse de ce que disaient les théories classiques (Ricardo). Deux facteurs essentiels sont à prendre en compte :
-          La ou les productions sans lesquelles se spécialise un pays
-          L’évolution des termes de l’échange (importation et exportation)

B-     Avantages et inconvénients du protectionnisme
1-      Comment justifier le protectionnisme ?
Le protectionnisme est une doctrine qui vise à limiter les importations et à favoriser l’économie nationale. On distingue deux types de barrières protectionnistes :
-          Des barrières tarifaires qui visent à modifier le prix des biens et services importés et/ou des productions exportées (droits de douane, subventions à l’exportation)
-          Des barrières non tarifaires qui visent à modifier toutes les autres variables que le prix (interdiction d’importation, quotas d’importation, normes technologiques/environnementales/sanitaires).
Pour List, le protectionnisme peut se justifier pour les jeunes entreprises qui n’ont pas encore la capacité de faire face à la concurrence internationale. En les protégeant, elles vont acquérir de l’expérience et pourront développer leur production, dégager des gains de production qui leur permettront à terme de vendre moins cher et faire face à la concurrence étrangère. On parle de protectionnisme éducatif ou des industries naissantes. Ce protectionnisme ne doit pas être illimité mais temporaire, le temps pour l’entreprise de faire face à la concurrence. Ce type de protectionnisme se justifie plus pour les pays en développement, émergeants.
Dans les pays du Nord, le protectionnisme pour les entreprises vieillissantes semble justifié, il vise à protéger les industries qui menacent de disparaitre à cause de la concurrence. Il faut laisser le temps à ces entreprises mourantes de soit se redéployer soit les laisser se fermer en douceur pour éviter une explosion du chômage dans ces secteurs.
Enfin, certaines entreprises sont jugées stratégiques du point de vue du développement du pays et peuvent être protégées (armée, énergie). On parle de protectionnisme stratégique. En cas de conflit ou d’évènement majeur, un pays se doit d’être autonome pour assurer son développement et sa croissance.
2-      Les barrières se révèlent néfastes pour les consommateurs  
Le protectionnisme a cependant des limites qui touchent en premier lieu les consommateurs (hausse des prix, baisse du choix, moins d’innovation car les entreprises ne sont pas incitées à s’améliorer, la concurrence étrangère n’existe pas). Plus largement, le protectionnisme conduit à des risques de représailles de la part des pays étrangers qui vont à leur tour interdire, limiter les exportations sur leur sol. Les entreprises exportatrices produisent moins, la croissance sera ralentie.
IV-               L’impact des FTN sur le commerce international
Une FTN est une entreprise qui produit dans plusieurs pays et qui vend cette production à l’internationale. Une FTN est constituée d’une société mère c’est-à-dire son siège installé dans un pays (souvent dans son pays de naissance qui va donner sa nationalité à l’entreprise). Les autres entreprises implantées à l’étranger et appartenant à l’entreprise sont appelées filiales. La société mère a traversé, transcendé ses frontières pour s’installer à l’étranger. Le terme FTN laisse penser qu’une entreprise puisse avoir plusieurs nationalités.
A-     Vers une nouvelle DIT ?
1-      Commerce intra-firme et DIPP
Le commerce intra-firme est l’ensemble des biens et services échangés au sein d’une FTN. Puisque la production est implantée dans plusieurs pays, les pièces détachées doivent traverser les frontières pour être assemblées dans un autre pays afin de constituer le bien final. Ce commerce intra-firme ne s’explique pas par les lois du marché puisque les prix pratiqués ne vont pas correspondre au cout de production de chaque pièce détachée. Ainsi, il est difficile de mesurer le commerce intra-firme, on l’évalue à 1/3 du commerce international.
Ce commerce intra-firme va faire naitre une nouvelle DIT : la DIPP. Les FTN vont produire dans les pays qui leur permettent d’obtenir le plus d’avantages possibles. Chaque pièce détachée sera produite dans le pays le plus avantageux, généralement ces productions auront lieu dans un pays du Sud. Ainsi, les pièces détachées à faible valeur ajoutée et l’assemblage final auront lieu dans les pays en développement. Les pays du Nord garderont les productions de services à forte valeur ajoutée (R&D, marketing). La DIT s’est complexifiée sous l’effet des FTN.
Pour développer une FTN, une entreprise doit s’installer et produire à l’étranger. Elle peut le faire de deux façons :
-          Construire de toutes pièces un nouveau site de production
-          Racheter un site de production étranger : IDE (investissement direct à l’étranger) c’est lorsqu’une FTN, en investissant à l’étranger, prend le contrôle de plus de 10% de la valeur d’une entreprise étrangère. En dessous de 10%, on parle d’investissement de portefeuille et on considère que cet investissement est uniquement financier et non pas dans un but productif.

2-      Pourquoi les entreprises s’ouvrent-elles au commerce international ?
La compétitivité mesure la capacité d’une entreprise à faire face à la concurrence étrangère. On distingue deux types de compétitivité :
-          La compétitivité prix : l’entreprise cherche à vendre à des prix inférieurs à ceux de ses concurrents (s’implanter dans un pays où la main d’œuvre est peu chère, s’implanter dans un pays à faible taux d’imposition)
-          La compétitivité hors-prix : l’entreprise cherche à vendre sur les autres variables que le prix, sur la qualité (développement technologique innovant, SAV de qualité, production hors gamme, faibles normes)

è Les stratégies de localisation des FTN sont diverses. En fonction du type de compétitivité recherchée, les FTN se développent plutôt au Nord, au Sud ou dans les pays émergents.

B-     Impacts des FTN sur les pays d’accueil et de départ des IDE

Ø  Pays d’accueil :

-          Avantages : hausse de la production (croissance), baisse du chômage, hausse du pouvoir d’achat, transfert technologique (installation de capital « de pointe » dans le pays).
-          Inconvénients : déstabilisation des producteurs nationaux (concurrence avec de très grandes entreprises), risque de dumping social et fiscal (droit du travail, impôts) qui compromettent le développement du pays, politique du moins disant.

Ø  Pays de départ :

-          Avantages : baisse des prix. Si le pays de départ est du Nord, il gardera des emplois qualifiés et délocalisera uniquement les emplois à faible valeur ajoutée.

-          Inconvénients : les délocalisations amènent à une hausse du chômage en particulier pour les travailleurs les moins qualifiées, menace sur les protections sociales. 

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