mardi 13 juin 2017

Géographie, Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales, TES

Thème 3 : dynamiques géographiques de grandes aires continentales
L’Amérique, puissance du nord, affirmation du Sud
Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales
Les îles Caïmans : paradis des Antilles, vivant du tourisme et de l’activité bancaire, l’un des pays les plus riches du monde. A quelques dizaines de km de là, Haïti est un PMA, qui ne se relève pas du séisme de 2010. Pauvreté extrême : bidonvilles, violence font de ce pays un angle mort de la mondialisation. Même continent, même zone, mais 2 mondes différents (Somalie/Suisse). Que de contrastes, alors qu'on est dans le même cadre géographique et climatique ! Quels sont les contrastes et les dynamiques du continent américain ?
I- Un développement inégal, source de tensions
A. Une Amérique riche : Am. du Nord et paradis fiscaux des Antilles
Forts contrastes sociaux  entre l'Amérique riche et pauvre. Entre 0.8 et 0.915 : Les USA sont l'un des pays les plus riches du monde, par habitants + puissance politique majeure de notre époque. Canada : pays très riche également, grâce à ses richesses naturelles et à ses entreprises dynamiques + quelques micro-États d'Amérique Centrale, qui font aussi partie des pays riches : Bahamas, Caïmans. Peuvent également  être considérés comme riches : des îlots de prospérité dans les pays du Sud : les riches gated-communities d’Amérique latine : Sao Paulo, Buenos Aires.
B. Une Amérique du Sud qui se développe : essor des classes moyennes  au Mexique, Chili, Brésil
Entre 0.73 et 0.8 : L'Argentine et le Chili ont un IDH élevé, mais le niveau de vie est nettement inférieur à celui des USA. Mexique, Pérou, Brésil se sont enrichis depuis 20 ans et une classe moyenne est apparue. Ces pays sont considérés comme des pays "émergents". Nombreuses richesses naturelles et liens commerciaux dynamiques vers l'Amérique du Nord. Attention : le cliché « Nord = produit fini, Sud = matières premières » s’estompe : Canada et USA exportent biens agricoles, Brésil exporte aussi produits high-tech (avions). Dans ces pays, les inégalités sociales sont très fortes et entrainent des tensions ! Les populations marginalisées se retrouvent dans des réseaux mafieux violents.
C. Les exclus du développement : PMA et populations ghettoïsées inf à 0.73
Certains pays d'Amérique centrale sont pauvres. 1 PMA = Haïti, situation catastrophique. Situation très difficile à Cuba. Pauvreté et violence extrême dans certains pays d'Amérique centrale : Nicaragua, Guatemala, Salvador, Honduras. Les liens commerciaux vers l'Amérique du Nord  concernent surtout des matières premières (bananes) et des produits illicites : drogue, émigration, mafias diverses.
Il est faux de dire que les USA se désintéressent des pays les plus pauvres Aide humanitaire. + Envoi de revenus des immigrés vers leur pays d'origine = 1/3 du PIB d'Haïti. En outre, lutte contre le trafic de drogue menée par les États-Unis
Mais dans chaque pays, des poches de pauvreté importantes  qui abritent  les exclus du territoire : bidonvilles brésiliens ou mexicains, ghettos dangereux des mégapoles des USA. A l'inverse, il existe des poches de richesses en Amérique centrale : complexes touristiques à Cuba, Jamaïque, Rép. Dominicaine.
II. Les différents types de tensions sur le continent américain
Un continent en apparence « paisible » par rapport à l’Asie ou l’Afrique : A peine 4 langues parlées par plusieurs millions de personnes (F, GB, E, P), des langues indoeuropéennes. Peu de conflits religieux : la plupart des Américains, sont chrétiens (d’obédience très diverses, il est vrai).


