mardi 13 juin 2017

Géographie, Le continent africain face au développement et à la mondialisation, TES

Le continent africain face au développement et à la mondialisation

Une Afrique de 700 millions d'habitants en 1995, mais qui aura probablement 3 milliards d'habitants à la fin du XXI° siècle. Comment doit-on envisage  une telle explosion démographique ? D'un côté, celle-ci est un atout, dans le cadre de la mondialisation, car un espace plus peuplé est un espace qui a davantage de chances de susciter l'intérêt des investisseurs, mais d'un autre côté, une telle explosion démographique complique la tâche des politiques qui veulent développer harmonieusement leur territoire. Il n'en demeure pas moins que, malgré des difficultés importantes, certains pays d'Afrique se développent, depuis de nombreuses années, et tentent de s'intégrer à la mondialisation. Comment les États africains se développent-ils et comment l'Afrique parvient-elle à s’intégrer dans  la mondialisation ?
I.                    Un continent peu développé et à l'écart du monde
A.    Des difficultés économiques

Le titre de  René Dumont : « L’Afrique est mal partie » (publié en 1960, au moment de l’indépendance) s’est avéré tristement prémonitoire pour les 67  années qui ont suivi.

Analysons les 3 variables de l'IDH :
-          PIB par habitants (1° variable de l’IDH) parmi les plus bas du monde : Exemple de la RDC ou du Rwanda, en bas de classement. Dans certains pays (Somalie), la comptabilité de la richesse est même devenue impossible
-          Espérance de vie : assez faible (sauf au Gabon) : cause : mortalité infantile très élevée (116‰ au Mali), s’explique premièrement, par des infrastructures sanitaires insuffisantes et à cause de la prolifération de maladies, qui donnent le paludisme, la dengue, la maladie du sommeil, la poliomyélite, ravages du sida
-          Indicateur du taux d’analphabétisme mauvais, lui aussi.
→ L’IDH est donc bas, car IDH = combinaison des trois facteurs + fécondité trop forte. L’Afrique est un continent qui présente des difficultés économiques et sociales très importantes.

B. Un continent souvent à l'écart de la mondialisation

Montre le faible poids de l’Afrique dans l’économie mondiale : environ 2 à 3% du PIB mondial, (selon la façon dont on compte les richesses), ce qui est très peu, d'autant que plus du tiers du PIB du continent africain est réalisé par un seul pays : l’Afrique du Sud. Ce chiffre est toutefois en progrès depuis quelques années.
Idem carte des 500  plus  grandes FTN : l'Afrique en est quasiment-absente. Seule, la FTN  d'extraction minière "De Beers" (Afrique du Sud) est classée, autour de la 500° place mondiale.

C. Des difficultés politiques

Des difficultés internes liées à la personnalité du chef d’Etat : Sur le plan intérieur, Les dictateurs ubuesques des années 1970 sont devenus moins nombreux, (Années 70 = l’ « empereur Bokassa I° », « Idi Amin Dada », aux politiques clownesques) mais il y en a encore : Mugabe, Al-Bashir… Dictateurs à  l’origine de massacres, et qui prospèrent en toute impunité. + De vieux crocodiles qui s’accrochent au pouvoir depuis des décennies, comme Paul Biya au Cameroun. La France a longtemps été critiquée pour avoir soutenu des dictatures, en échange d'avantages économiques. On a parlé de "Françafrique". Exemple : le Gabon. Le président Bongo a vu défilé les présidents français avec lesquels il a à chaque fois signé d'importants contrats économiques, au détriment de la morale.
Il y a donc peu de démocraties en Afrique. Ce sont souvent : des "démocratie de façade» : ex : Algérie, avec des élections périodiques, mais qui sont truquées, et qui laissent  prospérer des régimes corrompus.

Des difficultés internes liées à des conflits civils. Ces conflits peuvent provenir de mésententes interethniques. Au Rwanda, l’ethnie hutue, majoritaire, détestait l’ethnie tutsie, minoritaire et elle a organisé son génocide méthodique en 1994 : 500 000 morts ! Les conflits peuvent aussi être liés à des causes religieuses : persécutions des chrétiens par les fanatiques musulmans au Nord du Nigeria, au Nord du Cameroun, en Égypte...

Des difficultés politiques qui favorisent des conflits : De nombreux pays sont victimes de troubles importants, parfois de guerre civile : Somalie, RDC, Nigeria, Mali, avec Aqmi, Libye, Maroc, avec le Polisario.
En outre, la production de drogue nuit à l’attractivité de certains pays : Maroc, Nigeria, Afrique du Sud. De vastes zones d’Afrique sont déconseillées aux ressortissants français.
II.                  Des signes d'amélioration pour l'Afrique
A.      Le poids des richesses naturelles

Namibie, Gabon, Libye : ces pays ont un PIB par hab. meilleur grâce à leurs richesses naturelles. L’Afrique détient 54 % des réserves de platine et 78% des réserves de diamants. Les pays de l’Afrique australe sont particulièrement valorisés : Afrique du Sud, Namibie, Botswana, riche en diamants, connaissent un début de développement + Autre atout : des pays touristiques : Namibie (rencontres avec la tribu Herrero et avec les peu vêtues  Himbas), parcs naturels d’Afrique du Sud ou du Kenya  + les îles  Maurice et Seychelles.
De plus, l’économie est avant tout tirée par les richesses énergétiques, forestières (ou agricoles) et minières. On parle d' « économie de rente » : cas de l’Algérie, de la Libye, du Nigeria et de l’Angola pour les hydrocarbures. Ces pays sont parfois surnommés les « lions africains », même s’ils restent fragiles. Autre exemple : RDC, très riche en diamants, coltan (minerai indispensable pour fabriquer les téléphones), et cobalt, mais ces  richesses naturelles  profitent  à des mafias. La riche Afrique du Sud exploite aussi  ses richesses minières : chrome, or, platine, charbon.
D’autres pays se spécialisent dans l’agriculture d’exportation : cas de la Côte d’Ivoire pour les produits agricoles : cacao, noix de cajou et café. Kenya, (Thé), café en Ethiopie.
Cette situation entraîne 3 faiblesses :
- Ces pays sont alors dépendants de l’évolution des cours des matières premières.
- la structure de l’emploi : peu d’emplois qualifiés dans l’agriculture,
- l’exploitation des richesses naturelles encourage la corruption par les gouvernements qui gèrent la rente. (Exemple de Kadhafi en Libye ou de Mobutu en RDC dans les années 1980), d’autant que certains pays dépendent exclusivement de ladite rente : 99.8% des exportations de l’Angola sont liées au pétrole.

