mercredi 7 juin 2017

Géographie, Mobilité, flux et réseaux de la mondialisation, TES

Mobilité, flux et réseaux de la mondialisation
La première mondialisation est celle des Grandes Découvertes aux XVe et XVIe siècles, la deuxième correspond à la révolution industrielle au XIXe siècle. Nous en sommes déjà à la troisième mondialisation. À chacune d’entre elles, l’espace s’est davantage livré, ouvert, unifié. On assiste à une mise en relation des différentes parties du monde permettant à ce dernier de fonctionner comme un système, la mondialisation est réalisée par des flux. La mondialisation consiste en un  processus de mise en relation des différentes parties du monde par l'intensification des flux (Elle engendre une intégration différenciée des territoires dans un monde de plus en plus interdépendant).
Les flux, les mobilités, les réseaux sont donc à la base de la mondialisation. Ils font la mondialisation. Étudier leur fonctionnement, c’est donc étudier le fonctionnement de la mondialisation. Quel rôle jouent ces mobilités, ces flux, ces réseaux dans le fonctionnement de la mondialisation ? Les mobilités ont explosé, quels qu’en soient le type ou l’échelle. Les flux de toute nature s’effectuent désormais au niveau mondial à une vitesse et une fréquence jamais atteintes. Des réseaux à hautes performances rendent possibles ces migrations et ces échanges.

I-                    Les mobilités
A-     Economiques et politiques
La mobilité des hommes a triplé depuis les années 1980, que ce soit pour les migrations de réfugiés, pour les mobilités touristiques ou pour les mobilités professionnelles.
Le processus de la mondialisation se caractérise  par des flux migratoires de plus en plus importants. Les pays occidentaux attirent les immigrés venus du monde entier, à cause de leur bon niveau de vie, notamment. Ainsi, le continent européen a subi l'arrivée de 1.2 million d'immigrés clandestins venus d'Afrique et du Moyen-Orient en 2015, ce qui représente 31.5% de l'ensemble des arrivées mondiales de migrants. Cet  attrait est liée au bon niveau de vie des Européens et aux prestations sociales généreuses offertes à ses résidents, quelles qu'en soient l'origine. De plus, l'Europe  est un foyer riche et facile d'accès  à côté de zones répulsives qui subissent de vives tensions: l'Afrique et le Moyen-Orient. D'autre part, le flux de migrants vers les USA concerne 19.7% des migrations mondiales. Il se fait essentiellement par la voie terrestre, à travers l'immense frontière (3100 km) entre les États-Unis et le Mexique.
                Mais les flux migratoires ne concernent pas seulement des habitants de pays pauvres fuyant vers des pays riches. Ces personnes qui s'exilent pour améliorer leurs conditions de vie sont appelées des migrants économiques. A leurs côté, on trouve aussi les migrants politiques : ce sont des personnes qui émigrent avant tout pour sauver leur vie  qui est menacée dans leur pays d'origine du fait de la guerre ou d'une situation politique tendue. Cette catégorie de migrants émigre souvent vers le pays voisin, qui est souvent pauvre lui aussi, parce que lorsqu'on veut sauver sa vie, on n'a pas toujours le temps d'échafauder des projets subtils permettant de s'exiler vers des pays au cadre de vie agréable. Ainsi, des milliers de Congolais ont fui la guerre vers les pays voisins très pauvres du Burundi ou de l'Ouganda. La plupart des réfugiés syriens ont  émigré vers des pays voisins à la Syrie : Liban, Turquie  ou Jordanie, parfois même Irak.
                L’ampleur du phénomène migratoire provoque l’élection de chefs d’État qui promettent de stopper ce mouvement :
-          Election de Trump aux USA, qui promet de fortifier la frontière avec le Mexique
-          Mur de Viktor Orban en Hongrie, pour protéger son  pays de l’afflux d’immigrés venus des Balkans.

B-      Touristiques

A côté de ces mobilité migratoires, qui sont définitives, et qui se réalisent souvent dans des conditions  dramatiques, on trouve les migrations touristiques, qui sont beaucoup plus légères, et qui surtout sont éphémères, puisque le séjour à l'étranger se limite souvent à quelques jours.
Dans ce type de flux, on assiste au phénomène inverse : ce sont souvent des populations issues de pays riches qui se rendent vers des pays moins riches. On peut donner l'exemple d’Européens qui partent en vacances en Égypte ou d’Etasuniens allant en villégiature au Mexique. Mais ce mouvement est, au final, minoritaire : les mobilités touristiques se sont plus généralement d'un pays riche vers un autre  pays riche : Etats-Unis, Italie, Espagne, France ou Autriche sont des destinations très touristiques. La plupart des vacanciers se rendent en effet en priorité dans des pays dits "sûrs", depuis que la vague terroriste islamiste a détourné les touristes des pays musulmans comme la Tunisie ou la Turquie.
Enfin, avec l'enrichissement des populations des pays émergents, on constate l'essor touristes venus des BRICS : Russes, Brésiliens, Indiens ou Chinois sont de plus en plus nombreux à visiter des pays étrangers. Il s'agit de plus souvent de touristes à fort pouvoir d'achat.

