lundi 5 juin 2017

Histoire, T3Q3 : une gouvernance économique mondiale depuis 1944, TES

T3Q3 : une gouvernance économique mondiale depuis 1944
En 1945, 3 bonnes raisons pour adopter un nouvel ordre mondial. Les désordres économiques  et monétaires durant la crise de 1929. La ruine suscitée par la Seconde Guerre mondiale (en particulier en Europe,). L’émergence de la prise de conscience par les EUA. De leur rôle de leadership politico –économique mondial.  Prise de conscience amplifiée par la conférence de Bretton Woods, au cours de laquelle le dollar devient la seule  monnaie de référence pour le commerce international. Pour toutes ces raisons, une nouvelle gouvernance mondiale est adopté sous l'égide des USA à partir de 1945 gouvernance : (mise en place de règles internationales pour encadrer l'économie et favoriser la croissance économique mondiale). Comment la gouvernance économique a-t-elle évolué depuis 1945 et pourquoi cette gouvernance est-elle tellement contestée ?

I.                    1944 à 1973 : naissance et développement de la gouvernance économique à l’ombre de la Guerre froide
A.      Le rôle du FMI 
Les USA détiennent les 2/3 du stock d’or. Avant 1945, les monnaies étaient indexées sur l’or. La France et les autres pays européens possédaient d’abondantes réserves. Csq : en 1945,  les pays d’Europe sont trop appauvris pour financer leur reconstruction. Les USA comprennent qu’ils doivent réagir  pour :
-          Sortir l’Europe de la misère  (but économique)
-          Autre but économique : relancer la croissance aux USA : il est en effet difficile pour un pays de s’enrichir, lorsque tous ses voisins sont ruinés = idée de « relance économique ».
-          Eviter que l’Europe ne soit séduite par le communisme, idéologie à laquelle on adhère par désespoir.

Le FMI : créé en 1945, basé à Washington DC,  est chargé d’organiser la coopération monétaire entre les Etats. Il ne faut pas le confondre avec  la BIRD, (« World Bank »)  créée en 1945, basée à Washington, qui est une institution chargée de faire reculer la pauvreté dans le monde, en accordant des crédits.
Le FMI garantit la convertibilité des monnaies : chaque monnaie peut être échangée soit contre de l’or, soit contre des dollars. En 1945, la parité or/dollar est fixe, ce qui garantit la stabilité et la confiance dans les échanges internationaux. Le but de cette stabilité monétaire : favoriser la stabilité des échanges internationaux = favoriser la croissance économique mondiale, élément essentiel pour la reconstruction
B.      Le rôle de l’OMC (EX - GATT avant 1995)
Conviction partagée à Bretton  Woods  selon laquelle le mieux qui puisse arriver  pour l’économie mondiale est la multiplication des échanges internationaux : on veut à tout prix éviter la multiplication des barrières protectionnistes, comme c'était le cas dans les années 1930. Ces barrières avaient aggravé la crise, parce que les entreprises ne trouvaient plus de débouchés à l'export. Le GATT est basé à Genève. 
A partir de 1947, succession de « cycles » (= des conférences) au cours desquels les droit de douane sont progressivement abaissé, jusqu’à leur disparition définitive dans les années 1995.
Le GATT (qui devient OMC en 1995) a donc largement contribué à l’essor des échanges commerciaux internationaux, et à la croissance économique mondiale au cours des "Trente Glorieuses".

C.      Bilan du nouveau système monétaire jusqu’en 1971
1.       Des points positifs :
Forte croissance  du commerce international  = favorisé  par accords GATT. Forte croissance PIB mondial. =  période des Trente Glorieuses. Le tout soutenu par un  $ fort  et stable  et  par  des crédit importants accordés par la Bird. Bref, la nouvelle gouvernance économique mondiale a permis l'irruption des "Trente Glorieuses" au Japon et en Europe de l'Ouest.