B. Résultat : le continent se développe et  suscite des convoitises

Forte croissance du PIB  des Africains. Croissance en valeur relative et en valeur absolue.  La croissance est tirée par l’envolée des exportations. Quelques pays exportent aussi des biens manufacturés : Maroc, en sa zone franche de Tanger (Renault), Tunisie (Textile), Afrique du Sud = textile, agroalimentaire, automobile (BMW 287) 
Hausse continue des IDE venus des pays riches en direction de l’Afrique, malgré un ralentissement en 2008, lié à la crise. Exemple : terminaux conteneurs, câbles, autoroutes, et campagne d’électrification de l’Afrique (projet : énergies pour l’Afrique). + Modernisation de l’agriculture africaine, grâce aux ingénieurs agronomes  indiens.
Principal client de l’Afrique : la Chine : elle  modernise les infrastructures du continent : routes en Ethiopie, trains en RDC, le tout en échange de permis miniers ou forestiers. L'Éthiopie est devenu un lieu d'importants investissements textiles : les Chinois profitent des faibles coûts salariaux en Éthiopie pour délocaliser leurs entreprises et produites des vêtements à bas prix.
De nombreuses entreprises chinoise investissent en Afrique et créent des emplois. Mais ces emplois sont souvent mal payés. De plus, les Africains dénoncent le « land grabing » des Chinois Malgré ces tensions, les investissements chinois créent de l’activité économique en Afrique et favorisent son développement. Attention : les IDE ne concernent pas tous les pays ! Il faut un minimum de stabilité politique pour attirer les IDE. Ethiopie, oui, Somalie, non.
Créativité des Africains eux-mêmes ! Qui créent leur propre réseau économique à partir de matériaux de récupération : voitures, fours à bois…Nombreuses PME dans les pays du golfe de Guinée.
De nombreux pays ont connu de la croissance économique depuis 10 ans et connaissent un début d’enrichissement : Mozambique, Angola, Ghana, Ethiopie, Namibie. Concerne surtout l’Afrique anglophone, lusophone et chrétienne.

C. L’émergence de la culture africaine

Regain d’intérêt pour la culture africaine,  notamment grâce à la diaspora immigrée en Europe :
-          Sport : football africain, la CAN suscite un intérêt mondial, qualité des athlètes kenyans ou éthiopiens, réputation du rugby sud-africain
-          Carte Hatier anamorphose : Atout de l’Afrique : la double culture : au niveau linguistique : coexistence de langues locales et de langues d’origines européennes. Ce bilinguisme langues d’Afrique / Langue d’Europe donne naissance à une culture originale
-          Musique : Touré Kounda, Staff Benda Bilili, Manu Dibango
-          Une littérature africaine : le Sénégalais Sedhar Senghor, la BD ivoirienne  « Aya de Yopougon » de  Marguerite Abouet
-          Emergence d’un cinéma africain : « Nollywood » : 1000 fictions par an, en anglais  + cinéma Burkinabé → Ouagadougou = capital du cinéma africain francophone  =  « Ouagawood » +  ciné égyptien en langue arabe + inutile de mentionner "Wakaliwood", de la daube venue de l'Ouganda
-          Sur le plan intellectuel, apparition d’ingénieurs africains, une élite instruite, qui forme un début de classe moyenne, dans certains pays. Les écoles africaines n'ont pas de réputation internationale, mais la scolarisation progresse  à grands pas dans la quasi-totalité des pays d'Afrique. Le taux d'alphabétisation dépasse les 80% dans les pays d'Afrique australe (Zimbabwe, Botswana, Afrique du Sud, Namibie..), mais il est encore inférieur à 30% dans certains pays du Sahel...

D. Amélioration au niveau démographique

Comparaison démographie en 1980 et en 2010, dans un certain nombre d’Etats. La baisse est réelle dans une bonne partie de l’Afrique. Les pays à explosion démographique (plus de 5 enfants par femme) sont devenus rares et sont concentrés dans la zone du Sahel et au Nigeria. Le Nigeria, géant démographique de l’Afrique, reste un problème car sa population croît trop vite. Il sera le 3° pays le plus peuplé du monde en 2050.
Certains pays sont mêmes moins de 3 enfants par : Maurice, Tunisie, Afrique du Sud et Maroc
Progrès de la scolarisation : dans la plupart des Etats d’Afrique, les filles scolarisées comprennent comment maitriser leur corps. Les campagnes de prévention contre le sida. Internet, qui diffuse l’information dans les coins les plus reculés. Bouleversement démographique en cours dans de nombreuses régions.
Certains pays connaissent un début de croissance économique, favorisé par le ralentissement de la croissance démographique.