A.      Des tensions internes : conflits ethniques, groupes marxistes, cartels de drogue.
Des conflits ethniques, chaque peuple est souvent une mosaïque ethnique : Noirs, blancs, métis, Amérindiens, Asiatiques sur la côte Ouest du Canada. Entraîne quelquefois  des tensions ethniques .Exemple : les blancs sont souvent en haut de l'échelle sociale en Amérique du Sud, ce qui entraine le ressentiment des populations amérindiennes (qui étaient les premiers occupants du continent) avec un vote amérindien : Morales en Bolivie, est le porte-parole d'un peuple qui a eu l'impression d'avoir été acculturé. Les dialectes amérindiens sont tous menacés.  Idem aux  États-Unis, où les tribus sioux, apaches, dakotas ont l'impression de perdre leur identité.
Les Noirs ont parfois l’impression que la justice est plus sévère avec eux : exemple : les émeutes de Fergusson, en août 2014, après l’annonce d’un policier non inculpé après avoir tué un Noir. Le racisme a toutefois reculé. Prise de conscience de l'égalité des races depuis Martin Luther King (1968), mais les tensions demeurent palpables.
En Amérique du Sud : pas de conflits religieux comme en Afrique, mais une longue tradition de guerre civile : exemple : "Sentier lumineux" au Pérou, dan les années 1980, guérilla marxiste au Nicaragua, au Salvador, en Colombie. Mais les tensions s'apaisent : accords de paix signé par les FARC en novembre 2016, mettant fin à un conflit vieux de plus de 50 ans, les FARC : force armée révolutionnaire de Colombie. Au départ (années 1940) : il s'agissait d'un mouvement marxiste qui réclamait une plus grande justice sociale, une réforme agraire. C'est peu à peu devenu un mouvement terroriste, qui pratiquait  les prises d'otage et le trafic de Cocaïne. Les Farcs ont causé la mort de dizaines de milliers de morts depuis 50 ans. La paix signée devrait permettre d'intégrer la Colombie dans la mondialisation.
Les guérillas d'Amérique du Sud ont développé des réseaux de vente de drogue redoutables qui détruisent l'ambiance des grandes villes. Mexique, Brésil, USA : guerre des gangs : fait fuir les investisseurs, et décourage les touristes. (Exemple la ville frontalière de Ciudad Juarez au Mexique) La Colombie, le Venezuela, la R.D. et le Guatemala, les Etats les plus dangereux. Taux d'homicide très élevé. Au Mexique, situation contrastée : le pays est globalement attractif : Cancún, Mexico, mais les zones de délinquance ternissent l’image du pays. Aussi, en 2006, le président mexicain Caldreon a lancé la guerre contre les cartels de drogue qui se battaient pour alimenter le marché des USA : but permettre à des cités ravagée par ce trafic de retrouver la sérénité : exemple : Acapulco, la « St Trop des années 1960 », gangrénée par la délinquance, a vu fuir sa clientèle touristique. Déjà 80 000 morts, notamment dans des règlements de compte. Guerre souvent spectaculaires, avec des narcotanks. Exemple : fin 2014 : disparition de 43 étudiants, massacrés par les membres d'un cartel.
Points communs de ces tensions : elles sont exprimées par des populations qui ont le sentiment d'avoir été victimes d'injustices sociales ou ethniques.
B.      Des conflits entre États sud-américains
Continent sans guerre récente. Pas de conflits religieux comme en Afrique, malgré longue tradition de guerre civile : + des rivalités frontalières:
Exemple de la Colombie et du Venezuela: Liées à la frontière amazonienne : très difficile à surveiller. Favorise les activités illicites de groupes mafieux, dans ces zones difficiles d'accès : recherche d’or, coupe illégale de bois. Faites à la frontière pour échapper aux forces de l'ordre. En août 2015, 3 militaires vénézuéliens sont blessés par des trafiquants colombiens, entrainant la fermeture de la frontière pour 60 jours. Tension exagérée par le fait que la Colombie est une alliée des USA, alors que le Venezuela est défiant + tension sur le partage de la ZEE avec le Venezuela. Tensions d'autant plus vive que la zone recèle du pétrole. A l'est du Venezuela, tension avec le Guyana pour le contrôle du pétrole. Le Venezuela réclame 70% du territoire guyanais !
Le cas particulier de la Bolivie : a perdu sa frontière maritime en 1883 à la suite d'une guerre avec le Chili. Procès devant la CIJ. Rupture des relations depuis 50 ans, le plus vif des conflits en Amérique du Sud. La Bolivie réclame un corridor pour obtenir un accès maritime et avoir un accès à la mondialisation. La Bolivie ne dispose même pas d'un accès fluvial, comme l'Autriche.
C.      Des conflits entre sud-américains et Nord-Américains
Chez beaucoup d'étudiants sud-américains : "bolivarisme», admiration pour Che Guevara et ressentiment à l'égard des USA accusés d'avoir exploité les richesses de l'Amérique autrefois. Exemple : Certains Colombiens voient dans les narcotrafiquants des défenseurs de la fierté sud-américaine face à la puissance militaire étasunienne.
