lundi 5 juin 2017

SES, Mondialisation, finance internationale et intégration européenne, Quelle est la place de l’Union Européenne dans l’économie globale ?, TES

Mondialisation, finance internationale et intégration européenne
Quelle est la place de l’Union Européenne dans l’économie globale ?
I-                    En quoi l’UE est-elle une expérience originale ?
A-     Les objectifs de la construction européenne
La construction européenne est née de trois volontés :
-          Mettre fin aux guerres sur le sol européen.
-          Faire face aux tensions nées de la chute du mur de Berlin : tension entre le capitalisme et le communisme.
-          Avoir un poids suffisant pour peser dans l’économie mondiale, pour influencer la mondialisation.
Le niveau européen semble plus adapté pour mener des politiques à l’échelle mondiale : le défi économique ne peut se résoudre au niveau national. Création d’un marché des droits à polluer européen, un défi économique à plusieurs, l’Europe est plus capable de résister à la concurrence étrangère et aux chocs financiers (crise des subprimes). Un défi humain, face à la hausse des instabilités dans le monde, l’UE doit être capable de protéger ses populations et mener une politique migratoire plus efficace.
La construction européenne reste aujourd’hui une nécessité, en particulier une nécessité économique : faire jeu égal avec les Etats-Unis pour influencer les prises de décision et être reconnus comme un acteur mondial majeur.  
è L’UE a d’abord été construite pour des enjeux politiques (mettre fin aux guerres) elle se transforme de plus en plus en union économique. L’UE veut s’installer comme un acteur incontournable dans le monde.

B-     L’intégration économique régionale, pour quoi faire ?
1-      Les étapes de la construction européenne
Pour être considérée comme une zone économique intégrée, le passage par différentes étapes semble être nécessaire :
-          Création d’une zone de libre-échange entre les pays membres : suppression des frontières internes à la zone
-          Création d’une union douanière, harmonisation des frontières extérieures/économiques dans la zone
-          Création d’un marché commun : libre circulation du capital et du travail au sein des pays de la zone
-          Création d’une union économique et monétaire (UEM) : harmonisation des politiques économiques et création d’une monnaie unique
-          Création d’une union politique : l’ensemble des politiques en particulier économiques et extérieures, sont unifiées
Aujourd’hui, les 28 membres ont tous atteint la 3ème étape, celle du marché commun : capital, travail, marchandises et argent circulent librement au sein de l’UE. Certains pays ont atteint la 4ème étape, celle de l’UEM avec la création d’une monnaie commune, l’euro. L’union politique reste pour l’instant limitée, les politiques sont harmonisées mais pas unifiées pour la plupart des décisions.
Autres zones économiques : Alena, Mercosur, Asean… les autres zones sont moins intégrées que l’UE puisqu’elles ne sont que des unions douanières.
La création d’un grand marché commun européen s’est déroulée de 1957 (traité de Rome) à 1987 (acte unique européen). En 1992 (traité de Maastricht), début des discussions sur la création d’une union politique et monétaire. En 1999, création réelle de l’UEM qui tend à s’élargir ces dernières années (19 pays ont l’euro). Depuis 2007 (traité de Lisbonne), volonté d’avancer vers une union politique (dernière étape de l’intégration avec par exemple une constitution européenne et des institutions de plus en plus fortes).
2-      Les avantages attendus de l’UE

L’économie d’échelle est la baisse des couts de production unitaire avec l’augmentation de la production. Plus une entreprise produit des grandes quantités, plus elle pourra négocier les prix avec ses fournisseurs.
La création d’un vaste marché commun a plusieurs avantages :
-          Permet de réaliser des économies d’échelle qui poussent à la baisse des prix et donc à une meilleure compétitivité.
-          Le commerce est facilité par la suppression des droits de douane, la libre circulation des capitaux permettra des investissements plus efficaces et donc des rattrapages économiques plus rapides.
L’UE a pour but de stimuler la croissance, l’emploi… En théorie, l’UE profite :
-          Aux consommateurs (baisse des prix, hausse de la diversité)
-          Aux producteurs (hausse de la concurrence qui permet de trouver des fournisseurs moins chers et donc stimuler le PT, les innovations pour rester compétitifs)
-          Les Etats nationaux (amélioration des finances publiques grâce à la hausse des recettes puisque la croissance entraine plus d’impôts et taxes perçues et à la baisse des dépenses puisqu’il est possible de se fournir à l’étranger)