III.                 Mais de nombreux défis à relever :
A.    Défi urbain  

1990 : Europe = Afrique : 700 millions d’habitants. 1 milliard d’Africain depuis 2011 ! Et 3.6 milliards  en 2100.
Problème de l’Afrique : a connu un siècle d’explosion démographique. Pop x 5 entre 1960 et 2000. Record mondial de croissance Malgré un ralentissement, problème de répartition de la population. Risques : la population africaine reste malgré tout encore très jeune, et l’exode rural se poursuit vers les grandes mégapoles : Lagos, Kinshasa, Abidjan … deviennent des mégapoles monstrueuses
Cas du Niger : explosion démographique se poursuit et manque d’espace lié aux progrès du désert.
→ Où va se concentrer la population ?
→ Phénomène général : elle aboutit dans les mégapoles, qui deviennent immenses et inhumaines
Exemple de Lagos (25 millions d'habitants), Abidjan ou Kinshasa. 18 mégapoles dont la population a doublé depuis 1995 !
Ces villes doivent gérer les problèmes humains : délinquance, chômage et les problèmes pratiques : rareté des infrastructures médicales, routières, sanitaires + manque d’égouts. Ce phénomène explique les vagues migratoires des Africains à destination de l’Europe.

B.    Défis alimentaires

Problème  lié à l’explosion démographique : le manque de nourriture. Dans beaucoup de pays, plus du quart de la population reste sous-alimentée.
Le % de personnes sous-nourries diminue faiblement en Afrique, la « corne de l’Afrique » est particulièrement touchée. Ce phénomène refait la « Une » de l’actualité en mars 2017 :
-          1° cause : l’explosion démographique qui crée une pression sur les richesses existantes. L’augmentation de la population oblige à fractionner les champs, et les champs petits sont plus difficiles à rentabiliser
-          2° cause : les guerres, qui saccagent les récoltes : cas de la « Corne d’Afrique » (Somalie, Erythrée, Soudan du Sud), qui a faim depuis 40 ans.
-          3°  Cause climatique : cause plus conjoncturelle. Les Africains souffrent au moindre aléa climatique, car ils n’ont pas de marge de manœuvre : leurs petites parcelles ne leur permettent  souvent pas d'épargner pour acheter des machines agricoles





C. Des défis  au niveau  environnemental
1.       Le recul des forêts

2 vastes massifs forestiers : Afrique équatoriale, Madagascar → Forêt pillée
-          Soit  par les autochtones eux-mêmes : pression démographique et pauvreté : encourage la déforestation, le braconnage, la conso de viande de brousse → Détruit l’écosystème africain.
-          Soit par les FTN étrangères, notamment chinoises, qui profitent de la corruption des politiques pour exploiter les forêts au-delà du raisonnable. Accord Chine Mali en 2012 : la Chine fournit un hôpital en échange de la permission d’exploiter une forêt au sud du pays.  = Bénéfice réduit pour une altération maximale du patrimoine naturel.
-          Les richesses halieutiques sont détruites dans le même esprit. (pêcheurs chinois au Sénégal, voir thème 2).

2.       Le recul des steppes
-          hausse de la désertification au Sahel.
-          Au niveau animalier : les espèces emblématiques de l’Afrique sont toutes menacées : rhinocéros, éléphants : mafias qui s’attaquent aux parcs  sécurisés (Kruger en Afrique du Sud.)

3.       La difficulté du recyclage
-          Pauvreté entraîne des villes encore plus sales, qui n’ont pas les moyens de recycler leurs déchets. Peu de stations d’épuration : les saletés sont rejetés dans le  fleuve (Nil) ou à la mer.

D.  Le défi de l'intégration régionale

Afrique  divisée : des guerres, finalement assez rares, mais beaucoup tensions, avec frontières fermées. Des tensions entretenues par les fanatiques islamiste qui rendent dangereuse toute la moitié nord de l’Afrique  = un frein pour l’attractivité de ces pays. Exemple : Nord du Nigeria, Nord du Cameroun, Mali…
Face à ces désaccords, quelle politique régionale adopter ? Il n’y a pas  d’association régionale crédible. Il y a l' « Union africaine » depuis 2002, qui abrite tous les pays d'Afrique, sauf le Maroc : organisation divisée, critiquée pour sa corruption, qui dispose de peu de pouvoirs : essaie toutefois  de faire la promotion de la démocratie.
Il y a beaucoup d’organisations régionales, mais peu d’entre-elles sont audibles. Citons-en une quand même : la SADC : organisation économique : 12 Etats membres de l’Afrique australe, regroupés autour de la puissante Afrique du Sud mais faible poids économique, et divisions fréquentes.


L’Afrique reste fragile mais elle a enregistré des progrès depuis 20 ans. Ces progrès concernent son économie, car beaucoup de pays  exploitent  mieux leurs  richesses naturelles, ce qui leur  permet  de connaître un début de décollage économique. En outre, le rayonnement culturel de l'Afrique devient de plus en plus notoire, au fur et à mesure que les pays d'Afrique s'affirment. Les défis à relever sont toutefois encore nombreux, sur le plan alimentaire, démographique et environnemental.  Mais  les fragiles progrès du continent peuvent être  anéantis par la querelle religieuse. L'exemple du Nigeria est éloquent : ce prometteur "lion africain" est embourbé dans un grave conflit civil provoqué par les fanatiques islamistes de "Boko Haram"  qui ruinent des régions entières et découragent les investisseurs. Il est à craindre qu'avec l'essor du fanatisme islamiste, ce soit  l'ensemble des pays  d'Afrique qui voient leur  intégration à la mondialisation freinée par ces mouvements effrayants. 