Les Sud-Américains sont donc souvent critiques envers les Etasuniens : Ils dénoncent leur "arrogance du riche". Le peuple mexicain est souvent aigri  à l'égard des "gringos". Les touristes sont perçus comme imbus. Cancún et un peu dépravés, lorsque les jeunes organisent des fêtes débridées. L'histoire explique en partie ce sentiment d'amertume. Les Étasuniens longtemps ont longtemps adopté une politique impérialiste à l'égard du reste du continent. Ils s'étaient arrogé le droit d'intervenir dans les affaires intérieures des pays sud-américains, pour le maintien de la paix dans le continent. Coup d'État contre Allende au Chili en 1973, parce qu'il avait nationalisé des biens étasuniens.
                Les Sud-Américains sont également aigris par la façon dont sont traités leurs migrants, très nombreux à émigrer aux USA. Cantonnés à des travaux mal payés, victimes d’arrestations humiliantes avec des bavures. Quant aux Américains, ils reprochent  aux migrants d’apporter des trafics illicites : drogue et criminalité. L'élection de Trump a aggravé ce sentiment. Ce dernier réclame la construction d'un mur financé par le Mexique. Inacceptable pour les Mexicains  + Trump renvoie au Mexique les immigrés ayant commis des actes illégaux. Csq : manifestations de colère au Mexique contre la politique hostile menée par Trump. Les critiques sont aussi économiques : Trump dénonce les délocalisations des entreprises vers la Mexamerica.
En définitive, les Etats hostiles aux USA se regroupent dans l’ALBA : Cuba, Dominique, Venezuela, Nicaragua ...Total : 8 Etats-membres à travers le continent américain : union des Etats socialistes d’Amérique. L’ALBA se veut un contrepoids à l’impérialisme étasunien. Bolivie et Venezuela ont réussi à sortir partiellement Cuba de l’isolement dont il était l’objet depuis 50 ans. Mais influence économique limitée de ce groupe de pays. La politique économique de l'ALBA est souvent proche du marxisme, elle manque donc  d’efficacité, et le Venezuela traverse actuellement une grave crise économique. En outre, l'ALBA est en perte  de vitesse depuis que les USA se sont rapprochés de Cuba (12-2014). Il n'a plus vraiment de raisons d'être. Mais il pourrait connaître un regain de dynamisme avec l'élection de Trump.
III. Une intégration freinée par l'inégal développement
En Europe, une seule organisation, très intégrée, l’UE, qui a vocation à regrouper tout le continents, et qui, de facto, englobe déjà les ¾ des Etats. Amérique = système plus éclaté : 3 associations majeures et 7 associations secondaires, peu importantes.
Il existe toutefois une volonté de coopération à l'échelle du continent  avec le "sommet des Amériques" : tous les 4 ans depuis 1994. Réunion des 34 pays d'Amérique pour parler de politique relative au contient américain. Coup d'éclat au 7° sommet d'avril 2015 : poignée de main historique entre le Cubain Castro et Obama, poignée de main qui enterrait enfin la guerre froide sur le continent.
A. Les limites de l'ALENA
A  peine 3 Etats, mais la moitié de la superficie américaine. 21 m de km² et 485  millions d’habitants. 21 000 milliards de PIB =domination écrasante, 84% du PIB de l'Amérique.
1. Une coopération transfrontalière dynamique :
Frontière  Canada USA : « main street America » entre les USA et le canada : coopération de très grande ampleur entre les 2 Etats. La plupart des métropoles  canadiennes sont proches de la frontière (Vancouver, Toronto…)
Frontière entre le Mexique et les USA : échanges économiques et humains très importants. Originalité de l'ALBA : l'organisation regroupe deux Etats riches, à frontière ouverte et un Etat du sud : le Mexique. Le Mexique a profité de sa position de pays à bas salaire pour attirer beaucoup d’IDE le long de la frontière : la "Mexamerica"  avec  de nombreux usines ateliers : on parle de « maquiladoras ». Le Mexique a triplé ses exportations vers les USA et le Canada depuis 20 ans.
Mais la frontière mexicaine est encore une frontière entre le "Nord" et le "Sud" économique : la frontière est partiellement « fermée » dans un sens : Les USA ont peur de l’émigration et de la drogue mexicaine. Nourrit un sentiment de ressentiment.
2.       Une association puissante, mais inégale :
Inégalité politique : poids des USA très supérieur aux deux autres pays. Qui connait le nom du président mexicain ou du Premier ministre canadien ?
Inégalité économique : idem : pas de monnaie unique, à cause de la supériorité du $ à laquelle il faut s’adapter. Les USA  ont un PIB 10  X plus élevé que celui du Canada.
Inégalité culturelle : les Mexicains sont des "latinos", de langue espagnole et souvent d'origine amérindienne (métissée). Ils  se sentent exclus, bons à exécuter les tâches à bas salaires des deux voisins. Au sein de l'Alena, les marchandises circulent librement, mais pas les humains. Le poids de Facebook sur le continent, 1° réseau social dans tous les pays du continent.
Sentiment partagé au Mexique : l'Alena a provoqué un réel développement économique, mais les Mexicains éprouvent  un sentiment d’invasion, d’impérialisme économique. Sur le plan agricole : les USA ont envahi le marché mexicain avec leurs produits subventionnés, au détriment des agriculteurs locaux. Il faut dire que ce sentiment est général sur le continent américain.
Une organisation contestée depuis quelques mois : le nouveau président Trump remet en cause son bien-fondé, accusant l'ALENA de privilégier à l'excès le Mexique, qui profite de ses bas salaires pour aspirer  les emplois étasuniens dans le cadre des délocalisations.