3-      L’euro, une nouvelle étape dans la construction européenne
L’euro présente 3 avantages principaux :
-          Il facilite les échanges en réduisant les incertitudes liées aux différentes monnaies qui existaient avant, le prix n’étant pas totalement transparent (il était difficile pour les français de comprendre le Deutschemark et sa valeur). Les échanges avaient tendance à être limités, avec l’euro, ces barrières ont disparues, la croissance devrait être plus forte.
-          De plus les échanges sont facilités par la disparition des frais de transaction lors du change d’une monnaie à une autre. Avec l’euro, les entreprises voient leurs couts de production baisser (fin des commissions dans les bureaux de change. Cela les incite à produire plus, la croissance devrait être stimulée.
-          Le passage à l’euro met fin aux politiques déloyales de dévaluation des pays. Avant l’euro, un pays pouvait faire perdre de la valeur à sa monnaie (dévaluer) ce qui lui permettait d’exporter plus facilement et de relancer la croissance et de faire baisser le chômage. Mais les autres pays étaient perdants (plus difficile d’exporter pour eux mais plus facile d’importer). Leurs croissances étaient ralenties. Pour éviter d’éventuels problèmes de change, certains pays européens ont créé l’euro : cette monnaie oblige les pays à se concentrer et à harmoniser leurs politiques.

II-                  La difficile coordination des politiques économiques dans l’UEM
On distingue deux grands types de politiques économiques :
-          Des politiques conjoncturelles : qui visent à modifier la situation économique à court terme (plus de croissance, moins de chômage…) pour y parvenir, on peut avoir recourt à des politiques budgétaires. L’Etat modifie ses recettes publiques (prélèvements obligatoires) et/ou ses dépenses. Soit des politiques monétaires : l’Etat fait varier le taux d’intérêt
-          Des politiques structurelles : c’est-à-dire avec un impact à long terme (politique industrielle, politique de santé, éducative…)

A-     Les politiques budgétaires dans la zone euro
1-      Les critères de Maastricht et pacte de stabilité
Pour intégrer la zone euro, les pays doivent respecter des critères de convergence économique, les critères de Maastricht :
-          Le déficit public ne doit pas excéder 3% du PIB. Les dépenses de chaque Etat ne peuvent pas être supérieures à leurs recettes de plus de 3% de leur PIB.
-          La dette publique ne peut  être supérieure à plus de 60% du PIB : l’accumulation des déficits de toutes les années ne doit pas dépasser 60%.
Ne pas respecter ces critères est perçu comme néfaste pour la croissance puisque les pays s’entendent trop et devront on jour ou l’autre rembourser en augmentant les impôts. De plus, ces déficits vont créer de l’inflation en augmentant artificiellement la demande.
2-      Le dérapage des finances publiques menace la croissance
En 2015, le déficit public français était de 3.5% du PIB. Ses dépenses excédaient ses recettes d’un montant de 3.5% de son PIB. De même, la dette publique française était de 95.8% du PIB. La France doit l’équivalent d’une année de création de richesses à d’autres agents économiques.
De nombreux pays de la zone euro ne respectent pas aujourd’hui l’un, l’autre ou les deux critères de Maastricht. Ce dérapage des finances publiques s’explique en partie par la crise de 2008. L’UE considère qu’aujourd’hui, tous les pays doivent de nouveau respecter les critères, le non-respect n’ayant pas été sanctionné après la crise.  
Ce dérapage a deux conséquences négatives :
-          Les pays ont de plus en plus de mal à financer leur déficit. Ces derniers demandent des taux d’intérêt de plus en plus élevés qui alourdissent à nouveau la dette (effet boule de neige). Au pire, certains pays ne pourront pas emprunter (Grèce). Cela conduit à une baisse des dépenses publiques (licenciements, baisse des allocations, privatisation…) et/ou une hausse des recettes (impôts, taxes) pour ne pas avoir de déficit.
-          L’explosion du déficit conduit les pays à dépenser plus que leurs recettes. Ils augmentent donc artificiellement la demande de biens et de services qui, si l’offre ne suit pas, conduit à l’inflation et la perte de pouvoir  d’achat.
Pour de nouveau respecter les critères, les pays sont poussés à mener des politiques budgétaires de rigueur/d’austérité (baisse des dépenses publiques, hausse des recettes publiques). Le but est d’obtenir un excédent public afin de réduire la dette et ralentir l’inflation. Cependant, ces politiques réduisent la demande ce qui incite les entreprises à moins produire ce qui va ralentir la croissance et donc faire monter le chômage.
è Pour certains, les critères de Maastricht sont trop restrictifs, ne permettent pas de véritables politiques de relance pour sortir de la crise. La volonté de respecter ces critères limite les capacités des pays à sortir de la crise : la croissance reste atone.