samedi 10 juin 2017

Géographie, Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales, TES

Partie 3 : Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales

Le japon et la Chine sont les deux puissances dominantes du continent asiatique. Ces deux pays ont beau être issus d’un espace culturel commun, ils se livrent à une intense rivalité politique, comme le montre le conflit qui les oppose aux îles Senkaku, en mer de Chine. Mais la rivalité de ces deux géants ne se limite pas uniquement à l’espace régional asiatique. Tokyo et Pékin nourrissent également des ambitions mondiales, dans les domaines économiques, politiques et culturels. Comment se manifeste la concurrence régionale entre la Chine et le Japon et quelles sont les ambitions mondiales de ces deux pays ? Après avoir abordé les diverses formes de  concurrence que le Japon et la Chine se livrent  en Asie (I), nous verrons leurs vastes ambitions  mondiales (II). Mais ces pays pâtissent de points faibles communs, sur le plan politique, démographique et économique (III)
I.                     Des puissances concurrentes en Asie de l’Est
A.      Le poids démographique de la Chine en Asie

Le poids démographique de la Chine est énorme : non seulement c'est le  pays le plus peuplé du monde, avec 1.35 milliards d’habitants, mais la diaspora chinoise est importante dans le Sud-est asiatique. Cette communauté, forte de 35 millions d’habitants, facilite les relations économiques entre la Chine et les pays du Sud-est asiatique tels que l’Indonésie, le Viêt-Nam. Il s'agit d'une force démographique sur laquelle les Japonais, très regroupés géographiquement, ne peut pas s'appuyer. Le Japon abrite seulement 127 millions d'habitants qui s'expatrient relativement peu. La diaspora chinoise est donc un atout dans la volonté chinoise de domination politique et économique en Asie du Sud-est.

B.      La Chine et le Japon, 2 adversaires politiques en Asie

L’influence chinoise a été importante en Asie pendant 2000 ans, puis elle s’est éclipsée au XIX°  et au XX° siècle (guerres, communisme) au profit du Japon qui est alors devenu la puissance dominante de l'Asie. Les relations deviennent alors  mauvaises entre la Chine et le Japon qui s'affrontent au cours de la II° Guerre mondiale (1937-1945) et au cours de la guerre froide. La Chine de Mao (1949-1976) dénonce en effet l'alliance entre le Japon et l'ennemi capitaliste étasunien. Les relations sino-japonaises s’améliorent toutefois en 1978, date à laquelle les deux pays signent un traité d’amitié. Mais, malgré ce traité, les tensions restent  palpables :
-Tensions historiques : la brutalité des troupes japonaises à l’égard des Chinois (massacre de Nankin en 1937) n’a jamais été dénoncée par les gouvernements japonais  contemporains, ce qui irrite la Chine, la Corée, et tous les anciens pays victimes de l’impérialisme nippon.
-Tensions territoriales : le Japon reproche aux Chinois leurs  ambitions sur les  îles Senkaku. La Chine est perçue comme un pays impérialiste dans toute l’Asie de l’Est : elle ambitionne de "dominer" le Sud-est asiatique, et, dans cette logique, elle revendique les îles Spratly et les îles Paracel, au grand dam des Philippines, du Viêt-Nam et de l’Indonésie + elle entretient des relations tendues avec l’Inde, au sujet du Tibet… Elle n'a qu'un seul vrai allié, la douteuse Corée du Nord.
- Le Japon profite de la mauvaise image de la Chine, pour apparaître, par contraste, comme une puissance "sympathique" dans la région : elle fait en effet de gros efforts pour l'aide publique au développement (APD) en direction de l'Inde et des pays de l'ASEAN (organisation régionale de l'Asie du Sud-est).
C.      La Chine et le Japon, 2 adversaires économiques en Asie

L'archipel nippon a été, depuis la fin du XIX° siècle, le leader économique de la région. Son modèle de développement a été surnommé le « vol d’oie sauvage » : il développe des technologies et passe le relais à d’autres pays proches (les « oies ») une fois que cette technologie s'est répandue. Le Japon innove alors dans de nouvelles technologies et ainsi de suite. Le Japon est donc un leader technologique : il dépose beaucoup de brevets, et sa technologie est ensuite imitée dans le reste de l’Asie. Avec une telle inventivité, la hausse du PIB japonais a été impressionnante, entre 1950 et 1990.  Le Japon devient la 2° puissance économique mondiale entre 1968 et 2010, même si le pays pèse peu sur la scène internationale. A son propos, on emploie alors l’expression : « géant économique, mais nain politique ».
De son côté, la Chine s’est imposée plus tardivement : entre 1980 et 2001, elle profite de ses bas salaires pour attirer des IDE et devenir « l’atelier du monde ». Elle reçoit des IDE des pays les plus riches : Corée du Sud, Japon, Singapour. En 2011, elle devient la 1° puissance économique d’Asie, devant le Japon.
Au XXI° siècle, les deux pays se livrent une lutte pour la domination économique du continent asiatique :
-          Le 1° partenaire commercial de l'Indonésie est le Japon (flux matériels). Cependant, pour la plupart des pays de la région (Thaïlande, Viêt-Nam), c'est la Chine qui est le principal partenaire commercial. Elle est le premier exportateur de produits finis dans la région (électroménager, automobiles). Chine et Japon sont donc prépondérants dans l'économie des États de l'ASEAN.
-          Toute l'Asie reçoit de nombreux IDE du Japon et de la Chine (flux immatériels). Les investissements directs  japonais sont les plus importants, notamment en Inde et dans les pays de l'ASEAN. Les exportations d'IDE chinois sont plus récentes, car la Chine a longtemps été considérée comme un pays à bas salaire. Elle investit à présent dans des pays où les salaires sont encore plus bas que chez elle : Exemple : vers le Bangladesh ou vers le Viêt-Nam, dans le textile, notamment.

