Thème 3 : dynamiques
géographiques de grandes aires continentales
L’Amérique, puissance du nord, affirmation du Sud
Le continent américain : entre tensions et
intégrations régionales
Les îles Caïmans : paradis des Antilles, vivant du tourisme et de
l’activité bancaire, l’un des pays les plus riches du monde. A quelques
dizaines de km de là, Haïti est un PMA, qui ne se relève pas du séisme de 2010.
Pauvreté extrême : bidonvilles, violence font de ce pays un angle mort de
la mondialisation. Même continent, même zone, mais 2 mondes différents (Somalie/Suisse).
Que de contrastes, alors qu'on est dans le même cadre géographique et
climatique ! Quels sont les
contrastes et les dynamiques du continent américain ?
I- Un développement inégal,
source de tensions
A. Une Amérique riche : Am. du Nord et paradis fiscaux des
Antilles
Forts contrastes
sociaux entre l'Amérique riche et
pauvre. Entre 0.8 et 0.915 : Les USA sont l'un des pays les plus riches du monde,
par habitants + puissance politique majeure de notre époque. Canada : pays très
riche également, grâce à ses richesses naturelles et à ses entreprises
dynamiques + quelques micro-États d'Amérique Centrale, qui font aussi partie
des pays riches : Bahamas, Caïmans. Peuvent également être considérés comme riches : des îlots
de prospérité dans les pays du Sud : les riches gated-communities d’Amérique
latine : Sao Paulo, Buenos Aires.
B. Une Amérique du Sud qui se développe : essor des classes
moyennes au Mexique, Chili, Brésil
Entre 0.73 et 0.8
: L'Argentine et le Chili ont un IDH élevé, mais le niveau de vie est nettement
inférieur à celui des USA. Mexique, Pérou, Brésil se sont enrichis depuis 20
ans et une classe moyenne est apparue. Ces pays sont considérés comme des pays "émergents".
Nombreuses richesses naturelles et liens commerciaux dynamiques vers l'Amérique
du Nord. Attention : le cliché « Nord = produit fini, Sud = matières
premières » s’estompe : Canada et USA exportent biens agricoles,
Brésil exporte aussi produits high-tech (avions). Dans ces pays, les inégalités
sociales sont très fortes et entrainent des tensions ! Les populations
marginalisées se retrouvent dans des réseaux mafieux violents.
C. Les exclus du développement : PMA et populations
ghettoïsées inf à 0.73
Certains pays
d'Amérique centrale sont pauvres. 1 PMA = Haïti, situation catastrophique.
Situation très difficile à Cuba. Pauvreté et violence extrême dans certains
pays d'Amérique centrale : Nicaragua, Guatemala, Salvador, Honduras. Les liens
commerciaux vers l'Amérique du Nord
concernent surtout des matières premières (bananes) et des produits
illicites : drogue, émigration, mafias diverses.
Il est faux de dire que les USA se
désintéressent des pays les plus pauvres Aide humanitaire. + Envoi de revenus des
immigrés vers leur pays d'origine = 1/3 du PIB d'Haïti. En outre, lutte contre
le trafic de drogue menée par les États-Unis
Mais dans chaque pays, des poches de
pauvreté importantes qui abritent les exclus du territoire : bidonvilles
brésiliens ou mexicains, ghettos dangereux des mégapoles des USA. A l'inverse,
il existe des poches de richesses en Amérique centrale : complexes touristiques
à Cuba, Jamaïque, Rép. Dominicaine.
II. Les différents types de tensions sur le continent américain
Un continent en apparence
« paisible » par rapport à l’Asie ou l’Afrique : A peine 4
langues parlées par plusieurs millions de personnes (F, GB, E, P), des langues
indoeuropéennes. Peu de conflits religieux : la plupart des Américains,
sont chrétiens (d’obédience très diverses, il est vrai).
A.
Des tensions internes : conflits ethniques,
groupes marxistes, cartels de drogue.
Des conflits
ethniques, chaque peuple est souvent une mosaïque ethnique : Noirs, blancs,
métis, Amérindiens, Asiatiques sur la côte Ouest du Canada. Entraîne
quelquefois des tensions ethniques
.Exemple : les blancs sont souvent en haut de l'échelle sociale en Amérique du
Sud, ce qui entraine le ressentiment des populations amérindiennes (qui étaient
les premiers occupants du continent) avec un vote amérindien : Morales en
Bolivie, est le porte-parole d'un peuple qui a eu l'impression d'avoir été acculturé.