B-     La politique monétaire
Les pays membres de l’UEM ont décidé de mettre en commun leurs politiques monétaires. Elle est aujourd’hui contrôlée par la BCE qui est une institution autonome : les pays membres ne peuvent pas influencer la politique monétaire. Elle est unique pour tous les pays. L’objectif de la BCE est d’atteindre au niveau de la zone dans son ensemble un taux d’inflation proche de 2%. Pour y parvenir, elle contrôle les taux d’intérêts directeurs qui servent au financement des banques. La hausse du taux d’intérêt directeur rend l’argent plus cher pour les banques commerciales qui augmentent à leur tour leurs taux d’intérêt ce qui réduit les emprunts. La consommation et l’investissement ralentissent, l’inflation est freinée.
Deux critiques sont faites à la BCE :
-          Ne pas se fixer d’objectif de croissance : le rôle de la BCE n’est pas de relancer/stimuler la croissance (à l’inverse de la Fed qui a un double objectif : croissance et inflation)
-          Si les pays sont dans des situations divergentes (faible/forte inflation), que doit faire la BCE ? Sa politique étant unique, en favorisant un pays, elle défavorise l’autre et inversement.

C-     Les limites de la gouvernance européenne
1-      Les élargissements sont remis en cause
L’UE est aujourd’hui constituée de 28 pays dont les 13 derniers sont rentrés durant les 15 dernières années. Les situations de ces pays sont de plus en plus hétérogènes et rendent les politiques européennes de plus en plus difficiles à mener. D’autant plus que le budget de chaque pays consacré à l’UE reste limité. Le rattrapage de ces nouveaux entrants est de plus en plus compliqué.
Par ailleurs, décider à 28 est de plus en plus compliqué. Les négociations prennent du temps et l’UE réagit parfois trop tardivement. Si les décisions se prennent à l’unanimité, un petit pays peut tout bloquer.
2-      Une harmonisation économique limitée
Les couts du travail sont très hétérogènes au sein de l’UE. Les pays fondateurs ont des couts au moins 2 à 3 fois supérieurs à ceux des nouveaux membres. Les écarts peuvent venir soit par des écarts de salaire soit par des écarts de cotisation. Ces écarts conduisent à une concurrence déloyale : les entreprises ont intérêt à s’installer dans les pays de l’Est où la main d’œuvre est moins chère et à vendre leurs produits à l’Ouest sans payer des droits de douane puisque les frontières n’existent pas en Europe. Pour attirer le plus d’entreprises possibles, les pays sont poussés à pratiquer du dumping social : proposer des couts et des protections toujours plus faibles que ses voisins.
Les gagnants sont les pays les moins développés de l’UE (derniers entrés). Les perdants sont les pays les plus développés de l’UE (pays fondateurs).
En France, en 2009, les dépenses publiques représentaient l’équivalent de 56.5% du PIB. La France consacre en moyenne 9067€/hab pour leur protection sociale. L’équivalent de 11.6% du PIB était consacré aux dépenses de santé et 5.6% pour les dépenses d’éducation.
Les systèmes de protection sociale en EU sont très hétérogènes. Par exemple, la France et l’Allemagne consacrent 10 fois plus d’argent par habitant que la Roumanie. L’harmonisation de nos systèmes est difficile à obtenir :
-          Les pays de l’Est n’ont pas les moyens d’aligner leurs protections sur celles de l’Ouest. De plus ils ne le souhaitent pas car leur compétitivité prix en souffrirait
-          A l’inverse, les pays de l’Ouest ne veulent pas détruire leurs systèmes de protection sociale : les populations y sont opposées.

è L’harmonisation semble difficile voire impossible. Soit les pays de l’Est s’opposent à une harmonisation par le haut. Soit les pays de l’Ouest s’opposent à une harmonisation par le bas. Pour l’heure, il n’existe donc pas de système de protection sociale européen.


è La construction européenne est une expérience originale d’harmonisation des politiques économiques et sociales. Si elle a bien fonctionné de sa création jusqu’aux années 2000, elle apparaît plus en difficulté pour poursuivre cette harmonisation depuis. 



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