La rivalité entre les deux est aussi financière : le Japon joue le rôle de leader financier : c’est le premier créancier de la région, grâce à la Banque asiatique de développement...La Chine a réagi il y a quelques années en développant à son tour sa propre banque de développement. Malgré leurs rivalités politiques, Chine et Japon sont restés des partenaires économiques : La Chine est le 1° partenaire commercial du Japon, et vice-versa. Les flux de marchandises d’un pays vers l’autre sont en progrès constants. On remarque néanmoins que  depuis 6 ou 7 ans, les échanges se font avant tout au profit de la Chine.

II.                  Des puissances concurrentes aux ambitions mondiales
A.      Au niveau économique

On se rappelle que 90% des échanges mondiaux ont lieu par la voie maritime : les deux pays ont donc développé une façade maritime dynamique tournée vers le commerce mondial, alors que l'"intérieur" du pays reste beaucoup plus traditionnel.
La Chine a l’ambition de supplanter les USA et de devenir la 1° puissance mondiale. Elle est déjà la 1° puissance industrielle mondiale, (2017) et elle a réussi son pari de devenir l’atelier du monde.
Ses IDE ont été multipliés par 20 depuis 2000. La carte nous montre que la Chine investit dans le monde entier. On remarque, par exemple, l'importance de son implication en Afrique, ce qui fait parler de « Chinafrique ». Exemple : la Chine, pays omniprésent au Soudan, Ethiopie, Nigeria, Algérie, Afrique du Sud... Mais la Chine réalise l'essentiel de ses exportations vers les USA et l'Europe. Elle s’intéresse notamment à la Grèce (rachat du port du Pirée) et à la France : la richissime Coco Chu a récemment racheté la cristallerie Baccarat, en Lorraine, en juin 2017.
La Chine s’intéresse aussi à l’Amérique latine : rôle très actif avec le Mercosur : projet d’un axe de libre-échange : Mercosur-Chine. Bref, elle a une stratégie commerciale globale : toutes les zones du globe l’intéressent. 
Aujourd’hui, la domination chinoise se veut  double, à la fois dans les produits à bas salaires (coût du travail : à peine  3 $ de l’heure)  et dans les produits à forte VA (aéronautique et aérospatiale depuis peu)
Le Japon, de son côté, est avant tout présent dans le monde grâce à ses grandes FTN, dont la notoriété est très supérieures à celles de la Chine : Sony, Toyota, Honda ou Hitachi. Le Japon exporte des produits de qualité, essentiellement vers des pays à fort pouvoir d'achat : Chine, Europe, Amérique du Nord. Il s’agit souvent de produits innovants, à forte valeur ajoutée, comme des instruments de musique (Yamaha) ou du matériel médical, robotique, nanotechnologies.
Au final, la croissance économique est plus impressionnante en Chine, qui a connu des taux de croissance du PIB de + 8% en moyenne depuis 20 ans, alors que la croissance  économique japonaise a tendance à stagner.

B.      Au niveau politique

Le Japon ne veut plus être un « nain politique ».  Il est pourtant complètement tributaire de son alliance avec les USA, alliance indispensable dans la mesure où les Japonais n'ont pas de vraie armée. Tokyo affirme sa voix en participant à des missions de l’ONU, à condition que ces missions soient humanitaires (ex : corps médical en Afghanistan, missions de surveillance navale au large de la Somalie). Pour prix de ses efforts, le Japon exige un siège au conseil de l’Onu depuis 1993. Et il peut compter sur de nombreux soutien car le Japon est un des principaux financeurs de l’APD (aide publique au développement), en Asie (déjà dit) et dans les PMA d'Afrique. 
Sur le plan militaire, le gouvernement veut réformer la constitution pour lui permettre d’avoir une vraie armée et donc un vrai poids politique sur la scène internationale. C’est l’ambition de la très chauvine  ministre de la défense japonaise Tomomi Inada. Son projet est, il est vrai, légitimé par la menace nord-coréenne. L’inauguration d'un porte-hélicoptère japonais montre que le pays prend son destin en main sur le plan militaire.
En ce qui concerne l’armée chinoise, elle tient un rôle de 2° puissance mondiale. Elle possède l'arme nucléaire, et son budget a été multiplié par 7 depuis 1989. Sur le plan politique, la Chine possède un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité, et elle participe à des actions humanitaires en Afrique (Soudan du Sud, Syrie, RDC ) . Avec son siège permanent à l’ONU, elle  joue le rôle d’obstacle aux propositions des USA. Lors des réunions du « G20 », les mauvaises langues parlent parfois de « G2 », tant le poids des USA et de la Chine est prépondérant, par rapport aux autres États ... La Chine a notamment noué des relations privilégiées avec l’Iran, le Soudan, la Syrie, la Corée du Nord... Des pays peu recommandables en matière de droits de l’homme. Mais les droits de l’homme ne sont pas forcément la priorité de Pékin.