Les dialectes amérindiens sont tous menacés. Idem aux
États-Unis, où les tribus sioux, apaches, dakotas ont l'impression de
perdre leur identité.
Les Noirs ont
parfois l’impression que la justice est plus sévère avec eux :
exemple : les émeutes de Fergusson, en août 2014, après l’annonce d’un
policier non inculpé après avoir tué un Noir. Le racisme a toutefois reculé. Prise
de conscience de l'égalité des races depuis Martin Luther King (1968), mais les
tensions demeurent palpables.
En Amérique du
Sud : pas de conflits religieux comme en Afrique, mais une longue tradition de
guerre civile : exemple : "Sentier lumineux" au Pérou, dan les années
1980, guérilla marxiste au Nicaragua, au Salvador, en Colombie. Mais les
tensions s'apaisent : accords de paix signé par les FARC en novembre 2016,
mettant fin à un conflit vieux de plus de 50 ans, les FARC : force armée
révolutionnaire de Colombie. Au départ (années 1940) : il s'agissait d'un mouvement
marxiste qui réclamait une plus grande justice sociale, une réforme agraire.
C'est peu à peu devenu un mouvement terroriste, qui pratiquait les prises d'otage et le trafic de Cocaïne.
Les Farcs ont causé la mort de dizaines de milliers de morts depuis 50 ans. La
paix signée devrait permettre d'intégrer la Colombie dans la mondialisation.
Les guérillas
d'Amérique du Sud ont développé des réseaux de vente de drogue redoutables qui
détruisent l'ambiance des grandes villes. Mexique, Brésil, USA : guerre
des gangs : fait fuir les investisseurs, et décourage les touristes. (Exemple
la ville frontalière de Ciudad Juarez au Mexique) La Colombie, le Venezuela, la
R.D. et le Guatemala, les Etats les plus dangereux. Taux d'homicide très élevé.
Au Mexique, situation contrastée : le pays est globalement
attractif : Cancún, Mexico, mais les zones de délinquance ternissent
l’image du pays. Aussi, en 2006, le président mexicain Caldreon a lancé la
guerre contre les cartels de drogue qui se battaient pour alimenter le marché
des USA : but permettre à des cités ravagée par ce trafic de retrouver la
sérénité : exemple : Acapulco, la « St Trop des années 1960 »,
gangrénée par la délinquance, a vu fuir sa clientèle touristique. Déjà 80 000
morts, notamment dans des règlements de compte. Guerre souvent spectaculaires,
avec des narcotanks. Exemple : fin 2014 : disparition de 43 étudiants,
massacrés par les membres d'un cartel.
Points communs de ces tensions : elles
sont exprimées par des populations qui ont le sentiment d'avoir été victimes
d'injustices sociales ou ethniques.
B.
Des conflits entre États
sud-américains
Continent sans
guerre récente. Pas de conflits religieux comme en Afrique, malgré longue
tradition de guerre civile : + des rivalités frontalières:
Exemple de la Colombie et du Venezuela:
Liées à la frontière amazonienne : très difficile à surveiller. Favorise les
activités illicites de groupes mafieux, dans ces zones difficiles d'accès :
recherche d’or, coupe illégale de bois. Faites à la frontière pour échapper aux
forces de l'ordre. En août 2015, 3 militaires vénézuéliens sont blessés par des
trafiquants colombiens, entrainant la fermeture de la frontière pour 60 jours.
Tension exagérée par le fait que la Colombie est une alliée des USA, alors que
le Venezuela est défiant + tension sur le partage de la ZEE avec le Venezuela.
Tensions d'autant plus vive que la zone recèle du pétrole. A l'est du Venezuela, tension avec le Guyana pour le
contrôle du pétrole. Le Venezuela réclame 70% du territoire guyanais !
Le cas particulier de la Bolivie : a
perdu sa frontière maritime en 1883 à la suite d'une guerre avec le Chili.
Procès devant la CIJ. Rupture des relations depuis 50 ans, le plus vif des
conflits en Amérique du Sud. La Bolivie réclame un corridor pour obtenir un
accès maritime et avoir un accès à la mondialisation. La Bolivie ne dispose même
pas d'un accès fluvial, comme l'Autriche.
C.
Des conflits entre sud-américains et
Nord-Américains
Chez beaucoup
d'étudiants sud-américains : "bolivarisme», admiration pour Che Guevara et
ressentiment à l'égard des USA accusés d'avoir exploité les richesses de
l'Amérique autrefois. Exemple : Certains Colombiens voient dans les
narcotrafiquants des défenseurs de la fierté sud-américaine face à la puissance
militaire étasunienne.
