mercredi 7 juin 2017

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L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance

Le planisphère sur les foyers de peuplement nous rappelle qu’un terrien sur deux vit sur la zone que nous étudierons. Le manque de place dans  cet espace saute aux yeux de tous. D’autant que les richesses naturelles y sont rares (3% du pétrole). Nous n'étudions pas toute l’Asie, mais les 3  foyers de peuplement vus en seconde : Asie sud (Inde et Pakistan), Asie Est (Japon et Chine) et Asie du sud-est (Indonésie, Philippines) = Un peu plus de la moitié de la superficie de l’Asie, qui concentre la totalité de la population de l’Asie moins celles du Moyen-Orient, de l’Afghanistan et de la Sibérie russe.
Quels sont les défis posés par la gestion de l’importante population et de la croissance économique forte  en Asie ?
Après avoir analysé les défis démographiques que l’Asie doit affronter, nous aborderons ceux posés par la croissance économique. Le défi du développement durable sera abordé en 3° partie.

I.                     Les défis démographiques de l’Asie
A. 55% de la population mondiale
L’Asie du Sud et l’Asie  de l’Est constituent  les principaux foyers de peuplement de la planète : 4  milliards d’individus  = 55% de la population mondiale, sur à peine 20% des terres émergées
-          Foyer d’Asie du  Sud = encore plus peuplé que Asie de l’Est : 1.8 milliard d'habitants. Le géant de cet espace est l'Inde  avec 1.25 milliards d'habitants. Pakistan, Bangladesh, Népal sont peu connus mais très peuplés aussi.
-          1.6 milliards d’habitants pour l'Asie de l’Est. Le géant de cet espace est la Chine, avec 1.35 milliards d'habitants. Japon très peuplé aussi, et forte densités à Taïwan ou en Corée.
-          alors que le 3° foyer,  "Asie du Sud-est" est un peu  moins peuplé : 0.6 milliards d’hab ce foyer abrite un géant : l’Indonésie : 250 millions d'habitants, mais les Philippines et le Viêt-Nam sont aussi très peuplés.
-          Au niveau étatique, on remarque que 6 des 10 pays les plus peuplés du monde sont situés là-bas : Chine, Inde, Indonésie (4° pays du monde pour la population, derrière les USA), Pakistan, 6° pays du monde, avec 180 millions d'habitants, Bangladesh, n°8 et Japon n°10.
B. des densités de population très fortes
Evidemment, les densités sont fortes, souvent supérieures à 200 h/km². On dépasse même fréquemment les 300 habitants au km² (325 h/km² au Japon), ce qui nous fait parler de surpopulation. Les records mondiaux sont situés dans des petits pays : 500 h/km² en Corée du Sud ! Plus de 1200 h/km² au Bangladesh. Et ceci, sans compter le fait que ces espaces sont souvent montagneux. Exemple de la Chine : de vastes espaces sont totalement vides d'hommes, à cause des montagnes et des déserts, et la quasi-totalité de la population s'agglutine dans le tiers oriental du pays, où les densités sont souvent supérieures à 600 h/km². Il en va de même au Japon, où la population s'agglutine le long de la mégalopole Tokyo/Kita (100  des 127 millions d'habitants du pays). Le reste du Japon, montagneux, est vide.
« Mégapole » = une grosse ville très peuplée, avec une « métropole », une ville qui abrite des fonctions de commandements. Ne confondez pas non plus avec une « mégalopole », une succession de grandes villes proches les unes des autres.
Les densités sont fortes, d'autant que les populations asiatiques se concentrent souvent dans des grandes villes, qui sont énormes. Exemple : Manille, capitale des  Philippines : Ce pays connait une croissance démographique encore soutenue (3 enfants par femme). De plus, il connait  un exode rural important. La croissance démographique se fait donc au profit des deux îles les plus urbanisées, et surtout au bénéfice de Manille, l'énorme capitale méconnue de 24 millions d'habitants, qui poursuit sa progression ininterrompue. 
C. Une croissance démographique en voie de stabilisatio

Des pays qui connaissent une croissance démographique "à l'Européenne", dans lesquels la population n'augmente pratiquement plus. Asie de l'Est : d'ici à2050 : diminution de la population au Japon (-15%), en Corée du Sud,  et très légère baisse en Chine  = Vieillissement rapide des sociétés des pays d’Asie de l’Est. En Chine, le PCC a décidé d'en finir avec la politique de l’enfant unique, afin de relancer une natalité en berne (1.5 enfant par femme). Le Japon, lui,  avec 1.3 enfants par , est déjà confronté à la « société argentée ».
On remarque donc qu'en Asie de l’Est, les indices de fécondité sont encore inférieurs à ceux de la peu pourtant peu féconde Europe (Taïwan : 1.1 enfants par = record du monde ! Ils sont très loin du 2 enfants par femme français).