B. Les limites du Mercosur
A peine 6 Etats de taille inégale : 2 géants : Brésil et Argentine et 3 petits pays hispaniques : Venezuela, Uruguay et Paraguay. La Bolivie a rejoint récemment cet ensemble : total : 11 M de km² et  300  millions d’habitants

1.       Les atouts du Mercosur

Une Union qui représente  les 2/3 de l’Amérique du Sud  et 83 % du PIB  de l’Amérique du Sud, d’autant que les autres pays d’Am sud y sont associés (sauf le Surinam): Le Mercosur regroupe des territoires immense, riche en matières premières, et faiblement peuplés (Argentine et Brésil = des  pays presque vides)  réservoir de place, dans un monde  de plus en plus surpeuplé, atout géo environnemental : immenses réserves de matières premières agricoles et naturelles.
Des objectifs ambitieux : une zone de libre-échange + une politique extérieure commune, Volonté d’harmonisation des législations (transport, etc.).
Intégration géoculturelle forte malgré des différences ethniques : à la frontière avec le Brésil se développe une sorte de langue véhiculaire, le portunhol : mélange linguistique permettant entre l'espagnol et le portugais, qui permet aux Hispaniques de communiquer avec les Brésiliens

2.       Les faiblesses du Mercosur
A peine 11% du PIB américain (contre 84% pour l'Alena) : mais faiblesse géoéconomique : le libre-échange ne concerne que les 2/3 des produits de cette zone : une association économique faiblement intégrée, si on la compare  à l’UE.
Faiblesse politique : pas d’harmonisation des politiques monétaires ou économiques. Le Mercosur reste une zone de libre-échange.
Dissymétrie entre le géant brésilien et ses petits voisins, qui ont peur d'être dissous par ce gros pays. Le  Paraguay, Uruguay, la Bolivie sont de plus en plus satellisés (programme télé avec beaucoup de séries brésiliennes, par exemple), et la population de ces petits pays développe un sentiment d'hostilité à l'égard du puissant Brésil, accusé d'impérialisme.  
C. Les limites des autres associations
12  autres associations régionales = C’est beaucoup trop ! Toutes ces  divisions entrainent des faiblesses.
"Caricom" : union économique de la plupart des îles Caraïbes, sauf Cuba, RD, Porto-Rico = 15 États caribéens anglophones. Réunit des pays minuscules, que l'on connaît à peine : La Dominique, Trinidad, La Grenade, Ste-Lucie, le Suriname
MCCA  (« marché commun centre-américain »): 5 petits pays continentaux d’Amérique centrale, sauf Panama et Mexique. Là aussi, des pays dont on parle peu : Honduras, Salvador, Nicaragua..
Caricom et MCCA  sont des unions de petits Etats, qui ne pèsent pas vraiment à l’échelle mondiale.


L' "AP", "Alliance du Pacifique" : il s'agit d'une association régionale neuve (née en 2011), créée avant tout pour contrebalancer le poids du Mercosur et pour sortir le Chili et le Pérou de leur isolement.  Cette AP pourrait être revigorée avec l'entrée du Mexique, pays mortifié par la politique de Trump. S'agit-il d'une association en devenir, ferment d'une union des Etats sud-américain dont beaucoup de jeunes de ces pays appellent de leurs vœux ?  

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