C.      Au niveau culturel

Vecteur de domination des Japonais : le sport (les arts martiaux : judo, karaté..), cinéma  et mangas, mode vestimentaire, la gastronomie (bars à sushis), les loisirs : Sudoko, jeu de go = poids non négligeable sur la scène internationale. On parle de  « cool Japan » : les produits culturels qui diffusent la civilisation japonaise à l’étranger et lui donne une image positive. Le Japon a également un poids dans la littérature : Higashino, Kenzaburo Ôe (Prix Nobel de littérature en 1994).
La Chine a pris conscience de son déficit de notoriété culturelle et s'interroge sur la façon de le combler.  Le PC chinois s'est notamment ému du succès du dessin animé : "Kung Fu panda". "Comment se fait-il que ce soit les Américains qui soient capables de mettre en valeur des éléments culturels si typiquement chinois (les arts martiaux d’une part, le panda animal emblématique de la Chine d’autre part) ?" Les Chinois aimeraient aussi parvenir  à diffuser des films susceptibles d'avoir un rayonnement mondial. Pour l’heure, la Chine développe son rayonnement de trois manières
D'abord, sur le plan humain : grâce à sa diaspora : autrefois limitée à l’Asie, et désormais présente sur tous les continent (Ex. quartiers chinois de Vancouver, de  Sydney, de Paris XIII°), les Chinois sont devenus des acteurs économiques incontournables, qui diffusent l’art de vivre à la chinoise : restos chinois, nouvel an chinois, instituts Confucius pour apprendre la langue, de plus en plus de demandée + art de vivre : Feng shui, yoga ...
Ensuite, le PCC compte aussi sur  l’organisation d’événements internationaux : JO de Pékin, expo de Shanghai, dopage d’athlètes pour rafler des médailles, même si personne n’est capable de citer un seul sportif chinois.
Enfin, à l'avenir, Pékin aimerait détrôner les USA dans la domination mondiale du Web. Elle en a les moyens avec les "GAFA chinois" les "BATX": Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi (Baidu est le Google chinois, Alibaba est l'Amazon chinois, Tencent ressemble un peu à Whatsapp, et Xiaomi est l'équivalent d'Apple)




III.                Des vulnérabilités qui sont un frein aux ambitions mondiales de ces deux pays
A.      Au niveau politique :

La Chine pâtit d’une mauvaise image : censure de Google, Tibet. Le pays n'est populaire qu'au sein des dictatures. Les Occidentaux lui reprochent le mauvais traitement fait au Tibet et au pacifique Dalai Lama. Les musulmans déplorent eux le mauvais traitement fait à la minorité turque qui vit à l’ouest du pays. La politique chinoise n’a pas beaucoup d’admirateurs si l’on excepte l’excité Kim-Jung-Un de Corée du Nord. Sa politique, dictatoriale sur le plan intérieur,  et impérialiste (Senkaku) sur le plan extérieur,  en font un pays particulièrement répulsif.
Quant au Japon, il bénéficie d’une bonne image, fruit de la « cool Japan », mais il souffre de son passé. L’absence d’excuses pour les crimes commis par l’armée nippone lors de la II° GM reste un handicap : Corée du Sud, Philippines, ont des griefs contre le Japon. Le Japon souffre de "ses vieux démons", car les nostalgiques de l'Empire impérialiste des années 1940 sont nombreux, (y compris au sein du gouvernement actuel : le 1° ministre Shinzo Abe et la ministre Tomomi Inada) et cet état d'esprit est un frein à l'attractivité du Japon dans la région. Or, le japon, tout comme la Chine, ont besoin des pays étrangers pour importer leur nourriture et leurs matières premières. Ils ont donc tous les deux besoin d’améliorer leur image de marque pour être mieux perçus

B.      Au niveau démographique

Les deux pays vieillissent. Ce vieillissement s’accompagne d’un exode rural à destination des zones littorales, où se déroulent 90% des échanges mondiaux. Ces migrations vident l’intérieur des terres au profit du littoral, qui devient surpeuplé. Le Japon parle du "choc argenté", car c’est le pays comprenant la plus importante proportion de personnes âgée de plus de 65 ans. La mortalité est supérieure à la natalité et la population diminue. Ce phénomène est accueilli avec soulagement, dans un pays déjà surpeuplé et incapable de recevoir plus d'habitants (1000 h/km² dans les plaines). La Chine pourrait connaître le même phénomène dans une vingtaine d'année : la politique de l'enfant unique conduit ces mêmes enfants à devoir gérer leurs ainés vieillissants. Les classes dynamiques nées dans les années 1960 à1970 vont vieillir dans une quinzaine d'années et la Chine sera à son tour confrontée au choc argenté.

C.      Au niveau économique

La croissance japonaise stagne, car ses coûts de production sont trop élevés. Le Japon a été, depuis 25 ans, victime de l' "Hendaka", la hausse du yen. Ce phénomène a ruiné le Japon, car il s'agit d'une économie extravertie. Solution = délocalisations, mais cela crée moins d'emplois et de richesses sur le territoire nippon. Faible croissance économique et récession. Le Japon est obligé d’innover constamment pour créer des emplois et exporter.
La Chine connaît un ralentissement économique depuis  2013 : 2014 : +7% seulement et 2015 + 6.8%, sachant que ces   chiffres sont  surestimés. Les Chinois craignent que ce ralentissement n’entraine du chômage, et des émeutes, qui déstabiliseraient le pouvoir en place. A moyen terme, le yuan va lui aussi finir par monter, ce qui créera de nouvelles difficultés pour la Chine.


Ainsi, le Japon et la Chine sont des rivaux économiques, géopolitiques et culturels tant à l’échelle asiatique qu’à l’échelle mondiale. Actuellement, la Chine semble l’emporter dans cette compétition, et sa volonté de rayonnement s'accompagne d'une agressivité qui pousse les Japonais à investir dans l'armement. Cependant, les deux puissances sont confrontées à des défis d’avenir comme le vieillissement de leur population, la forte dépendance énergétique et la vulnérabilité environnementale. 
Le risque, à l'avenir, serait que, pour fuir une éventuelle contestation populaire, en cas de crise économique par exemple, le parti communiste chinois n'entreprenne une diversion nationaliste en envahissant réellement les îles Senkaku. Une telle action provoquerait une très grave crise entre la Chine et le Japon, crise qui, par le jeu des alliances, aurait des répercussions mondiales.


mercredi 7 juin 2017

Géographie, Les espaces maritimes, approche géostratégique, TES

Les espaces maritimes,  approche géostratégique
              
  Le classement des principaux ports de la planète a beaucoup évolué depuis 40 ans. Alors qu’autrefois les plus grands ports  étaient européens, aujourd’hui, ce sont ceux du littoral chinois, comme Ningbo ou Shanghai, qui occupent les premières places du classement. En effet, les ports sont le point de départ et d’arrivée des porte-conteneurs, qui sillonnent les espaces maritimes. Il est vrai que les mers et les océans  représentent 90% des échanges mondiaux et ils  sont devenus un théâtre majeur de la mondialisation, la mondialisation étant un processus de mise en relation du monde par l’intensification des flux. Ces flux  engendrent  une intégration différentiée des territoires dans un monde de plus en plus interdépendant. Nous pouvons alors nous interroger sur les intérêts géostratégiques des mers, dans un monde de plus en plus instable et de plus en plus mondialisé. Pourquoi les espaces maritimes voient-ils leur importance s’accroître avec la mondialisation ?
Après avoir vu que la mondialisation avait  valorisé les espaces maritimes, nous verrons que ceux-ci sont convoités à cause de leurs nombreuses richesses. Ces convoitises suscitent des tensions qui seront évoquées dans une 3° partie.

I-                     Les espaces maritimes valorisés par la mondialisation
A-     Des enjeux commerciaux
Tout d’abord, rappelons les enjeux  commerciaux  des espaces maritimes : les mers totalisent  près de 90% des échanges internationaux, notamment au niveau des échanges d’énergie, de matières agricoles et de matières premières.
Bon schéma de compo à reproduire p. 155 schéma n°1
Les océans sont empruntées par des centaines de pétroliers (+ de 3000), de méthaniers (1500), de vraquiers, de porte-conteneurs (4700). "Grande route du transport maritime" ou "autoroute maritime", qui relie les principaux pôles de la mondialisation (Asie de l’Est, Europe et Amérique du Nord) entre eux.  Cette route permet un développement de façades littorales majeures qui réalisent de gros investissements portuaires pour rester compétitives : ces villes portuaires  se  sont donc équipées de ports en eaux profondes  avec des plateformes multimodales. Les ports qui  ont réussi leur mutation sont devenus des métropoles majeures de la mondialisation : c’est le cas de Ningbo, Shanghai, Singapour et Qindao, en Asie de l’Est, qui sont devenus les 4 plus grands ports du monde. A l'inverse, Marseille, paralysée  par des grèves à répétition, a perdu le statut de grand port qu'elle détenait autrefois. La France mise à présent avant tout sur son  port du Havre (modernisé dans le cadre du grand projet : « Le Havre 2000 ») pour attirer les porte-conteneurs.
L'  « autoroute maritime »   passe  par  8  passages stratégiques, les « seuils stratégiques ». 2  seuils sont des canaux importants : Suez et Panama, et 6 détroits : Malacca, Pas-de-Calais, Gibraltar, Bosphore, Bab El Mandeb, Ormuz, ces trois derniers, situés au Moyen-Orient sont sensibles parce qu'ils sont essentiels pour le commerce des hydrocarbures, dans une zone de tension politique permanente. Un 9° détroit, celui de Béring, entre la Russie et l’Alaska, pourrait s’avérer stratégique si les routes maritimes polaires poursuivaient leur expansion.
Preuve de l'importance de la route : les gigantesques travaux d'élargissements du canal de Panama, inauguré en juin 2016 : 9 ans de travaux pour permettre à des porte-conteneurs de 365 mètres d’emprunter cet axe qui relie l’Océan Pacifique à l'Océan Atlantique.
L'enjeu pour les pôles industriels continentaux  est d'être relié à cette route maritime majeure : c'est parfois possible grâce aux grands fleuves  aménagés :
-Le Rhin permet à l'Alsace et au Sud-ouest de l'Allemagne d'être relié à Rotterdam, principal port européen, par des péniches.
- En Chine, l'immense Chang Jiang relie la région centrale du Sichuan, très peuplée, au port de Shanghai. Elle permet à des villes continentales comme Chongqing ou Wuhan d’attirer des IDE (IDE automobiles pour Wuhan).
En Amérique du Nord, le Mississippi et les grands lacs sont reliés à l'Océan par des canaux : c'est la voie maritime du Saint-Laurent, reliée par des « laquiers ».
B-      Littoralisation
Par ailleurs, nous constatons que  la mondialisation a renforcé la littoralisation et le rôle des façades maritimes. Cette maritimisation des activités économiques entraine parfois des déséquilibres, à l'exemple de la Chine, où la plupart des IDE se sont concentrés le long des côtes, ce qui entraine  de fortes différences de revenus entre la Chine littorale et l'intérieur des terres. Il en va de même pour le Japon.
C-      Enjeux économiques
Enfin, les enjeux économiques des espaces maritimes sont tels que de nouvelles routes apparaissent, développés par la Russie ou le Canada, désireuses de profiter des dividendes du transport maritime. En effet, la fonte des glaces a rendu possible une route commerciale passant par l’Arctique et reliant  l’Asie à l’Occident. Gain de route de 30% par rapport à Suez = des centaines de milliers d’euros par transports. Il existe désormais  2 routes : la route canadienne (route du Nord-ouest)  et la route russe (route du Nord-est). L’avènement de cette route entraîne une littoralisation de l’océan arctique avec développement d’infrastructures portuaires. De nouveaux ports apparaissent, comme le port de Tiksi, sur la façade océanique de la Sibérie.
II. Des espaces maritimes convoités pour leurs potentialités
A-     Les richesses du littoral
En plus des enjeux du commerce international, les mers comportent des richesses touristiques (Méditerranée) ce qui explique l'attrait du littoral en Espagne, au Mexique ou dans les îles des Antilles (République Dominicaine, Guadeloupe).
Des richesses territoriales : possibilités d’expansion du territoire terrestre : aéroport d’Osaka au Japon créé à partir de remblais, car la plaine littorale japonaise était saturée + Agrandissement de la superficie du territoire de Monaco. Des richesses halieutiques : algues, poissons (fermes aquacoles immenses, pour le saumon notamment), fruits de mer  (Atlantique) : fait vivre 10% de la population mondiale. Energétique : marémotrices, éoliens, hydroliennes, qui pourrait être la révolution technologique du futur.
B-      Les richesses de la ZEE