2.       Des points négatifs
Jusqu’en 1976, seul  le monde occidental  est touché car refus total de cette GEM par le  monde communiste et de la Chine. L'Inde vit, quant à elle, dans une semi-autarcie. Monde nouvellement décolonisé (Afrique, Asie du Sud-est) moins touché : malgré  l’aide au développement (la CNUCED).
Bilan : le FMI et le GATT favorisent la forte croissance de la « Triade » ; mais ce n'est pas la seule cause de croissance : le développement de la coopération économique européenne (la CEE) a également été un facteur expliquant les "Trente Glorieuses" en Europe.
II. Une gouvernance économique dirigée par la Triade : 1973 à 1991
A.      L’essoufflement du système
Le système financier international se grippe vers 1970. 3 raisons
1° cause  de crise : la mauvaise situation financière des USA : hausse des  dépenses publiques, guerre froide (Course à la lune  et G.du Vietnam), les USA se retrouvent fortement endettées.
2° cause géopolitique : Guerre entre Israël et les pays arabes, qui  entrainent chocs pétroliers de 1973 et de 1979.
3.° cause  de crise : économique  La dette du Tiers-Monde s'envole. Forte hausse de l'endettement des PVD : 8 MM de $ en 1960  → 587 MM en 1980 = dette multipliée par 75.
Explication : de nombreux pays se sont endettés pour pouvoir exporter des matières premières (cacao en Côte d'Ivoire). Ces  pays sont victimes de la baisse des cours des matières 1° au cours  des années 1960 à 1970 : cas de la Côte d'Ivoire , l'Angola , l'Egypte ou l'Afrique du Sud.
Résultat : des  pays du sud sont en situation de faillite à la fin des années 1980 : Mexique, Côte d’Ivoire, Zimbabwe, Jamaïque, Egypte, Brésil, Argentine. (Retenez le Mexique car la faillite  de ce pays, en 1982,  a été très médiatisée)

B.      La réponse à cette crise : libéralisme et coopération dans les années 1980
1.        Libéralisme dans les pays du Sud
La GEM  renforce son autorité sur les pays du Sud, qui sont lourdement endettés. Le FMI exige l'adoption de "PAS" pour sortir les pays de leur endettement. = « Programme  d’Ajustement Structurel » imposé par le FMI : le FMI accorde un prêt moyennant des réformes structurelles. Le PAS  concerne 31 pays:
-          Baisse de la dépense publique (= licenciements  de fonctionnaires)
-          Privatisation des entreprises
-          Ouverture de l’économie à la concurrence
Ces plans sont très contestés, car ils ont provoqué  du chômage (beaucoup d'entreprises ont licencié lorsqu'elles ont été privatisées) et l’effondrement économique (les entreprises locales n'étaient pas armées pour faire face à une concurrence étrangère qui apportait des produits de meilleure qualité. Il y a alors eu de nombreuses faillites).
Résultat : Grandes manifestations dans les années 1980 contre ces programmes d’austérité. Ce qui  est contesté, c'est le caractère obligatoire du PAS : le FMI n'accorde  pas de crédit si les mesures très sévères énumérées ci-dessus ne sont pas appliquées ! L’argent  prêté est en outre avant tout  affecté au remboursement de la dette, aux dépens des dépenses sociales.  
2. Libéralisme dans les pays riches 
Parallèlement au développement du libéralisme dans les pays du Sud, développement du libéralisme dans les pays du Nord : 1979 : élections de Thatcher et 1981,  élections de Reagan = vague  libérale, à une époque où le communisme est en échec.  Finalement, les chefs d'Etat de l'Occident poursuivent le  même combat que le FMI ! → Volonté de limiter au max l’argent public = baisse des aides aux pays les plus pauvres + baisse des dépenses sociales, moins d'aides aux chômeurs. Des programmes de privatisation sont lancés dans le monde entier : exemple : Chirac 1986, qui privatise TF1 et Suez.  
3. Coopération  entre pays riches
L'autre fait marquant de cette période est la volonté des pays du Nord de discuter entre eux pour mieux organiser la GEM. A partir de 1975, réunion annuelle du G6 (France, USA, Japon, RFA, Italie, GB), qui devient G7 en 1976, avec le Canada = discussion des 7 principaux pays de la Triade pour résoudre les problèmes économiques et monétaires = En clair, le G7 est une réunion qui fait de la concurrence :
·         à l’ONU sur le plan politique
·         qui fait concurrence au FMI, sur le plan financier.
·         = 2 formes de GEM, qui aboutissent parfois à des conclusions opposées.