Les
Sud-Américains sont donc souvent critiques envers les Etasuniens : Ils
dénoncent leur "arrogance du riche". Le peuple mexicain est souvent
aigri à l'égard des "gringos".
Les touristes sont perçus comme imbus. Cancún et un peu dépravés, lorsque les
jeunes organisent des fêtes débridées. L'histoire explique en partie ce
sentiment d'amertume. Les Étasuniens longtemps ont longtemps adopté une
politique impérialiste à l'égard du reste du continent. Ils s'étaient arrogé le
droit d'intervenir dans les affaires intérieures des pays sud-américains, pour
le maintien de la paix dans le continent. Coup d'État contre Allende au Chili
en 1973, parce qu'il avait nationalisé des biens étasuniens.
Les
Sud-Américains sont également aigris par la façon dont sont traités leurs
migrants, très nombreux à émigrer aux USA. Cantonnés à des travaux mal payés, victimes
d’arrestations humiliantes avec des bavures. Quant aux Américains, ils reprochent
aux migrants d’apporter des trafics
illicites : drogue et criminalité. L'élection de Trump a aggravé ce
sentiment. Ce dernier réclame la construction d'un mur financé par le Mexique. Inacceptable
pour les Mexicains + Trump renvoie au
Mexique les immigrés ayant commis des actes illégaux. Csq : manifestations de
colère au Mexique contre la politique hostile menée par Trump. Les critiques
sont aussi économiques : Trump dénonce les délocalisations des entreprises vers
la Mexamerica.
En définitive, les Etats hostiles aux
USA se regroupent dans l’ALBA : Cuba, Dominique, Venezuela,
Nicaragua ...Total : 8 Etats-membres à travers le continent
américain : union des Etats socialistes d’Amérique. L’ALBA se veut un
contrepoids à l’impérialisme étasunien. Bolivie et Venezuela ont réussi à
sortir partiellement Cuba de l’isolement dont il était l’objet depuis 50 ans.
Mais influence économique limitée de ce groupe de pays. La politique économique
de l'ALBA est souvent proche du marxisme, elle manque donc d’efficacité, et le Venezuela traverse
actuellement une grave crise économique. En outre, l'ALBA est en perte de vitesse depuis que les USA se sont
rapprochés de Cuba (12-2014). Il n'a plus vraiment de raisons d'être. Mais il pourrait
connaître un regain de dynamisme avec l'élection de Trump.
III. Une intégration freinée par l'inégal développement
En Europe, une
seule organisation, très intégrée, l’UE, qui a vocation à regrouper tout le
continents, et qui, de facto, englobe déjà les ¾ des Etats. Amérique = système
plus éclaté : 3 associations majeures et 7 associations secondaires, peu
importantes.
Il existe toutefois une volonté de
coopération à l'échelle du continent avec le "sommet des Amériques" :
tous les 4 ans depuis 1994. Réunion des 34 pays d'Amérique pour parler de
politique relative au contient américain. Coup d'éclat au 7° sommet d'avril
2015 : poignée de main historique entre le Cubain Castro et Obama, poignée de
main qui enterrait enfin la guerre froide sur le continent.
A. Les limites de l'ALENA
A peine 3 Etats, mais la moitié de la superficie
américaine. 21 m de km² et 485 millions
d’habitants. 21 000 milliards de PIB =domination écrasante, 84% du PIB de
l'Amérique.
1. Une
coopération transfrontalière dynamique :
Frontière
Canada USA : « main street America » entre les USA et le
canada : coopération de très grande ampleur entre les 2 Etats. La plupart
des métropoles canadiennes sont proches
de la frontière (Vancouver, Toronto…)
Frontière entre
le Mexique et les USA : échanges économiques et humains très importants.
Originalité de l'ALBA : l'organisation regroupe deux Etats riches, à
frontière ouverte et un Etat du sud : le Mexique. Le Mexique a profité de
sa position de pays à bas salaire pour attirer beaucoup d’IDE le long de la
frontière : la "Mexamerica" avec de
nombreux usines ateliers : on parle de « maquiladoras ». Le
Mexique a triplé ses exportations vers les USA et le Canada depuis 20 ans.
Mais la frontière mexicaine est encore
une frontière entre le "Nord" et le "Sud" économique : la
frontière est partiellement « fermée » dans un sens : Les USA
ont peur de l’émigration et de la drogue mexicaine. Nourrit un sentiment de
ressentiment.
2.
Une association puissante, mais inégale :
Inégalité politique : poids des
USA très supérieur aux deux autres pays. Qui connait le nom du président
mexicain ou du Premier ministre canadien ?