                Conférence de Montego Bay, station balnéaire jamaïcaine,  en 1982  qui a défini  le droit maritime international. Le droit établit une distinction entre :
La haute mer : totalement libre : 64% des mers
Les ZEE, Zone Économique Exclusive : 200 milles de rayon (370 km) dans lequel l’Etat côtier bénéficie du droit exclusif d’exploration et d’exploitation. Dans les années 1930, le Mexique et la France se sont disputés l’îlot de Clipperton pour cette raison : cet  îlot isolé possède une ZEE presque aussi grande que la superficie de  la France. L’enjeu pour le pays riverain est de pouvoir en effet exploiter les éventuelles richesses halieutiques ou pétrolières des eaux contrôlées.
En outre, la fonte des glaces a rendu  possible la pêche et surtout l’exploitation des richesses du sous-sol  de l’Océan arctique → Cette situation entraine le pillage des dernières ressources vierges de la planète, avec le développement de gisements pétroliers offshore au large de l’Océan arctique russe.

C-      La dégradation de l'environnement maritime

Toutes ces convoitises finissent par créer des dégâts pour l’environnement, le transport maritime entraîne des risques importants de marée noire : la Bretagne a été particulièrement touchée à la fin du XX° siècle, par des naufrages de pétroliers (Erika en 1999). Idem l’Alaska avec le naufrage de l’Exxon Valdez en 1989.
Par ailleurs, les courants entraînent  une importante concentration de déchets plastiques, qui ne se désintègrent pas. On parle, par ironie, du "7° continent", amas de déchets en tous genres, qui flotte  au nord des îles Hawaï sur des dizaines de milliers de km².
III. Des espaces maritimes sources de tension entre les États
A-     La tentation de piller la ZEE des pays pauvres
Certains pays riches s’octroient le droit  de pêcher dans la ZEE de pays pauvres. Pêcheurs chinois au large de la Mauritanie. La Mauritanie n’a pas les moyens de surveiller sa ZEE, les richesses halieutiques sont pillées par les puissantes  flottilles venues d’Asie. Au Sénégal, le nouveau président Macky Sall a dénoncé les accords de pêche conclu par son prédécesseur avec les flottilles de pêche chinoises, qui ruinaient les pêcheurs autochtones.
B-      Le risque de conflits entre Etats
Des revendications parfois anciennes : Gibraltar est toujours l’objet de tensions  entre Britanniques et Espagnols, et ce depuis 300 ans. Il est vrai que le « rocher » a une position stratégique, à l’entrée de la mer Méditerranée. Des revendications parfois violentes : en 1982, une guerre s'est déclenchée entre la GB et l'Argentine, pour le contrôle des îles Malouines, au sud de l’Océan Atlantique. Des tensions sont apparues plus récemment en Asie de l’Est, tensions accrues par les tendances impérialistes récentes du gouvernement chinois.
Les  îles Spratly ou Spratley, revendiquées  par le Viêt-Nam, la Chine, la Malaisie et les Philippines.
Pour des raisons de proximité géographique, les iles Senkaku sont revendiquées par la Chine, alors qu’au regard du droit international, ces îles appartiennent au Japon. Ces  îlots sont désertiques, minuscules et  inintéressants pour eux-mêmes. C’est la ZEE que revendique chaque Etat, dans des eaux potentiellement riches en hydrocarbures. La Chine est ainsi  devenue depuis peu une menace pour la paix mondiale, car elle conteste de plus en plus de territoires en Asie de l’Est, en  profitant de la mollesse des réactions de Washington. Il faut noter que le Japon est l’allié des États-Unis, et que le conflit des Senkaku pourrait dégénérer en une grave crise d’ampleur mondiale, si les Chinois persévéraient  dans leurs provocations.
Le  découpage des ZEE  provoque aussi des tensions dans l’Océan arctique : la Russie réclame de plus grandes espaces maritimes. En 2007, elle a symboliquement planté un drapeau russe au fond de l’Océan, au point même du pôle Nord, pour affirmer ces prétentions Pour la Russie, la conquête de la ZEE arctique est un enjeu de sa nouvelle puissance.
C-      Le risque de piraterie
Des régions sont particulièrement surveillées, même si les actes de piraterie ont diminué au large de Malacca.
Le large de la Somalie est devenue une zone de fortes tensions, or  il s’agit de la route qu’empruntent les pétroliers qui se rendent du  Golfe Persique vers l’Europe  (proximité de Bab El Mandeb) : nombreux prises de bateaux, libérés contre rançons. Le gouvernement français autorise les bateaux de pêche et les pétroliers  à se faire protéger par des sociétés privées. Les attaques se sont raréfiées. La piraterie au large du Golfe de Guinée est, en revanche, en plein essor. Elle vise les pétroliers qui partent du Nigeria.
                Le commerce intensif lié à la mondialisation a permis le développement de façades maritimes dynamiques et a renforcé  l’intérêt du monde  pour les océans. Cet intérêt a entrainé de  nouvelles conflictualités pour la conquête du nouvel « or bleu ».

                Les convoitises pourraient dégénérer en une crise majeure si le nouveau président Trump poursuivait son discours antichinois et focalisait à l’avenir  son attention sur les îles Senkaku dont on sait qu’elles sont devenues  un enjeu pour la nouvelle politique impérialiste chinoise.