III. La GEM depuis 1991
A. Le contexte des années 1990: mondialisation  du  libéralisme
Mondialisation économique :
-          1991 : fin de l’URSS et du Bloc de l’Est.
-          A la même époque, la Chine et l'Inde s’ouvrent au modèle économique libéral. En l'espace de quelques années, tout un groupe de pays s'ouvre à l'économie de marché. Triomphe du "consensus de Washington» : en 1994
Définition  du consensus de Washington : presque tous les pays du monde  s’entendent sur la libéralisation :
-du commerce (fin des taxes)
-des services et de la Concurrence dans le domaine agricole.
Seuls, restent des îlots marxistes, toujours hostiles au libéralisme : Cuba, Corée du Nord, Biélorussie, Venezuela, et les dictatures du monde arabo-musulman, du type Libye de Kadhafi…
Illustration de cette unanimité libérale : le Gatt devient l’OMC, en 1995,  regroupant presque tous les pays du monde pour un renforcement du libre-échange entre les Etats y compris au niveau des services  = libéralisation des marchandises et libéralisation de la finance.
La finance devient  en effet complètement mondialisée : après 1993, internet favorise la mondialisation financière. Internet rend plus facile l’achat de produits financiers (achat d'actions dans des bourses étrangères) + possibilité de placer facilement son argent dans les paradis fiscaux, Suisse, Panama, qui deviennent une plaie de la finance mondiale à partir de 1990. Cacher son argent devient facile, et donc tentant. Les paradis fiscaux n'attirent  alors plus seulement les gros dealers de drogue, mais aussi les entreprises et les riches particuliers qui veulent payer moins d'impôts. Exemple des Panama Papers en 2016, qui montrent  l'ampleur de l'évasion fiscale (la somme des évasions fiscales représente en volume 1/3 du PIB mondial, selon Jacques Attali !)

B.  La création du  G20 pour faire face aux échecs de la GEM
1° échec : l'évasion fiscale : Les Etats comprennent qu'ils perdent de leur importance.  Les FTN sont devenues très importantes. Elles manœuvrent parfois  pour échapper au fisc, en pratiquant l' "optimisation fiscale"  (exemple de Google ou Amazon, qui paient leurs impôts en Irlande (taxation à 12%)  et non en France (taxation à  33%). Les Etats, et la GEM, sont   devenus  impuissants face au cynisme des FTN. La finance internationale aussi désobéit aux règles de la GEM. ¼ des revenus des banques françaises sont placés dans des paradis fiscaux.
2° échec : la crise de 2008, liée à  l'imprudence des banques : Au début du XXI° siècle, certaines banques  ont accordé  des crédits douteux, à des foyers peu solvables. (Subprimes). Ces derniers ne parviennent pas à rembourser,  ce qui provoque des faillites bancaires (Lehman Brothers en septembre 2008) et  met en péril le système financier international.  C'est la crise de 2008. Cette crise montre l'échec de la gouvernance mondiale.
 Tentative de réaction avec la création du G20 = élargissement du G7 aux pays émergents  (Le G7 s'est élargi pendant une vingtaine d'année à la Russie, devenant ainsi le "G8", avant que cette même Russie se fasse renvoyer du club, en 2015, du fait de la crise en Ukraine): Carte : le G20 représente 90% de l'économie mondiale. Son rôle est double :
·         lutter contre la crise financière, en empêchant le système bancaire mondial de s'écrouler
·         + lutter contre les paradis fiscaux qui obligent les classes moyennes  à payer seules les impôts (les plus riches pratiquant la fraude fiscale).
Succès relatif : les paradis fiscaux sont plus coopératifs qu'autrefois (Suisse). Mais l'action du G20 reste modérée : les paradis fiscaux sont sermonnés, alors qu'ils devraient subir de vraies sanctions et être, par exemple,  exclus être exclus de l'ONU... En outre, les pays riches, la GB, la ville chinoise de Hong-Kong, l'Etats étasunien du Delaware, sont des paradis fiscaux auxquels le G20 ne s'attaque pas, pour les raisons que l'on imagine.
On a donc une superposition d'acteurs de la GEM, et ils sont tous critiqués :
- Le G7 est un club de pays riches, qui fait un peu double emploi avec le G20.
-Le G20 est accusé de ne pas être assez ferme avec les paradis fiscaux : il est dur avec  le Liechtenstein, qui est petit, mais muet sur la City de Londres, ou sur Hong-Kong en Chine, qui sont aussi des paradis fiscaux, mais des paradis  qui sont membres du G20.
- L'OMC est censée supprimer les barrières douanières pour permettre aux pays du monde entier de profiter de la mondialisation. Mais les USA et surtout la Chine sont accusés de ne pas respecter les règles de l'OMC. La Chine profite de l'OMC pour investir partout à bas prix, mais elle se protège par différentes barrières (monnaie sous-évaluées, règlements discriminatoires, partenariat obligé)