Asie du Sud-est et Asie du Sud = faible croissance démographique jusqu’en 2050. IF légèrement supérieur à 2 : atterrissage en douceur vers le régime démographique moderne Indice de Fécondité  = 2.25 enfants/ en Indonésie, à peine supérieur au seuil de renouvellement des générations, qui est de 2.1 enfant par femme idem Viêt-Nam, Thaïlande, Inde = 2.5 enfants par femme. Croissance modérée de la population d'ici à 2050 : Hausse de 25% de la population en Indonésie d’ici à 2050, hausse de + 30% en Inde. Ce n'est pas si énorme en valeur relative, mais, en valeur absolue,  la population de l'Inde augmente quand même de 15 millions d'habitants par an ! (Contre 6 millions d'habitants en plus par an en Chine). En clair, l’Inde va dépasser la Chine dans un futur proche (2023 ?).
Ce ralentissement de la croissance est un soulagement : le Bangladesh est déjà  surpeuplé, avec plus de 1000 h/km², et le pays n'a plus de place pour accueillir une population supplémentaire. Bangladesh : Indice de fécondité de 2.4. La population n'augmente que de 2.5 millions d'habitants pas an, mais où mettre tout cela ? Les  populations les plus pauvres   s’accumulent  dans les slums insalubres (zones inondables de Dacca, la capitale du Bangladesh).

Un groupe de 4 pays qui connaissent encore une croissance démographique soutenue : 2 petits PMA enclavés, Népal et Laos, et deux pays déjà très peuplés, qui ralentissent lentement : Pakistan et Philippines. Là-bas, l’indice de fécondité est encore supérieur à 3 enfants par femme.

Une situation démographique largement stabilisée, surtout si on la compare à celle de l’Afrique, mais le manque de place rend crucial l’arrêt de la croissance démographique. Dans ce contexte, la situation de  l’Asie du Sud inquiète plus que celle de l’Asie de l’Est ou du Sud-Est.
II.                    Les défis de la croissance économique
A.      Un constat : des poids économiques et des niveaux de vie très divers
Le poids démographique peut être un atout pour la croissance économique de l’Asie : main d’œuvre importante, jeune et souvent bien formée, grâce à des universités de plus en plus renommées.
-          Le PIB, c'est-à-dire le poids économique de chaque Etat : sans surprise, le plus gros carré = la Chine (2° puissance économique mondiale), devant le Japon (n°3) et l’Inde (n°10) et la Corée (n°15). Le Japon a été le premier pays à se développer dans la zone, dès le XIX° siècle. Il a entrainé par imitation les autres pays de la région qui ont tenté d’imiter ce modèle économique. Les Asiatiques parlent de « vol d’oie sauvage ».
-          IDH : Cet IDH est élevé dans certains pays qui ont un niveau de vie digne du monde occidental : il s’agit du  Japon, de Singapour et  de Hong Kong, et,  à un degré moindre, de Taïwan et de la Corée du Sud. = les « pays riches » ou "pays du Nord". La Chine, Malaisie  et Thaïlande : entre 0.7 et 0.8 = situation intermédiaire. Des pays relativement pauvres, mais en voie d’enrichissement. Les autres pays sont clairement des pays pauvres. Au Bangladesh, une importante partie de la population urbaine s’agglutine dans les slums. En Corée du Nord, les chiffres ne sont pas fiables et les économistes supposent que le pays vit dans une grande misère, une misère masquée par la propagande stalinienne de l’affreux Kim-Jung-Un.
Dans cet espace, à la fois des pays très riches (Japon, Taïwan, en couleur rouge), et aussi des PMA, comme le Cambodge ou le Népal… Extrême diversité économique des pays de la région. Mais il faut relativiser. En fait, l’Asie abrite peu de pays dont la population est réellement riche. Ainsi, la Chine vogue de succès en succès depuis 40 ans, mais elle part de très bas, et surtout, sa population est si nombreuse qu’il est difficile de répartir équitablement cette richesse qui profite avant tout à une minorité. Concrètement, une bonne partie des Chinois vivote avec des salaires faibles, compris entre 200 et 500 euros par mois. Il en va de même pour les Indiens, les Indonésiens ou les Thaïlandais.
B.      Le défi des pays riches : maintenir un taux de croissance correct
                Japon et Corée du Sud, durement frappés  par la crise, et dont les  chiffres de croissance sont nécessairement plus bas car ces pays ont dès le départ un PIB élevé. Ces deux pays sont en outre concurrencés par tous les pays à bas salaire de la région, ce qui est un handicap important dans des États où les salaires sont, en moyenne,  élevés. Rappelons, en outre, que le Japon est devenu moins compétitif avec la hausse du yen, que le jeune Tsubasa appelait l’ « endaka » et orthographiait  円高不況.
C.      Le défi des pays en développement : réussir à conjuguer la croissance et le développement
+10 % par an. La plus médiatisée des croissances a été celle de la Chine : miracle économique, croissance impressionnante de 1980 à 2012. Mais attention, depuis 2013, la croissance s’est essoufflée ! A peine + 6.8% d’après les chiffres officiels de 2015, qui en plus sont inexacts. On est sans doute proches d'une croissance de +2%. Progressivement, la Chine découvre les problèmes du Japon et de la Corée : comment maintenir un bon taux de croissance quand ses voisins ont des coûts de production plus bas ? Moins médiatisés : l'Inde, le Vietnam et l'Indonésie ont également connu une croissance de ouf au cours de la période.
Idem, à un degré moindre, pour la Malaisie ou la Thaïlande (5 à 10%, ce n'est pas si mal). Bref, quasiment  toute l’Asie du sud et de l'Est est  concernée ! Ces pays appartiennent à un espace qu’on appelle « l’ASEAN ». Dans cette zone, une classe moyenne commence à accéder à la société de consommation
Certains pays accompagnent leur croissance d’un réel développement qui profite à la population : Exemple du Bangladesh : ce pays, accablé par toutes les misères pendant tout le XX° siècle,  est passé de 60 à seulement 30% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. A l’inverse, même dans les pays les plus riches,  la croissance ne profite pas à tous : à Hong Kong,  la ville qui est pourtant la plus riche de Chine, les plus pauvres vivent dans des taudis infâmes, des conditions de vie humiliantes. Le contraste est en effet saisissant en Chine entre l’augmentation continue des revenus des + grosses fortunes , qui donne naissance à une classe sociale avide de produits de luxe (sacs Vuitton, Ferrari) et les salaires restés très bas pour la majorité des autres  emplois, souvent  précaires (rappel : Foxconn : salaires de 200 à 300 €/mois) = un indice de Gini très fort, qui peut créer des tensions sociales.
En Inde, au Pakistan, c’est pareil ! Ces pays ont des  « esclaves pour dettes », exploités par de patrons millionnaires, alors que l’Inde abrite aussi une classe de cadres sup avec un excellent train de vie. Fortes inégalités sociales dans les différents quartiers de la mégapole de Mumbai : encerclés par les slums ; les CBD de Mumbai (« Quartier du fort » et « Bandra-Kurla ») figurent  parmi les quartiers les plus riches du monde.
III.                  Les défis du développement durable en Asie
A.      Le défi de l’essoufflement de la croissance économique
Une 1°  fragilité de la région : l'Asie de l'Est dépend du reste du monde pour sa croissance, qui lui importe des produits manufacturés. La croissance a été forte en Asie parce que les salaires étaient très bas et compétitifs. Mais c'est moins vrai en 2017, les salaires en Chine ont beaucoup augmenté et il est devenu plus intéressant pour un Européen d'investir en Bulgarie ou au Maroc qu’en Chine ou en Corée. Les gouvernements de ces pays asiatiques  redoutent que les Occidentaux cessent d’investir chez eux, ce qui risquerait  d'entraîner des tensions sociales graves.
Beaucoup de pays essaient alors de créer une croissance autonome, axée sur le marché intérieur, et de moins dépendre de l’extérieur. Les Chinois doivent s’habituer à fabriquer des jouets pour leurs propres enfants, et non plus uniquement pour le marché occidental.
B.      Le défi du manque de terres
C’est l’autre conséquence de l’enrichissement de la région : des populations plus riches mangent plus et exploitent donc davantage de terres agricoles. En même temps, des populations plus riches vont revendiquer des logements plus spacieux, qui vont provoquer naturellement l’agrandissement des villes, au détriment des terres agricoles. Il se trouve que les mégapoles les plus peuplées du monde sont déjà situées en Asie. Elles sont souvent beaucoup plus compactes que les mégapoles étasuniennes. Résultats : une forte densité humaine dans ces villes : des logements serrés, des moyens de transports saturés, des infrastructures de loisirs également saturées, comme le prouvaient les images de la piscine de Tokyo.
Le phénomène du manque de place est aggravé sur les côtes par la littoralisation (90% des échanges internationaux se font par la mer). Les populations se déplacent vers les zones littorales de l’Asie, qui sont alors envahies de nouveaux habitants, alors que l’intérieur des terres se vide. Ainsi, l’ouest de la Chine est désertique, alors que la côte est surpeuplée. Partout en Asie, le phénomène de littoralisation est flagrant. On peut rappeler l’exemple de Mumbai, qui attaque la mangrove des alentours pour s’agrandir.
Comment trouver de nouveaux espaces en bord de mer ? Le japon a adopté des solutions coûteuses en construisant sur la mer : des terre-pleins (rappel : aéroport d’Osaka). Et comment faire face au manque de terres arables : les meilleures terres partent en effet dans la spéculation foncière : les pays à fortes densités (Japon, Corée, Bangladesh, Viêt-Nam) grignotent leurs terres arables et leurs forêts. C'est notamment vrai à cause des mégapoles qui s'agrandissent aux dépens des terres agricoles, comme le montre la photo d'Hanoi, au Viêt-Nam. Et que peut-on penser de l'Indonésie, qui sacrifie l'immense île forestière de Bornéo pour développer des champs de palmiers à huile.
Au final, beaucoup de pays asiatiques  sont obligés d’importer leur nourriture. Résultats : Chinois, Indiens, Sud-Coréens  achètent des terres agricoles partout dans le monde, et notamment en Afrique de l'Est. Cette situation est une forme d’impérialisme, qui profite peut aux pays africains  qui louent leur terre. Ce n’est en aucun cas une solution durable.
C.      Le défi du manque de ressources naturelles
Manque de ressources naturelles : la Chine est  largement pourvue en pétrole et en charbon, mais elle est obligée de mettre son territoire sous tension pour fournir de l’énergie à toute son immense  population  exemple : barrage des Trois Gorges, immense, qui a  altéré l’environnement local. Idem pour le charbon largement utilisé en Asie et  qui rejette du Co² (Idem au Japon, en Corée Indonésie, Taïwan).
La plupart des États d’Asie (Inde, Japon, Viêt-Nam, Bangladesh) sont dépendants de l’extérieur pour leur ravitaillement en source d’énergie. Cette dépendance serait encore plus forte en cas de brusque envolée du coût des matières premières (à la suite d’une guerre, par exemple), qui accroitrait encore la dépendance de la région envers le reste du monde. Cette dépendance explique  l’amabilité extrême des Chinois pour des régimes peu recommandables, comme le Soudan ou l’Iran : ces pays sont des pourvoyeurs de terres agricoles. En outre, l’utilisation du charbon entraine une pollution extrême : tableau liste des villes les plus polluées du monde : presque toutes en Asie : New Delhi dégage 20 x plus de CO² que Paris.
Prise de conscience du problème, dans toute l’Asie de la nécessité de ne pas dépendre uniquement des sources d’énergie fossiles, pour des raisons stratégiques (ils n’ont pas de pétrole) et pour des raisons humaines (ces pays suffoquent déjà devant l’ampleur de la pollution). Certains pays développent l’économie verte. Le Japon est en pointe dans la lutte contre la pollution, et la Chine s’y est mis aussi depuis 15 ans, développant  des véhicules électriques, des panneaux photovoltaïques et des éoliennes….

Une zone du monde peuplée et prospère, mais qui souffre d'importantes inégalités, et qui a bâti une croissance destructrice de l'environnement. Ces pays sont confrontés à un perpétuel défi posé par leur enrichissement dans des zones surpeuplées, ce qui crée des tensions sur les terres et les ressources naturelles. La Chine est emblématique de l’ambiguïté des politiques asiatiques  à l'égard du développement durable : d'un côté, elle promeut une croissance économique propre et fait de la protection de l'environnement une priorité nationale. De l'autre, elle abandonne la politique de l'enfant unique et souhaite relancer sa natalité, ce qui ne manquera pas, à moyen terme,  de faire augmenter la pression sur l'espace foncier chinois. 

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