C-      Professionnelles

Il nous faut aussi parler des mobilités professionnelles. Les mobilités professionnelles concernent notamment les élites qualifiées : des ingénieurs qui s'expatrient pour un contrat, des travailleurs frontaliers, qui font la navette auprès d'une entreprise du pays voisin (Alsaciens en Allemagne, Lorrains au Luxembourg).
                Les pays du Sud sont, en outre,  touchés par la "fuite des cerveaux" ou "brain drain" : c'est le départ des meilleurs élèves des meilleurs facs de  certains pays (Inde, Europe de l'Est), courtisés par des universités prestigieuses qui veulent recruter les meilleurs élèves du monde. Ce phénomène se traduit par un départ d'une élite qui serait pourtant très utile pour permettre le développement des pays émergents. Ainsi, la plupart des médecins kenyans n'exercent pas au Kenya, mais dans des pays à haut niveau de vie comme l'Australie, les USA ou la Grande-Bretagne.

II-                  Les flux
Les flux sont de natures variés : ils concernent des produits finis, des matières premières et des capitaux.
A-     Les flux marchands
                Ce sont les pays du Nord, à fort pouvoir d’achat, qui consomment le plus et c’est  donc vers eux que les flux marchands se dirigeront en priorité. Mais, avec l’émergence de certains pays du Sud, les flux commerciaux se répartissent de façon plus équilibrée qu'autrefois : ainsi, la Chine est devenu le 1° pays acheteur de voitures.
                Les flux de matières premières et d’hydrocarbures sont un sous-élément des flux marchands. Ils se font encore majoritairement des pays du sud, où se trouvent les principaux gisements (pétrole du Venezuela ou du Moyen-Orient) vers les pays du Nord, gros consommateurs (USA = 25% de la consommation de pétrole pour à peine 5% de la population mondiale).

B-      Les flux financiers

                Mais les flux qui brassent le plus de devises sont les flux financiers. Depuis les années 1990, ils ont pris des proportions gigantesques : leur montant représente 50 fois le montant du volume des flux commerciaux. Les flux financiers  peuvent être de deux natures :
-          Les flux de capitaux, qui se concentrent avant tout dans les pays riches, et surtout aux Etats-Unis : qui abritent le NYSE et le NASDAQ : commerce d’actions, d’obligations, de SICAV, d’or ou de devises se font à une échelle mondiale depuis qu’internet relie les différents marchés financiers entre eux.
-          Les flux d’IDE permettent aux grandes FTN d’étendre leur influence à l’échelle mondiale. Ces flux  peuvent être motivés par la recherche de bas coûts de production  (Renault qui s’installe au Maroc) ou par la recherche d’une clientèle nouvelle (le suédois IKEA ouvrant un magasin en France).
Mais qu'ils soient marchands ou financiers, les flux touchent en priorité les pays les plus développés de la planète.



C-      Les flux traversent le monde et les pôles  

Les principaux pôles commerciaux sont l'Europe et l'Asie-Pacifique. L’Europe est le principal pôle mondial d’émission et de réception de flux. Sa particularité est d’échanger avant tout au sein même de sa propre zone (67% des échanges) : des exportations automobiles allemandes vers la France ou des exportations agricoles françaises vers la Belgique, ceci en vertu du libre-échange propre au traité de l’UE.
                Le pôle asiatique est devenu presque aussi important que le pôle européen. Et le montant des flux échangé y augmente à un rythme plus élevé que partout ailleurs. En Asie, les flux commerciaux se dirigent pour moitié à l'intérieur de la zone asiatique (Des jouets chinois exportés en Corée ou au Japon) et pour moitié à l'extérieur de la zone asiatique (Des jeux vidéo japonais exportés vers l'Europe).
                L'Amérique du Nord est le 3° pôle. Mais le volume de ses échanges y est trois fois moins important qu'en Europe (2097 milliards de dollars d'exportations de marchandises contre 6320 milliards de dollars en Europe en 2014) 
                Le Moyen-Orient compte uniquement grâce à l'exportation des hydrocarbures, exportés à 90% à l'extérieur de la zone moyen-orientale.
                Les pôles sud-américains et africains sont en retrait, mais ils progressent rapidement et leurs flux se font en priorité avec l'Asie, l'Europe et l'Amérique du Nord.