C. L'exaspération de la société civile

Naissance  en 1999 des antimondialistes : manifestation  contre  la dictature des marchés financiers  à Seattle, au cours d’un sommet de l’OMC. + contre le G7 à Gênes en 2001
 Les antimondialistes deviennent alors  les altermondialistes (déf: courant de pensée qui dénonce les effets négatifs de la mondialisation libérale : il entend rendre le monde plus humain et plus soucieux de l’environnement). Leur but : un commerce mondial solidaire, éthique et écologique.
Avec la crise de 2008, naissance d’une société civile mondiale  (Déf : ensemble des acteurs non-gouvernementaux ong syndicats, intellectuels, tentant d’intervenir dans les débats publics.),  capable de débattre sur l’avenir économique et écologique de notre planète. Autre combat de la Soc. Civ.  : taxer les entreprises qui payent des impôts dans des paradis fiscaux = Google ou Amazon.
Exemple  d'action de la société civile : le mouvement "Podemos", en Espagne, réclamant plus de démocratie réelle ("¡democracia real ya!") dans la gouvernance et moins de gestion purement bancaire ou boursière.  Le mouvement touche aussi New York, avec les  "Occupy Wall Street». Tous ces mouvements sont appelés les "Indignés", en référence à l'ouvrage  publié en 2010 par Stéphane Hessel.
Extension en France en avril 2016 = le mouvement "Nuit debout", mais il est accusé de gesticuler, de fumer, et de favoriser l'action des casseurs. Pas de propositions crédibles.
Les  indignés  empêchent  la signature du  TAFTA, traité de libre-échange entre USA et Europe, qui permettrait aux produits agricoles étasuniens d'envahir le marché européen.

La GEM a posé des nouvelles règles en 1945, qui ont permis la forte croissance des pays occidentaux pendant une trentaine d'années, mais le système s'est progressivement grippé.
De nouvelles instances de régulation économique ont été créées, telles que le G20, chargé de réguler les dérives financières, mais ses résultats sont pour l'instant décevants, parce qu'il abrite des pays ayant des intérêts trop différents. La contestation des altermondialistes résonne, elle,  tel un pet de souris devant la puissance et le cynisme des marchés  financiers.

Mais  le tollé de la société civile contre l'éventuelle signature de la TAFTA a toutefois  prouvé que l'opinion publique tolérait  de moins en moins une GEM qui ne profitait  qu'à une minorité déjà privilégiés, alors que le but de la gouvernance économique était, au départ,  d'enrichir l'ensemble de la société.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire