T3Q3 : une gouvernance économique
mondiale depuis 1944
En 1945, 3 bonnes raisons pour adopter un
nouvel ordre mondial. Les désordres économiques
et monétaires durant la crise de 1929. La ruine suscitée par la Seconde
Guerre mondiale (en particulier en Europe,). L’émergence de la prise de
conscience par les EUA. De leur rôle de leadership politico –économique
mondial. Prise de conscience amplifiée
par la conférence de Bretton Woods, au cours de laquelle le dollar devient la
seule monnaie de référence pour le
commerce international. Pour toutes ces raisons, une nouvelle gouvernance
mondiale est adopté sous l'égide des USA à partir de 1945 gouvernance : (mise
en place de règles internationales pour encadrer l'économie et favoriser la
croissance économique mondiale). Comment la gouvernance économique a-t-elle
évolué depuis 1945 et pourquoi cette gouvernance est-elle tellement contestée ?
I.
1944
à 1973 : naissance et développement de la gouvernance économique à l’ombre
de la Guerre froide
A.
Le rôle du FMI
Les USA détiennent les 2/3 du stock d’or.
Avant 1945, les monnaies étaient indexées sur l’or. La France et les autres
pays européens possédaient d’abondantes réserves. Csq : en 1945, les pays d’Europe sont trop appauvris pour
financer leur reconstruction. Les USA comprennent qu’ils doivent réagir pour :
-
Sortir l’Europe de la misère (but économique)
-
Autre but économique : relancer la
croissance aux USA : il est en effet difficile pour un pays de s’enrichir,
lorsque tous ses voisins sont ruinés = idée de « relance
économique ».
-
Eviter que l’Europe ne soit séduite par le
communisme, idéologie à laquelle on adhère par désespoir.
Le FMI : créé en 1945, basé à Washington DC, est chargé d’organiser la coopération
monétaire entre les Etats. Il ne faut pas le confondre avec la BIRD, (« World Bank ») créée en 1945, basée à Washington, qui est
une institution chargée de faire reculer la pauvreté dans le monde, en
accordant des crédits.
Le FMI garantit
la convertibilité des monnaies : chaque monnaie peut être échangée soit
contre de l’or, soit contre des dollars. En 1945, la parité or/dollar est fixe,
ce qui garantit la stabilité et la confiance dans les échanges internationaux. Le
but de cette stabilité monétaire : favoriser la stabilité des échanges
internationaux = favoriser la croissance économique mondiale, élément essentiel
pour la reconstruction
B.
Le rôle de l’OMC (EX - GATT avant
1995)
Conviction partagée à Bretton Woods
selon laquelle le mieux qui puisse arriver pour l’économie mondiale est la multiplication
des échanges internationaux : on veut à tout prix éviter la multiplication
des barrières protectionnistes, comme c'était le cas dans les années 1930. Ces
barrières avaient aggravé la crise, parce que les entreprises ne trouvaient
plus de débouchés à l'export. Le GATT est basé à Genève.
A
partir de 1947, succession de « cycles »
(= des conférences) au cours desquels les droit de douane sont progressivement
abaissé, jusqu’à leur disparition définitive dans les années 1995.
Le
GATT (qui devient OMC en 1995) a donc largement contribué à l’essor des
échanges commerciaux internationaux, et à la croissance économique mondiale au
cours des "Trente Glorieuses".
C.
Bilan du nouveau système monétaire
jusqu’en 1971
1. Des
points positifs :
Forte
croissance du commerce
international = favorisé par accords GATT. Forte croissance PIB mondial.
= période des Trente Glorieuses. Le tout
soutenu par un $ fort et stable et par des crédit importants accordés par la Bird. Bref,
la nouvelle gouvernance économique mondiale a permis l'irruption des
"Trente Glorieuses" au Japon et en Europe de l'Ouest.
2. Des
points négatifs
Jusqu’en
1976, seul le monde occidental est touché car refus total de cette GEM par le
monde communiste et de la Chine. L'Inde
vit, quant à elle, dans une semi-autarcie. Monde nouvellement décolonisé (Afrique,
Asie du Sud-est) moins touché : malgré l’aide au développement (la CNUCED).