III-                Les réseaux
La mondialisation aboutit à un monde qui se connecte en de multiples réseaux : les réseaux sont l'ensemble des relations complexes qui existent entre les différents acteurs de la mondialisation.
A-     Des réseaux matériels
                Réseaux matériels : les flux de marchandises ont fortement augmenté. Les individus et les marchandises  se dispersent dans  le monde entier, grâce à des infrastructures qui facilitent  leurs déplacements.
                 Sur terre, les autoroutes se sont développées dans le monde entier. Longtemps décrié, le réseau autoroutier d'Europe de l’Est, par exemple, s'est développé  dans le cadre des grands investissements de l'UE, sur la base des fonds du FEDER. De vastes routes transcontinentales sont en construction, reliant l'Europe à la Chine, l'Afrique du Nord à l'Afrique subsaharienne, la côte Est à la côte ouest de l'Amérique du Sud, à travers le Brésil.
                Les réseaux aériens se sont également améliorés, aidés en cela par la multiplication des hubs, qui fluidifient et rationnalisent le transport aérien, tout en faisant diminuer les coûts. Les hubs de Roissy, Heathrow ou Chicago sont parmi les plus importants. Enfin, les réseaux portuaires se sont modernisés et agrandis, permettant au commerce international de prospérer, notamment dans les grands hubs portuaires d'Asie orientale (Ningbo, Shanghai ou Singapour).


B-      Des réseaux immatériels

                Les réseaux immatériels sont aussi en pleine croissance : c'est le cas des systèmes de localisation par satellites : GPS, téléphonie, internet est le réseau par excellence utilisé pour les flux de capitaux.
                Outre les flux de capitaux, internet favorise aussi  les réseaux sociaux.  Facebook, par exemple, permet  à des millions d’individus solitaires de découvrir  qu’ils ont des centaines d’amis. Les réseaux immatériels organisent en effet nos loisirs : les chaînes de télé venues du monde entier diffusent  une variété de loisirs et d’information : la RAI italienne, CNN et Al-jazzera du Qatar propose une offre variée. Quant à Youtube, il agit comme un réseau qui se substitue progressivement à la télé. Les gesticulations farfelues du sud-coréen « Psy » ont fait le buzz dans le monde entier depuis 2012 et le clip a été visionné plusieurs milliards de fois grâce à ce réseau gratuit. Nous pouvons aussi donner l'exemple du réseau Twitter.



C-      Des réseaux humains

Enfin, évoquons les réseaux humains : développons  deux réseaux humains notoires :

                -Les réseaux mafieux : de nombreux lieux de contacts existent  entre les lieux de production (Maroc et Colombie pour la drogue) et les lieux de consommation : Europe et Amérique du Nord, notamment. Autour de la Méditerranée, des  mafias organisent le passage des clandestins vers les pays du Nord : réseaux albanais organisant le passage de la Turquie vers l’Europe, avec des points de passage ciblés : Lampedusa, littoral espagnol…

                -Les réseaux ethniques ou diasporas concernent les groupes ethniques qui se regroupent en-dehors de leur territoire d'origine : la plus célèbre de ces diasporas  est celle des Chinois, disséminés dans les grandes métropoles des pays riches et surtout dans les pays d'Asie du Sud-est (Indonésie, Thaïlande). On peut aussi  évoquer  la diaspora maghrébine en Europe de l'Ouest ou le  réseau d'immigrés indiens en Europe et en Amérique du Nord.  Parfois la diaspora concerne des retraités qui s'exilent au soleil : comme ce  récent réseau de Français qui migrent au Portugal pour y passer  une retraite moins coûteuse qu'en France.

Les flux de marchandises, de capitaux, d’informations et les mobilités de personnes, profitant de réseaux ultra-modernes, mettent ainsi en relation presque tous les lieux de la planète. Les flux de la mondialisation intègrent des parties sans cesse croissantes de l’espace terrestre. Jamais comme aujourd’hui l’expression « village global » (MacLuhan) n’a pris tout son sens. Réseaux et flux ont provoqué un changement dans la perception de l’espace, lequel est davantage un espace-temps. Cette accessibilité renforcée des différents lieux du monde ne signifie pas pour autant une uniformisation de celui-ci : chacun reste soi, mais désormais plus connecté à l’autre que jamais dans l’histoire.





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