Inégalité économique :
idem : pas de monnaie unique, à cause de la supériorité du $ à laquelle il
faut s’adapter. Les USA ont un PIB 10 X plus élevé que celui du Canada.
Inégalité culturelle : les
Mexicains sont des "latinos", de langue espagnole et souvent
d'origine amérindienne (métissée). Ils se sentent exclus, bons à exécuter les tâches
à bas salaires des deux voisins. Au sein de l'Alena, les marchandises circulent
librement, mais pas les humains. Le poids de Facebook sur le continent, 1°
réseau social dans tous les pays du continent.
Sentiment partagé au Mexique : l'Alena
a provoqué un réel développement économique, mais les Mexicains éprouvent un sentiment d’invasion, d’impérialisme
économique. Sur le plan agricole : les USA ont envahi le marché mexicain
avec leurs produits subventionnés, au détriment des agriculteurs locaux. Il
faut dire que ce sentiment est général sur le continent américain.
Une organisation contestée depuis
quelques mois : le nouveau président Trump remet en cause son bien-fondé,
accusant l'ALENA de privilégier à l'excès le Mexique, qui profite de ses bas
salaires pour aspirer les emplois
étasuniens dans le cadre des délocalisations.
B. Les limites du
Mercosur
A peine 6 Etats de taille
inégale : 2 géants : Brésil et Argentine et 3 petits pays
hispaniques : Venezuela, Uruguay et Paraguay. La Bolivie a rejoint
récemment cet ensemble : total : 11 M de km² et 300 millions d’habitants
1.
Les atouts du Mercosur
Une Union qui représente les 2/3 de l’Amérique du Sud et 83 % du
PIB de l’Amérique du Sud, d’autant que
les autres pays d’Am sud y sont associés (sauf le Surinam): Le Mercosur
regroupe des territoires immense, riche en matières premières, et faiblement
peuplés (Argentine et Brésil = des pays
presque vides) réservoir de place, dans
un monde de plus en plus surpeuplé,
atout géo environnemental : immenses réserves de matières premières
agricoles et naturelles.
Des objectifs ambitieux : une
zone de libre-échange + une politique extérieure commune, Volonté d’harmonisation
des législations (transport, etc.).
Intégration géoculturelle forte malgré
des différences ethniques : à la frontière avec le Brésil se développe une
sorte de langue véhiculaire, le portunhol :
mélange linguistique permettant entre l'espagnol et le portugais, qui permet aux
Hispaniques de communiquer avec les Brésiliens
2.
Les faiblesses du Mercosur
A peine 11% du
PIB américain (contre 84% pour l'Alena) : mais faiblesse géoéconomique :
le libre-échange ne concerne que les 2/3 des produits de cette zone : une association
économique faiblement intégrée, si on la compare à l’UE.
Faiblesse politique : pas
d’harmonisation des politiques monétaires ou économiques. Le Mercosur reste une
zone de libre-échange.
Dissymétrie entre le géant brésilien
et ses petits voisins, qui ont peur d'être dissous par ce gros pays. Le Paraguay, Uruguay, la Bolivie sont de plus en
plus satellisés (programme télé avec beaucoup de séries brésiliennes, par
exemple), et la population de ces petits pays développe un sentiment
d'hostilité à l'égard du puissant Brésil, accusé d'impérialisme.
C. Les
limites des autres associations
12 autres associations régionales = C’est
beaucoup trop ! Toutes ces
divisions entrainent des faiblesses.
"Caricom" : union
économique de la plupart des îles Caraïbes, sauf Cuba, RD, Porto-Rico = 15
États caribéens anglophones. Réunit des pays minuscules, que l'on connaît à
peine : La Dominique, Trinidad, La Grenade, Ste-Lucie, le Suriname
MCCA (« marché commun
centre-américain »): 5 petits pays continentaux d’Amérique centrale, sauf
Panama et Mexique. Là aussi, des pays dont on parle peu : Honduras, Salvador,
Nicaragua..
Caricom et MCCA sont des unions
de petits Etats, qui ne pèsent pas vraiment à l’échelle mondiale.
L' "AP",
"Alliance du Pacifique" : il s'agit d'une association régionale neuve
(née en 2011), créée avant tout pour contrebalancer le poids du Mercosur et
pour sortir le Chili et le Pérou de leur isolement. Cette AP pourrait être revigorée avec l'entrée
du Mexique, pays mortifié par la politique de Trump. S'agit-il d'une
association en devenir, ferment d'une union des Etats sud-américain dont
beaucoup de jeunes de ces pays appellent de leurs vœux ?
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