Bilan : le FMI et le GATT
favorisent la forte croissance de la « Triade » ; mais ce n'est
pas la seule cause de croissance : le développement de la coopération
économique européenne (la CEE) a également été un facteur expliquant les
"Trente Glorieuses" en Europe.
II.
Une gouvernance économique dirigée par la Triade : 1973 à 1991
A.
L’essoufflement du système
Le système
financier international se grippe vers 1970. 3 raisons
1°
cause de crise : la mauvaise situation
financière des USA : hausse des
dépenses publiques, guerre froide (Course à la lune et G.du Vietnam), les USA se retrouvent
fortement endettées.
2°
cause géopolitique : Guerre entre Israël et les pays arabes, qui entrainent chocs pétroliers de 1973 et de 1979.
3.°
cause de crise : économique La dette du Tiers-Monde s'envole. Forte hausse
de l'endettement des PVD : 8 MM de $ en 1960 → 587 MM en 1980 = dette multipliée par 75.
Explication
: de nombreux pays se sont endettés pour pouvoir exporter des matières
premières (cacao en Côte d'Ivoire). Ces pays sont victimes de la baisse des cours des
matières 1° au cours des années 1960 à 1970
: cas de la Côte d'Ivoire , l'Angola , l'Egypte ou l'Afrique du Sud.
Résultat :
des pays du sud sont en situation de
faillite à la fin des années 1980 : Mexique, Côte d’Ivoire, Zimbabwe,
Jamaïque, Egypte, Brésil, Argentine. (Retenez
le Mexique car la faillite de ce pays,
en 1982, a été très médiatisée)
B.
La réponse à cette crise :
libéralisme et coopération dans les années 1980
1. Libéralisme dans les pays du Sud
La GEM renforce
son autorité sur les pays du Sud, qui sont lourdement endettés. Le FMI exige
l'adoption de "PAS" pour sortir les pays
de leur endettement. = « Programme d’Ajustement Structurel » imposé par le
FMI : le FMI accorde un prêt moyennant des réformes structurelles. Le PAS concerne 31 pays:
-
Baisse de la dépense publique (= licenciements
de fonctionnaires)
-
Privatisation des entreprises
-
Ouverture de l’économie à la concurrence
Ces plans sont très contestés, car ils
ont provoqué du chômage (beaucoup
d'entreprises ont licencié lorsqu'elles ont été privatisées) et l’effondrement
économique (les entreprises locales n'étaient pas armées pour faire face à une
concurrence étrangère qui apportait des produits de meilleure qualité. Il y a
alors eu de nombreuses faillites).
Résultat : Grandes manifestations dans
les années 1980 contre ces programmes d’austérité. Ce qui est contesté, c'est le caractère obligatoire
du PAS : le FMI n'accorde pas de crédit
si les mesures très sévères énumérées ci-dessus ne sont pas appliquées ! L’argent
prêté est en outre avant tout affecté au remboursement de la dette, aux
dépens des dépenses sociales.
2. Libéralisme dans les pays
riches
Parallèlement
au développement du libéralisme dans les pays du Sud, développement du libéralisme
dans les pays du Nord : 1979 : élections de Thatcher et 1981, élections de Reagan = vague libérale, à une époque où le communisme est en
échec. Finalement, les chefs d'Etat de
l'Occident poursuivent le même combat
que le FMI ! → Volonté de limiter au max l’argent public = baisse des aides aux
pays les plus pauvres + baisse des dépenses sociales, moins d'aides aux chômeurs.
Des programmes de privatisation sont lancés dans le monde entier : exemple :
Chirac 1986, qui privatise TF1 et Suez.
3. Coopération entre pays riches
L'autre fait marquant de cette période est la
volonté des pays du Nord de discuter entre eux pour mieux organiser la GEM. A partir
de 1975, réunion annuelle du G6 (France, USA, Japon, RFA, Italie, GB), qui devient
G7 en 1976, avec le Canada = discussion des 7 principaux pays de la Triade
pour résoudre les problèmes économiques et monétaires = En clair, le G7 est une
réunion qui fait de la concurrence :
·
à l’ONU sur le plan politique
·
qui fait concurrence au FMI, sur le plan financier.
·
= 2 formes de GEM, qui aboutissent parfois à
des conclusions opposées.
III. La GEM depuis 1991
A. Le contexte des
années 1990: mondialisation du libéralisme
Mondialisation
économique :
-
1991 : fin de l’URSS et du Bloc de l’Est.
-
A la même époque, la Chine et l'Inde s’ouvrent
au modèle économique libéral. En l'espace de quelques années, tout un groupe de
pays s'ouvre à l'économie de marché. Triomphe du "consensus de Washington» : en 1994
Définition
du consensus de Washington : presque
tous les pays du monde s’entendent sur
la libéralisation :
-du
commerce (fin des taxes)
-des
services et de la Concurrence dans le domaine agricole.
Seuls,
restent des îlots marxistes, toujours hostiles au libéralisme : Cuba, Corée du
Nord, Biélorussie, Venezuela, et les dictatures du monde arabo-musulman, du
type Libye de Kadhafi…
Illustration
de cette unanimité libérale : le Gatt devient l’OMC, en 1995, regroupant presque tous les pays du monde pour
un renforcement du libre-échange entre les Etats y compris au niveau
des services = libéralisation des
marchandises et libéralisation de la finance.
La finance devient en effet complètement mondialisée : après
1993, internet favorise la mondialisation financière. Internet rend plus facile
l’achat de produits financiers (achat d'actions dans des bourses étrangères) + possibilité
de placer facilement son argent dans les paradis fiscaux, Suisse, Panama, qui
deviennent une plaie de la finance mondiale à partir de 1990. Cacher son argent
devient facile, et donc tentant. Les paradis fiscaux n'attirent alors plus seulement les gros dealers de drogue,
mais aussi les entreprises et les riches particuliers qui veulent payer moins
d'impôts. Exemple des Panama Papers
en 2016, qui montrent l'ampleur de
l'évasion fiscale (la somme des évasions fiscales représente en volume 1/3 du PIB
mondial, selon Jacques Attali !)
B. La création du G20 pour faire face aux échecs de la GEM
1° échec :
l'évasion fiscale : Les Etats comprennent qu'ils perdent de leur importance. Les FTN sont devenues très importantes. Elles
manœuvrent parfois pour échapper au fisc,
en pratiquant l' "optimisation fiscale" (exemple de Google ou Amazon, qui paient leurs
impôts en Irlande (taxation à 12%) et
non en France (taxation à 33%). Les
Etats, et la GEM, sont devenus impuissants face au cynisme des FTN. La
finance internationale aussi désobéit aux règles de la GEM. ¼ des revenus des
banques françaises sont placés dans des paradis fiscaux.
2° échec : la
crise de 2008, liée à l'imprudence des
banques : Au début du XXI° siècle, certaines banques ont accordé des crédits douteux, à des foyers peu
solvables. (Subprimes). Ces derniers
ne parviennent pas à rembourser, ce qui
provoque des faillites bancaires (Lehman Brothers en septembre 2008) et met en péril le système financier
international. C'est la crise de 2008. Cette
crise montre l'échec de la gouvernance mondiale.
Tentative de réaction avec la création du G20 = élargissement du G7 aux pays émergents (Le G7 s'est élargi pendant
une vingtaine d'année à la Russie, devenant ainsi le "G8", avant que cette
même Russie se fasse renvoyer du club, en 2015, du fait de la crise en Ukraine): Carte : le
G20 représente 90% de l'économie mondiale. Son rôle est double :
·
lutter contre la crise financière, en
empêchant le système bancaire mondial de s'écrouler
·
+ lutter contre les paradis fiscaux qui obligent
les classes moyennes à payer seules les
impôts (les plus riches pratiquant la fraude fiscale).
Succès relatif : les paradis fiscaux
sont plus coopératifs qu'autrefois (Suisse). Mais l'action du G20 reste modérée
: les paradis fiscaux sont sermonnés, alors qu'ils devraient subir de vraies
sanctions et être, par exemple, exclus être
exclus de l'ONU... En outre, les pays riches, la GB, la ville chinoise de Hong-Kong,
l'Etats étasunien du Delaware, sont des paradis fiscaux auxquels le G20 ne
s'attaque pas, pour les raisons que l'on imagine.
On a donc
une superposition d'acteurs de la GEM, et ils sont tous critiqués :
-
Le G7 est un club de pays riches, qui fait un peu double emploi avec le G20.
-Le
G20 est accusé de ne pas être assez ferme avec les paradis fiscaux : il est dur
avec le Liechtenstein, qui est petit,
mais muet sur la City de Londres, ou sur Hong-Kong en Chine, qui sont aussi des
paradis fiscaux, mais des paradis qui
sont membres du G20.
-
L'OMC est censée supprimer les barrières douanières pour permettre aux pays du
monde entier de profiter de la mondialisation. Mais les USA et surtout la Chine
sont accusés de ne pas respecter les règles de l'OMC. La Chine profite de l'OMC
pour investir partout à bas prix, mais elle se protège par différentes
barrières (monnaie sous-évaluées, règlements discriminatoires, partenariat
obligé)
C. L'exaspération de la société civile
Naissance en 1999 des antimondialistes :
manifestation contre la dictature des marchés financiers à Seattle, au cours d’un sommet de l’OMC. +
contre le G7 à Gênes en 2001
Les antimondialistes deviennent alors les altermondialistes
(déf: courant de pensée qui dénonce les
effets négatifs de la mondialisation libérale : il entend rendre le monde
plus humain et plus soucieux de l’environnement). Leur but : un
commerce mondial solidaire, éthique et écologique.
Avec la crise de 2008, naissance d’une société civile mondiale (Déf : ensemble
des acteurs non-gouvernementaux ong syndicats, intellectuels, tentant
d’intervenir dans les débats publics.), capable de débattre sur l’avenir économique et
écologique de notre planète. Autre combat de la Soc. Civ. : taxer les
entreprises qui payent des impôts dans des paradis fiscaux = Google ou Amazon.
Exemple d'action de la société civile :
le mouvement "Podemos", en
Espagne, réclamant plus de démocratie réelle ("¡democracia real ya!")
dans la gouvernance et moins de gestion purement bancaire ou boursière. Le mouvement touche aussi New York, avec
les "Occupy Wall Street». Tous ces mouvements sont appelés les
"Indignés", en référence à l'ouvrage
publié en 2010 par Stéphane Hessel.
Extension
en France en avril 2016 = le mouvement "Nuit debout", mais il est accusé de gesticuler, de fumer, et
de favoriser l'action des casseurs. Pas de propositions crédibles.
Les
indignés empêchent la signature du TAFTA, traité de libre-échange entre USA et
Europe, qui permettrait aux produits agricoles étasuniens d'envahir le marché
européen.
La GEM a posé des nouvelles règles en 1945,
qui ont permis la forte croissance des pays occidentaux pendant une trentaine d'années,
mais le système s'est progressivement grippé.
De
nouvelles instances de régulation économique ont été créées, telles que le G20,
chargé de réguler les dérives financières, mais ses résultats sont pour
l'instant décevants, parce qu'il abrite des pays ayant des intérêts trop
différents. La contestation des altermondialistes résonne, elle, tel un pet de souris devant la puissance et le
cynisme des marchés financiers.
Mais le
tollé de la société civile contre l'éventuelle signature de la TAFTA a toutefois prouvé que l'opinion publique tolérait de moins en moins une GEM qui ne profitait qu'à une minorité déjà privilégiés, alors que
le but de la gouvernance économique était, au départ, d'enrichir l'ensemble de la société.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire